Rome s'engage à renforcer ses relations avec Riyad et le CCG, assure le leader de Forza Italia

Antonio Tajani a été élu chef du parti Forza Italia en juillet de cette année (Photo, ANSA).
Antonio Tajani a été élu chef du parti Forza Italia en juillet de cette année (Photo, ANSA).
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Publié le Jeudi 05 octobre 2023

Rome s'engage à renforcer ses relations avec Riyad et le CCG, assure le leader de Forza Italia

  • Tajani qualifie l'Arabie saoudite d’«acteur central» dans une région importante sur le plan géostratégique et économique
  • Il salue la transition écologique de l’Arabie saoudite et envisage la région du Golfe comme un pôle d'énergie renouvelable pour l'Europe

ROME: L'Italie est «profondément engagée» dans le renforcement de ses relations avec l'Arabie saoudite et d'autres pays du Golfe, selon Antonio Tajani, vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale du pays.

Dans une interview accordée à Arab News à la veille de sa visite en Arabie saoudite, Tajani a offert une perspective large et prometteuse des relations actuelles et futures entre l'Italie et l’Arabie saoudite.

«L'importance de la région du Golfe sur la scène mondiale, en termes géostratégiques et économiques, ne peut guère être surestimée», a-t-il souligné.

«L'Arabie saoudite est un acteur clé et ma visite à Riyad vise à réaffirmer les relations étroites qui unissent nos deux pays», a-t-il ajouté.

Les délégations saoudienne et italienne lors d’une réunion commune en mai 2023 (Capture d’écran).

Il faisait référence à une relation qui s'est épanouie ces dernières années non seulement dans les secteurs économique et commercial, mais aussi aux niveaux géopolitique et culturel.

Les relations entre les deux pays ont été établies pour la première fois en février 1932 et ont été renforcées après la création du Royaume d'Arabie saoudite par un traité commercial signé le 22 septembre de la même année.

«Notre objectif est de renforcer encore plus nos relations», a indiqué Tajani. «L'approche de l'Italie est fondée sur le dialogue et la recherche d'un consensus à tous les niveaux, sans agenda caché. Nous pouvons donc jouer un rôle dans la promotion d'un partenariat stratégique fondé sur la compréhension mutuelle, capable de produire des résultats positifs au profit des pays concernés, dans l'intérêt de la stabilité internationale.»

Selon les données de l'Observatoire de la complexité économique, l'Italie a exporté l’équivalent de plus de 4 milliards de dollars de marchandises vers l'Arabie saoudite (1 dollar américain = 0,95 euro), principalement des pièces de machines et des médicaments, en 2021. La même année, les exportations saoudiennes vers l'Italie – surtout du pétrole brut et raffiné – ont atteint 5,86 milliards de dollars. En 2022, le volume des échanges entre l'Italie et l'Arabie saoudite a atteint 11,5 milliards d'euros.

Une délégation d'entrepreneurs et d'investisseurs saoudiens, présidée par Kamel al-Munajjed, président du Conseil d'affaires italo-saoudien, a rencontré à Rome le ministre italien du Développement économique, Adolfo Urso, en mai 2023 (Photo fournie).

L'Italie et l'Arabie saoudite cherchent également à diversifier leurs relations commerciales, d'autant plus que Riyad et l'UE se détournent des combustibles fossiles dans le cadre d'une transition vers les «énergies vertes» et d'une diversification économique.

Tajani a décrit la région du Golfe arabe comme une puissance potentielle en matière d'énergie renouvelable d'une importance stratégique tant pour l'Italie que pour l'Europe, en maintenant au fil du temps sa pertinence en tant que fournisseur clé dans ce domaine.

À cet égard, il a souligné que l'UE prévoit d'importer de l'électricité propre et de l'hydrogène dans le cadre du plan REPowerEU, qui vise à mettre fin à la dépendance de l'Union à l'égard des approvisionnements en gaz de la Russie d'ici à 2030.

«Nous saluons les efforts considérables entrepris par les pays du Golfe, en particulier par l'Arabie saoudite, dans la transition verte en investissant dans l'énergie solaire et éolienne et en réorientant les combustibles fossiles vers la production d'hydrogène», a précisé Tajani.

