La Syrie dénonce la «guerre terroriste» américaine dans un discours prononcé à l’ONU

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Publié le Mercredi 27 septembre 2023

La Syrie dénonce la «guerre terroriste» américaine dans un discours prononcé à l’ONU

Bassam Sabbagh, vice-ministre des Affaires étrangères de la République arabe syrienne, prononce un discours lors de la 78e Assemblée générale des nations unies, au siège de l’organisation, à New York, le 26 septembre 2023. (AFP).
  • M. Sabbagh a accusé les États-Unis d’avoir mal interprété la charte des Nations unies pour «justifier des attaques commises contre la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale d’autres pays»
  • Il a terminé son discours en appelant à ce que l’Assemblée générale des nations unies serve de plate-forme de «dialogue et de diplomatie publique» sans «lancer de fausses accusations»

NEW YORK: Le lancement par les États-Unis d’une «guerre terroriste» en Syrie a conduit à un «chaos créatif américain» et à une déstabilisation au Moyen-Orient, a déclaré mardi le vice-ministre syrien des Affaires étrangères à l’Assemblée générale de l’ONU (Agnu).

Bassam Sabbagh, qui a auparavant occupé le poste de représentant permanent de la Syrie auprès de l’ONU, a condamné la politique des administrations américaines successives «qui visent à servir des intérêts géopolitiques et égoïstes» et à «œuvrer à la mise en place et à l’exagération des problèmes afin de déclencher des tensions, puis des conflits».

Le monde est confronté à de nombreux défis, a-t-il expliqué, évoquant «des conflits dévastateurs», «l’occupation continue de certains peuples», «une forte augmentation de la pauvreté et de la faim» et des «politiques de blocus économique».

Faire face à ces défis nécessite une coopération mondiale entre tous les États membres de l’ONU et la construction d’un «nouvel ordre mondial multipolaire qui permet d’atteindre un nouvel équilibre», a-t-il ajouté.

M. Sabbagh a accusé les États-Unis d’avoir mal interprété la charte des Nations unies pour «justifier des attaques commises contre la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale d’autres pays».

Cela a conduit Washington à dépenser «des milliards de dollars» pour «détruire les réalisations en matière de développement [en Syrie] au fil des décennies», a-t-il précisé.

L’émergence de groupes terroristes, dont Daech et le front Al-Nosra, peut également être imputée au «chaos créatif américain», a souligné M. Sabbagh.

«Le principe fondamental confirmé par la charte des Nations unies est le respect de la souveraineté, de l’indépendance et de l’intégrité territoriale des États membres», a-t-il affirmé.

«Par conséquent, toute acquisition des terres d’autrui par la force constitue une occupation et toute présence militaire illégale sur le territoire d’un État souverain est une violation flagrante de cette charte.»

Il désigne Israël, les États-Unis et la Turquie comme les principaux responsables de la violation du territoire, affirmant que les activités du premier pays en Palestine sont «cohérentes avec le rôle destructeur» joué par les deux derniers en Syrie.

Damas «déploie tous les efforts possibles» pour «se tenir aux côtés du peuple palestinien frère», a soutenu M. Sabbagh, définissant la question comme «la cause arabe centrale».

Il a condamné l’occupation par Israël des «territoires arabes de Palestine et du Golan syrien» depuis 1967, exigeant que l’État hébreu y mette fin «immédiatement et sans condition».

Dans le cadre de son occupation, Israël commet les «formes les plus odieuses de violations graves et systématiques» de la charte des Nations unies, a noté M. Sabbagh.

Cette année, les actions d’Israël ont conduit la région vers «des niveaux de tension et d’instabilité sans précédent», a-t-il poursuivi, citant une litanie de politiques visant les Palestiniens ainsi que les Syriens sur le plateau du Golan.

«En effet, Israël commet davantage de massacres, en plus de renforcer son agression militaire et ses bombardements répétés de missiles sur des villes, des ports et des aéroports civils syriens. Ces actes mettent en danger la vie des civils et la sécurité de l’aviation civile, tout en entravant les opérations d’aide humanitaire des Nations unies», a-t-il renchéri.

«Cela s’ajoute à la poursuite des politiques de colonisation, de judaïsation, de blocus, d’arrestations arbitraires, de déplacements forcés et de discrimination raciale dans les territoires arabes occupés.»

M. Sabbagh a également dénoncé le «soutien continu à de telles pratiques et le silence à leur sujet» de la part de certains pays qui «se targuent de protéger le droit international humanitaire».

