LILLE: Un homme armé d'un couteau et criant "Allah Akbar" a tué un enseignant et blessé grièvement deux personnes dans un lycée à Arras, dans le nord de la France vendredi matin, a-t-on appris auprès de la préfecture et de source policière.
L'agresseur a été interpellé par la police, a précisé le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, sur X (ex-Twitter).
Aucun lycéen n'a été blessé, selon une première source policière.
L'Assemblée nationale a annoncé qu'elle suspendait ses travaux en solidarité avec les victimes, et le président Emmanuel Macron doit se rendre sur place.
Parmi les deux blessés figurent un agent de sécurité qui a été atteint de plusieurs coups de couteau, et un enseignant, a indiqué une deuxième source policière.
Ces faits ont lieu presque trois ans jour pour jour après l'assassinat de Samuel Paty, un enseignant de 47 ans décapité le 16 octobre 2020 près de son collège de Conflans-Sainte-Honorine, en région parisienne, une dizaine de jours après avoir montré à ses élèves des caricatures de Mahomet lors de cours sur la liberté d'expression.
L'assaillant de 18 ans, un réfugié russe d'origine tchétchène, avait été tué par la police.
A Arras, un témoin décrit «la panique»
Un enseignant de philosophie ayant assisté à l'attaque dans une cité scolaire à Arras, Martin Dousseau, a décrit un «mouvement de panique» au moment de l'intercours de 11h, quand un jeune homme selon lui armé de deux couteaux s'est attaqué à des adultes dans la cour.
L'assaillant a tué un enseignant et blessé grièvement deux personnes avant d'être arrêté.
«A l'intercours en sortant, j'ai vu que les élèves étaient en train d'être confinés et j'ai vu effectivement l'agresseur s'en prendre à une personne de la cantine», a-t-il indiqué.
«Il le poursuivait et il le menaçait avec un couteau. Il l'avait déjà apparemment frappé parce que ce chef cuisinier avait du sang sur les mains et semblait effectivement blessé», a-t-il ajouté.
Alors qu'un jeune collègue le dissuadait d'intervenir, «l'agresseur s'est quand même retourné vers moi en voyant que je m'étais avancé, que j'avais commencé à lui parler, il m'a dit : +Vous êtes professeur d'histoire ? Vous êtes professeur d'histoire ?+»
«J'ai été effectivement poursuivi pendant quelques minutes, quelques instants, je me suis réfugié derrière la porte vitrée de l'établissement», jusqu'à ce que la police intervienne et immobilise le suspect et l'interpelle.
La victime, un enseignant de français du collège, a été tuée à l'extérieur de l'établissement, selon M. Dousseau.
Attaque au couteau à Arras: Emmanuel Macron va se rendre sur place
Le président Emmanuel Macron va se rendre à Arras où un homme armé d'un couteau a tué un enseignant et fait deux blessés graves dans un lycée, a annoncé l'Elysée vendredi.
Le ministre de l'Education Gabriel Attal va également le rejoindre sur place, selon son entourage. La Première ministre Elisabeth Borne a de son côté annulé un déplacement à Orléans devant les Intercommunalités de France pour revenir à Paris, a précisé à l'AFP son entourage.
L'Assemblée nationale suspend ses travaux après les « événements terribles »
Les députés ont suspendu vendredi leurs travaux en cours à l'Assemblée nationale pour exprimer leur solidarité avec la communauté éducative et les victimes de l'attaque au couteau qui a fait un mort et deux blessés graves dans un lycée à Arras.
"Nous venons de prendre connaissance d'événements terribles qui se sont déroulés dans un établissement scolaire de la ville d'Arras, nous attendons de savoir ce qui s'est passé, mais d'ores et déjà l'Assemblée nationale exprime sa solidarité et ses pensées, à l'égard des victimes, de leurs proches et de la communauté éducative dans son ensemble", a dit la vice-présidente Naïma Moutchou, qui a levé la séance en cours dans l'hémicycle, après concertation avec les groupes politiques et le gouvernement.
L'auteur est d'origine tchétchène et fiché S
L'auteur de l'attaque d'un lycée à Arras qui a fait un mort et deux blessés graves vendredi matin est un jeune homme d'une vingtaine d'années, d'origine tchétchène, fiché pour radicalisation (fiché S), a dit à l'AFP une source policière.
Son frère a également été interpellé à proximité d'un autre établissement scolaire, sans être en possession d'une arme, selon les premières informations, a ajouté une autre source policière.
Le parquet antiterroriste ouvre une enquête
Le parquet national antiterroriste (Pnat) a annoncé vendredi avoir ouvert une enquête pour assassinat en relation avec une entreprise terroriste, après qu'un homme a tué au couteau un enseignant et blessé gravement deux personnes dans un lycée à Arras avant d'être interpellé.
