MOSCOU: Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a mis en garde vendredi contre tout "retour des infrastructures militaires" des Etats-Unis ou de l'Otan en Afghanistan ou dans la région, se disant "préoccupé" par les interventions "d'acteurs non régionaux".
La Russie considère une large partie de l'Asie centrale, qui a été sous domination tsariste puis soviétique, comme sa sphère d'influence naturelle, et l'Occident comme une menace existentielle.
"Nous estimons que le retour d'infrastructures militaires des Etats-Unis et de l'Otan sur le territoire de l'Afghanistan et des Etats voisins, quels que soient les prétextes invoqués, est inacceptable", a déclaré M. Lavrov lors d'une réunion sur l'Afghanistan à Kazan, dans le centre de la Russie.
Cette rencontre avec plusieurs pays de la région se déroule en présence du ministre afghan des Affaires étrangères, Amir Khan Muttaqi.
"Je me dois de noter que nous sommes préoccupés par les tentatives d'acteurs non-régionaux de s'impliquer davantage en direction de l'Afghanistan", a souligné Sergueï Lavrov.
"Nous allons être particulièrement vigilants sur ce point", a-t-il ajouté, appelant les autres pays à faire de même.
Fiasco
Ces propos interviennent à l'heure où la Russie cherche à resserrer ses liens avec l'Afghanistan, où les talibans sont revenus au pouvoir en 2021, tout en voyant son influence contestée dans son pré carré traditionnel.
Mardi, l'Ouzbékistan s'est félicité du "renforcement" de sa coopération militaire avec les Etats-Unis, après une rencontre entre un de ses ministres et Michael Kurilla, patron du commandement militaire américain au Moyen-Orient, en Asie centrale et du Sud (Centcom).
Frontalier de l'Afghanistan, le pays avait abrité un temps des bases militaires de la coalition menée par les Etats-Unis sur le territoire afghan après les attentats du 11 septembre 2001.
Le Kazakhstan s'est lui engagé à ne pas aider la Russie à contourner les sanctions occidentales adoptées à cause de l'assaut russe contre l'Ukraine.
Sergueï Lavrov a estimé vendredi qu'une coopération entre les pays régionaux et les membres de l'Otan ne serait possible que si ces derniers reconnaissaient leur responsabilité pour "les tristes résultats" de leur présence militaire en Afghanistan pendant plus de vingt ans.
Cette dernière s'est terminée en "fiasco", a-t-il jugé, en référence au retrait catastrophique des troupes américaines en 2021.
L'URSS avait elle-même mené une guerre en Afghanistan, envahi à la veille de Noël en 1979.
Après dix ans d'une campagne militaire désastreuse, l'Armée rouge s'était finalement retirée en 1989, au crépuscule de l'URSS.