PARIS: L'Etat français « doit rapatrier les enfants français retenus en Syrie » et les jihadistes « condamnés à mort en Irak », argue une nouvelle fois la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) lundi.
« Environ 250 mineurs » sont toujours retenus dans les camps du Nord-Est syrien contrôlés par les forces kurdes depuis la chute du « califat » établi par l'organisation jihadiste Etat islamique, « où les conditions de vie se sont encore dégradées et mettent encore plus en danger la vie et la santé des enfants », s'alarme la Commission dans un communiqué.
La CNCDH « déplore » la gestion « au cas par cas » opérée par le gouvernement, qui a « rapatrié seulement 28 enfants français » depuis mars 2019, souligne-t-elle. Il s'agit surtout d'orphelins et de quelques enfants confiés par les rares mères françaises ayant accepté de s'en séparer.
L'autorité indépendante avait déjà rendu en septembre 2019 un avis - non contraignant - plaidant pour le rapatriement systématique de ces enfants, souvent âgés de moins de six ans.
Début décembre, le Comité des droits de l'Enfant de l'ONU a estimé que la France, contrairement à ce qu'elle affirme, « exerce une juridiction sur ces enfants » et doit donc s'assurer qu'ils sont traités et protégés conformément aux conventions internationales qu'elle a signées.
La CNCDH réitère également ses recommandations pour que les quelque 80 femmes françaises détenues dans les camps syriens, et que les jihadistes français condamnés à mort en Irak ou qui encourent cette peine soient eux aussi rapatriés pour être jugés dans l'Hexagone.
Elle rappelle que « la peine de mort est contraire aux engagements internationaux de la France » et se dit « préoccupée », car « depuis octobre 2020, les autorités irakiennes ont procédé à une vague d'exécutions de prisonniers condamnés à mort pour terrorisme ».
Au début 2019, Paris avait envisagé un rapatriement massif des adultes et enfants, comme l'avait révélé un document de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) publié par le quotidien Libération.
Mais l'Elysée avait finalement abandonné cette idée, selon des sources proches du dossier, des sondages ayant indiqué que l'opinion publique y était très hostile.
Certaines des familles s'apprêtent à passer un troisième hiver sur les plaines glaciales du Nord-Est syrien. Selon l'Organisation mondiale de la santé, lors de l'hiver 2018-2019, au moins 29 enfants étaient morts de froid à Al-Hol, l'un des trois camps où sont détenus des étrangers.