Comment l’abandon du statu quo d'Al-Aqsa a ravivé le conflit israélo-palestinien

Le complexe de la mosquée Al-Aqsa, sur le Haram al-Charif, revêt une grande importance pour les trois religions abrahamiques, l'islam, le judaïsme et le christianisme (Photo, AFP).
Le complexe de la mosquée Al-Aqsa, sur le Haram al-Charif, revêt une grande importance pour les trois religions abrahamiques, l'islam, le judaïsme et le christianisme (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 18 octobre 2023

Comment l’abandon du statu quo d'Al-Aqsa a ravivé le conflit israélo-palestinien

  • Le Haram al-Charif, ou le Noble Sanctuaire, a été le théâtre de visites provocatrices de la part d'extrémistes religieux juifs
  • Le juriste israélien Daniel Seidemann affirme que l'occupation «sape les fondements moraux de la société israélienne»

LONDRES: Le vendredi 29 septembre, Daniel Seidemann, avocat israélien spécialisé dans les relations israélo-palestiniennes à Jérusalem, a apporté la touche finale à un document de recherche qui lui avait été commandé par l'unité de recherche et d'études d'Arab News.

Le sujet était l'enceinte de la mosquée Al-Aqsa sur le Haram al-Charif, connu des juifs et des chrétiens comme le Mont du Temple, qui revêt une grande importance pour les trois religions abrahamiques, mais où seuls les musulmans peuvent prier et où les autres religions ne peuvent que visiter.

C'est en tout cas le statu quo qui prévaut sur le site depuis 1967.

Une vue générale de Jérusalem-Est et du Dôme du Rocher dans l'enceinte de la mosquée Al-Aqsa, troisième lieu saint de l'islam, le 15 octobre 2023 (Photo, AFP).

Mais en tant que fondateur de Terrestrial Jerusalem, une organisation non gouvernementale dont l'objectif est de trouver une solution à la question de la ville qui soit compatible avec la solution des deux États, Seidemann est devenu, au cours des derniers mois, de plus en plus conscient et préoccupé par le fait que l'équilibre délicat qui a été maintenu sur le site au cours des cinquante-six dernières années était en danger d'être rompu.

Il a compris que c'était la recette d'un désastre et, dans l'espoir de l'éviter, il a tenu à «familiariser à la fois les dirigeants et le grand public avec les faits pertinents».

Un peu plus d'une semaine plus tard, Seidemann s'est réveillé le matin du samedi 7 octobre en apprenant que le groupe militant palestinien Hamas avait lancé son attaque dévastatrice contre Israël depuis Gaza.

En écoutant les informations, il n'a pas été surpris d'apprendre que le commandant du Hamas, Mohammed Deif, avait qualifié l'assaut d’«opération déluge d’Al-Aqsa», lancée, selon lui, en représailles à la «profanation» de l'enceinte de la mosquée Al-Aqsa par Israël.

Que l'attaque ait été motivée ou non par les récents événements survenus à la mosquée – et le Hamas avait certainement déjà lancé des avertissements concernant les violations de plus en plus fréquentes du statu quo établi de longue date sur le site – Seidemann savait qu'une chose était certaine.

Le ministre israélien et chef du parti Puissance juive, Itamar Ben-Gvir (au centre), marche dans la cour de la mosquée Al-Aqsa de Jérusalem, connue par les juifs sous le nom de Mont du Temple, tôt le 3 janvier 2023 (Photo, AFP).

«Il ne fait aucun doute qu’Al-Aqsa a été un facteur contributif», a-t-il indiqué. «On en revient toujours à Al-Aqsa, et Jérusalem a toujours le dernier mot.

«Nous devons familiariser le public israélien et le monde arabe avec l'idée d'une Jérusalem qui permette la cohabitation de ces récits conflictuels. Ce n'est pas une utopie, mais Jérusalem sait le faire.

«Et que cela aboutisse ou non, nous serons toujours confrontés à la question d'Al-Aqsa, et personne dans le monde arabe ou musulman ne peut se permettre de l'ignorer», a-t-il exliqué.

Le caractère sensible du site a été mis en évidence le 27 septembre lorsque Nayef al-Sudairi, le nouvel ambassadeur saoudien auprès des Palestiniens, a accepté de reporter une visite prévue à la mosquée Al-Aqsa pour répondre à des préoccupations palestiniennes non précisées.

