Impopulaire et divisé, le gouvernement Scholz affaibli comme jamais

Le chancelier allemand Olaf Scholz (G) passe devant le ministre allemand de l'Économie et de la Protection du climat Robert Habeck avant la réunion hebdomadaire du cabinet à Berlin, le 4 octobre 2023. (AFP)
Le chancelier allemand Olaf Scholz (G) passe devant le ministre allemand de l'Économie et de la Protection du climat Robert Habeck avant la réunion hebdomadaire du cabinet à Berlin, le 4 octobre 2023. (AFP)
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Publié le Lundi 09 octobre 2023

Impopulaire et divisé, le gouvernement Scholz affaibli comme jamais

  • A mi-mandat, le gouvernement d'Olaf Scholz est sanctionné dans des scrutins marqués par l'inquiétude de la population face à la crise industrielle et la résurgence de la question migratoire
  • Les craintes d'une nouvelle crise migratoire, comme celle de 2015, sont également en tête des préoccupations des électeurs, selon les études d'opinion, en raison d'une hausse des arrivées de demandeurs d'asile ces derniers mois

FRANCFORT, ALLEMAGNE: Le gouvernement d'Olaf Scholz, miné par les divisions, apparaît lundi plus affaibli que jamais après une sévère défaite dans deux élections régionales qui ont confirmé la poussée de l'extrême droite.

Le verdict des urnes est "désastreux" pour la coalition, souligne l'hebdomadaire Der Spiegel, à l'issue des scrutins organisés dimanche en Bavière (sud), le plus riche Etat allemand, ainsi qu'en Hesse (ouest) où se trouve Francfort, le siège de la Banque centrale européenne (BCE).

Dans ces bastions conservateurs, le parti social-démocrate (SPD) du chancelier, les Verts et les libéraux du FDP sont, comme attendu, battus par la droite (CDU) mais aussi par l'extrême droite de l'AfD, selon les résultats définitifs.

En Hesse, le parti anti-immigration s'arroge même la seconde place derrière la CDU.

Pour le FDP, le résultat est sans appel: le parti n'a pas atteint les 5% nécessaires pour rester au parlement bavarois, et il parvient tout juste à ce seuil en Hesse.

A mi-mandat, le gouvernement d'Olaf Scholz est sanctionné dans des scrutins marqués par l'inquiétude de la population face à la crise industrielle et la résurgence de la question migratoire.

AfD «sur la bonne voie»

"La perte de soutien est tellement évidente" que le gouvernement "sera obligé de revoir son cours actuel", assure Der Spiegel.

Une autocritique amorcée par le chef du SPD Lars Klingbeil qui voit dans la défaite "un signal aux trois partis" pour les inciter "à régler plus rapidement" les problèmes des Allemands.

La nette progression de l'AfD dans ces deux Länder, qui incarnent une Allemagne prospère et confiante, est un choc.

"On ne peut plus dire que (l'AfD) est un parti exclusivement fort dans l'est" du pays, où se trouvent les régions de l'ex-RDA, souvent défavorisées économiquement, pointe le journal Süddeutsche Zeitung.

La co-cheffe de l'AfD Alice Weidel a interprété les résultats comme "une punition" pour le gouvernement et "un vote pour un changement".

"Nous sommes sur la bonne voie", a-t-elle lancé.

Ce parti anti-immigration, qui critique aussi les mesures de protection du climat assimilées à la cherté et à la contrainte, confirme son envolée dans les sondages au niveau national. A deux ans des prochaines élections législatives régulières, il recueille actuellement entre 20 et 22% des intentions de vote, derrière la droite de l'Union chrétienne-démocrate (CDU).

L'AfD a profité du fait que la campagne s'est largement focalisée sur les critiques à l'encontre de la coalition au pouvoir depuis décembre 2021, minée par des querelles incessantes.

Les craintes d'une nouvelle crise migratoire, comme celle de 2015, sont également en tête des préoccupations des électeurs, selon les études d'opinion, en raison d'une hausse des arrivées de demandeurs d'asile ces derniers mois.

Performance «très décevante»

En Hesse, la ministre de l'Intérieur Nancy Faeser, qui menait la liste social-démocrate, essuie un revers cuisant: le SPD (15,1%) arrive derrière l'AfD (18,4%). Les Verts, actuel allié de la droite au gouvernement régional, prennent la quatrième place (14,8%)

La parti d'Olaf Scholz est loin derrière l'Union chrétienne-démocrate (CDU) menée par un inconnu, Boris Rhein, qui décroche 34,6%, en nette hausse comparé à 2018 (27%).

"Nous n'avons hélas pas réussi à nous imposer avec nos thèmes. C'est une performance très décevante", a admis la ministre, un poids-lourd du gouvernement, qui entend, malgré les critiques de l'opposition, conserver son portefeuille.