«Je suis certain que cette stratégie vous garantira des rendements exceptionnels à long terme», a-t-il ajouté.

La capacité de la plus grande centrale solaire photovoltaïque à contrat unique du monde, qui sera située dans la ville industrielle de Sudair, dans le nord de l'Arabie saoudite, sera de 1 500 MW (Photo fournie).

Développant la question, Tajani a déclaré: «Par exemple, l'hydrogène vert produit à Neom (ville intelligente d'Arabie Saoudite) peut effectivement alimenter le marché européen en transitant par le réseau italien.

«En outre, l'Italie agit déjà en tant que fournisseur de connaissances et de technologies pour le parcours de l’Arabie saoudite vers l’objectif zéro émission nette, car de nombreuses entreprises italiennes sont engagées dans plusieurs projets énergétiques avec des acteurs saoudiens de l'énergie, à commencer par Aramco et ACWA Power», a-t-il signalé.

Le 4 septembre, ACWA Power a signé des accords avec six entreprises italiennes, dont la société énergétique Eni, le fabricant d'additifs Italmatch Chemicals, le fournisseur de solutions industrielles Industrie De Nora et la société de gestion des déchets A2A. Les accords, finalisés lors du forum d'investissement italo-saoudien à Milan, ont renforcé la collaboration dans les domaines de l'hydrogène vert, du dessalement de l'eau et de la recherche sur les technologies durables.

Le forum a permis de conclure 21 accords de coopération dans divers secteurs, de l'énergie propre aux soins de santé en passant par l'immobilier et la gestion des déchets. Plus de 1 000 entreprises ont participé au forum, qui faisait suite au précédent forum organisé à Riyad l'année dernière.

«L'Italie n'est que l'un des 20 premiers investisseurs en Arabie saoudite, et la valeur de nos échanges bilatéraux non pétroliers ne s'élève qu'à 1,4 milliard de dollars, ce qui signifie que nous sommes loin d'atteindre le plein potentiel de notre partenariat», a déclaré Khalid al-Falih, ministre saoudien de l'Investissement, lors du forum de cette année.

Le ministre saoudien de l'Investissement, Khalid al-Falih, s'adressant au forum d'investissement italo-saoudien à Milan, en Italie, le 4 septembre 2023 (Photo fournie).

Tajani a mentionné que le forum d'investissement italo-saoudien a été couronné de succès en partie parce que «de nombreuses entreprises italiennes ont pris connaissance des opportunités tangibles disponibles dans le cadre de la Vision saoudienne 2030, à la fois en termes des prochains appels d'offres dans le cadre de mégaprojets et de giga-projets, et en termes d'incitations pour les investissements industriels directs».

Avec plus de 150 entreprises italiennes détenant actuellement des licences d'investissement étranger en Arabie saoudite, la coopération économique entre les deux pays pourrait être bien plus importante.

Tajani a déclaré que l'Italie peut contribuer aux mégaprojets et aux giga-projets «en raison de son savoir-faire et de son expertise universellement reconnus dans les secteurs sur lesquels les autorités saoudiennes se concentrent, tels que la nouvelle mobilité, le nouveau design urbain et architectural, les nouvelles zones résidentielles et les nouvelles stations touristiques».

Le ministre saoudien de la Culture, le prince Bader ben Abdallah ben Farhane (à droite), et son homologue italien, Gennaro Sangiuliano, lors d'une cérémonie à Venise le 19 mai 2023 (Photo, X : @mocsaudi _en).

Pour faire bonne mesure, il a ajouté: «Nous pourrions collaborer avec l’Arabie saoudite pour tirer le meilleur parti du lien entre tourisme et patrimoine historique. Nous coopérons déjà pour le développement des sites d'AlUla et de Diriyah, classifiés par l’Unesco, ainsi que de Dumat al-Jandal, où l'Italie mène une importante mission archéologique depuis deux décennies.»

L'institut de conservation italien Centro Conservazione e Restauro «La Venaria Reale» s'est associé cette année à la Commission royale pour AlUla. Douze professionnels saoudiens participeront à des ateliers à Turin, dans le nord de l'Italie, et sur le site du patrimoine culturel saoudien à AlUla.

