NEW YORK: Une résolution proposée par la Russie appelant à un «cessez-le-feu humanitaire» à Gaza et à la libération de «tous les otages» n’a pas recueilli suffisamment de voix pour être adoptée par les quinze membres du Conseil de sécurité de l’ONU. En effet, les membres qui ont voté contre ou qui se sont abstenus ont relevé l'absence de la mention du Hamas et de la condamnation de l'attaque de ce dernier le 7 octobre contre des villes israéliennes.
La Russie, la Chine, les Émirats arabes unis (EAU), le Gabon et le Mozambique ont voté lundi pour, tandis que les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et le Japon votaient contre. Le Brésil, Malte, l'Albanie, la Suisse, l'Équateur et le Ghana se sont abstenus.
La résolution avait été soutenue par le Groupe arabe des pays de l'ONU, dont les ambassadeurs étaient tous présents à la réunion du conseil.
Le vote sur un projet de résolution du Brésil a été retardé jusqu'à mardi, a appris Arab News.
La résolution russe, à laquelle a eu accès Arab News, exprime sa «grave préoccupation» face à l’escalade de la violence et à la détérioration de la situation, en particulier en raison des lourdes pertes civiles qui en résultent, ce qui souligne la nécessité pour les deux populations d’être protégées.
Elle a également exprimé sa profonde préoccupation face à l’aggravation de la crise humanitaire à Gaza et a appelé à «un cessez-le-feu humanitaire immédiat, durable et pleinement respecté».
Le projet de résolution condamne également «toutes les violences et hostilités dirigées contre les civils, ainsi que tous les actes de terrorisme» et appelle à la «libération en toute sécurité de tous les otages».
En outre, la Russie a appelé à l’apport et à la distribution sans entrave de l'aide humanitaire, notamment de la nourriture, du carburant et du matériel médical, ainsi qu'à la création des conditions nécessaires à l'évacuation en toute sécurité des civils en détresse.
Le représentant permanent de la Russie auprès de l’ONU, Vassili Nebenzia, a affirmé après le vote que le conseil avait une fois de plus été pris «en otage» par les «intentions égoïstes du bloc occidental.»
Il a déclaré: «Aujourd’hui, le monde entier retenait son souffle en attendant que le Conseil de sécurité prenne des mesures visant à mettre un terme à l’effusion de sang. Mais les délégations des pays occidentaux ont foncièrement annihilé ces attentes. Nous estimons que le vote d’aujourd’hui au Conseil de sécurité est très, très clair. Il montre nettement qui est en faveur d’une trêve pour mettre fin aux bombardements aveugles et fournir une aide humanitaire, et qui est toujours en faveur du blocage du message commun du Conseil de sécurité, pour des intérêts purement égoïstes et politiques.»
Linda Thomas-Greenfield, représentante permanente des États-Unis auprès de l'ONU, a affirmé que, en omettant de mentionner le Hamas, la Russie avait entaché la mémoire des victimes de l'attaque du 7 octobre.
«En ne condamnant pas le Hamas, la Russie couvre un groupe terroriste qui agit avec violence contre des civils innocents. C’est scandaleux, hypocrite et indéfendable», a déclaré Linda Thomas-Greenfield.
Elle a imputé au Hamas la seule responsabilité de la crise humanitaire à Gaza, affirmant: «Nous ne pouvons permettre à ce conseil de rejeter injustement la faute sur Israël et d’absoudre le Hamas pour ses décennies de cruauté. Un point, c’est tout.»
L’ambassadrice américaine a précisé que le secrétaire d’État, Antony Blinken, et la Maison-Blanche étaient engagés dans des «discussions intenses» avec le gouvernement israélien et les pays de la région pour garantir la libération «immédiate et inconditionnelle» des otages et faciliter l’accès aux secours humanitaires.
«Il est vital que les civils aient accès à la nourriture, à l’eau, aux médicaments et à un abri. Permettez-moi de le répéter: cela est vital», a lancé Linda Thomas-Greenfield, appelant les pays de la région à autoriser «un accès humanitaire complet, sûr et sans entrave à Gaza – conformément aux principes d'humanité, d'impartialité, de neutralité et d'indépendance».
Lana Nusseibeh, l’ambassadrice des EAU, qui a voté en faveur de la résolution russe, a réitéré la condamnation par son pays du meurtre de civils israéliens innocents et de la prise d’otage d’enfants; elle a déclaré que le Hamas ne représentait pas la population de Gaza, qui «souffre énormément aujourd’hui».
«C’est la raison pour laquelle l’unité du conseil est absolument nécessaire à ce sujet», a-t-elle souligné, tout en rappelant la situation humanitaire désastreuse à Gaza. «Nous estimons que le conseil devrait être capable de s’unir sur deux éléments: le droit humanitaire international doit être respecté, les attaques aveugles, qui sont injustifiables, doivent être réprouvées, et le cycle de violence dans son ensemble doit prendre fin.»
«Les événements des neuf derniers jours ont clairement montré que sans un horizon politique déterminé, le spectre de l’effusion de sang continuera de hanter les Israéliens et les Palestiniens.»
Citant le défunt poète palestinien Mahmoud Darwich, elle a déclaré qu’«une vie définie uniquement par l’absence de son antithèse, la mort, n’est pas du tout une vie».
«Les Palestiniens et les Israéliens ont non seulement le droit de vivre, ce qui est le strict minimum, mais aussi de se développer côte à côte dans leurs propres États indépendants, prospères et sûrs.»
Le représentant chinois à l'ONU, Jhang Zun, qui a également voté en faveur de la résolution russe, a regretté le fait que les membres du conseil ne se soient pas prononcés en faveur de ce projet de résolution qui avait obtenu le soutien du Groupe arabe de l'ONU.
«Les questions humanitaires ne doivent pas être politisées», a-t-il affirmé.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com