On pense que ces préoccupations sont liées à l'augmentation malvenue de la présence des forces de sécurité israéliennes sur le site, qui a favorisé une série de visites provocatrices de la part d'extrémistes religieux juifs dont le but ultime est de construire un temple juif sur le site.

Les extrémistes bénéficient du soutien de nombreux membres du gouvernement israélien. Le 3 octobre, Itamar Ben-Gvir, ministre israélien de la Sécurité nationale (de l’extrême droite), a demandé à la Knesset et au cabinet de sécurité de l'État d'envisager d'urgence «l'ouverture du mont du Temple aux Juifs 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7».

Un Palestinien prie alors que les forces de sécurité israéliennes escortent un groupe de colons juifs visitant l'enceinte de la mosquée Al-Aqsa, le 2 juin 2019 (Photo, AFP).

Ce jour-là, 500 membres du mouvement des colons israéliens sont entrés sur le site. Le lendemain, cinquième jour de la fête juive de Souccot, plus de 1 000 personnes ont pénétré de force dans l'enceinte, répétant un spectacle qui, ces derniers mois, s'est répété de plus en plus souvent.

Cette fois, l'incursion, à laquelle ont assisté des membres des forces de sécurité israéliennes, a valu au gouvernement israélien une réprimande de la part de la Jordanie qui, depuis 1924, est le gardien universellement reconnu du site, sous les auspices du département des affaires du Waqf de Jérusalem et de la mosquée Al-Aqsa, nommé par la Jordanie.

Dans une lettre de protestation adressée à l'ambassade d'Israël à Amman, le ministère jordanien des Affaires étrangères a condamné «les incursions de partisans radicaux, de colons et de membres de la Knesset dans la sainte mosquée Al-Aqsa sous la protection de la police» et «la restriction de l'accès des fidèles à la mosquée, la profanation de tombes islamiques et les attaques croissantes contre les chrétiens à Jérusalem occupée».

Selon Seidemann, la pensée idéologique qui sous-tend les incursions dans Al-Aqsa par «ce qui a commencé comme une petite frange, peut-être lunatique, est devenue plus courante».

« Le parti national religieux, la droite idéologique, notamment les ministres, considèrent Israël comme une continuation de l'histoire biblique ancienne. Pour eux, il s'agit du “troisième Commonwealth juif”, après le premier et le deuxième temples», a-t-il ajouté.

Le «premier temple» est le temple de Salomon. Les Juifs pensent qu'il a existé sur le site du Mont du Temple du XXe au VIe siècle avant notre ère, lorsqu'il a été détruit par le roi babylonien Nabuchodonosor II en 587 avant notre ère. Le «second temple», qui l'a remplacé, a été détruit par les Romains en 70 de notre ère.

«Du point de vue de la droite religieuse, la plus grande erreur commise par Israël depuis 1967 a été la décision de Moshe Dayan (alors ministre de la Défense) d'enlever les drapeaux israéliens sur le Mont du Temple et de remettre les clés au Waqf», a révélé Seidemann.

La police des frontières israélienne monte la garde près des détecteurs de métaux nouvellement installés à l'entrée du complexe d'Al-Aqsa dans la vieille ville de Jérusalem, le 16 juillet 2017 (Photo, AFP).

Après la victoire de la guerre des Six Jours en 1967, Israël a occupé Jérusalem-Est, notamment le Haram al-Charif, et l’occupe depuis lors.

Le 7 juin 1967, peu après que les parachutistes israéliens ont pris d'assaut l'enceinte, leur commandant, le colonel Motta Gur, a transmis par radio au quartier général un message qui, depuis lors, a fait vibrer la corde sensible des Israéliens de droite: «Le Mont du Temple est entre nos mains.»

Controversé, parce qu'il ne resterait pas longtemps entre leurs mains.

L'histoire raconte que Dayan observait la scène à l'aide de jumelles lorsque, à sa grande horreur, il vit que l'un des parachutistes était monté au sommet du Dôme du Rocher et avait hissé le drapeau israélien.

Dayan, parfaitement conscient de l'impact de ce symbolisme grossier sur le monde islamique, ordonna le retrait immédiat du drapeau. Plus tard, debout près du Mur occidental, au moment de la victoire d'Israël, Dayan fit une déclaration remarquablement conciliante.

