Bordeaux, nouvelle place forte du jeu vidéo français

Le costume d'un personnage du prochain jeu vidéo d'Ubisoft "Assassin's Creed Mirage", créé par l'artiste Rick Boer, est exposé à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France, sur cette photo prise le 3 octobre 2023. (AFP)
Le costume d'un personnage du prochain jeu vidéo d'Ubisoft "Assassin's Creed Mirage", créé par l'artiste Rick Boer, est exposé à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France, sur cette photo prise le 3 octobre 2023. (AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 04 octobre 2023

Bordeaux, nouvelle place forte du jeu vidéo français

  • Expertise technique, qualité artistique et créativité narrative: ces jeux concentrent tous les ingrédients de la réussite de Bordeaux, devenu un des bastions nationaux du secteur avec Paris, Lyon ou Montpellier
  • Un statut renforcé en 2017 par l'implantation d'un studio du géant français de l'industrie, Ubisoft - présent dans une cinquantaine de pays avec plus de 45 antennes et filiales

BORDEAUX: Capitale mondiale du vin, Bordeaux est devenue une place forte du jeu vidéo français, comme en témoigne la sortie jeudi du dernier chapitre de la saga "Assassin's Creed", développé pour la première fois dans les studios locaux d'Ubisoft.

L'histoire commence en 1990 avec la fondation du studio Kalisto, qui produit les premiers jeux vidéo "made in Bordeaux" sur ordinateurs et consoles.

"La Silicon Valley, Apple, Microsoft, ça m'attirait. Je me suis dit +Pourquoi ne pas faire ça dans mon environnement immédiat+", explique à l'AFP son fondateur Nicolas Gaume, aujourd'hui âgé de 52 ans.

Kalisto crée ses jeux maison ("Dark Earth", "Nightmare Creatures") et collabore avec Namco ou Gaumont pour développer et adapter des jeux originaux comme "Pac in Time" (1995) ou "Le Cinquième Elément" (1997).

Fort de ces succès mondiaux, Nicolas Gaume entre en Bourse en 1999 pour rivaliser avec les plus grands studios, mais "l'explosion de la bulle internet" l'année suivante entraîne sa liquidation soudaine.

L'entrepreneur girondin se reconvertit dans l'industrie spatiale mais 12 de ses 320 salariés poursuivent l'aventure en fondant Asobo en 2002.

Trophées à foison

"Kalisto est une base qui a semé des graines" de studios "dans la ville, dans la région", estime le directeur des opérations d'Asobo, Gregory Carreau, citant également Motion Twins et Shiro Games.

Asobo se démarque grâce à ses multiples récompenses et succès commerciaux.

En 2007, son adaptation du film "Ratatouille", en collaboration avec Pixar, se vend à plus de 2,5 millions d'exemplaires, incitant d'autres poids lourds du divertissement (Disney, Fox, Universal) à lui faire confiance.

En 2016, Microsoft lui confie le développement du 15e épisode de son simulateur de vol "Flight Simulator" qui est élu meilleur jeu vidéo français en 2021 à la deuxième édition des Pégases, l'équivalent des César.

Un an plus tôt, Asobo avait raflé six trophées pour "A Plague Tale: Innocence" mêlant survie, guerre de Cent ans et peste noire. Sa suite "A Plague Tale: Requiem", dépassera en 2022 le million de joueurs en deux semaines.

Expertise technique, qualité artistique et créativité narrative: ces jeux concentrent tous les ingrédients de la réussite de Bordeaux, devenu un des bastions nationaux du secteur avec Paris, Lyon ou Montpellier.

Un statut renforcé en 2017 par l'implantation d'un studio du géant français de l'industrie, Ubisoft - présent dans une cinquantaine de pays avec plus de 45 antennes et filiales.

Ubisoft a "profité de l'historique des jeux vidéo dans la ville, de la présence d'écoles d'art et d'écoles d'ingénieurs et de l'écosystème en termes d'animation à Angoulême", à une centaine de kilomètres au nord, explique le directeur général de l'antenne bordelaise, Julien Mayeux.

A cela s'ajoute en 2017 "l'arrivée de la LGV", la ligne de train à grande vitesse, et une "attractivité très forte de la ville" pour les talents du monde entier.

Ecoles spécialisées

Avec la livraison de nouveaux locaux en fin d'année, ce studio deviendra le plus grand (7 500 m2 de surface) de l'entreprise en France.

Il est déjà le premier dans l'Hexagone à avoir piloté le développement d'un épisode de la licence-culte "Assassin's Creed", lancée en 2007, après avoir codéveloppé le précédent, "Assassin's Creed Valhalla" (2020).

