QAROQOSH: Une centaine de personnes ont péri et 150 autres ont été blessées dans un incendie causé par des feux d'artifice lors d'une fête de mariage dans le nord de l'Irak, selon un bilan encore provisoire annoncé mercredi par les autorités.
Les flammes ont ravagé une salle de fêtes accueillant un mariage avec des centaines d'invités à Qaraqosh, bourgade chrétienne également connue sous le nom de Hamdaniyah, dans la province de Ninive.
D'après les secours, des "feux d'artifice" d'intérieur (ou gerbes d'étincelles), "des matériaux de construction hautement inflammables" mais aussi un nombre insuffisant de sorties de secours seraient à l'origine du drame.
Mercredi, des centaines de personnes se sont rassemblées dans l'après-midi au cimetière de Qaraqosh pour enterrer des proches.
Un a un, une vingtaine de cercueils, parfois couverts d'un tissu de satin ou de gerbes de fleurs, sont arrivés en fendant la foule. Des femmes en larmes, tout de noir vêtues, ne pouvaient avancer que soutenues de chaque côté.
Les autorités sanitaires de Ninive "ont recensé 100 morts et plus de 150 blessés dans l'incendie", a annoncé l'agence de presse officielle INA évoquant un "bilan préliminaire".
Mercredi soir, les autorités n'avaient toujours pas publié de bilan définitif, des responsables ayant eux communiqué des chiffres contradictoires.
Le directeur des autorités sanitaires de Ninive, Mansour Maarouf, a fait état de 94 corps transférés vers différents hôpitaux, précisant lors d'un point presse que seul une trentaine avaient pu être identifiés dans l'immédiat par les familles.
Arrestations
"Près de 900 personnes" étaient dans la salle au moment du drame, a indiqué dans un communiqué le ministre de l'Intérieur, Abdel Amir al-Chammari.
Les services de sécurité ont arrêté 14 personnes --"dont 10 employés, le propriétaire de la salle et trois personnes impliquées dans l'activation des feux d'artifice", d'après la même source.
Peu avant le drame, Martin Idriss, 19 ans, travaillait à la cuisine.
"J'ai cru qu'il y avait eu une explosion (...) les flammes dévoraient toute la salle", raconte-t-il à l'AFP, disant avoir vu "trois corps d'enfants brûlés".
La Défense civile a rapporté la présence de panneaux en préfabriqué "hautement inflammables et contrevenant aux normes de sécurité".
"Les informations préliminaires indiquent que des feux d'artifice (d'intérieur, NDLR) ont été utilisés (...) ce qui a déclenché un incendie dans la salle", selon un communiqué.
Les flammes ont provoqué "la chute de certaines parties du plafond, en raison de l'utilisation de matériaux de construction hautement inflammables et peu coûteux".
La Défense civile a encore fait état "d'émissions de gaz toxiques liées à la combustion des panneaux" contenant du plastique.
"Les sorties de secours étaient fermées, il ne restait que l'entrée principale" pour l'évacuation des invités, a indiqué son porte-parole Jawdat Abdel Rahmane.
Dans la matinée, policiers et secouristes ont inspecté la salle carbonisée, au milieu d'un amas de fer et de tôles tordus, la structure du toit s'étant effondrée, selon un photographe de l'AFP.
Ici et là au sol, une chaussure, un escarpin abandonné, un sac à main et des produits de maquillage.
«On étouffait»
Brûlée à la main, Rania Waad, 17 ans, se trouve à l'hôpital de Hamdaniyah.
Les mariés "dansaient un slow, les feux d'artifice ont commencé à monter vers le plafond, toute la salle s'est enflammée", raconte l'adolescente, la voix nouée par les sanglots. Les invités étaient "très nombreux".
"On ne voyait rien, on étouffait, on ne savait pas comment sortir".
Le Premier ministre Mohamed Chia al-Soudani a réclamé une commission d'enquête et appelé à "prodiguer les meilleurs soins aux blessés".
Dans un pays aux infrastructures en déliquescence après des décennies de conflit, les normes de sécurité sont peu respectées dans la construction ou les transports.
En 2021, deux incendies avaient fait plusieurs dizaines de morts dans des hôpitaux, à quelques mois d'intervalles seulement.
Comme de nombreuses localités chrétiennes de Ninive, Qaraqosh avait été saccagée par les djihadistes du groupe Etat islamique (EI) lorsqu'ils étaient entrés dans la ville en juin 2014.
La localité avait été lentement reconstruite après la mise en déroute de l'EI en 2017 et avait reçu la visite du pape François en mars 2021.