Les investigations, aussi ouvertes pour tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste et association de malfaiteurs terroriste, ont été confiées à la sous-direction antiterroriste de la direction nationale de la police judiciaire (Sdat), service coordonnateur, à la direction nationale de la police judiciaire (DNPJ) et à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), précise le Pnat.
Effroi de la classe politique
La classe politique a exprimé son "effroi" sur X (ex-Twitter) vendredi après l'attaque au couteau à Arras alors que les députés ont suspendu leurs travaux pour exprimer leur solidarité avec la communauté éducative et les victimes.
"Trois ans après l'ignoble assassinat terroriste de Samuel Paty, de nouveau une attaque meurtrière contre des professeurs. Effroi et dégoût", a réagi Jean-Luc Mélenchon (LFI). "Effroi après le nouveau meurtre d’un enseignant", a écrit Olivier Faure (PS). "Nous n’en avons pas fini avec le terrorisme".
Pour la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, "l'horreur vient de frapper" alors qu'Eric Ciotti (LR) a dénoncé une "horreur absolue".
"Tout doit être mis en œuvre pour éradiquer l’islamisme, ses soldats et ses relais", a insisté Jordan Bardella (RN). "À Arras, le djihad vient de frapper", a dénoncé Eric Zemmour (Reconquête).
Fabien Roussel (PCF) a appelé à "l’union de toute la nation contre le terrorisme". "La République est aux côtés de ses enseignants", a assuré l'écologiste Cyrielle Chatelain.
Au Palais Bourbon, la séance, qui portait sur l'examen du projet de loi sur la régulation du secteur numérique, a été levée jusqu'à 15H00.
"D'ores et déjà l'Assemblée nationale exprime sa solidarité et ses pensées, à l'égard des victimes, de leurs proches et de la communauté éducative dans son ensemble", a dit la vice-présidente Naïma Moutchou, qui a levé la séance.
Le ministre chargé du numérique, Jean-Noël Barrot, est brièvement intervenu devant les députés pour saluer "l'héroïsme de celles et ceux qui semblent avoir voulu s'interposer pour éviter le drame".
Attal demande de renforcer « sans délai » la sécurité des établissements scolaires
Le ministre de l'Education Gabriel Attal a demandé vendredi aux recteurs d'académies de "prendre sans délai toutes les mesures" nécessaires pour "renforcer la sécurité de tous les établissements" scolaires en France, dans un message transmis par le ministère.
"Une attaque au couteau s’est produite ce matin à Arras, faisant plusieurs victimes. Je vous demande de prendre sans délai toutes les mesures nécessaires afin de renforcer la sécurité de l’ensemble des écoles et établissements et de prendre l’attache des préfets", écrit Gabriel Attal dans ce message transmis aux recteurs.
Macron indique qu'une autre «tentative d'attentat», a été déjouée
Emmanuel Macron a indiqué vendredi qu'une autre «tentative d'attentat», «dans une autre région», avait été déjouée grâce à une intervention des forces de l'ordre, lors d'une prise de parole au collège-lycée d'Arras où un enseignant a été tué dans une attaque au couteau.
«Une autre intervention a permis de déjouer une tentative d'attentat qui était en cours dans une autre région», a déclaré le chef de l'Etat, sans préciser s'il évoquait l'interpellation et le placement en garde à vue pour port d'arme prohibé d'un homme connu pour «radicalisation», à la sortie d'une salle de prière à Limay (Yvelines).
L'enseignant tué vendredi dans un collège-lycée d'Arras par un jeune homme fiché pour radicalisation «a sans doute sauvé lui-même beaucoup de vies», a salué Emmanuel Macron.
«L'enseignant qui a été tué s'est interposé d'abord et a sans doute sauvé lui-même beaucoup de vies», a déclaré, depuis l'établissement où a eu lieu l'attaque, le président de la République. Il a tenu à «rendre hommage à tous nos enseignants» et «salué la réactivité de l'ensemble des services de sécurité intérieure».
Le président français Emmanuel Macron a également appelé vendredi les Français à rester «unis» et à «faire bloc» face à «la barbarie du terrorisme islamiste», après l'attaque au couteau à Arras, dans le Nord de la France, où un enseignant a été tué et deux personnes gravement blessées, sur fond de crainte d'importation du conflit entre Israël et le Hamas.
«Restons unis», «nous faisons bloc et nous tenons debout», a déclaré le chef de l'Etat dans la cour du collège-lycée où a eu lieu l'attaque. «Le choix est fait de ne pas céder à la terreur, de ne rien laisser nous diviser».
Emmanuel Macron a tenu à «rendre hommage à tous (nos) enseignants» et «salué la réactivité de l'ensemble des services de sécurité intérieure».