"Assassin's Creed Mirage est un retour aux sources pour le 15e anniversaire de la licence", poursuit Julien Mayeux, qui dirige plus de 420 salariés. "C'est une belle opportunité de nous mettre sur la carte des plus grands studios du monde, on la joue à fond".

En Nouvelle-Aquitaine, le secteur pèse "plus de 100 millions d’euros de chiffre d'affaires et représente plus de 1 000 emplois temps-plein", selon Marie-Charlotte Ynesta, déléguée générale de SO·Games, l'association régionale des professionnels du jeu vidéo.

En Gironde, les studios bénéficient d'une main d’œuvre formée sur place dans plusieurs écoles spécialisées.


Après les tensions, Paris et Alger entament un nouveau chapitre

Lors d'un appel téléphonique récent, les présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune sont convenus de relancer les échanges bilatéraux et de jeter les bases de cette reprise. (AFP)
Lors d'un appel téléphonique récent, les présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune sont convenus de relancer les échanges bilatéraux et de jeter les bases de cette reprise. (AFP)
Short Url
  • Lors d'un appel téléphonique récent, les présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune ont décidé de relancer les échanges bilatéraux
  • L'échange téléphonique a permis de formaliser une feuille de route ambitieuse et pragmatique

Après avoir frôlé la rupture, un nouveau chapitre s'ouvre dans les relations entre la France et l'Algérie.

Lors d'un appel téléphonique récent, les présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune sont convenus de relancer les échanges bilatéraux et de jeter les bases de cette reprise.

Le communiqué publié par le palais de l'Élysée fait suite à plusieurs signes récents de rapprochement, notamment l'entretien accordé par Tebboune aux journalistes des médias publics algériens, où il a exprimé sa volonté de renouer le dialogue avec son homologue français et de mettre fin à ce qu'il a qualifié de «période d'incompréhension» entre leurs deux pays.

L'échange téléphonique a permis de formaliser une feuille de route ambitieuse et pragmatique, centrée sur trois axes prioritaires: la coopération sécuritaire, la gestion des flux migratoires et les questions mémorielles.

Le communiqué conjoint, publié à l’issue de cet échange, souligne la volonté des deux chefs d’État de dépasser les crises récentes pour amorcer une relation apaisée et mutuellement bénéfique.

Premier résultat concret dans le cadre de cette volonté affichée, le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot se rend à Alger le 6 avril pour des entretiens avec son homologue algérien Ahmed Attal.

Les ministres devront détailler un programme de travail ambitieux et en décliner les modalités opérationnelles et le calendrier de mise en œuvre.

La coopération sécuritaire doit reprendre sans délai, notamment pour lutter contre le terrorisme au Sahel et sécuriser les frontières de la région.

La gestion des migrations irrégulières et la question des réadmissions de ressortissants algériens en situation irrégulière en France sont au cœur des discussions. 

Cette dynamique s’inscrit dans la continuité de l’engagement du président français, exprimé dès le début de son premier mandat et même avant, lors de sa campagne électorale en Algérie, où il avait qualifié la colonisation de «crime contre l’humanité».

Plus tard et dès son élection en 2017, Macron a affiché sa volonté de regarder «la vérité en face». Sa première visite officielle en Algérie marquait la priorité qu’il entend donner à la relation franco-algérienne, en posant les bases d’un dialogue sincère et apaisé. 

Cet engagement a été réaffirmé par la déclaration d’Alger en août 2022, qui prévoyait la mise en place d’une «commission mixte des historiens» chargée d’examiner les archives et de favoriser une meilleure compréhension mutuelle.

Les enjeux de ce rapprochement, dont l’objectif est la poursuite du travail de refondation des relations bilatérales, dépassent le cadre strictement bilatéral et s’inscrivent dans un contexte géopolitique et sécuritaire complexe.

La coopération entre Paris et Alger est essentielle pour répondre aux défis régionaux, notamment dans le Sahel, où le terrorisme et l’instabilité menacent la sécurité de l’Afrique du Nord et de l’Europe. 

La France et l’Algérie partagent un intérêt commun pour la lutte contre les groupes armés et leur coopération stratégique revêt une importance capitale pour stabiliser la région.

La gestion des flux migratoires reste un point de tension récurrent, car si la France souhaite des mécanismes de réadmission efficaces, l’Algérie demande le respect de la dignité et des droits de ses ressortissants. 

Malgré la volonté de réconciliation affichée, le dossier mémoriel reste un obstacle majeur.