«À nos voisins arabes, nous tendons, surtout en ce moment, la main de la paix», a-t-il déclaré. «Aux membres des autres religions, chrétiens et musulmans, je promets fidèlement que leur pleine liberté et tous leurs droits religieux seront préservés.

«Nous ne sommes pas venus à Jérusalem pour conquérir les lieux saints des autres», a-t-il assuré.

Des personnes se tiennent près des Palestiniens tués lors des frappes aériennes israéliennes sur l'hôpital Ahli Arab dans le centre de Gaza après avoir été transportés à l'hôpital Al-Chifa, le 17 octobre 2023 (Photo, AFP).

Les clés des portes et la responsabilité du maintien de l'ordre et du contrôle de l'enceinte d'Al-Aqsa ont été rendues au Waqf.

Au cours des décennies suivantes, les Juifs ont été autorisés à pénétrer dans l'enceinte certains jours, par la porte des Maghrébins. C'était la seule entrée par laquelle les non-musulmans pouvaient accéder à l'esplanade.

Selon Seidemann, tout cela a commencé à changer après 2003, lorsque le gouvernement israélien a imposé unilatéralement de nouvelles dispositions qui ont de plus en plus marginalisé le Waqf.

Aujourd'hui, c'est la police israélienne qui décide qui peut ou ne peut pas visiter l'enceinte, qui voit un nombre croissant de colons et d'autres activistes revendiquer le site.

«Ils croient que la raison d'être de ce gouvernement est de revenir sur la décision de Dayan parce qu'elle entrave le déroulement du plan divin qu'est Israël», a précisé Seidemann. «Cela est devenu un courant dominant.»

Ceci est également devenu un article de foi pour de nombreux membres du Cabinet israélien, malgré la déclaration de Benjamin Netanyahou (Premier ministre actuel) en 2015, à la demande du secrétaire d'État américain, John Kerry, selon laquelle «Israël continuera d'appliquer sa politique de longue date: Les musulmans prient sur le Mont du Temple; les non-musulmans visitent le Mont du Temple.»

À l'époque, le secrétaire général de l'OLP, Saeb Erekat, avait rejeté les assurances de Netanyahou.

Des soldats israéliens positionnés à l'extérieur du kibboutz Beeri près de la frontière avec la bande de Gaza, le 17 octobre 2023 (Photo, AFP).

«Avant l'an 2000, les touristes entraient dans le Haram al-Charif sous la garde des employés du département du Waqf et les non-musulmans n'étaient pas autorisés à y prier», a déclaré Erekat, cité par le Jerusalem Post.

«Mais aujourd'hui, les Israéliens ont changé les réglementions et les touristes peuvent visiter le site après avoir reçu un permis des autorités israéliennes et sous la protection de la police israélienne», a spécifié Seidemann.

Depuis lors, les provocations se sont multipliées. En janvier de cette année, une visite du ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite, Ben-Gvir, dans l'enceinte d'Al-Aqsa a été qualifiée de «provocation irresponsable de plus» par le journal israélien Haaretz.

Il s'agissait, selon Seidemann, d'une «visite triomphale, pour leur montrer qui est le patron».

Encouragés par des hommes politiques tels que Ben-Gvir, les membres des groupes de colons, du mouvement du Mont du Temple et du parti national religieux se pressent de plus en plus à Al-Aqsa, même si, en vertu d'une loi rabbinique établie de longue date et liée à des concepts de pureté rituelle, les Juifs n'ont pas le droit d'entrer sur le site.

«En mai dernier, des milliers de jeunes Israéliens religieux d'extrême droite célébrant la victoire de 1967 ont défilé dans le quartier musulman en criant “Mort aux Arabes”.  C'était tout simplement horrible. Je pense que c'est le pire jour dont je me souvienne à Jérusalem», a déclaré Seidemann.

Avant la marche, des centaines d'ultranationalistes sont entrés dans l'enceinte d'Al-Aqsa.

«Ils auraient pu emprunter toutes sortes d'autres voies, mais ils sont passés par le quartier musulman, pour leur montrer que “vous êtes chez nous, nous sommes les propriétaires et vous êtes les locataires”», a-t-il éclairci.

Un garde-frontière israélien intervient alors que des participants à un rassemblement annuel de l'extrême droite israélienne, brandissant des drapeaux, battent des Palestiniens pendant l'événement dans la vieille ville de Jérusalem, le 18 mai 2023 (Photo, AFP).

