Les Afghans quittent en masse le Pakistan, sous la menace d'expulsions

Des Afghans quittent par milliers le Pakistan dans un exode massif en raison de la fin mercredi d'un ultimatum fixé par le gouvernement de ce pays (Photo, AFP).
Des Afghans quittent par milliers le Pakistan dans un exode massif en raison de la fin mercredi d'un ultimatum fixé par le gouvernement de ce pays (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 02 novembre 2023

Les Afghans quittent en masse le Pakistan, sous la menace d'expulsions

  • Le Pakistan a donné jusqu'à mercredi aux sans-papiers afghans pour en partir volontairement, sans quoi ils seront expulsés
  • Plus de 140.000 personnes ont quitté le Pakistan depuis l'annonce de ce plan début octobre

PESHAWAR: Des Afghans quittent par milliers le Pakistan dans un exode massif en raison de la fin mercredi d'un ultimatum fixé par le gouvernement de ce pays à des centaines de milliers de personnes en situation irrégulière qui doivent quitter son territoire sous peine d'être arrêtés et expulsés.

Le Pakistan a donné jusqu'à mercredi aux sans-papiers afghans, dont il estime le nombre à 1,7 million, pour en partir volontairement, sans quoi ils seront expulsés.

Plusieurs milliers de personnes désireuses d'éviter l'expulsion ont rejoint mercredi la longue file de véhicules patientant à Torkham, principal poste-frontière entre les deux pays. Au total, 29.000 migrants ont traversé la frontière mardi par les différents points de passage.

"Depuis le 1er novembre, le processus d'arrestation et ensuite d'expulsion des étrangers en situation irrégulière a commencé. Toutefois, le retour volontaire (...) continuera aussi à être encouragé", a indiqué dans un communiqué le ministère pakistanais de l'Intérieur.

Plus de 140.000 personnes ont quitté le Pakistan depuis l'annonce de ce plan début octobre, a-t-il précisé. Islamabad dit cibler l'ensemble des illégaux et pas seulement les Afghans, mais ceux-ci en sont de facto l'immense majorité.

Quarante-neuf centres de rétention, aptes chacun à accueillir plusieurs milliers de personnes, ont ouvert mercredi pour y placer les Afghans en attente de leur expulsion, ont rapporté les médias d'Etat.

"Mon coeur ne veut pas vraiment retourner en Afghanistan, mais je n'ai pas d'autre choix", a déclaré à l'AFP Irfanullah, un sans-papier de 32 ans, qui s'est rendu volontairement dans l'un de ces centres, près de Torkham.

"La police me harcelait (...) Elle se montrait irrespectueux envers les hommes et les femmes en entrant dans nos maisons. Nous rentrons pour éviter d'être encore plus humilié", a-t-il ajouté.

«Ni terre, ni maison»

Des millions d'Afghans ont afflué au Pakistan au cours de décennies de guerre, dont au moins 600.000 depuis le retour au pouvoir des talibans à Kaboul en août 2021, en faisant l'un des pays qui accueillent le plus de réfugiés au monde.

Beaucoup ont peur de rentrer en Afghanistan, où le gouvernement taliban a imposé son interprétation rigoriste de l'islam, interdisant par exemple aux filles l'accès à l'éducation après l'école primaire.

"Nous ne rentrons pas, parce que mon éducation serait brutalement interrompue en Afghanistan (...) Nous n'aurons pas de vie" là-bas, a expliqué mardi à Peshawar une jeune Afghane de 14 ans, dont la famille n'a pas de papiers et dont l'AFP a décidé de ne pas dévoiler le nom pour raisons de sécurité.

Le gouvernement pakistanais a dit chercher à préserver avec cette mesure "le bien-être et la sécurité" du pays, où le sentiment anti-afghan est en hausse sur fond de crise économique et de multiplication des attentats à la frontière.

Mais pour certains de ces migrants, qui vivent depuis des décennies au Pakistan ou y sont nés, et ignorent tout de l'Afghanistan, l'avenir dans leur pays d'origine est bien incertain.

