PARIS: L'enquête pour viol et corruption de mineurs visant le youtubeur Norman Thavaud a été classée sans suite mercredi pour infractions insuffisamment caractérisées, selon le parquet de Paris, concluant que le consentement des plaignantes qui s'étaient senties "contraintes" à cause de sa notoriété n'avait pas été trompé.
L'enquête du parquet de Paris avait débuté après la transmission par les autorités canadiennes en août 2021 d'une procédure mettant en cause le fondateur de la page "Norman fait des vidéos", aux 11,6 millions d'abonnés, pour des faits de corruption de mineur.
La plaignante, née en novembre 2000, avait expliqué qu’entre octobre 2017 et juillet 2018, elle avait noué une relation sur les réseaux sociaux avec lui, et que la conversation avait glissé vers des échanges sexualisés et notamment l’envoi réciproques de photographies dénudées.
Cette fan québécoise, Maggie D., avait publiquement accusé Norman Thavaud, en 2020, de l'avoir manipulée pour obtenir des photos et vidéos à caractère sexuel.
D'autres femmes avaient formulé des accusations comparables à l'encontre du youtubeur, aujourd'hui âgé de 36 ans, pour des faits qui se seraient produits alors que certaines étaient encore mineures, en témoignant dans le cadre d'une enquête québéco-française publiée par le média Urbania en avril 2021.
Lors de l'enquête française, sept jeunes femmes ont été entendues par la Brigade de protection des mineurs, dont trois ont porté plainte selon le parquet : Maggie D. et deux autres adolescentes, âgées de 17 à 19 ans.
Ces dernières ont expliqué avoir rencontré Norman sur des applications de rencontres, des réseaux sociaux ou encore en soirée.
Elles avaient ensuite échangé des messages avec lui, dérivant vers de la séduction et l'envoi réciproque de photos sexualisées, parfois suivi de relations sexuelles.
Échanges «sans ambiguïté»
"Les jeunes filles ont expliqué s’être senties contraintes à ces rapports, du fait de la notoriété du mis en cause et parce qu’il annonçait qu’il ne resterait pas en contact avec elles sans cela", a rapporté le parquet.
Devant les policiers, Maggie D. a précisé ne jamais avoir rencontré M. Thavaud et ne pouvait pas fournir les échanges, qui avaient eu lieu sur Snapchat, selon le parquet.
Entendu en garde à vue en décembre 2022, Norman Thavaud n’a "pas contesté la matérialité des faits, mais l’absence de consentement".
Il était ressorti libre. Une confrontation avec Maggie D., de passage en France, avait aussi été organisée à la même époque.
A l'issue de l'enquête, le parquet a conclu que "les échanges préalables aux rencontres étaient systématiquement sentimentaux et le plus souvent sexualisés et sans ambiguïté".
"Il apparaît ainsi que les consentements n’ont pas été trompés, et que la pression de ne pouvoir revoir le mis en cause ou son insistance ne peuvent suffire à caractériser la contrainte."
Selon le parquet la corruption de mineur a été écartée, parce que "l’âge des jeunes filles n’a jamais été précisé en début de prise de contact et qu’elles n’avaient pas d’apparence physique ni de discours laissant supposer de la part du mis en cause une particulière attirance pour les enfants".
"Nous prenons acte du classement sans suite, nous continuons de considérer que les éléments constitutifs des infractions reprochées à Norman Thavaud sont caractérisés", ont réagi Me Jennifer Cambla, Charles Heran et Clément Pialoux, avocats de plaignantes qui envisagent une plainte avec constitution de partie civile.
A la suite de sa garde à vue, la plateforme YouTube avait décidé de sanctionner Norman Thavaud en le privant des publicités associées à sa chaîne qui lui généraient des revenus.
Porte-drapeau d'une nouvelle génération d'humoristes nés sur les réseaux sociaux, ce monteur de formation s'est fait connaître au début des années 2010 avec des séquences inspirées de sa vie quotidienne ou des jeux vidéo. Il est monté sur scène pour deux spectacles en solo entre 2015 et 2020, en plus de quelques apparitions au cinéma et à la télévision.