Et les musulmans ne sont pas les seuls à subir cette nouvelle vague d'intolérance religieuse, a affirmé Seidemann.

«Au cours des derniers mois, il y a également eu une forte augmentation des crimes de haine contre les chrétiens, inspirée, je pense, par certains membres du gouvernement, qui ne l'a condamné que la semaine dernière, pour la première fois après huit mois. Entre-temps, ni le maire de Jérusalem ni le Conseil municipal ne l'ont condamné.»

Les extrémistes font également pression pour la construction d'un parc national sur le Mont des Oliviers, un site d'une importance capitale pour la foi chrétienne.

«C’est le reflet de ce qui se passe à Al-Aqsa», a déclaré Seidemann. «Un lieu saint chrétien est transformé par les colons en un lieu saint judéo-chrétien partagé, de la même manière que le mouvement du Mont du Temple veut transformer Al-Aqsa d'un site musulman en un site judéo-musulman partagé.»

Ce n'est pas que les hommes politiques qui tentent de saboter le statu quo à Jérusalem «soient nécessairement racistes par nature», estime Seidemann.

«C'est qu'ils comprennent que parler avec empathie et respect de l'égalité des autres, musulmans, arabes ou chrétiens, est un handicap électoral et qu'ils perdront des voix au sein de leur base», a-t-il expliqué.

«Personnellement, j’aurais préféré qu’ils soient racistes parce qu’autrement, ceci est un reflet de ce que nous sommes devenus.

«En 1967, Israël a annexé Jérusalem. Tous les premiers ministres israéliens, jusqu'à Netanyahou, ont dit: «Nous ne devons pas forcer les choses, surtout en ce qui concerne les sites religieux. Nous sommes également les gardiens des sites les plus importants du christianisme et de l'islam, nous traiterons cette question avec sensibilité et respect.»

La famille d'un enfant palestinien tué lors d'une frappe aérienne israélienne pleure devant l'hôpital de Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 17 octobre 2023 (Photo, AFP).

Aujourd'hui, Seidemann craint qu'Israël, de plus en plus sous l'emprise de groupes religieux et d'hommes politiques extrémistes, ne se perde.

«L'occupation n'est pas ce que nous faisons», a-t-il déclaré. «L'occupation, c'est ce que nous sommes devenus, et ceci sape les fondements moraux de la société israélienne.»

Al-Aqsa, «est en train de devenir l’arène de conflit par excellence entre Israéliens et Palestiniens, juifs et musulmans. Cela n'ennoblit l'âme d'aucun d'entre nous et, dans une certaine mesure, a souillé un lieu très sacré», a-t-il ajouté.

Le 6 septembre, Tamir Pardo, ancien chef du Mossad, l'agence de renseignement israélienne, a déclaré à l'Associated Press qu'Israël appliquait un système d'apartheid en Cisjordanie. «Il a annoncé cela avant le début de la guerre, mais je pense qu'il le dirait encore aujourd'hui», a jugé Seidemann.

«Il a souligné qu'il n'y avait qu'une seule menace existentielle pour Israël dans cette génération. Ce n'est pas la menace nucléaire iranienne – nous pouvons y faire face. Il ne s'agit pas non plus de 100 000 roquettes du Hezbollah – c'est horrible, mais nous pouvons y faire face.

«Mais Israël ne peut survivre en tant que puissance d'occupation perpétuelle. Israël mettra fin à l'occupation, ou c’est l'occupation qui sera notre fin», a soutenu Seidemann.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Liban: quatre morts dans un raid israélien, riposte du Hezbollah et des factions alliées

Cette photo prise depuis le kibboutz de Malkia, au nord d'Israël, le long de la frontière avec le sud du Liban, montre de la fumée s'échappant du village libanais de Mays al-Jabal lors des bombardements israéliens le 5 mai 2024 (Photo, AFP).
Cette photo prise depuis le kibboutz de Malkia, au nord d'Israël, le long de la frontière avec le sud du Liban, montre de la fumée s'échappant du village libanais de Mays al-Jabal lors des bombardements israéliens le 5 mai 2024 (Photo, AFP).
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  • Les blessés ont été transportés vers des hôpitaux de la région
  • En près de sept mois de violences transfrontalières, au moins 389 personnes parmi lesquelles 255 combattants du Hezbollah et plus de 70 civils ont été tuées au Liban

BEYROUTH: «Quatre personnes d'une même famille» ont été tuées dans un «raid de l'armée israélienne» sur le village de Mays al-Jabal, a déclaré l'agence officielle d'information libanaise (ANI), actualisant un précédent bilan faisant état de trois victimes.