"Nous n'avons ni terre, ni maison, ni travail. Nous n'avons rien là-bas", a expliqué à l'AFP Benafsha, 35 ans, une mère de six enfants qui attendait lundi à Torkham de pouvoir rentrer avec sa famille dans sa province d'origine, Kunduz.

Nombre de personnes ayant fui l'Afghanistan ces deux dernières années et cherchant à obtenir l'asile dans des pays tiers, mais dont le visa pakistanais a expiré, risquent d'être expulsées, a mis en garde Human Rights Watch. L'ONU a estimé qu'elles pourraient être en danger à leur retour.

Washington a de son côté appelé le Pakistan à protéger les Afghans cherchant l'asile.

"Nous encourageons vivement les pays voisins de l'Afghanistan, dont le Pakistan, à permettre l'entrée des Afghans en quête de protection internationale et à se coordonner avec les organisations humanitaires internationales pour leur fournir de l'aide", a déclaré le porte-parole du département d'Etat Matthew Miller.

Opérations de police

Les autorités talibanes, qui ont pressé Islamabad de laisser plus de temps aux gens pour partir, ont été submergées par cet afflux soudain de personnes, lesquelles traversent la frontière avec des camions remplis à ras bord d'effets personnels, dans un chaos total.

La frustration gagne les arrivants, souvent contraints d'attendre plusieurs jours pour être enregistrés, sans endroit pour s'abriter, et ne disposant que de peu d'eau, de nourriture ou de médicaments.

"Nous sommes coincés ici depuis deux jours. Mon fils a été arrêté par la police au Pakistan et nous avons fui dans la panique", a raconté mercredi à l'AFP Gulana, arrivée du côté afghan de la frontière à Torkham.

"Maintenant on ne sait pas quoi faire ici, personne ne nous guide ou ne nous dit quoi faire ensuite", a expliqué cette femme exagénaire.

Des défenseurs des droits humains ont dénoncé une répression sans précédent. Des arrestations, y compris de personnes en situation régulière, et des tentatives d'extorsion de la part de la police ont été signalées par des Afghans à Karachi (Sud).

Dans cette grande cité portuaire, un journaliste de l'AFP a vu mercredi des fourgons de police arriver à un centre de rétention avec des détenus à bord.

Dans la province du Baloutchistan (Sud-ouest), le gouvernement local a annoncé aller "de porte en porte" pour retrouver la trace de tous les illégaux n'étant pas encore partis.


Un enfant meurt chaque jour en tentant de franchir la Méditerranée centrale, selon l'Unicef

Environ 3 500 enfants sont morts ou portés disparus ces dix dernières années, soit un par jour, en tentant de traverser la Méditerranée centrale entre l'Afrique du Nord et l'Italie. (Photo AFP)
Environ 3 500 enfants sont morts ou portés disparus ces dix dernières années, soit un par jour, en tentant de traverser la Méditerranée centrale entre l'Afrique du Nord et l'Italie. (Photo AFP)
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  • Environ 3 500 enfants sont morts ou portés disparus ces dix dernières années, soit un par jour, en tentant de traverser la Méditerranée centrale entre l'Afrique du Nord et l'Italie.
  • Les droits consacrés par la Convention relative aux droits de l'enfant ne connaissent pas de frontières ni de rivages.

ROME : Selon un rapport publié mardi par l'Unicef, environ 3 500 enfants sont morts ou portés disparus ces dix dernières années, soit un par jour, en tentant de traverser la Méditerranée centrale entre l'Afrique du Nord et l'Italie.

L'Unicef se fonde sur le fait que parmi les personnes arrivées sur le sol européen par cette voie migratoire, un sur six est un enfant, pour estimer ce chiffre.

Ce chiffre pourrait être sous-estimé, car de nombreux naufrages passent inaperçus, faute de survivants pour témoigner.

Par ailleurs, sept enfants sur dix voyagent seuls, sans leurs parents, selon l'agence onusienne chargée des enfants.

« Beaucoup d’enfants qui tentent de traverser la Méditerranée centrale fuient la guerre, les conflits, la violence et la pauvreté », indique le rapport, précisant que « plus de la moitié des enfants et des jeunes interrogés déclarent avoir subi des violences physiques et un tiers affirment avoir été détenus contre leur gré ». 

