Blinken dit avoir discuté de «pauses humanitaires» à Gaza avec Netanyahou

Le secrétaire d'État américain Antony Blinken (au centre) rencontre le président israélien Isaac Herzog (à gauche) à la Maison Ben-Gourion sur la base militaire de Kirya à Tel Aviv le 3 novembre 3023 lors de sa visite en Israël dans le cadre du conflit actuel entre Israël et le groupe islamiste palestinien Hamas. (AFP)
Le secrétaire d'État américain Antony Blinken (au centre) rencontre le président israélien Isaac Herzog (à gauche) à la Maison Ben-Gourion sur la base militaire de Kirya à Tel Aviv le 3 novembre 3023 lors de sa visite en Israël dans le cadre du conflit actuel entre Israël et le groupe islamiste palestinien Hamas. (AFP)
Le secrétaire d'État américain Antony Blinken se rend pour la deuxième fois à Tel-Aviv afin de plaider en faveur d'un cessez-le-feu humanitaire localisé. (AP)
Le secrétaire d'État américain Antony Blinken se rend pour la deuxième fois à Tel-Aviv afin de plaider en faveur d'un cessez-le-feu humanitaire localisé. (AP)
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Publié le Samedi 04 novembre 2023

Blinken dit avoir discuté de «pauses humanitaires» à Gaza avec Netanyahou

  • «En ce qui concerne les pauses humanitaires, nous considérons qu'il s'agit d'un moyen de faciliter l'acheminement de l'aide, de s'assurer (...) que celle-ci atteigne les personnes qui en ont besoin», a déclaré le chef de la diplomatie américaine
  • Mais quelques minutes plus tard, Benjamin Netanyahu a exclu cette possibilité, refusant «une trêve temporaire sans la libération des otages» enlevés le 7 octobre en Israël par le Hamas

TEL-AVIV, Israël : Le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, a plaidé vendredi pour des "pauses humanitaires" lors d'une visite à Tel-Aviv, appelant à "faire plus" pour protéger la population de Gaza, où l'armée israélienne, en guerre contre le Hamas, poursuit ses opérations terrestres et ses frappes meurtrières.

Le puissant chef du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah, allié du Hamas et soutenu par l'Iran, a lui accusé les Etats-Unis d'être "entièrement responsables" de cette guerre déclenchée le 7 octobre par l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien contre Israël, qui suscite des craintes d'un embrasement régional.

Dans son premier discours depuis le début de la guerre, il a prévenu Israël contre la "bêtise" d'une attaque contre le Liban, ajoutant que l'arrêt de "l'agression contre Gaza" empêcherait un conflit régional.

A Tel-Aviv, Antony Blinken a affirmé qu'il fallait "faire plus" pour protéger les civils, lors de sa deuxième tournée au Proche-Orient depuis le début de cette guerre qui a fait des milliers de morts.

Il a plaidé pour des "pauses humanitaires" afin de permettre "une distribution plus efficace et soutenue de l'aide", lors d'un entretien avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Celui-ci a indiqué peu après qu'il refusait toute "trêve temporaire" sans "la libération des otages" enlevés par le Hamas.

La visite de M. Blinken se poursuit en Jordanie, où il doit rencontrer samedi à Amman les ministres des Affaires étrangères de Jordanie, d'Egypte, d'Arabie saoudite, des Emirats arabes unis et du Qatar, ainsi qu'un représentant de l'Autorité palestinienne, pour discuter des moyens d'"arrêter la guerre à Gaza", selon la diplomatie jordanienne.

Conférence humanitaire 

En France, le président Emmanuel Macron a annoncé une "conférence humanitaire" le 9 novembre à Paris, appelant lui aussi à une trêve humanitaire, "parce que la lutte contre le terrorisme ne justifie pas de sacrifier des civils".

Depuis bientôt un mois, les 2,4 millions d'habitants de la bande de Gaza assiégée vivent sous les bombardements israéliens, dans une situation humanitaire catastrophique.

Selon un bilan publié vendredi par le Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, 9.227 personnes, dont 3.826 enfants, ont été tuées dans les frappes israéliennes sur le territoire.

Le ministère de la Santé du Hamas a annoncé en outre que 14 personnes avaient été tuées vendredi dans une frappe israélienne sur des déplacés fuyant vers le sud de la bande de Gaza.