Il réitère par ailleurs le soutien de la Syrie à un État palestinien indépendant le long des frontières de juin 1967 et au retour du plateau du Golan à la Syrie, «peu importe le temps que cela prendra».

Il accuse les États-Unis d’avoir occasionné 115 milliards de dollars (1 dollar = 0,95 euro) de pertes au secteur pétrolier syrien depuis 2011. Ce «pillage systématique et exposé par les États-Unis de la richesse nationale du peuple syrien» comprenait également du gaz et du blé. Il a conduit à des privations et à des souffrances humaines «sans précédent», a précisé M. Sabbagh.

Ce dernier a exhorté l’ONU à respecter son obligation de demander des comptes aux États-Unis pour «l’argent pillé», exigeant son retour en Syrie.

M. Sabbagh a non seulement accusé les États-Unis et la Turquie de siphonner les richesses, mais de «s’infiltrer» dans le territoire syrien et d’imposer une présence militaire illégale, conséquence d’une «ingérence flagrante» dans les affaires intérieures de son pays.

La Syrie cherche à mettre fin aux «mesures coercitives unilatérales» des États-Unis et de leurs alliés européens, notamment les sanctions contre «les secteurs de la santé publique, des banques et de l’énergie».

Ces mesures «illégales, immorales et inhumaines» n’ont fait qu’«exacerber les souffrances des Syriens où qu’ils se trouvent, étant donné qu’elles se répercutent sur des pays tiers», a expliqué M. Sabbagh.

Les tremblements de terre dévastateurs en Syrie cette année ont ajouté «un nouveau fardeau et de nouvelles souffrances» à la population, a-t-il poursuivi, affirmant que Damas avait tenté d’ouvrir toutes les voies d’aide pour l’arrivée de l’aide humanitaire.

«La Syrie était l’un des pays les plus stables et les plus prospères du monde. Elle parvenait à l’autosuffisance alimentaire et fournissait à sa population tous les produits de première nécessité, comme on a rarement vu dans la région», a encore affirmé M. Sabbagh.

«Cependant, la guerre terroriste lancée contre le pays depuis 2011 a changé la donne et a provoqué une crise humanitaire importante.»

Il a remercié le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, d’avoir lancé un appel de financement éclair à la suite des tremblements de terre, mais il a appelé les donateurs internationaux à tenir leurs promesses de financement afin d’améliorer la situation humanitaire.

M. Sabbagh a soutenu que la Syrie est prête à «accueillir favorablement le retour de tous les réfugiés syriens qui ont quitté leur foyer, leur village ou leur ville» depuis 2011, y compris les citoyens «qui ont été contraints par des organisations terroristes à trouver refuge ailleurs».

«J’appelle les pays occidentaux qui demandent aux réfugiés de ne pas retourner dans leur pays d’origine à mettre fin à ces pratiques inhumaines.»

Il a salué les réalisations du sommet de la Ligue arabe à Djeddah en mai, qui «ont redonné à la position arabe collective son éclat et à l’action commune arabe son élan».

«Les pays arabes ont fait part de leur soutien à la Syrie pour préserver sa souveraineté […] et surmonter les circonstances difficiles qu’elle traverse.»

M. Sabbagh a également exprimé le «soutien et la solidarité» de la Syrie avec la Libye et le Maroc après les récentes catastrophes naturelles survenues dans ces deux pays d’Afrique du Nord.

Il a terminé son discours en appelant à ce que l’Assemblée générale des nations unies serve de plate-forme de «dialogue et de diplomatie publique» sans «lancer de fausses accusations ni de campagnes hostiles».

Si on traduit le slogan de l’Agnu, «Reconstruire la confiance et raviver la solidarité mondiale», en «une action réelle et sérieuse», personne ne sera laissé pour compte, a conclu M. Sabbagh.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Parlement libanais approuve un projet de loi sur le secret bancaire

Le Parlement a adopté des amendements à "la loi relative au secret bancaire" et à la législation monétaire, selon le bureau de son président, Nabih Berri. (AFP)
Le Parlement a adopté des amendements à "la loi relative au secret bancaire" et à la législation monétaire, selon le bureau de son président, Nabih Berri. (AFP)
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  • La communauté internationale exige depuis longtemps d'importantes réformes pour débloquer des milliards de dollars afin d'aider à la relance de l'économie libanaise, plongée depuis 2019 dans une profonde crise
  • Selon le groupe de défense des droits libanais Legal Agenda, les amendements autorisent "les organes de contrôle et de régulation bancaire (...) à demander l'accès à toutes les informations" sans fournir de raison particulière

BEYROUTH: Le Parlement libanais a approuvé jeudi un projet de loi sur la levée du secret bancaire, une réforme clé réclamée par le Fonds monétaire international (FMI), au moment où des responsables libanais rencontrent à Washington des représentants des institutions financières mondiales.

