PARIS: Elèves et enseignants ont observé lundi à 14H00 une minute de silence dans tous les collèges et lycées de France, en hommage au professeur poignardé à mort par un ancien élève radicalisé à Arras, et trois ans jour pour jour après l'assassinat de Samuel Paty.
Cette minute de silence est "en mémoire des victimes des attentats commis contre notre école", avait indiqué précédemment le ministre de l'Education Gabriel Attal, qui avait également prévenu qu'"aucune contestation" ni "aucune provocation" ne serait "tolérée".
Dans les écoles primaires, ce temps d'hommage a pu prendre "d'autres formes" que la minute de silence.
Au collège-lycée d'Arras où le professeur de lettres Dominique Bernard a été poignardé à mort vendredi, plusieurs dizaines d'élèves et d'enseignants ont quitté l'établissement vers 10H30, après un appel téléphonique signalant un objet explosif, selon une source proche du dossier.
Il s'agit de "la 168e alerte à la bombe qui est adressée à nos établissements scolaires depuis la rentrée. C'est absolument inadmissible et inacceptable", a déclaré Gabriel Attal lors d'une visite au collège Charlemagne, à Paris.
Dans tous les collèges et lycées du pays, les enseignants se sont retrouvés dès 08H00 pour réfléchir et discuter. Les cours n'ont démarré qu'à 10H00.
Nouvelle réunion de sécurité
Pour la minute de silence, Gabriel Attal était aux côtés de la Première ministre Elisabeth Borne à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), au collège où enseignait Samuel Paty, professeur d'histoire-géographie lui aussi assassiné dans un attentat islamiste il y a trois ans jour pour jour, le 16 octobre 2020, et à qui la journée est aussi dédiée.
"Trois ans plus tard, la douleur est encore forte. Trois ans plus tard, la barbarie et l’obscurantisme ont à nouveau frappé" mais "jamais la barbarie ne l’emportera face aux savoirs, jamais la République ne pliera face au terrorisme", a déclaré Mme Borne.
"Nous devons rester unis et construire la paix, l’école est un sanctuaire", a déclaré de son côté Brigitte Macron, à l’issue de l'édition 2023 de la dictée d'ELA, l'association européenne contre les leucodystrophies.
Trois jours après l'attaque d'Arras, Emmanuel Macron a promis que l'école resterait un "rempart contre l’obscurantisme" et "un sanctuaire pour nos élèves et pour tous ceux qui y travaillent", dans un message sur X (ex-Twitter) adressé aux "professeurs, chefs d'établissements, personnels de l'Education nationale et des collectivités territoriales" et aux "élèves de France".
Le chef de l'Etat, qui a présidé à la mi-journée une nouvelle réunion de sécurité, affiche sa détermination contre les porteurs de "haine". Il veut que les préfets passent au peigne fin le fichier des personnes radicalisées susceptibles d'être expulsées de France, pour s'assurer qu'il n'y ait pas eu "d'oubli" dans l'examen des procédures.
Les personnes "ayant fait preuve de bravoure" lors de l'attaque d'Arras seront décorées, a appris l’AFP auprès de l’Elysée confirmant une information d’Europe 1.
De nombreuses communes organisent elles aussi des rassemblements. L'intersyndicale éducation d’Ile-de-France a appelé à un rassemblement à Paris, Place de la République à 18H00.
Yeux rougis et rose blanche
A Arras, plusieurs milliers de personnes ont déjà honoré dimanche le professeur de français. Lundi matin, beaucoup d'élèves se sont encore retrouvés devant la cité scolaire, les yeux rougis pour certains, une rose blanche dans la main, a constaté l'AFP.
Trois ans après l'assassinat de Samuel Paty, qui avait suscité une émotion considérable dans tout le pays, l'attentat d'Arras a de nouveau jeté l'effroi, en particulier chez les enseignants, dont certains appréhendent le retour en classe.
"C’est encore un collègue qui est tué, c’est très dur. C’était très important pour nous de se retrouver avant que les cours ne reprennent et avant la minute de silence, qui sera émouvante", témoignait auprès de l’AFP Vincent Magne, professeur d'histoire et de lettres en lycée professionnel à Troyes.
"Ça fait deux fois que les profs sont touchés. J'ai senti les enseignants très choqués, ébranlés", a témoigné auprès de l'AFP Carole Zerbib, proviseure d'un lycée parisien.
Le gouvernement a renforcé la sécurité autour de tous les établissements scolaires. Gabriel Attal réunira prochainement "l'ensemble des collectivités locales" pour discuter "sans tabou" de la sécurité.
La France a été placée vendredi en alerte "urgence attentat", avec 7 000 soldats déployés sur le territoire. Depuis son arrestation, l'assaillant d'Arras, Mohammed Mogouchkov, qui a crié "Allah Akbar" selon des témoins, "ne s'est pas exprimé", selon une source policière. Huit autres personnes étaient encore en garde à vue dimanche.