Il s'agit d'un homme, d'une femme et de leurs enfants âgés de 12 et 21 ans, d'après l'ANI, qui a précisé que deux autres personnes ont été blessées.

Depuis le début de la guerre à Gaza, le Hezbollah libanais, un allié du Hamas palestinien, échange quasi-quotidiennement avec l'armée israélienne des tirs à la frontière libano-israélienne. Des factions palestiniennes et autres groupes alliés ont aussi revendiqué des attaques depuis le Liban contre Israël.

Blessés transportés 

Selon ANI, des habitants du village inspectaient leurs maisons et magasins endommagés dans de précédents bombardements au moment du raid.

Les blessés ont été transportés vers des hôpitaux de la région.

Samedi soir, le Hezbollah a revendiqué des tirs sur des positions militaires dans le nord d'Israël.

Le Hezbollah a déclaré dans un communiqué avoir tiré « des dizaines de roquettes de types Katioucha et Falaq » sur Kiryat Shmona, dans le nord d'Israël, «en réponse au crime horrible que l'ennemi israélien a commis à Mays al-Jabal », qui, selon lui, a tué et blessé des civils.

En près de sept mois de violences transfrontalières, au moins 389 personnes parmi lesquelles 255 combattants du Hezbollah et plus de 70 civils ont été tuées au Liban, selon un décompte de l'AFP. Au moins 11 combattants du Hamas ont été tués selon ce même décompte.

Côté israélien, 11 soldats et neuf civils ont été tués, selon un bilan officiel.


Le forum de Riyad examine le rôle de la traduction dans la promotion de l'identité saoudienne

L'Université Princesse Noura bent Abdelrahman accueillera le 15 mai une conférence intitulée « Traduire l'identité saoudienne à travers d'autres langues et cultures ». (SPA)
L'Université Princesse Noura bent Abdelrahman accueillera le 15 mai une conférence intitulée « Traduire l'identité saoudienne à travers d'autres langues et cultures ». (SPA)
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  • La conférence vise à contribuer à un objectif clé de la Vision 2030 du Royaume, à savoir la promotion des valeurs islamiques et de l'identité nationale, en encourageant les Saoudiens à traduire ces concepts dans d'autres langues et cultures
  • Le rôle de la traduction dans la promotion d'une image positive du Royaume sera également discuté, ainsi que la promotion de la reconnaissance internationale et la mise en évidence de l'impact culturel du Royaume

RIYAD : Le Collège des langues de l'Université Princesse Noura bent Abdelrahman de Riyad accueillera le 15 mai une conférence intitulée « Traduire l'identité saoudienne à travers d'autres langues et cultures ».

L'événement, dont le slogan est « Nous traduisons notre identité », aura lieu au département des conférences et des séminaires et est parrainé par le ministre saoudien de l'Éducation, Yousef Al-Benyan.

Il se concentrera sur le partage du patrimoine culturel, historique, littéraire et intellectuel du Royaume avec un public mondial, a rapporté l'agence de presse saoudienne.


L'interminable attente des proches de jeunes migrants tunisiens perdus en mer

El Hencha fait actuellement face à un exode de jeunes en quête de mieux comme en Europe. (X : @ClimateActionG1)
El Hencha fait actuellement face à un exode de jeunes en quête de mieux comme en Europe. (X : @ClimateActionG1)
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  • Les occupants du bateau étaient surtout des jeunes de 17 à 30 ans, originaires d'El Hencha, bourgade agricole de 6.000 habitants
  • Inès Lafi n'avait aucune idée des intentions de son frère Mohamed, presque 30 ans

EL HENCHA: La plupart avaient gardé le secret: une quarantaine de migrants tunisiens, très jeunes, ont embarqué clandestinement en janvier en quête du "paradis européen" et depuis plus de quatre mois, leurs proches désespèrent de recevoir des nouvelles des disparus.

Ils sont partis vraisemblablement de Sfax (centre), épicentre en Tunisie de l'émigration irrégulière vers l'Italie, la nuit du 10 au 11 janvier sur une mer démontée, selon les familles.