En soirée, il a fait état de 13 morts dans une frappe ayant visé une ambulance à l'entrée de l'hôpital al-Chifa, le plus grand de Gaza, Israël confirmant avoir ciblé le véhicule utilisé, selon lui, "par une cellule terroriste du Hamas".

En Israël, au moins 1.400 personnes ont été tuées selon les autorités depuis le début de la guerre, en majorité des civils massacrés le jour de l'attaque du Hamas, d'une violence et d'une ampleur inédites depuis la création d'Israël en 1948.

Plus de 240 personnes ont été prises en otage par le mouvement islamiste, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël.

Israël, qui a promis "d'anéantir" le Hamas, avait annoncé jeudi soir être parvenu à encercler la ville de Gaza, où des quartiers entiers sont transformés en champs de ruines.

Dégâts "énormes" 

En visite jeudi sur une base militaire près de Tel-Aviv, Benjamin Netanyahou s'était félicité de "succès impressionnants" sur le terrain, mais avait aussi reconnu des "pertes douloureuses".

La branche armée du Hamas avait prévenu jeudi les Israéliens qu'ils devaient s'attendre à voir revenir des soldats "dans des sacs noirs", et posté des vidéos de combattants surgissant de tunnels pour attaquer des chars israéliens.

L'armée, qui fait état de 341 soldats tués depuis le 7 octobre, mène depuis une semaine des combats au sol acharnés, accompagnés de bombardements, dans le nord de la bande de Gaza afin d'y détruire les infrastructures du Hamas.

Plusieurs bombardements ont frappé vendredi le territoire palestinien où résonnaient des tirs de mitrailleuses, selon un journaliste de l'AFP.

Hamad Hamada, 28 ans, un habitant de la ville de Gaza, a survécu à un bombardement. "Il n'y a eu aucun avertissement, la maison a été visée par une frappe directe. Elle est entièrement détruite", a-t-il raconté vendredi à l'AFP. "Trois enfants d'une même famille ont été sortis, les dégâts sont énormes et tous les autres habitants sont encore sous les décombres", a-t-il ajouté.

Le Croissant-rouge palestinien a fait état de frappes incessantes aux abords de l'hôpital Al-Qods, semant la panique parmi les 14.000 civils qui y ont trouvé refuge.

Et d'après le gouvernement du Hamas, sept personnes ont été tuées dans un bombardement à Jabaliya, un camp de réfugiés palestiniens du nord de la bande de Gaza déjà visé par des frappes meurtrières les jours précédents, et 15 autres dans le quartier de Zaytoun, dans la ville de Gaza.

Travailleurs renvoyés 

Ajoutant aux inquiétudes sur le sort des civils, Israël a commencé vendredi à renvoyer dans la bande de Gaza, malgré les bombardements, des milliers de travailleurs palestiniens qui étaient bloqués sur son sol depuis près d'un mois.

Vendredi, des flots de travailleurs palestiniens exténués ont commencé à traverser le poste-frontière de Karem Abou Salem (appelé Kerem Shalom du côté israélien), entre Israël et la bande de Gaza, à la pointe sud-est du petit territoire.

"Ca fait 25 jours qu'on est en prison et aujourd'hui on nous a amenés ici, on ne sait pas du tout ce qui se passe à Gaza", confie à l'AFP Nidal Abed.

Vendredi, 17 blessés et 448 étrangers, dont 96 enfants, ont pu quitter Gaza vers l'Egypte via le poste-frontière de Rafah, seule fenêtre sur le monde pour le territoire, selon le ministère égyptien de la Santé. La veille, soixante Palestiniens blessés et quelque 400 étrangers avaient quitté Gaza via ce point de passage.

Hôpitaux en danger 

Les échanges de tirs sont quotidiens à la frontière entre Israël et le sud du Liban, où le Hezbollah est très présent. Ces accrochages ont fait 72 morts dans le sud du Liban depuis le 7 octobre, selon un décompte de l'AFP, dont 54 combattants du Hezbollah. Six soldats et un civil ont été tués du côté israélien, selon les autorités.

La guerre a aussi exacerbé les tensions en Cisjordanie occupée, où plus de 140 Palestiniens ont été tués depuis le 7 octobre par des tirs de soldats ou de colons israéliens, selon l'Autorité palestinienne.

