WASHINGTON: Les Etats-Unis ont accusé lundi l'Iran de "faciliter activement" les attaques sur des bases où stationnent des soldats américains au Moyen-Orient, et annoncé avoir envoyé des conseillers militaires en Israël, en guerre avec le Hamas depuis l'offensive du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre.
Par ailleurs, les Etats-Unis ont prévenu que tout cessez-le-feu à Gaza décrété par Israël profiterait au Hamas, au moment où les appels à une trêve humanitaire se font de plus en plus nombreux.
"L'Iran continue à soutenir le Hamas et le Hezbollah, et nous savons qu'ils surveillent de près ces événements et dans certains cas, facilitent activement ces attaques et incitent d'autres qui veulent exploiter ce conflit pour leur propre intérêt ou celui de l'Iran", a affirmé le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain, John Kirby, à des journalistes.
Les forces américaines ont été prises pour cible lundi en Syrie dans une attaque qui n'a fait ni dégâts ni blessé, selon un haut responsable américain. Et depuis mercredi, au moins cinq attaques au drone et à la roquette ont ciblé trois bases irakiennes où sont déployées des troupes américaines et de la coalition internationale antidjihadiste.
Lavrov: Le renforcement militaire américain au Proche-Orient fait risquer une «escalade»
Evoquant lors d'une réunion diplomatique régionale à Téhéran l'envoi par les Etats-Unis de navires de guerre au Proche-Orient, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov a jugé que "plus un Etat prend des mesures proactives de ce type, plus le risque, le danger d'escalade du conflit est grand".
Il a estimé que les Etats-Unis étaient "déjà parmi les pays qui interviennent le plus" dans ce conflit.
M. Lavrov a pour autant affirmé que l'action de Washington ainsi que celle de l'Union européenne étaient nécessaire pour parvenir à un règlement diplomatique. "Nous devons agir sur la base du potentiel collectif des pays de la région et de l'Union européenne, et probablement, des Etats-Unis, et il est difficile de se passer d'eux", a-t-il dit.
Téhéran mis en garde
L'accusation de Washington intervient alors que la communauté internationale redoute un embrasement du conflit. L'Iran, allié du Hamas, a averti dimanche que la situation risquait de devenir "incontrôlable" au Moyen-Orient, transformé en une "poudrière".
Dans ce contexte, les Etats-Unis ont renforcé leur présence militaire dans la région et annoncé lundi avoir dépêché "plusieurs" conseillers militaires en Israël.
Ces conseillers ont l'expérience du "type d'opérations qu'Israël mène actuellement et pourrait mener à l'avenir", a-t-il dit, semblant faire référence à une offensive terrestre israélienne contre Gaza.
Les Etats-Unis avaient déjà mis en garde dimanche l'Iran et des organisations armées alliées contre tout élargissement du conflit au Proche-Orient, avertissant qu'ils "agiront" en cas d'attaques contre leurs intérêts et Israël.
"Nous sommes inquiets de la possibilité que des intermédiaires de l'Iran intensifient leurs attaques contre notre propre personnel (militaire), nos propres ressortissants", a dit le secrétaire d'Etat Antony Blinken.
«Tous les pays» ont le droit de se défendre, dit le chef de la diplomatie chinoise à son homologue israélien
"Tous les pays ont le droit de se défendre", a déclaré Wang Yi au ministre israélien des Affaires étrangères Eli Cohen, selon un communiqué du ministère chinois des Affaires étrangères, tout en soulignant qu'"ils devaient respecter le droit humanitaire international et protéger la sécurité des civils".
Wang Yi a promis que la Chine ferait "de son mieux" pour soutenir les efforts "propices à la paix".
«Pause humanitaire»
Entretemps, Israël a intensifié lundi ses frappes sur la bande de Gaza en état de siège, au 17e jour de la guerre déclenchée par l'attaque sanglante du Hamas sur le sol israélien.
Et les appels à un cessez-le-feu ou à tout le moins une trêve pour permettre l'acheminement de l'aide humanitaire se sont multipliés.
Mais Washington, qui fournit une aide militaire à Israël et insiste sur son droit à se défendre, en rejette l'idée.
Un cessez-le-feu "donnerait au Hamas la possibilité de se reposer, de se rééquiper et de se préparer à continuer à lancer des attaques terroristes contre Israël", a déclaré le porte-parole du département d'Etat, Matthew Miller.
"Vous pouvez comprendre parfaitement pourquoi cette situation est intolérable pour Israël, comme elle le serait pour n'importe quel pays qui a subi une attaque terroriste aussi brutale et qui continue de voir la menace terroriste à sa frontière", a-t-il affirmé devant la presse.
Auparavant lundi, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, avait estimé que les dirigeants des Vingt-Sept pourraient soutenir un appel en faveur d'une "pause humanitaire" pour favoriser l'arrivée de l'aide dans la bande de Gaza.