Climat: il reste moins de temps que prévu pour tenir les objectifs de l'accord de Paris, alertent des scientifiques

Cette photographie aérienne prise le 21 août 2023 montre une série de glaciers à moitié fondus dans le fjord de Scoresby près d'Ittoqqortoormiit, au Groenland. (Photo de Olivier MORIN / AFP)
Cette photographie aérienne prise le 21 août 2023 montre une série de glaciers à moitié fondus dans le fjord de Scoresby près d'Ittoqqortoormiit, au Groenland. (Photo de Olivier MORIN / AFP)
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Publié le Lundi 30 octobre 2023

Climat: il reste moins de temps que prévu pour tenir les objectifs de l'accord de Paris, alertent des scientifiques

  • Les derniers rapports scientifiques montrent que nous sommes actuellement sur une trajectoire de réchauffement à +2,4 degrés ou plus d'ici la fin du siècle
  • Les auteurs pressent les gouvernements d'agir rapidement, à un mois de la COP28 de Dubaï où la baisse rapide des émissions, et les moyens d'y parvenir, sera l'un des thèmes de négociation les plus difficiles

PARIS: Combien de CO2 l'humanité peut-elle encore émettre si elle veut tenir les objectifs de l'accord de Paris? Une nouvelle étude montre qu'il reste sans doute moins de temps que prévu pour limiter les émissions et le réchauffement, tout en soulignant les incertitudes entourant cette question.

Selon cette analyse parue lundi dans Nature Climate Change, au rythme actuel des émissions de carbone -- environ 40 milliards de tonnes (Gt) chaque année -- il reste environ 6 ans avant que la barre de 1,5°C de réchauffement -- l'objectif le plus ambitieux de l'accord de 2015 -- ne soit franchie.

Se fondant sur des données et une méthodologie réévaluées par rapport aux précédentes estimations, notamment le dernier rapport du Giec, Robin Lamboll de l'Imperial College et son équipe ont recalculé le "budget carbone" restant (RCB). Cela correspond à la quantité nette de CO2 qui peut encore être émise sans dépasser un seuil de réchauffement donné.

Selon les experts mandatés par l'ONU, en 2020, le budget carbone permettant de rester sous +1,5°C était de 500 Gt et de 1.150 Gt pour +2°C.

Les calculs de la nouvelle étude aboutissent à la conclusion que pour avoir 50% de chances de rester sous 1,5°C, le RCB devrait être de 250 GtCO2 à compter de janvier 2023.

"La fenêtre pour éviter les 1,5 degrés se réduit", souligne Robin Lamboll.

Joeri Rogelj, l'un des autres contributeurs, est encore plus radical: "Il est clair que les options probables pour limiter le réchauffement à 1,5°C ont disparu, et ce depuis un certain temps", a-t-il déclaré.

 Roulette russe 

Depuis l'ère industrielle, la planète s'est déjà réchauffée de 1,2°C en moyenne. Et les dernières estimations de l'observatoire européen Copernicus montrent que +1,5 °C pourrait intervenir d'ici 2034, et non au milieu du siècle comme le prévoient les politiques climatiques à travers le monde.

Pour être effectivement atteinte, cette limite devra être mesurée sur plusieurs décennies, mais son franchissement pourrait être observé ponctuellement beaucoup plus tôt, etc, ouvrant la voie à des conséquences funestes en cascade comme la fonte des calottes glaciaires, le dépérissement des forêts, l'extinction des coraux... Il est ainsi "hautement probable que 2023 excède 1,5 degré", estime M. Lamboll.

Pour rester sous les 2 degrés, un "dernier recours" selon les scientifiques, la marge de manoeuvre n'est guère plus élevée.

Pour avoir 50% de chances de rester dans les clous, si les émissions restent au niveau actuel, la fenêtre de tir est de 30 ans. Et pour 90% de chances, environ 13 ans.

Il reste toutefois de nombreuses incertitudes, d'autres facteurs comme le réchauffement par les autres gaz à effet de serre comme le méthane ou l'effet refroidissant des aérosols (particules fines), pouvant également intervenir, soulignent les auteurs.

"C'est comme jouer à la roulette russe avec deux balles. Peu de gens seront surpris si quelqu'un se fait tirer dessus avec de telles chances", met pourtant en garde M. Rogelj.

Chaque dixième de degré compte 

Néanmoins les auteurs insistent sur le fait qu'il ne faut pas baisser les bras.

"Il reste une chance", affirme Christopher Smith de l'université de Leeds.