Depuis le 9 octobre, le "siège complet" imposé par Israël à la bande de Gaza prive la population de livraisons d'eau, de nourriture et d'électricité.

Le territoire était déjà soumis à un blocus israélien terrestre, aérien et maritime depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007.

Plus de 370 camions d'aide humanitaire sont arrivés depuis le 21 octobre selon l'ONU, qui réclame une aide plus massive.

A l'hôpital Al-Shifa, le plus grand du territoire, des médecins ont plusieurs fois lancé un cri d'alarme sur le manque de carburant pour faire fonctionner les générateurs, et sont contraints de soigner des malades à la lueur de leurs téléphones portables.


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
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  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.


Cessez-le-feu à Gaza: nouveau veto américain au Conseil de sécurité de l'ONU

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
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  • "Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya
  • "Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum"

NATIONS-UNIES: Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

"Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya.

"Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum".

Les Palestiniens plaidaient en effet pour une résolution dans le cadre du chapitre VII de la Charte des Nations unies qui permet au Conseil de prendre des mesures pour faire appliquer ses décisions, par exemple avec des sanctions, ce qui n'était pas le cas.

Le texte préparé par les dix membres élus du Conseil, vu par l'AFP, exigeait "un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent qui doit être respecté par toutes les parties" et "la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages".

"Nous avons été très clairs pendant toutes les négociations que nous ne pouvions pas soutenir un cessez-le-feu inconditionnel qui ne permette pas la libération des otages", a justifié après le vote l'ambassadeur américain adjoint Robert Wood, estimant que le Conseil aurait envoyé au Hamas "le message dangereux qu'il n'y a pas besoin de revenir à la table des négociations".

La résolution "n'était pas un chemin vers la paix mais une feuille de route vers plus de terrorisme, de souffrance, de massacres", a commenté l'ambassadeur israélien Danny Danon, remerciant les Etats-Unis.

La plupart des 14 autres membres du Conseil, qui ont tous voté pour, ont déploré le veto américain.

"C'est une génération entière d'enfants que nous abandonnons à Gaza", a lancé l'ambassadrice slovène adjointe Ondina Blokar Drobic, estimant qu'un message uni et "sans équivoque" du Conseil aurait été "un premier pas pour permettre à ces enfants d'avoir un avenir".

En protégeant les autorités israéliennes, "les Etats-Unis de facto cautionnent leurs crimes contre l'humanité", a dénoncé de son côté Louis Charbonneau, de Human Rights Watch.

"Directement responsables"

Le Hamas a lui accusé les Américains d'être "directement responsables" de la "guerre génocidaire" d'Israël à Gaza.

Le 7 octobre 2023, des commandos infiltrés dans le sud d'Israël à partir de la bande de Gaza voisine ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP fondé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées. Au total, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a lancé une campagne de bombardements massifs suivie d'une offensive terrestre à Gaza, qui ont fait au moins 43.985 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

La quasi-totalité des quelque 2,4 millions d'habitants ont été déplacés dans ce territoire en proie à un désastre humanitaire.

Depuis le début de la guerre, le Conseil de sécurité de l'ONU peine à parler d'une seule voix, bloqué plusieurs fois par des veto américains, mais aussi russes et chinois.

Les quelques résolutions adoptées n'appelaient pas à un cessez-le-feu inconditionnel et permanent. En mars, avec l'abstention américaine, le Conseil avait ainsi demandé un cessez-le-feu ponctuel pendant le ramadan --sans effet sur le terrain--, et avait adopté en juin une résolution américaine soutenant un plan américain de cessez-le-feu en plusieurs phases accompagnées de libérations d'otages, qui n'a jamais abouti.

Certains diplomates espéraient qu'après la victoire de Donald Trump, les Etats-Unis de Joe Biden seraient plus flexibles dans les négociations, imaginant une répétition de décembre 2016.

A quelques semaines de la fin du mandat de Barack Obama, le Conseil avait alors adopté, pour la première fois depuis 1979, une résolution demandant à Israël de cesser la colonisation dans les Territoires palestiniens occupés. Un vote permis par la décision des Américains de ne pas utiliser leur droit de veto, alors qu'ils avaient toujours soutenu Israël jusqu'alors sur ce dossier.