Le Parlement a adopté des amendements à "la loi relative au secret bancaire" et à la législation monétaire, selon le bureau de son président, Nabih Berri.

La communauté internationale exige depuis longtemps d'importantes réformes pour débloquer des milliards de dollars afin d'aider à la relance de l'économie libanaise, plongée depuis 2019 dans une profonde crise imputée à la mauvaise gestion et à la corruption.

La récente guerre entre Israël et le Hezbollah a aggravé la situation et le pays, à court d'argent, a désormais besoin de fonds pour la reconstruction.

Selon le groupe de défense des droits libanais Legal Agenda, les amendements autorisent "les organes de contrôle et de régulation bancaire (...) à demander l'accès à toutes les informations" sans fournir de raison particulière.

Ces organismes pourront avoir accès à des informations telles que les noms des clients et les détails de leurs dépôts, et enquêter sur d'éventuelles activités suspectes, selon Legal Agenda.

Le Liban applique depuis longtemps des règles strictes en matière de confidentialité des comptes bancaires, ce qui, selon les critiques, rend le pays vulnérable au blanchiment d'argent.

En adoptant ce texte, le gouvernement avait précisé qu'il s'appliquerait de manière rétroactive pendant 10 ans. Il couvrira donc le début de la crise économique, lorsque les banquiers ont été accusés d'aider certaines personnalités à transférer d'importantes sommes à l'étranger.

Le feu vert du Parlement coïncide avec une visite à Washington des ministres des Finances, Yassine Jaber, et de l'Economie, Amer Bisat, ainsi que du nouveau gouverneur de la Banque centrale, Karim Souaid, pour des réunions avec la Banque mondiale et le FMI.

M. Jaber a estimé cette semaine que l'adoption des amendements donnerait un "coup de pouce" à la délégation libanaise.

En avril 2022, le Liban et le FMI ont conclu un accord sous conditions pour un programme de prêt sur 46 mois de trois milliards de dollars, mais les réformes alors exigées n'ont pour la plupart pas été entreprises.

En février, le FMI s'est dit ouvert à un nouvel accord avec Beyrouth après des discussions avec M. Jaber. Le nouveau gouvernement libanais s'est engagé à mettre en oeuvre d'autres réformes et a également approuvé le 12 avril un projet de loi pour restructurer le secteur bancaire.


Syrie: Londres lève ses sanctions contre les ministères de la Défense et de l'Intérieur

Abdallah Al Dardari, chef régional pour les Etats arabes au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), lors d'une interview avec l'AFP à Damas le 19 avril 2025. (AFP)
Abdallah Al Dardari, chef régional pour les Etats arabes au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), lors d'une interview avec l'AFP à Damas le 19 avril 2025. (AFP)
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  • "Les entités suivantes ont été retirées de la liste et ne sont plus soumises à un gel des avoirs: ministère de l'Intérieur, ministère de la Défense", indique notamment le communiqué du département du Trésor
  • Des agences de renseignement sont également retirées de la liste. La totalité d'entre elles ont été dissoutes par les nouvelles autorités en janvier

LONDRES: Le Royaume-Uni a annoncé jeudi avoir levé ses sanctions contre les ministères syriens de l'Intérieur et de la Défense ainsi que contre des agences de renseignement, qui avaient été imposées sous le régime de Bachar al-Assad.

"Les entités suivantes ont été retirées de la liste et ne sont plus soumises à un gel des avoirs: ministère de l'Intérieur, ministère de la Défense", indique notamment le communiqué du département du Trésor.

Des agences de renseignement sont également retirées de la liste. La totalité d'entre elles ont été dissoutes par les nouvelles autorités en janvier.

Ces autorités, issues de groupes rebelles islamistes, ont pris le pouvoir le 8 décembre.

Le Royaume-Uni avait début mars déjà levé des sanctions à l'égard de 24 entités syriennes ou liées à la Syrie, dont la Banque centrale.

Plus de trois cents individus restent toutefois soumis à des gels d'avoirs dans ce cadre, ainsi qu'une quarantaine d'entités, selon le communiqué du Trésor.

