PARIS: Le budget du ministère de la Justice augmentera de 5,3% en 2024, soit près de 500 millions d'euros, pour passer la barre "symbolique" et "historique" de 10 milliards d'euros, a annoncé mercredi le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti.
Après trois augmentations consécutives de 8% en 2021, 2022 et 2023, "la hausse se poursuivra" en 2024 pour atteindre 10,1 milliards d'euros, a annoncé le ministre lors d'une conférence de presse place Vendôme présentant le volet justice du projet de loi de finances, dévoilé plus tôt dans la journée en Conseil des ministres.
"Le budget du ministère sera passé de 6,9 milliards d'euros en 2017 à près de 11 milliards en 2027, soit une hausse de près de 60%", a-t-il noté, insistant s'être "battu" pour "décrocher ces budgets historiques".
Ces moyens serviront à assurer les objectifs fixés par son consensuel projet de loi d'augmentation des moyens de la justice, largement adopté au Sénat en juin puis à l'Assemblée en juillet, et qui doit continuer son chemin parlementaire en commission mixte paritaire le 5 octobre.
Quelque 308 millions d'euros sont notamment alloués à la poursuite du plan de construction de prisons (+15.000 places d'ici à 2027), et une enveloppe de 170 millions d'euros pour les revalorisations salariales et statutaires afin de "renforcer l'attractivité des métiers de justice", qui peinent à recruter, particulièrement dans le domaine de la pénitentiaire.
Il s'agit aussi d"'accélérer le rythme des recrutements" fixés par son texte, de 10.000 emplois supplémentaires en cinq ans dont 1.500 magistrats et 1.500 greffiers en plus, avec l'embauche de 327 magistrats et autant de greffiers prévue dès 2024.
"Le cap reste le même", a résumé le ministre devant la presse: "restaurer la place de la justice à la hauteur de la mission fondamentale qui est la sienne", pour rattraper "30 ans d'abandon budgétaire".
Au total, dans le budget 2024 de l'Etat, presque 5 milliards de crédits supplémentaires sont prévus pour le régalien - l'armée, la police et la justice.
Alors que les dates de son procès pour des soupçons de conflits d'intérêt devant la Cour de Justice de la République (CJR) ont récemment été fixées à début novembre, Eric Dupond-Moretti n'a pas souhaité donner d'indications sur la façon dont il pourra concilier sa mission de ministre avec son statut de prévenu.
"Vous le verrez, soyez patiente", a-t-il répondu à la journaliste qui lui posait la question. "A ce stade, j'ai beaucoup, beaucoup de travail", a-t-il aussi dit, comme à chaque fois qu'il est interrogé sur ce sujet. "Nous avons beaucoup de choses à faire, nous les faisons".