L'année dernière, l'Italie figurait parmi les cinq premiers pays d'origine des touristes en Arabie saoudite. Au cours du premier semestre de 2022, environ 1 500 Italiens se sont rendus dans le Royaume.

Rome a accueilli le Saudi Village à la fin du mois de septembre de cette année, donnant aux Italiens l'occasion, dans leur propre capitale, de découvrir la culture, le patrimoine, la gastronomie et les attractions touristiques de l’Arabie saoudite. Organisé par l'ambassade saoudienne en Italie, l'événement s'est tenu à la Villa Borghèse, le parc historique situé au cœur de la capitale italienne, avec des attractions pour les adultes et les enfants.

Plusieurs entreprises italiennes et saoudiennes étaient représentées à l'événement, ainsi que des représentants des ministères saoudiens de l'Investissement, des Sports et de l'Éducation, de l'Autorité saoudienne du tourisme et de la Commission royale pour AlUla.

Les Italiens ont eu un aperçu de la culture, du patrimoine, de la gastronomie et des attractions touristiques de l'Arabie saoudite lors de l’évènement du Saudi Village à Rome à la fin du mois dernier (Photo, X : @KSAembassyIT).

L'Italie est en quête des investissements du Golfe et de l'Arabie saoudite dans le fonds stratégique «Made in Italy», destiné à stimuler les chaînes d'approvisionnement essentielles. Faisant référence à ce fonds, Tajani a indiqué qu'il constituerait «un investissement sûr et rentable pour les fonds souverains du Golfe, tels que le Fonds d'investissement public saoudien (PIF), étant donné qu'il est également conforme à leurs stratégies à long terme».

Tajani a également indiqué que l'Italie a lancé une série d'expositions itinérantes pour présenter ses industries manufacturières et créatives à l'étranger, en soulignant leurs liens avec le territoire et le savoir-faire locaux.

«Le "Made in Italy" ne se limite pas aux trois secteurs à savoir la mode, l'alimentation et l'ameublement. En fait, l'Italie est le deuxième pays manufacturier d'Europe, un leader dans les secteurs à haute valeur ajoutée, tels que la mécanique, l'électronique et les produits pharmaceutiques», a expliqué Tajani.

«C'est la combinaison de la tradition et de l'innovation qui rend l'Italie capable de fabriquer des produits de plus en plus appréciés sur les marchés internationaux. Dans ce contexte, nous souhaitons développer notre partenariat économique et commercial avec des pays comme l'Arabie saoudite, qui apprécient la valeur du savoir-faire, de l'artisanat et de la beauté de l’Italie.»

Il a cité Ferrari et Maserati comme exemples de deux «marques "Made in Italy" très connues et choisies dans le monde entier non seulement pour leur qualité, leur design et leur fonctionnalité, mais aussi pour le patrimoine culturel riche et diversifié qu'elles incarnent».

Si l'Italie est à la recherche d'investissements stratégiques en provenance d'Arabie saoudite, elle cherche également des partenaires de coopération économique au-delà du Golfe, bien que l'appartenance à des blocs économiques internationaux comporte des défis et des avantages.

L'Italie a récemment remis en question son rôle continu dans l'initiative chinoise Belt and Road (La ceinture et la route), tout en acceptant de rejoindre le corridor économique Inde-Moyen-Orient-Europe, ou IMEC, prévu à la mi-septembre.

«Lors de mon récent voyage à Pékin, j'ai confirmé l'intérêt de l'Italie à développer encore davantage notre coopération sur de nombreux fronts. En même temps, j'ai dit à mes homologues chinois que l'Italie ne bénéficiait pas de son adhésion à l’initiative “Belt and Road”» a-t-il affirmé.

Selon Tajani, il existe d'autres cadres bilatéraux qui pourraient contribuer à développer et à renforcer les relations de l'Italie avec la Chine.

En ce qui concerne l'avenir, il a déclaré: «Notre gouvernement souhaite créer des relations plus étroites avec des partenaires clés au Moyen-Orient, tels que l'Arabie saoudite et l'Inde. Notre décision de participer à l'IMEC va exactement dans ce sens.»