Les nouvelles autorités syriennes appellent depuis la chute d'Assad en décembre dernier à une levée totale des sanctions pour relancer l'économie et reconstruire le pays, ravagé après 14 années de guerre civile.


1983 – L'attaque contre les Marines américains à Beyrouth

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  • Les dégâts sont énormes au quartier général des Marines
  • Quatre couches de ciment s'étaient effondrées pour former des tas de décombres, des incendies brûlaient et l'on entendait beaucoup de cris au milieu du sang

BEYROUTH: Le 23 octobre 1983, aux alentours de 6h25, une violente déflagration secoue Beyrouth et sa banlieue, jusque dans les hauteurs montagneuses. Le souffle, sourd et diffus, fait d’abord penser à un tremblement de terre.

Mais sept minutes plus tard, une seconde explosion, bien plus puissante, déchire la ville et ses environs, dissipant toute confusion: Beyrouth venait de vivre l’un des attentats les plus meurtriers de son histoire.

Je travaillais alors pour le journal libanais As-Safir en tant que correspondant de guerre. Beyrouth était assiégée, dans sa banlieue sud, dans les montagnes et dans la région du Kharoub, par des affrontements entre le Parti socialiste progressiste et ses alliés d'une part, et les Forces libanaises d'autre part, dans ce que l'on appelait la «guerre des montagnes».

Le sud du pays a également été le théâtre de la résistance armée des combattants libanais contre l'occupation israélienne. Ces combattants étaient liés à des partis de gauche et, auparavant, à des factions palestiniennes.

Des forces multinationales, notamment américaines, françaises et italiennes, avaient été stationnées à Beyrouth après le retrait des dirigeants et des forces de l'Organisation de libération de la Palestine, à la suite de l'agression israélienne contre le Liban et de l'occupation de Beyrouth en 1982.

Quelques minutes après les explosions, la réalité s’impose avec brutalité: le quartier général des Marines américains, situé sur la route de l’aéroport de Beyrouth, ainsi que la base du contingent français dans le quartier de Jnah, ont été ciblés par deux attaques-suicides coordonnées.

Les assaillants, non identifiés, ont lancé des camions piégés – chargés de plusieurs tonnes d’explosifs – contre les deux sites pourtant fortement sécurisés, provoquant un carnage sans précédent.

Comment nous l'avons écrit

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Au lendemain des attentats, Arab News faisait état de 120 morts parmi les Marines et de 20 morts parmi les Français, un chiffre nettement inférieur au décompte final.

L'attaque de la base américaine a tué 241 militaires américains – 220 Marines, 18 marins et trois soldats – et en a blessé des dizaines. Le bombardement du site militaire français a tué 58 parachutistes français et plus de 25 Libanais.

Ces attentats étaient les deuxièmes du genre à Beyrouth; un kamikaze avait pris pour cible l'ambassade des États-Unis à Aïn el-Mreisseh six mois plus tôt, le 18 avril, tuant 63 personnes, dont 17 Américains et 35 Libanais.

Les dégâts sont énormes au quartier général des Marines. Quatre couches de ciment s'étaient effondrées pour former des tas de décombres, des incendies brûlaient et l'on entendait beaucoup de cris au milieu du sang, des morceaux de corps et de la confusion. Voici ce que nous, journalistes, avons pu voir au milieu du chaos qui régnait immédiatement après la catastrophe, et ce qui reste gravé dans ma mémoire plus de 40 ans plus tard.

La nuit précédente, un samedi, les Marines avaient fait la fête, divertis par un groupe de musique qui avait fait le voyage depuis les États-Unis pour se produire devant eux. La plupart dormaient encore lorsque la bombe a explosé.

Aucun groupe n'a revendiqué les attentats ce jour-là, mais quelques jours plus tard, As-Safir a publié une déclaration qu'il avait reçue et dans laquelle le «Mouvement de la révolution islamique» déclare en être responsable.

Environ 48 heures après l’attentat, les autorités américaines pointent du doigt le mouvement Amal, ainsi qu’une faction dissidente dirigée par Hussein al-Moussawi, connue sous le nom d’Amal islamique, comme étant à l’origine de l’attaque.

Selon la presse locale de l’époque, la planification de l’attentat aurait eu lieu à Baalbeck, dans la région de la Békaa, tandis que le camion utilisé aurait été aperçu garé devant l’un des bureaux du mouvement Amal.

Le vice-président américain, George H.W. Bush, s'est rendu au Liban le lendemain de l'attentat et a déclaré: «Nous ne permettrons pas au terrorisme de dicter ou de modifier notre politique étrangère.»