En Bavière, le tonitruant chef du gouvernement Markus Söder a certes gagné, mais avec un résultat en légère baisse (37%) et le plus mauvais depuis plus de 70 ans pour son parti Union chrétienne-sociale (CSU), avatar régional de la CDU.

L'intéressé s'est dit "satisfait" du résultat, qui lui permet de constituer "une majorité stable et forte" avec son partenaire actuel, les Electeurs Libres (Freie Wähler), parti très conservateur implanté dans les campagnes qui récolte 15,8%

L'AfD (14,6%) arrive en troisième position, devant les Verts (14,4%), tandis que le SPD, chroniquement faible dans ce Land, s'effondre encore un peu plus (8,4%).


Avoirs russes gelés : Washington pense prêter 20 milliards de dollars à l'Ukraine d'ici fin 2024

La secrétaire au Trésor américain Janet Yellen s'exprime lors d'une conférence de presse au département du Trésor à Washington, DC, le 22 octobre 2024, au début des réunions annuelles d'automne du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale. (Photo AFP)
La secrétaire au Trésor américain Janet Yellen s'exprime lors d'une conférence de presse au département du Trésor à Washington, DC, le 22 octobre 2024, au début des réunions annuelles d'automne du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale. (Photo AFP)
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  • Washington devrait contribuer à hauteur de 20 milliards de dollars au prêt de 50 milliards de dollars promis par les pays du G7 avec les intérêts des avoirs russes gelés, selon la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen.
  • Ce prêt sera garanti par les futurs intérêts produits par les actifs russes immobilisés, qui se montent à 300 milliards d'euros et qui généreront jusqu'à trois milliards d'euros de revenus par an.

WSAHINGTON : Washington devrait contribuer à hauteur de 20 milliards de dollars au prêt de 50 milliards de dollars promis par les pays du G7 avec les intérêts des avoirs russes gelés, selon la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, qui évoque une finalisation d'ici la fin de l'année.

« Nous sommes sur le point de finaliser la part de l'Amérique dans ce programme de prêt de 50 milliards de dollars que les pays du G7 espèrent pouvoir accorder à l'Ukraine d'ici la fin de l'année », a déclaré mardi la ministre de l'Économie et des Finances de Joe Biden, lors d'une conférence de presse.

Les États-Unis devraient « contribuer à hauteur de 20 milliards de dollars au paquet de 50 milliards du G7 », a-t-elle précisé, lors de cette rencontre organisée à l'occasion des réunions annuelles du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale qui se tiennent cette semaine à Washington.

Les dirigeants du G7 ont trouvé en juin un accord politique pour utiliser les intérêts générés par les avoirs russes gelés dans leurs juridictions afin de garantir un prêt de 50 milliards de dollars en faveur de l'Ukraine.

Ce prêt sera garanti par les futurs intérêts produits par les actifs russes immobilisés, qui se montent à 300 milliards d'euros et qui généreront jusqu'à trois milliards d'euros de revenus par an.

Janet Yellen a évoqué « encore un peu de travail pour finaliser les détails », mais seulement « quelques petites choses », et elle a assuré que « nous en sommes très proches » et qu'il n'y a « rien d'important qui reste à régler ».

L'ancien président Donald Trump, qui espère se faire réélire le 5 novembre, n'a de cesse de dénoncer l'argent accordé à l'Ukraine par l'administration de Joe Biden et Kamala Harris, sa concurrente démocrate dans la course à la Maison Blanche.

Le républicain promet au contraire de réduire les aides financières internationales pour consacrer cet argent aux États-Unis.

Janet Yellen a ainsi précisé que, dans le cadre de ce prêt à l'Ukraine, « la source de financement de ces prêts n'est pas le contribuable américain », mais « la Russie (qui) paie pour ce soutien », via « les revenus des actifs qui ont été mobilisés, les actifs souverains russes qui ont été mobilisés en Europe, où se trouve la source du paiement ».

Elle a également annoncé une nouvelle salve de sanctions « sévères » contre la Russie, qui sera détaillée « la semaine prochaine », et qui visera des « intermédiaires dans les pays tiers qui fournissent à la Russie des pièces essentielles pour son armée ».

« Nous continuons de lutter contre le contournement des sanctions par la Russie », a-t-elle assuré.

Les États-Unis et les pays alliés ont, depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022, imposé des milliers de sanctions, visant des individus, entreprises ou autres entités.

Les sanctions économiques, spécifiquement, prises par le département du Trésor, gèlent les avoirs aux États-Unis des personnes ou entités ciblées et visent à freiner leurs échanges commerciaux.