« Les gouvernements doivent protéger les droits et l'intérêt supérieur des enfants (...). Les droits consacrés par la Convention relative aux droits de l'enfant ne connaissent pas de frontières ni de rivages : ils accompagnent les enfants lorsqu’ils les traversent », a déclaré Regina De Dominicis, haut responsable de l'Unicef, citée dans le rapport.

L'agence onusienne rappelle que si l’adoption du Pacte européen sur la migration et l’asile devant entrer en vigueur mi-2026 « peut permettre de mieux organiser la gestion des migrations, ce dernier doit être mis en œuvre en parfaite conformité avec les obligations légales de défense de l'intérêt supérieur de l’enfant ».

L'Unicef appelle également à renforcer les opérations de recherche et de sauvetage en mer pour prendre en compte les besoins spécifiques des enfants. 

« À son arrivée, chaque enfant doit immédiatement bénéficier d'une représentation juridique ainsi que de solides mesures de protection. Les mesures de restriction des déplacements ne doivent jamais entraîner la détention d'un enfant dans un centre de rétention, que ce soit lors des procédures de contrôle, de passage des frontières, de demande d’asile ou de renvoi », conclut l'Unicef. 


La Turquie cherche à renforcer son ancrage sur le continent africain

Cette photo prise et diffusée par le bureau de presse de la présidence turque le 12 avril 2025 montre le président turc Recep Tayyip Erdogan (R) rencontrant le président somalien Hassan Sheikh Mohamud lors de la 4e édition du Forum diplomatique d'Antalya (ADF2025) à Antalya. (Photo by Handout / Turkish Presidency Press Office / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le bureau de presse de la présidence turque le 12 avril 2025 montre le président turc Recep Tayyip Erdogan (R) rencontrant le président somalien Hassan Sheikh Mohamud lors de la 4e édition du Forum diplomatique d'Antalya (ADF2025) à Antalya. (Photo by Handout / Turkish Presidency Press Office / AFP)
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  • La Turquie cherche désormais à y étendre son influence en proposant sa médiation dans des conflits.
  • Très impliqué sur les dossiers syrien et ukrainien, le président turc Recep Tayyip Erdogan a renforcé son image d'interlocuteur clé en Afrique en négociant, il y a quelques mois, un accord de paix entre la Somalie et l'Éthiopie.

ANTALYA, TURQUIE : La Turquie, qui pousse ses pions en Afrique depuis plusieurs années, cherche désormais à y étendre son influence en proposant sa médiation dans des conflits, à la faveur notamment du retrait de la France et des États-Unis.

Témoignage des efforts d'Ankara pour consolider son ancrage sur le continent, un forum diplomatique organisé ce week-end à Antalya, dans le sud de la Turquie, a réuni, aux côtés du président syrien Bachar el-Assad, des ministres russe et ukrainien des Affaires étrangères, ainsi que de nombreux responsables africains, dont le chef de l'État somalien.

« Les pays africains cherchent des alternatives et la Turquie en représente une », a affirmé à l'AFP Eghosa Osaghae, directeur général de l'Institut nigérian des affaires internationales (NIIA), présent à Antalya. 

Très impliqué sur les dossiers syrien et ukrainien, le président turc Recep Tayyip Erdogan a renforcé son image d'interlocuteur clé en Afrique en négociant, il y a quelques mois, un accord de paix entre la Somalie et l'Éthiopie.

Selon M. Osaghae, la capacité d'Ankara à combler le vide laissé par la France, dont de nombreuses anciennes colonies se sont détournées ces dernières années, « dépendra en grande partie de l'attrait des offres turques ».

« Nous entretenons avec la France des relations dont nous sommes très fiers, mais la France ne nous empêche pas d'avoir d'autres partenariats », a déclaré à l'AFP Léon Kacou Adom, le ministre ivoirien des Affaires étrangères, lors du forum d'Antalya.

Le pays d'Afrique de l'Ouest, ancienne colonie française, souhaite collaborer avec la Turquie dans tous les secteurs, notamment le commerce, la communication, la sécurité, l'éducation et la formation, a-t-il souligné.