Les occupants du bateau étaient surtout des jeunes de 17 à 30 ans, originaires d'El Hencha, bourgade agricole de 6.000 habitants à 40 kilomètres au nord de Sfax. Une mère et son bébé de quatre mois étaient aussi du voyage.

Inès Lafi n'avait aucune idée des intentions de son frère Mohamed, presque 30 ans, qui gagnait sa vie en conduisant la camionnette familiale de "louage" (taxi collectif).

"Il est sorti vers 22H00 avec son téléphone, sans rien dire à mes parents, sans vêtements de rechange ni sac, comme s'il allait retrouver ses amis", raconte à l'AFP cette ouvrière de 42 ans, qui souffre d'insomnies depuis.

Yousri, 22 ans, est aussi parti en cachette. "La majorité des jeunes n'ont pas informé leur famille, ils se sont débrouillés pour avoir un peu d'argent", confirme M. Henchi, son oncle instituteur.

Meftah Jalloul, poissonnier de 62 ans, savait lui "depuis un certain temps" que son fils Mohamed, 17 ans, "voulait migrer en Europe" et le lui avait déconseillé "mais c'est devenu une idée fixe".

La nuit fatidique, il a tenté d'empêcher son unique garçon de sortir, l'implorant d'attendre une meilleure météo, mais "il m'a embrassé sur la tête et il est parti", relate M. Jalloul.

«Désespérance»

Le commerçant culpabilise: "chaque jour, il créait des problèmes à la maison, il voulait de l'argent pour migrer. C'est moi qui lui ai donné l'argent, donc je suis responsable".

Les Tunisiens ont représenté la deuxième nationalité des migrants illégaux arrivés en Italie (17.304) en 2023, après les Guinéens, selon des statistiques officielles.

"Cette immigration irrégulière ne s'explique pas seulement par des motifs économiques et sociaux", analyse Romdhane Ben Amor, porte-parole de l'ONG FTDES. Il y a aussi "le facteur politique (le coup de force du président Kais Saied à l'été 2021, NDLR) et le sentiment de désespérance des Tunisiens qui ne croient pas dans l'avenir du pays".

Les disparus d'El Hencha, issus de la classe moyenne, pas particulièrement pauvres, partageaient cette "sensation d'horizon bouché".

Le frère d'Inès avait un travail mais "avec 20 dinars par jour (trois euros environ), une fois payé ses cigarettes, il disait qu'il ne pouvait pas faire de projets, ni construire une maison, ni se marier".

Mohamed l'instituteur pointe du doigt "les jeunes déjà en Italie qui publient sur les réseaux sociaux (...) leur quotidien". Les autres "voient ça et veulent changer leur avenir. Ils imaginent l'Europe comme un paradis", souligne-t-il. C'était, pense-t-il, le cas de Yousri qui travaillait dans un café internet pour 10/15 dinars par jour après avoir quitté le lycée avant le bac.

Meftah Jalloul était lui d'accord pour que son fils, également décrocheur scolaire, émigre, mais légalement et seulement après avoir fait une formation. "Il pouvait apprendre un métier: plombier, menuisier, mécanicien", souligne le père de famille.

Aujourd'hui, M. Jalloul lutte pour garder espoir.

«Temps très mauvais»

"Quatre mois se sont écoulés et je pleure mon fils. Ma famille et moi, nous sommes épuisés", dit-il en fondant en larmes.

Lui et d'autres familles se raccrochent à l'idée que l'embarcation aurait pu dériver vers la Libye voisine. Des contacts ont été pris, des recherches menées, en vain.

Inès Lafi et Mohamed Henchi redoutent le pire. Plus de 1.300 migrants sont morts ou ont disparu dans des naufrages l'an passé près des côtes tunisiennes, selon le FTDES.

"Le temps était très mauvais. Même les pêcheurs qui connaissent la mer sont rentrés, lui est sorti", explique Inès, furieuse contre le passeur, connu de tous pour son activité clandestine, qui n'est pas non plus revenu de cette dernière traversée.

Aux autorités, les familles demandent la poursuite des recherches et davantage d'opportunités à El Hencha.

"Il faut enrichir la zone industrielle avec d'autres unités de production, fournir des emplois aux jeunes", estime M. Henchi.

Il faudrait aussi, dit l'instituteur, "construire un état d'esprit différent" avec des programmes éducatifs pour donner envie de bâtir son avenir en Tunisie. Sinon les jeunes "se contentent d'un tour au café, d'un peu de ping-pong ou volley-ball".