L'Italie recherche également des partenaires dans la lutte contre la migration clandestine, selon Tajani. «En juillet, nous avons organisé à Rome la Conférence internationale sur le développement et les migrations avec des partenaires clés d'Afrique, de la Méditerranée et du Golfe», a-t-il indiqué.

«À cette occasion, nous avons lancé le processus de Rome afin d'établir un dialogue inclusif et global pour mettre en place une vaste coopération visant à s'attaquer aux causes profondes des migrations massives, à lutter contre la traite des êtres humains et l'immigration clandestine, à régir les flux migratoires légaux et à soutenir les réfugiés et les personnes déplacées», a-t-il souligné.

Tajani a salué la participation du prince Abdelaziz ben Saoud ben Naif, ministre de l'Intérieur de l'Arabie saoudite, au sommet. «Nous sommes reconnaissants à votre pays pour sa précieuse contribution à la réussite du sommet. L'Italie et l'Arabie saoudite partagent le même point de vue sur la lutte contre la traite des êtres humains et les réseaux criminels actifs dans ce domaine», a déclaré Tajani.

Près d'un an s'est écoulé depuis la formation d'un nouveau gouvernement italien, qui a été marqué par le rétablissement des relations diplomatiques internationales et la relance des relations avec le monde arabe. Tajani a qualifié de «remarquables» les progrès réalisés par le gouvernement actuel.

«Notre principal objectif était de renforcer notre partenariat avec Washington, de rendre notre voix plus pertinente dans l'arène européenne et d'insuffler une nouvelle énergie dans nos relations avec les acteurs clés de la Méditerranée, du Golfe et de l'Afrique», a-t-il signalé.

La Première ministre italienne, Giorgia Meloni, et le Premier ministre libyen, Abdelhamid Dbeibah, basé à Tripoli, tiennent une conférence de presse commune à Tripoli, le 28 janvier 2023 (Photo, AFP).

Le gouvernement italien a déployé des efforts considérables dans le but d’améliorer et d’élargir ses relations avec les pays arabes. La Première ministre, Giorgia Meloni, a rencontré le roi Abdallah II de Jordanie et le président des Émirats arabes unis, le Cheikh Mohammed ben Zayed al-Nahyan. Meloni s'est également rendue à Tripoli, la capitale de la Libye, en janvier de cette année, et s'est récemment entretenue par téléphone avec le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane.

«En nous appuyant sur le travail que nous avons accompli, nous continuerons à créer de nouveaux partenariats visant à forger les alliances nécessaires afin de relever les défis de notre époque», a révélé Tajani.

Étant donné que l'Italie change fréquemment de gouvernement, Tajani pense-t-il que l'intense activité diplomatique durera plus longtemps que le gouvernement actuel?

Tajani a répondu: «Je suis convaincu que ce gouvernement arrivera au terme de son mandat de cinq ans. La majorité au Parlement est forte et le peuple italien nous fait confiance.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Liban: un mort dans une frappe israélienne dans le sud

Des personnes inspectent un véhicule incendié qui aurait été touché par une frappe israélienne à Ghazieh, près de Sidon, le 18 avril 2025. (AFP)
Des personnes inspectent un véhicule incendié qui aurait été touché par une frappe israélienne à Ghazieh, près de Sidon, le 18 avril 2025. (AFP)
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  • Une personne a été tuée vendredi dans un nouveau raid israélien visant un véhicule près de la ville côtière de Saïda, dans le sud du Liban
  • Malgré le cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après deux mois de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne mène régulièrement des attaques au Liban

GHAZIYEH: Une personne a été tuée vendredi dans un nouveau raid israélien visant un véhicule près de la ville côtière de Saïda, dans le sud du Liban, a indiqué le ministère libanais de la Santé.

Malgré le cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après deux mois de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant viser combattants et infrastructures du mouvement islamiste libanais soutenu par l'Iran.

"Le raid mené par l'ennemi israélien contre une voiture sur la route Saïda-Ghaziyeh a fait un mort", a indiqué le ministère de la Santé.

Après la frappe, le véhicule tout-terrain a pris feu, provoquant un nuage de fumée noire dans le ciel, selon un journaliste de l'AFP sur place. L'armée libanaise a bouclé la zone et les pompiers sont intervenus pour maîtriser les flammes.