« Tout cela nous intéresse (...). La Turquie nous fait des offres que nous étudions », a-t-il ajouté.

- « Solutions aux problèmes africains » -

De nombreux pays africains sont confrontés à des menaces sécuritaires, émanant de groupes comme Boko Haram ou les shebab somaliens.

« Si la Turquie peut apporter son aide dans ces domaines, pourquoi pas ? », estime M. Osaghae. « Le point positif est que de nombreux pays africains coopèrent déjà militairement avec la Turquie. Cela peut être la pierre angulaire de l'influence turque », relève-t-il.

La Turquie, qui a proposé en janvier sa médiation entre le Rwanda et la République démocratique du Congo, a signé ces dernières années des accords de défense avec plusieurs États africains dont la Somalie, la Libye, le Kenya, le Rwanda, l'Éthiopie, le Nigeria et le Ghana.

Ces accords ont ouvert des marchés à l'industrie de défense turque, notamment pour ses drones réputés fiables et bon marché.

« Nous nous efforçons de faire en sorte que l'Afrique trouve ses propres solutions aux problèmes africains », affirme Alp Ay, diplomate turc et représentant spécial d'Ankara dans les négociations entre la Somalie et la région séparatiste du Somaliland.

Selon un haut diplomate somalien, Ankara a joué « un rôle très utile en parvenant à réunir les deux pays pour résoudre ce problème ». « L'Afrique a désespérément besoin de médiateurs », résume pour sa part le politologue nigérian Eghosa Osaghae.

Si la responsabilité du respect de l'accord incombe désormais aux deux parties, la Turquie continuera toutefois de jouer son rôle de facilitateur, souligne le diplomate turc Alp Ay, qui envisage l'avenir avec « espoir ».

Recep Tayyip Erdogan s'est entretenu avec son homologue somalien, Hassan Cheikh Mohamoud, samedi à Antalaya.

Au cours de leur rencontre, les deux hommes ont promis d'« accroître la coopération » entre les deux États, selon Ankara, qui dispose déjà d'un droit d'exploration des ressources énergétiques le long des côtes somaliennes. 


Zelensky exhorte Trump à se rendre en Ukraine pour voir les ravages de la guerre

Le président américain Donald Trump et le président ukrainien Volodymyr Zelensky se rencontrent dans le bureau ovale de la Maison Blanche à Washington, DC, le 28 février 2025. (AFP)
Le président américain Donald Trump et le président ukrainien Volodymyr Zelensky se rencontrent dans le bureau ovale de la Maison Blanche à Washington, DC, le 28 février 2025. (AFP)
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  • « Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a exhorté son homologue américain, Donald Trump, à se rendre dans son pays pour prendre conscience de l'étendue des dégâts causés par l'invasion de la Russie. 
  • En se rendant en Ukraine, M. Trump « comprendra ce que Poutine a fait ».

WASHINGTON : le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exhorté dimanche son homologue américain Donald Trump à se rendre dans son pays pour mieux comprendre la dévastation causée par l'invasion russe. 

« Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a exhorté son homologue américain, Donald Trump, à se rendre dans son pays pour prendre conscience de l'étendue des dégâts causés par l'invasion de la Russie. 

En se rendant en Ukraine, M. Trump « comprendra ce que Poutine a fait ».

Cette invitation intervient alors que M. Trump fait pression pour mettre rapidement un terme à ce conflit qui dure depuis plus de trois ans, les États-Unis ayant engagé des discussions directes avec la Russie malgré ses attaques incessantes contre l'Ukraine.

Washington a également discuté d'une éventuelle trêve avec des responsables ukrainiens.

Cette invitation fait suite à la vive polémique qui a éclaté à la Maison Blanche fin février entre le président ukrainien, M. Zelensky, et le vice-président américain, M. JD Vance, devant la presse.

M. Vance avait alors accusé l'Ukraine d'accueillir des dirigeants étrangers pour faire de la propagande en vue de gagner leur soutien. 

M. Zelensky a nié une nouvelle fois cette allégation et a déclaré à la chaîne CBS que si M. Trump décidait de se rendre en Ukraine, « nous ne préparerons rien, ce ne sera pas du théâtre ». Ce ne sera pas du théâtre. »