La question des excuses officielles pour les crimes coloniaux demeure sensible. Si Emmanuel Macron a reconnu des «crimes contre l’humanité» en 2017, les demandes d’excuses formelles de l’Algérie n’ont pas encore été pleinement satisfaites. 

Les travaux de la commission mixte des historiens, lancés à l’été 2022, doivent permettre d’approfondir la recherche sur cette période sombre et de poser les bases d’un dialogue apaisé.

Malgré les gestes d’ouverture, les relations entre Paris et Alger restent fragiles, en partie en raison d’une méfiance réciproque, alimentée par des perceptions contradictoires des enjeux bilatéraux.

L’un des points de friction les plus marquants est la question du Sahara occidental. La position française, perçue comme favorable au Maroc, a suscité des crispations du côté algérien, allant jusqu’au rappel de l’ambassadeur d’Algérie en France. 

Pour Alger, le soutien implicite de Paris au plan d’autonomie marocain est perçu comme un alignement qui remet en cause l’équilibre diplomatique régional.

Bien que la France ait tenté de clarifier sa position, en affirmant vouloir accompagner une dynamique internationale de sortie de crise, ce dossier demeure une source de tension. 

Au-delà des relations diplomatiques, les opinions publiques des deux pays jouent un rôle crucial dans l’évolution du partenariat.

En Algérie, une partie de la population reste méfiante vis-à-vis des intentions françaises, nourrie par un sentiment de souveraineté exacerbée et par la mémoire toujours vive des exactions coloniales. 

En France, la question algérienne suscite également des clivages politiques. Certains considèrent les gestes mémoriels comme une forme de repentance excessive, tandis que d’autres appellent à une reconnaissance plus franche des torts commis pendant la colonisation. 

La relance des relations entre la France et l’Algérie repose sur un équilibre délicat entre la reconnaissance du passé, la gestion des défis actuels et la mise en œuvre d’une coopération tournée vers l’avenir. 

Malgré la volonté politique manifeste, la concrétisation de ce partenariat dépendra de la capacité des deux dirigeants à dépasser les clivages historiques et à impulser une dynamique durable.


Paris entend résoudre les tensions avec Alger « sans aucune faiblesse »

le chef de la diplomatie française, chef de la diplomatie française (Photo AFP)
le chef de la diplomatie française, chef de la diplomatie française (Photo AFP)
Short Url
  • Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ».
  • « L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

PARIS : Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ». Il s'exprimait au lendemain d'un entretien entre les présidents français et algérien, qui visait à renouer le dialogue après huit mois de crise diplomatique sans précédent.

« Les tensions entre la France et l'Algérie, dont nous ne sommes pas à l'origine, ne sont dans l'intérêt de personne, ni de la France, ni de l'Algérie. Nous voulons les résoudre avec exigence et sans aucune faiblesse », a déclaré Jle chef de la diplomatie française devant l'Assemblée nationale, soulignant que « le dialogue et la fermeté ne sont en aucun cas contradictoires ».

« L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

Les Français « ont droit à des résultats, notamment en matière de coopération migratoire, de coopération en matière de renseignement, de lutte contre le terrorisme et au sujet bien évidemment de la détention sans fondement de notre compatriote Boualem Sansal », a affirmé le ministre en référence à l'écrivain franco-algérien condamné jeudi à cinq ans de prison ferme par un tribunal algérien. 


Algérie: Macron réunit ses ministres-clés au lendemain de la relance du dialogue

Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
Short Url
  • Emmanuel Macron  réunit mardi plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune
  • Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales.

PARIS : Emmanuel Macron  réunit mardi à 18H00 plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune pour relancer le dialogue, a appris l'AFP de sources au sein de l'exécutif.

Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales après des mois de crise, selon le communiqué conjoint publié lundi soir.

Le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, effectuera de même une visite prochainement pour relancer la coopération judiciaire.

Le communiqué ne mentionne pas en revanche le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, figure du parti de droite Les Républicains, partisan d'une ligne dure à l'égard de l'Algérie ces derniers mois, notamment pour obtenir une nette augmentation des réadmissions par le pays de ressortissants algériens que la France souhaite expulser.

Bruno Retailleau sera présent à cette réunion à l'Élysée, avec ses deux collègues Barrot et Darmanin, ainsi que la ministre de la Culture, Rachida Dati, et celui de l'Économie, Éric Lombard, ont rapporté des sources au sein de l'exécutif.

 Dans l'entourage du ministre de l'Intérieur, on affirme à l'AFP que si la relance des relations décidée par les deux présidents devait bien aboutir à une reprise des réadmissions, ce serait à mettre au crédit de la « riposte graduée » et du « rapport de force » prônés par Bruno Retailleau.