PARIS: L'ancien président Nicolas Sarkozy est arrivé jeudi vers 9H40 au tribunal de Paris pour la troisième journée d'interrogatoire dans l'enquête sur des manœuvres frauduleuses pour le disculper dans l'affaire du financement libyen de sa campagne présidentielle 2007, ont constaté des journalistes de l'AFP.
L'ex-chef de l'Etat (2007-2012) est interrogé depuis mardi par le juge d'instruction chargé de l'information judiciaire ouverte en mai 2021 après la rétractation du sulfureux intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine.
Son interrogatoire de première comparution "porte sur les chefs de recel de subornation, association de malfaiteurs en vue de la préparation d'escroqueries en bande organisée et association de malfaiteurs en vue de la corruption de personnels judiciaires étrangers", d'après une source judiciaire.
En fonction de la teneur de ses déclarations devant le magistrat instructeur et l'appréciation qu'en fera celui-ci, M. Sarkozy pourrait ressortir de cet interrogatoire mis en examen ou sous le statut moins incriminant de témoin assisté. Dans ce second cas, il aurait accès au dossier mais ne risquerait pas de procès.
Initialement prévu mi-septembre, cet interrogatoire devait durer trois jours. Il pourrait prendre fin jeudi en fin de journée ou reprendre vendredi.
Ses avocats n'ont pour l'instant pas souhaité s'exprimer.
L'ex-chef de l'État, qui a contesté toute participation aux faits, est suspecté d'avoir donné son aval ou laissé faire plusieurs personnes qui auraient tenté d'escroquer la justice française et libanaise pour le disculper dans le dossier libyen, qui sera, lui, jugé début 2025.
Outre M. Sarkozy, la justice soupçonne au moins neuf protagonistes d'avoir participé, à des degrés et moments divers, à cette opération, parmi lesquels la reine des paparazzis Mimi Marchand, l'intermédiaire Noël Dubus, déjà condamné pour escroquerie, ou encore le défunt financier Pierre Reynaud.
Pour les enquêteurs, selon un chiffrage récemment établi, au moins 608 000 euros auraient pu être utilisés dans cette opération.
L'agenda judiciaire de M. Sarkozy, qui fait actuellement la promotion de son dernier livre "Le temps des combats", est très chargé.
Outre le procès du financement libyen, il sera jugé en novembre en appel dans le dossier Bygmalion.
Dans une autre affaire, celle dite "Bismuth", le Conseil constitutionnel a ouvert récemment la voie à un éventuel nouveau procès, pour raisons procédurales.
"Je suis propre", avait assuré début septembre M. Sarkozy, interrogé sur l'ensemble de ces mises en cause judiciaires.