Mal préparé, le Liban en faillite redoute une guerre avec Israël

Cette photo prise le 9 août 2023 montre une vue du mur frontalier avec le Liban, près du kibboutz de Misgav Am, au nord d'Israël (Photo de JALAA MAREY / AFP).
Cette photo prise le 9 août 2023 montre une vue du mur frontalier avec le Liban, près du kibboutz de Misgav Am, au nord d'Israël (Photo de JALAA MAREY / AFP).
Short Url
Publié le Mardi 31 octobre 2023

Mal préparé, le Liban en faillite redoute une guerre avec Israël

  • Depuis l'attaque du Hamas palestinien contre Israël le 7 octobre, les échanges de tirs sont quasi quotidiens à la frontière
  • En 2006, une guerre entre le Hezbollah et Israël avait fait plus de 1 200 morts au Liban, pour la plupart des civils

MARJAYOUN: Quand les bombes israéliennes s'abattent sur le sud du Liban, les secouristes accourent dans des camions vétustes et sans équipement de protection, un des nombreux exemples du manque de préparation du pays qui redoute l'extension du conflit.

"Nous sommes en première ligne, et pourtant nous n'avons aucun équipement pour nous protéger et sauver les gens", déclare Anis Abla, chef de la défense civile de Marjayoun, à moins de 10 km de la frontière avec Israël.

Depuis son bureau préfabriqué, il affirme ne pas avoir les moyens d'acheter des casques ou des gilets pare-balles pour son équipe de 37 personnes, des volontaires pour la plupart.

Depuis l'attaque du Hamas palestinien contre Israël le 7 octobre, les échanges de tirs sont quasi quotidiens à la frontière. Le Hezbollah pro-iranien et ses alliés affirment bombarder Israël en solidarité avec le Hamas, mais les accrochages restent pour le moment limités.

En plein effondrement économique depuis quatre ans, le Liban redoute d'être entraîné de plain-pied dans le conflit. Le pays est mal préparé à faire face à une guerre, laissant bénévoles et ONG combler le vide avec des moyens limités.

"Si la guerre éclate, nous ne serons peut-être pas en mesure d'assurer suffisamment d'eau pour nos camions ou de nourriture pour nos équipes", déclare M. Abla.

L'Etat en faillite n'assurant plus l'électricité que quelques heures par jour, les pompes à eau fonctionnent à peine et les camions de pompiers ont par conséquent un accès limité à l'eau, explique Hussein Fakih, chef de la défense civile de la région sud de Nabatieh, qui comprend Marjayoun.

Un handicap de poids pour les pompiers qui doivent éteindre les incendies qui se déclarent en raison des bombardements israéliens quasi quotidiens sur la région.

«Répétition de 2006»

"Notre véhicule le plus récent a une trentaine d'années", déplore M. Fakih, ajoutant que les camions de pompiers tombent régulièrement en panne. "Si la situation empire (..) nous ne serons pas en mesure d'accomplir toutes nos tâches."

Des accrochages transfrontaliers ont fait au moins 62 morts au Liban, selon un décompte de l'AFP, pour la plupart des combattants du Hezbollah, et poussé près de 29 000 personnes à fuir leurs foyers.

A quelques kilomètres de Marjayoun, Hasbaya a accueilli des centaines de déplacés, dont quelque 150 ont été installés dans un hôtel inachevé, selon le maire de la localité, Labib al-Hamra.

Les autorités locales, qui manquent de tout, ont dû compter sur des envois de fonds de Libanais de la diaspora, des associations et des donateurs pour réhabiliter l'hôtel et fournir aux déplacés des matelas, de la nourriture et des médicaments, assure le maire.

"Ma plus grande crainte est de voir une répétition du scénario de 2006, mais en pire", avance M. al-Hamra.

"Aujourd'hui, l'État libanais n'est pas préparé à faire face à ce genre de calamité", assure-t-il.

En 2006, une guerre entre le Hezbollah et Israël avait fait plus de 1 200 morts au Liban, pour la plupart des civils, et 160 morts en Israël, en grande partie des soldats.

«Notre Etat est mort»

Le gouvernement intérimaire a élaboré un plan d'urgence, et des pourparlers sont en cours pour "garantir que la communauté humanitaire contribue" à son financement selon le Premier ministre Najib Mikati.

M. Mikati a assuré à l'AFP lundi qu'il faisait tout son possible "pour que l'Etat et ses moyens modestes soient prêts" en cas de conflit.

Le ministre de la Santé, Firas Abiad, a souligné que le Liban était confronté à des obstacles sans précédent.

"En 2006, nous n'avons pas eu de problèmes de médicaments et de fournitures médicales, nous n'avons pas eu de fuite des cerveaux des professionnels de la santé ni de crise économique étouffante", explique à l'AFP M. Abiad.

Il indique que le ministère a besoin de 30 à 40 millions de dollars pour le plan d'urgence qu'il a élaboré, ajoutant que "le Liban fait tout son possible pour accroître son niveau de préparation", malgré des ressources "beaucoup plus limitées".

Mais de nombreux Libanais ont perdu confiance dans la capacité de leur pays à les protéger.

Parmi eux, Ali Khalil Awada, 74 ans, réfugié dans l'hôtel de Hasbaya avec sa femme dans une chambre étroite et à peine meublée.

Il a déjà été déplacé de son village frontalier de Khiam à plusieurs reprises pendant la guerre civile (1975-1990), l'occupation israélienne du sud (1978-2000) et la guerre de 2006.

Mais cette fois, "c'est la pire", selon lui.

"Notre État est mort... et notre économie est partie", regrette-t-il. "Nous n'avons même pas les moyens d'acheter du pain".


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

Short Url
  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Short Url
  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

Short Url
  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".