Le Conseil de l'Europe s'alarme de la hausse des discours de haine en Italie

Des drapeaux de l'Union européenne flottent devant le siège de la Commission européenne à Bruxelles, en Belgique. (Reuters/File)
Des drapeaux de l'Union européenne flottent devant le siège de la Commission européenne à Bruxelles, en Belgique. (Reuters/File)
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  • Mardi, le Conseil de l'Europe s'est inquiété d'une montée du « discours de haine » et de la xénophobie dans la sphère publique en Italie, appelant le pays de Giorgia Meloni à lancer un plan d'action contre le racisme.
  • Depuis son arrivée au pouvoir en 2022, la cheffe du parti d'extrême droite Fratelli d'Italia, Giorgia Meloni, mène une politique migratoire extrêmement stricte.

STRASBOURG : Mardi, le Conseil de l'Europe s'est inquiété d'une montée du « discours de haine » et de la xénophobie dans la sphère publique en Italie, appelant le pays de Giorgia Meloni à lancer un plan d'action contre le racisme.

Après cinq ans d'analyse de la situation des droits de l'homme en Italie, la Commission européenne contre le racisme et l'intolérance (ECRI), émanation du Conseil de l'Europe, a publié son rapport.

Elle y alarme d'une xénophobie « de plus en plus présente dans le discours public » et d'un discours politique aux « connotations extrêmement clivantes et hostiles » envers les réfugiés, les citoyens italiens issus de l'immigration ou encore les personnes LGTBQ.

« Le discours de haine, y compris de la part de hauts responsables politiques, n'est que rarement contesté », déplore l'organe d'experts sur le traitement des questions relatives aux discriminations.

Bien que le nombre de Roms vivant dans des campements ait « considérablement diminué », leurs expulsions forcées, « contraires aux normes internationales », n'ont pas cessé, rappellent les experts de la Commission.

« Exposés à des risques élevés d'exploitation par le travail », de nombreux migrants en situation irrégulière « ne signalent que très rarement ce type d'abus par crainte d'être expulsés », ajoutent-ils.

Classée 34^e sur les 49 pays évalués en Europe par ILGA-Europe, une ONG de lutte pour les droits des personnes LGBTQ, l'Italie n'interdit toujours pas explicitement la discrimination fondée sur l'orientation sexuelle ou l'identité de genre.

Les personnes LGBTQ « continuent de subir des préjugés et de la discrimination dans leur vie quotidienne », pointe le rapport.

À partir de ces observations, l'ECRI formule une série de recommandations, dont la création d'un organisme de promotion de l'égalité « pleinement indépendant » ainsi que l'adoption d'un « Plan d'action national de lutte contre le racisme ».

L'instance propose également de veiller à ce que les programmes scolaires insistent sur l'égalité, la diversité et l'inclusion.

Depuis son arrivée au pouvoir en 2022, la cheffe du parti d'extrême droite Fratelli d'Italia, Giorgia Meloni, mène une politique migratoire extrêmement stricte.

Celle qui se définit comme une « mère chrétienne », attachée aux valeurs traditionnelles de la famille, s'est également opposée à plusieurs reprises au « lobby LGBT ».

Le Conseil de l'Europe, qui siège à Strasbourg, compte 46 pays membres. Il est chargé de faire respecter les valeurs de la démocratie et des droits de l'homme sur le continent.


Les États-Unis enquêtent sur la publication de documents relatifs aux plans israéliens contre l'Iran

Les escaliers de Capitol Hill à Washington, le 22 octobre 2019 (Photo, AFP).
Les escaliers de Capitol Hill à Washington, le 22 octobre 2019 (Photo, AFP).
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  • Israël, dont les États-Unis sont le principal allié, a annoncé sa volonté de riposter au tir par l'Iran de quelque 200 missiles vers son territoire début octobre.
  • Les documents diffusés sur Telegram la semaine dernière comprennent des analyses d'images satellite réalisées par des agences fédérales américaines, selon les médias.

WASHINGTON : Les États-Unis enquêtent sur la publication de documents classés confidentiel sur les plans de frappes israéliennes contre l'Iran, a indiqué mardi la police fédérale américaine (FBI).

Israël, dont les États-Unis sont le principal allié, a annoncé sa volonté de riposter au tir par l'Iran de quelque 200 missiles vers son territoire début octobre.

La République islamique a affirmé qu'il s'agissait de représailles aux frappes israéliennes qui ont tué au Liban le chef du Hezbollah chiite libanais, Hassan Nasrallah, et un général iranien, Abbas Nilforoushan, ainsi qu'à l'assassinat à Téhéran du chef du Hamas islamiste palestinien, Ismaïl Haniyeh, imputé à Israël.

« Le FBI enquête sur la présumée fuite de documents classés confidentiel et nous travaillons en coordination avec nos partenaires du ministère de la Défense et de la communauté du renseignement », a déclaré le FBI dans un communiqué, sans autre commentaire.

Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby, a évoqué lundi une enquête du ministère de la Défense, précisant ne pas savoir « à ce stade » si cette divulgation résultait « d'une fuite ou d'un piratage informatique ».

Les documents diffusés sur Telegram la semaine dernière comprennent des analyses d'images satellite réalisées par des agences fédérales américaines, selon les médias.