Macron juge que le temps n'est pas aux sanctions mais au dialogue avec Bakou

Le président français Emmanuel Macron répond aux questions des journalistes lors d'une conférence de presse dans le cadre du sommet de la Communauté politique européenne au Palacio de Congreso à Grenade (Photo, AFP).
Le président français Emmanuel Macron répond aux questions des journalistes lors d'une conférence de presse dans le cadre du sommet de la Communauté politique européenne au Palacio de Congreso à Grenade (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 06 octobre 2023

Macron juge que le temps n'est pas aux sanctions mais au dialogue avec Bakou

  • «Nous continuerons à être médiateurs à chaque fois qu’on le pourra», a insisté Emmanuel Macron
  • La France s'est pour sa part engagée à livrer des armes à l'Arménie, provoquant l'ire de Bakou

GRENADE: Le président français Emmanuel Macron a estimé jeudi à Grenade que le temps n'était pas aux sanctions contre l'Azerbaïdjan et qu'il fallait continuer de discuter avec ce pays pour protéger l'Arménie.

"Je pense que le temps n’est pas aux sanctions parce qu’elles seraient contreproductives et ne permettraient pas de protéger au mieux le territoire arménien et ses populations", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à l'issue d'un sommet de la Communauté politique européenne (CPE).

"Le temps est à l’exigence, à la clarté, à l'engagement, y compris au soutien, à l'effort militaire que la France a choisi et assumé (envers l'Arménie) mais pas aux sanctions parce qu’il nous faut continuer de discuter avec l’Azerbaïdjan", a-t-il martelé, ajoutant qu'il allait lui-même continuer à appeler le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, "parce qu’il faut maintenir cette pression".

"Il faut continuer le soutien aux dirigeants arméniens pour éviter toute déstabilisation, en particulier de la Russie", a-t-il encore relevé.

Le président du Conseil européen Charles Michel a invité jeudi le président azerbaïdjanais et le Premier ministre arménien Nikol Pachinian à Bruxelles d'ici fin octobre pour tenter de réduire les tensions entre les deux pays.

Ilham Aliev a en revanche refusé de participer jeudi à Grenade à une rencontre avec Nikol Pachinian, Emmanuel Macron, le chancelier allemand Olaf Scholz et Charles Michel en arguant du soutien trop marqué des Européens, notamment de la France, à l'Arménie.

L'exode au Haut-Karabach «ressemble» à une épuration éthnique selon Catherine Colonna

L'exode forcé des Arméniens du Haut-Karabakh, après la victoire éclair de l'Azerbaïdjan, "ressemble" à de l'épuration ethnique, a estimé jeudi la ministre française des Affaires étrangères.

Interrogée sur la plateau du 20h de France Télévision sur le fait de savoir s'il s'agissait d'épuration ethnique, Catherine Colonna a répondu : "ça y ressemble, en tout cas : un exode forcé, des gens qui doivent quitter leurs terres ancestrales, leurs foyers, après des opérations militaires ou sous la menace de nouvelles opérations militaires".

Selon la cheffe de la diplomatie française, "ce ne sont pas des départs volontaires, même s'il faut garder l'espoir bien sûr qu'ils reviennent un jour (...)".

Pas de veto à Erdogan
S'il a "regretté profondément" l'absence de ses homologues azerbaïdjanais et turc Recep Tayyip Erdogan à Grenade, Emmanuel Macron a aussi souligné que c’était leur "choix".

"Nous avons, les Allemands, les Européens les Français, tous plaidé pour que l'Azerbaïdjan soit présent", a-t-il souligné, démentant aussi avoir mis un "quelconque veto" à la présence du président Erdogan.

"On n’est peut être pas vus comme des partenaires conciliants mais je crois qu'on est juste", et "nous continuerons à être médiateurs à chaque fois qu’on le pourra", a insisté Emmanuel Macron.

Le président français est également soumis à une forte pression dans son pays qui abrite une importante communauté arménienne, bénéficiant d'un fort soutien de la classe politique de tous bords.

Les responsables politiques français dénoncent en choeur comme un "nettoyage ethnique" l'exode forcé des Arméniens du Haut-Karabakh après la victoire éclair de l'Azerbaïdjan, alors que le gouvernement continue de parler de "drame" et d"exode massif organisé".

Certains, dont la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, issue du parti présidentiel, réclament aussi des sanctions contre l'Azerbaïdjan.

La France s'est pour sa part engagée à livrer des armes à l'Arménie, provoquant l'ire de Bakou.

"Ce n'est pas la France qui a un problème avec l’Azerbaïdjan. C’est l’Azerbaïdjan qui a un problème avec les engagements qu'elle prend, le respect de sa propre parole et le respect du droit international", a répliqué Emmanuel Macron en référence à son offensive pour reprendre le contrôle de l'enclave du Haut-Karabakh, peuplée d'Arméniens.

Plus de 100.000 personnes, sur les 120.000 officiellement recensées par Erevan, ont fui cette enclave après l'offensive-éclair de Bakou fin septembre.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".