PARIS: Comme l'an dernier, le RN a fait chou blanc lors de sa "niche parlementaire" à l'Assemblée, même s'il espère avoir marqué des points dans l'opinion en illustrant un "sectarisme" de ses opposants.
Dans cette journée réservée à ses textes, le RN a retiré quatre propositions de loi avant qu'elles ne soient inévitablement rejetées par les voix du camp présidentiel et de la Nupes, même si des députés de gauche avaient prévu de s'abstenir sur certaines.
Toujours pas de première victoire législative pour le RN donc, en dépit du soutien annoncé, comme l'an dernier, de députés LR à certains textes (suppression ou suspension d'allocations familiales pour les parents de délinquants, endométriose, prix de l'énergie, contre l'écriture inclusive...).
Mais les LR étaient très peu nombreux dans l'hémicycle. Ce que n'a pas manqué de souligner la patronne du groupe d’extrême droite Marine Le Pen, ironisant sur les bancs "fournis des députés" LR, en publiant une photo de sièges vides avant l'examen du texte de Roger Chudeau contre l'écriture inclusive.
Examen qui a donné lieu à une scène particulièrement baroque en fin de soirée.
Alors que le camp présidentiel et des groupes à gauche accusaient le RN d'opérer sous cape une attaque contre la féminisation de la langue française, -- ce dont il se défend --, certains n'ont pas manqué de souligner que le groupe avait fait figurer les hommes signataires de son texte avant les femmes.
«Cluedo géant»
A tel point que Marine Le Pen a demandé à la présidence "une enquête" pour connaître le responsable, expliquant que "les services" de l'Assemblée "ont sorti le texte de cette manière".
Après des rappels au règlement et une suspension de séance demandée par Renaissance, Marine Le Pen a expliqué qu'il s'agissait d'une "erreur" d'"un assistant parlementaire", dénonçant ceux qui "essaient d'en tirer un argument politique".
La scène a coûté au RN des minutes précieuses alors qu'il ne restait qu'une heure de débats, pour le plus grand plaisir de ses adversaires. "C'est un Cluedo géant. Le coupable, il s'agit du colonel Chudeau, dans la bibliothèque avec le chandelier", a ironisé Sarah Legrain (LFI).
"La niche RN s'est transformée en fiasco à l’Assemblée", a jugé l'écologiste Sandrine Rousseau. "Le RN a été incapable de faire adopter le moindre texte", s'est réjouit Charles Sitzenstuhl (Renaissance).
Côté RN, on veut croire que l'essentiel est ailleurs et on regarde vers les élections européennes de juin.
«Etudes d'opinion»
"Contrairement à ce qu'ils pensent c'est eux qu'ils affaiblissent. Toutes les études d'opinion montrent que les Français détestent ces attitudes (...) ça nous rapproche du pouvoir", assure le président délégué du groupe Jean-Philippe Tanguy.
A chaque retrait de texte les députés RN ont dénoncé dans l'hémicycle mais aussi et surtout sur les réseaux sociaux un "sectarisme" des autres groupes, sur des propositions selon eux en phase avec l'opinion des Français.
"Vous êtes le parti du détail et ça l'Histoire s'en souviendra. Vos silences d'aujourd'hui ne nous feront jamais oublier vos paroles d'hier", a rétorqué au RN la Secrétaire d'État chargée de la Jeunesse Prisca Thevenot peu avant la fin des débats à minuit.
Après un premier revers dans la matinée sur son texte contre l'endométriose, "opportuniste" et inopérant selon ses opposants, le RN avait renoncé à celui sur les allocations, puis à celui visant à réguler les prix de l'énergie et enfin à celui contre l'écriture inclusive.
Les débats ont connu parfois des pics de tension. Notamment entre le camp présidentiel et la Nupes pour savoir qui constituait le "rempart" le plus solide au RN.
Mais les passes d'armes les plus virulentes ont opposé les Insoumis aux députés RN. Ces derniers ont accusé à plusieurs reprises LFI d'ambiguïté sur le Hamas. Les Insoumis multipliant en retour les rappels au règlement pour souligner qu'ils condamnaient les exactions et renvoyer le RN à l'histoire du FN, qui comptait parmi ses fondateurs un ancien Waffen-SS.