"Cela ne veut pas dire que la bataille contre le changement climatique sera perdue dans six ans", abonde M. Lamboll.

"Même si nous ne limitons pas le réchauffement à 1,5 degré, nous en tenir à des émissions limitées nous donnera de meilleures chances de rester à 1,6/1,7 degrés, ce qui serait un très bon résultat compte tenu de la direction dans laquelle nous nous dirigeons actuellement".

Les derniers rapports scientifiques montrent que nous sommes actuellement sur une trajectoire de réchauffement à +2,4 degrés ou plus d'ici la fin du siècle.

"Cela vaut le coup de continuer à se battre pour chaque dixième de degrés", martèle M. Smith.

Les auteurs pressent les gouvernements d'agir rapidement, à un mois de la COP28 de Dubaï où la baisse rapide des émissions, et les moyens d'y parvenir, sera l'un des thèmes de négociation les plus difficiles.


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
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  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.


Cessez-le-feu à Gaza: nouveau veto américain au Conseil de sécurité de l'ONU

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
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  • "Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya
  • "Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum"

NATIONS-UNIES: Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

"Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya.

"Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum".

Les Palestiniens plaidaient en effet pour une résolution dans le cadre du chapitre VII de la Charte des Nations unies qui permet au Conseil de prendre des mesures pour faire appliquer ses décisions, par exemple avec des sanctions, ce qui n'était pas le cas.

Le texte préparé par les dix membres élus du Conseil, vu par l'AFP, exigeait "un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent qui doit être respecté par toutes les parties" et "la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages".

"Nous avons été très clairs pendant toutes les négociations que nous ne pouvions pas soutenir un cessez-le-feu inconditionnel qui ne permette pas la libération des otages", a justifié après le vote l'ambassadeur américain adjoint Robert Wood, estimant que le Conseil aurait envoyé au Hamas "le message dangereux qu'il n'y a pas besoin de revenir à la table des négociations".

La résolution "n'était pas un chemin vers la paix mais une feuille de route vers plus de terrorisme, de souffrance, de massacres", a commenté l'ambassadeur israélien Danny Danon, remerciant les Etats-Unis.

La plupart des 14 autres membres du Conseil, qui ont tous voté pour, ont déploré le veto américain.

"C'est une génération entière d'enfants que nous abandonnons à Gaza", a lancé l'ambassadrice slovène adjointe Ondina Blokar Drobic, estimant qu'un message uni et "sans équivoque" du Conseil aurait été "un premier pas pour permettre à ces enfants d'avoir un avenir".

En protégeant les autorités israéliennes, "les Etats-Unis de facto cautionnent leurs crimes contre l'humanité", a dénoncé de son côté Louis Charbonneau, de Human Rights Watch.

"Directement responsables"

Le Hamas a lui accusé les Américains d'être "directement responsables" de la "guerre génocidaire" d'Israël à Gaza.

Le 7 octobre 2023, des commandos infiltrés dans le sud d'Israël à partir de la bande de Gaza voisine ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP fondé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées. Au total, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a lancé une campagne de bombardements massifs suivie d'une offensive terrestre à Gaza, qui ont fait au moins 43.985 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

La quasi-totalité des quelque 2,4 millions d'habitants ont été déplacés dans ce territoire en proie à un désastre humanitaire.

Depuis le début de la guerre, le Conseil de sécurité de l'ONU peine à parler d'une seule voix, bloqué plusieurs fois par des veto américains, mais aussi russes et chinois.

Les quelques résolutions adoptées n'appelaient pas à un cessez-le-feu inconditionnel et permanent. En mars, avec l'abstention américaine, le Conseil avait ainsi demandé un cessez-le-feu ponctuel pendant le ramadan --sans effet sur le terrain--, et avait adopté en juin une résolution américaine soutenant un plan américain de cessez-le-feu en plusieurs phases accompagnées de libérations d'otages, qui n'a jamais abouti.

Certains diplomates espéraient qu'après la victoire de Donald Trump, les Etats-Unis de Joe Biden seraient plus flexibles dans les négociations, imaginant une répétition de décembre 2016.

A quelques semaines de la fin du mandat de Barack Obama, le Conseil avait alors adopté, pour la première fois depuis 1979, une résolution demandant à Israël de cesser la colonisation dans les Territoires palestiniens occupés. Un vote permis par la décision des Américains de ne pas utiliser leur droit de veto, alors qu'ils avaient toujours soutenu Israël jusqu'alors sur ce dossier.