La Syrie, l'Iran et le mouvement Amal ont nié toute implication dans les deux attentats.

En riposte à l’attaque visant leurs soldats, les autorités françaises ont lancé une opération militaire d’envergure: huit avions de chasse ont bombardé la caserne Cheikh Abdallah à Baalbeck, que Paris considérait comme un bastion de présences iraniennes.

À l’époque, les autorités françaises ont affirmé que les frappes avaient fait environ 200 morts.

Un responsable de l'Amal islamique a nié que l'Iran disposait d'un complexe dans la région de Baalbeck. Toutefois, il a reconnu le lien idéologique fort unissant son groupe à Téhéran, déclarant: «L’association de notre mouvement avec la révolution islamique en Iran est celle d’un peuple avec son guide. Et nous nous défendons.»

Le 23 novembre, le cabinet libanais a décidé de rompre les relations avec l'Iran et la Libye. Le ministre libanais des Affaires étrangères, Elie Salem, a déclaré que la décision «a été prise après que l'Iran et la Libye ont admis qu'ils avaient des forces dans la Békaa».

Un rapport d'As-Safir cite une source diplomatique: «Les relations avec l'Iran se sont détériorées en raison des interventions, pratiques et activités illégales qu'il a menées sur la scène libanaise, malgré de nombreux avertissements.»

Les attentats du 23 octobre étaient jusqu'alors le signe le plus évident de l'évolution de l'équilibre des forces régionales et internationales au Liban et de l'émergence d'un rôle iranien de plus en plus important dans la guerre civile.

Le chercheur Walid Noueihed m'a expliqué qu'avant 1982, Beyrouth avait accueilli toutes les formes d'opposition, y compris l'élite éduquée, appelée «opposition de velours», et l'opposition armée, dont les membres étaient formés dans des camps ou des centres d'entraînement palestiniens dans la vallée de la Békaa et au Liban-Sud.

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Vue aérienne de l'ambassade américaine à Beyrouth après l'explosion qui a fait 63 morts, dont 46 Libanais et 17 Américains. (AFP)

Il a indiqué que l'opposition iranienne au chah était présente parmi ces groupes et a décrit Beyrouth comme une oasis pour les mouvements d'opposition jusqu'en 1982. Toutefois, cette dynamique a changé lorsqu'Israël a envahi le Liban et assiégé Beyrouth, ce qui a entraîné le départ de l'OLP en vertu d'un accord international qui exigeait en échange qu'Israël s'abstienne de pénétrer dans Beyrouth.

Si les factions palestiniennes ont quitté le Liban, ce n'est pas le cas des combattants libanais associés à l'OLP, pour la plupart des chiites qui constituaient la base des partis de gauche libanais.

Les attaques contre les bases militaires américaines et françaises ont entraîné le retrait des forces internationales du Liban, explique M. Noueihed, laissant une fois de plus Beyrouth sans protection. Les opérations de résistance se sont multipliées, influencées par des idéologies distinctes de celles de la gauche traditionnelle, des groupes comme l'Amal islamique affichant ouvertement des slogans prônant la confrontation avec Israël.

En 1985, le Hezbollah est officiellement créé en tant qu'«organisation djihadiste menant une révolution pour une république islamique». Il s'est attiré le soutien des partis de gauche libanais et palestiniens, en particulier après l'effondrement de l'Union soviétique.

Selon M. Noueihed, l'émergence du Hezbollah a coïncidé avec le déclin des symboles existants de la résistance nationale, ce qui semble indiquer une intention d'exclure toutes les autres forces du pays du mouvement de résistance, laissant le Hezbollah comme parti dominant.

L'influence iranienne au Liban est devenue évidente lors des violents affrontements entre le Hezbollah et Amal, qui ont fait des dizaines de victimes et se sont terminés par la consolidation du contrôle du Hezbollah au milieu de la présence des forces militaires syriennes.

Beyrouth se vide peu à peu de son élite intellectuelle, a souligné M. Noueihed. Des centaines d’écrivains, d’intellectuels, de chercheurs et de professionnels des médias ont fui vers l’Europe, redoutant pour leur sécurité, laissant derrière eux une ville désertée par ceux qui faisaient autrefois vibrer sa vie culturelle et académique.

Najia Houssari est rédactrice pour Arab News, basée à Beyrouth. Elle était correspondante de guerre pour le journal libanais As-Safir au moment du bombardement de la caserne des Marines américains.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com