La frappe n'a pas été revendiquée dans l'immédiat, mais l'armée israélienne a affirmé avoir tué plusieurs combattants du Hezbollah parmi lesquels des "commandants" cette semaine dans le sud du pays.

Après le début de la guerre à Gaza déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque du Hamas sur le sol israélien, le Hezbollah a ouvert un front contre Israël, tirant des roquettes sur le territoire israélien, disant agir ainsi en soutien aux Palestiniens.

En septembre 2024, le conflit a dégénéré en guerre ouverte avec des bombardements israéliens intenses au Liban qui ont décimé la direction du Hezbollah et fait plus de 4.000 morts, selon les autorités.


Explosion au port de Beyrouth: première comparution d'un ex-ministre

Une photo montre une vue du port de Beyrouth, site d'une énorme explosion qui a dévasté la capitale libanaise trois ans plus tôt, le 22 juillet 2023. (AFP)
Une photo montre une vue du port de Beyrouth, site d'une énorme explosion qui a dévasté la capitale libanaise trois ans plus tôt, le 22 juillet 2023. (AFP)
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  • Un ancien ministre de l'Intérieur a comparu jeudi pour la première fois devant le juge libanais chargé de l'enquête sur la gigantesque explosion au port de Beyrouth en 2020
  • En 2021, le juge Tarek Bitar avait été contraint de suspendre son enquête sur cette explosion qui a fait plus de 220 morts et plus de 6.500 blessés en raison de pressions politiques

BEYROUTH: Un ancien ministre de l'Intérieur a comparu jeudi pour la première fois devant le juge libanais chargé de l'enquête sur la gigantesque explosion au port de Beyrouth en 2020, a indiqué une source judiciaire à l'AFP.

En 2021, le juge Tarek Bitar avait été contraint de suspendre son enquête sur cette explosion qui a fait plus de 220 morts et plus de 6.500 blessés en raison de pressions politiques.

Une série d'actions en justice avaient en outre été intentées contre lui par des responsables politiques et fonctionnaires cités dans l'enquête, notamment l'ancien ministre de l'Intérieur, Nohad al-Machnouk, soupçonné de "négligence et manquements".

Le juge a repris en février ses investigations, après l'élection de Joseph Aoun à la présidence de la République et la nomination d'un Premier ministre réformateur, Nawaf Salam, qui se sont tous deux engagés à garantir l'indépendance du pouvoir judiciaire.

Selon la source judiciaire qui a requis l'anonymat, l'interrogatoire a porté sur un rapport que M. Machnouk avait reçu le 5 avril 2014, alors qu'il était ministre de l'Intérieur, concernant la "détention d’un navire dans les eaux territoriales libanaises, dont l’équipage avait demandé à être autorisé à reprendre la mer".

Le 4 août 2020, l'une des plus grandes explosions non nucléaires de l'histoire a dévasté des pans entiers de la capitale libanaise.

La déflagration a été provoquée par un incendie dans un entrepôt où étaient stockées sans précaution des tonnes de nitrate d'ammonium acheminées par navire, malgré des avertissements répétés aux plus hauts responsables.

Pointées du doigt pour négligence criminelle, les autorités libanaises, qui étaient au courant des dangers encourus, ont rejeté toute enquête internationale.

L'enquête avait notamment été suspendue après les accusations de partialité du juge proférées par le Hezbollah, désormais très affaibli par sa dernière guerre contre Israël fin 2024. Le parti qui dominait la vie politique libanaise avait demandé le renvoi de M. Bitar.

Deux juges de la direction des enquêtes de Paris sont attendus à Beyrouth à la fin du mois, pour présenter à M. Bitar les éléments recueillis par la justice française, trois ressortissants français figurant parmi les victimes, selon une source judiciaire.

Le 11 avril, deux anciens hauts responsables de la sécurité avaient également comparu pour la première fois devant M. Bitar.


