KHARTOUM: Le Soudan et l'Ethiopie ont achevé mercredi à Khartoum un cycle de discussions sur le tracé de leur frontière commune sans qu'aucune décision ne soit annoncée.
«Les deux parties ont convenu de soumettre des rapports à leurs dirigeants respectifs et que la prochaine rencontre se tiendrait à Addis Abeba à une date qui sera déterminée ultérieurement», est-il indiqué dans le communiqué commun.
La réunion s'est déroulée «dans une atmosphère amicale et fraternelle», est-il ajouté.
Pourtant, la réunion du Haut comité politique sur les questions frontalières avait assez mal commencé. Dès l'ouverture mardi, le ministre éthiopien des Affaires étrangères Demeke Mekonnen avait qualifié de «non amicale» l'attitude du Soudan.
Dans son discours, diffusé par l'ambassade d'Ethiopie à Khartoum, il avait souligné que «trouver une solution durable à la frontière passerait par le règlement à l'amiable des questions concernant l'habitat et la culture des terres».
Le ministre chargé du cabinet Omar Manis, qui dirigeait la délégation soudanaise, avait lui insisté sur «la volonté commune des deux parties de délimiter la frontière».
L'accord sur le tracé des frontières remonte à 1902, avant l'indépendance du Soudan en 1956, entre la Grande-Bretagne et l'Éthiopie, mais des différends demeurent.
«Une fois délimitée la frontière, nous pourrons discuter de tout, y compris de la présence d'agriculteurs éthiopiens sur notre territoire. C'est la position officielle du gouvernement soudanais», avait déclaré aux journalistes le porte-parole du gouvernement Fayçal Mohamed Saleh.
Des incidents ont lieu régulièrement avec des agriculteurs éthiopiens venant cultiver des terres revendiquées par le Soudan.
Le point le plus chaud est la région d'El Fashaga, dans l'Etat de Gedaref, où 250 km2 de terres agricoles sont convoités par les agriculteurs des deux pays.
Le ministre éthiopien a accusé les forces soudanaises d'avoir profité de la guerre au Tigré, région éthiopienne frontalière du Soudan, pour avancer sur des terres que l'Ethiopie revendique.
Il y a une semaine, le Soudan a accusé l'armée éthiopienne et des miliciens affiliés d'avoir tendu sur son sol, à El Fashaga, une embuscade à ses soldats, causant la mort de quatre d'entre eux et en blessant une vingtaine d'autres.
Le Soudan a dépêché «d'importants renforts militaires» après l'accrochage du 15 décembre et «les forces armées soudanaises ont continué d'avancer sur les lignes de front à l'intérieur d'El Fashaga», selon l'agence officielle soudanaise Suna.