LILLE: Les compagnons sans-papiers d'Emmaüs de Nieppe (Nord) ont entamé une grève "illimitée" samedi pour protester contre leurs conditions de travail "inhumaines" et "indignes" et réclamer leur régularisation, rejoignant ainsi les communautés nordistes de Tourcoing, Saint-André-Lez-Lille et Grande-Synthe, a-t-on appris de sources concordantes.
"C'est avec beaucoup de tristesse que nous vous annonçons qu'à notre tour nous sommes bloqués par certains de nos compagnons et la CGT", a indiqué la communauté Emmaüs de Nieppe sur Facebook.
Les douze compagnons sans-papiers ont commencé la grève "ce matin à 8H sur les mêmes revendications" que les autres communautés Emmaüs en grève, a indiqué à l’AFP Pascal Blindal de l'Union départementale CGT qui soutient le mouvement.
"Ils réclament une régularisation, qui leur a été promise, immédiate et sans condition", a-t-il affirmé, dénonçant "un système de travail dissimulé" avec "une main d’œuvre captive qui ne peut pas partir car les personnes ne sont pas régularisées".
"Le système d'exploitation est bien rodé: promesse d'une régularisation au bout de trois ans en échange de l'acceptation d'une durée de travail de 40 heures par semaine pour un pécule de 380 euros par mois", pointent dans un communiqué la CGT Armentières et le Comité des sans-papiers 59.
Les sans-papiers réclament aussi "la reconnaissance du travail dissimulé" et "le versement des réparations qui en découle".
Cette mobilisation s'inscrit dans un mouvement initié par la communauté de Saint-André-Lez-Lille, dont une vingtaine de compagnons sans-papiers est en grève depuis début juillet.
Cette communauté est visée depuis mai par une enquête pour "traite d'êtres humains" et "travail dissimulé".
Dans une autre communauté Emmaüs du Nord, celle de Grande-Synthe, une vingtaine de compagnons ont entamé fin août un mouvement de grève pour protester contre les conditions de travail. Les compagnons de la communauté Emmaüs de Tourcoing sont eux en grève depuis le 12 septembre.
"La mission d’une communauté" Emmaüs "est de travailler sur la situation sociale globale des personnes. Pour les personnes en situation irrégulière, la régularisation est un des sujets (...)", a réagi le délégué général d’Emmaüs France, Tarek Daher, dans une interview à La Voix du Nord publiée samedi.
"Si vous avez passé trois ans dans une communauté en tant que compagnon, vous avez le droit de demander un titre de séjour à titre exceptionnel. Mais il n’y a rien d’automatique", a-t-il ajouté.