Cellule terroriste: Amman partage les détails de l’enquête avec Beyrouth

Le roi Abdallah de Jordanie et le président libanais Joseph Aoun. (AFP)
Le roi Abdallah de Jordanie et le président libanais Joseph Aoun. (AFP)
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  • Beyrouth ne sait pas si des citoyens libanais sont impliqués dans un groupe de fabrication de missiles
  • Les services de renseignement de l'armée arrêtent deux Palestiniens pour contrebande d'armes à la frontière libano-syrienne

BEYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a été informé, mercredi, par le roi Abdallah de Jordanie des résultats de l'enquête sur une cellule de fabrication de missiles découverte en Jordanie. Deux membres de cette cellule avaient été envoyés au Liban pour y suivre une formation.

Selon son bureau de presse, M. Aoun a exprimé la «pleine disposition du Liban à la coordination et à la coopération» entre les deux pays et a chargé le ministre de la Justice Adel Nassar de travailler avec son homologue jordanien, en coopération avec les agences de sécurité et judiciaires, sur les enquêtes et l'échange d'informations.

Une source judiciaire a déclaré à Arab News que les services de renseignement de l'armée libanaise «suivaient de près l'affaire de la cellule terroriste et nous ne savons pas encore si des Libanais sont impliqués».

«Cette agence a demandé à la Jordanie de lui fournir des informations concernant les enquêtes, de s'appuyer sur les enquêtes libanaises et, dans le cas où une implication libanaise serait prouvée, l'affaire serait alors renvoyée à la justice libanaise», a déclaré cette personne.

Parallèlement, les services de renseignement de l'armée libanaise ont déclaré avoir arrêté deux Palestiniens dans la ville de Sidon, dans le sud du pays, pour «commerce et contrebande d'armes militaires à travers la frontière libano-syrienne, et ont saisi plusieurs armes et munitions militaires en leur possession».

Le commandement de l'armée a déclaré que les détenus faisaient l'objet d'une enquête sous la supervision du pouvoir judiciaire.

Les médias ont rapporté que les deux hommes étaient des membres de l'appareil de sécurité du mouvement Hamas à Sidon.

Aucune agence de sécurité officielle n'a confirmé l'existence d'un lien entre les arrestations et la cellule jordanienne.

Mardi, l'agence de presse jordanienne a cité des responsables des services de renseignement qui ont déclaré qu'«une série de complots visant la sécurité nationale du pays ont été déjoués et 16 personnes soupçonnées de préparer des actes de chaos et de sabotage ont été arrêtées».

Les plans prévoyaient la production de missiles à l'aide de matériaux locaux et de composants importés. Des explosifs et des armes à feu ont été découverts, ainsi qu'un missile dissimulé prêt à être utilisé.

Les 16 suspects sont soupçonnés d'avoir participé à la mise au point de drones, d'avoir recruté et formé des individus au niveau national et d'en avoir envoyé d'autres à l'étranger pour qu'ils y poursuivent leur formation.

Selon les déclarations des suspects, deux membres de la cellule – Abdallah Hicham et Muath al-Ghanem – ont été envoyés au Liban pour coordonner leurs activités avec une figure importante de l'organisation et recevoir une formation.

En décembre, l'armée libanaise a lancé un processus de désarmement des factions palestiniennes situées à l'extérieur des camps de réfugiés palestiniens. Ces factions, fidèles à l'ancien régime syrien, étaient principalement basées dans la région de la Békaa, le long de la frontière avec la Syrie, et dans la région méridionale.

Le Premier ministre Nawaf Salam a exprimé «l'entière solidarité du Liban avec la Jordanie dans la lutte contre les complots qui menacent sa sécurité et sa stabilité» et sa «volonté de coopérer avec les autorités jordaniennes en cas de besoin concernant les informations selon lesquelles certaines personnes impliquées dans ces complots ont reçu une formation au Liban», selon son bureau de presse.

Lors du lancement du projet de réhabilitation de la route de l'aéroport de Beyrouth, M. Salam a déclaré que les questions de sécurité sur la route de l'aéroport étaient «en cours d'examen avec le ministre de la Défense Michel Menassa et le ministre de l'Intérieur Ahmed Hajjar».

Au cours des dernières 48 heures, la municipalité de Beyrouth a entrepris des efforts pour retirer des rues de la capitale les drapeaux des partis et les images des politiciens et des chefs de partis, en particulier ceux qui sont associés au Hezbollah.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com