Appel rejeté pour l'opposant russe Navalny de sa condamnation à 19 ans de prison

L'opposant russe emprisonné Alexeï Navalny est vu sur un écran via une liaison vidéo depuis sa prison lors des audiences du tribunal sur l'affaire pénale d'extrémisme contre lui à la Cour suprême de Russie à Moscou le 22 juin 2023. (Photo, AFP)
L'opposant russe emprisonné Alexeï Navalny est vu sur un écran via une liaison vidéo depuis sa prison lors des audiences du tribunal sur l'affaire pénale d'extrémisme contre lui à la Cour suprême de Russie à Moscou le 22 juin 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 27 septembre 2023

Appel rejeté pour l'opposant russe Navalny de sa condamnation à 19 ans de prison

  • La cour d'appel a décidé «de laisser inchangé le jugement de Alexeï Navalny en première instance», a déclaré le juge Viktor Rogov
  • Navalny, qui était déjà emprisonné pour «fraude» avant cette nouvelle condamnation, dénonce ces jugements comme des vengeances politiques

MOSCOU: La justice russe a rejeté mardi l'appel de l'opposant Alexeï Navalny de sa condamnation à 19 ans de prison pour "extrémisme", un verdict qui doit l'envoyer dans une colonie pénitentiaire aux conditions encore plus rudes.

La cour d'appel a décidé "de laisser inchangé le jugement de M. Navalny en première instance", a déclaré le juge Viktor Rogov, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Le critique numéro 1 du Kremlin avait comparu plus tôt dans la journée par lien vidéo depuis sa prison.

M. Navalny, qui était déjà emprisonné pour "fraude" avant cette nouvelle condamnation, dénonce ces jugements comme des vengeances politiques pour son combat de longue date contre le président russe Vladimir Poutine, la corruption des élites et ses critiques de l'assaut russe contre l'Ukraine.

Le militant anticorruption de 47 ans avait peu d'illusions sur l'issue de ce pourvoi, estimant que la durée de son emprisonnement sera "mesurée par la durée de (s)a vie ou la durée de vie de ce régime".

Détenu dans la colonie pénitentiaire IK-6 de Melekhovo, à 250 kilomètres à l'est de Moscou, où il est régulièrement envoyé en cellule disciplinaire, M. Navalny devrait ainsi voir ses conditions de détention empirer.

Il devra purger sa nouvelle peine dans une des colonies russes à "régime spécial", des établissements du système carcéral russe d'ordinaire réservés aux condamnés à perpetuité et aux criminels les plus dangereux.

A l'issue de l'annonce du rejet de l'appel, une de ses avocates, Olga Mikhaïlova, a déploré auprès de l'AFP que son client "puisse être envoyé n'importe quand" dans un de ces établissements, une fois la décision enregistrée auprès de la justice.

Depuis son arrestation en janvier 2021, M. Navalny communique essentiellement via des messages transmis à ses avocats, continuant avec humour de dénoncer la politique du Kremlin et l'offensive en Ukraine. En août, il a appelé les Russes à "résister" à la "bande de traîtres, de voleurs et de crapules qui ont pris le pouvoir".

Dans une colonie à "régime spécial", ses prises de parole risquent toutefois d'être beaucoup plus rares, les visites étant nettement plus limitées.

Goulag soviétique

Il existe une quarantaine de prisons de ce type en Russie, souvent situées dans des endroits très reculés et qui fonctionnent sous une administration qui n'a guère été réformée depuis le goulag soviétique, selon les défenseurs des droits humains.

Le temps que M. Navalny a passé derrière les barreaux a déjà eu des conséquences sur sa santé: le charismatique militant, autrefois rayonnant, apparaît aujourd'hui amaigri et vieilli.

Il avait échappé de peu à la mort lorsqu'il avait été empoisonné en août 2020, passant plusieurs mois de convalescence en Allemagne. Il avait été arrêté dès son retour en Russie en 2021.

Sa santé s'est encore détériorée ces derniers mois, au cours desquels il a fait de multiples séjours en cellule d'isolement. Avant l'examen de son appel, il y a été envoyé pour la 20e fois, selon son équipe.

"Hier, à 17 heures, j'ai été libéré de la cellule d'isolement. Aujourd'hui, à 8 heures, j'y ai été renvoyé. Quatre jours", écrivait M. Navalny par l'intermédiaire de son équipe sur les réseaux sociaux la semaine dernière.

"Pourquoi pour une durée aussi courte ? Parce que dans quatre jours exactement, j'ai une audience d'appel", ironisait-il.

La plupart des alliés d'Alexeï Navalny ont été contraints à l'exil ces dernières années et plusieurs ont été jetés en prison, condamnés à de lourdes peines.

Les pays occidentaux ont appelé à la libération immédiate de l'opposant.


Israël : Netanyahu revient sur son choix pour la direction du Shin Bet

Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
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  • La nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 
  • M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

JERUSALEM : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mardi être revenu sur son choix pour le nouveau directeur de l'Agence de la sécurité intérieure (Shin Bet) après que son candidat a été critiqué à Washington par un influent sénateur.

« Lundi, M. Netanyahu a de nouveau rencontré le vice-amiral [Eli] Sharvit à propos de sa nomination à la tête du Shin Bet », indique un communiqué du Bureau du Premier ministre.

Il l'a « remercié [...] d'avoir répondu à l'appel du devoir, mais l'a informé qu'après plus ample considération, il avait l'intention d'examiner d'autres candidatures », a indiqué un communiqué du bureau de M. Netanyahu.

Ce revirement soudain survient après que la nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 

« S'il est vrai que l'Amérique n'a pas de meilleur ami qu'Israël, la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet est plus que problématique », a écrit M. Graham sur X.

« Mon conseil à mes amis israéliens est de changer de cap et d'examiner plus minutieusement le passé de leur candidat », a-t-il ajouté, notant que des « déclarations » de l'amiral Sharvit « sur le président Trump et sa politique créeraient des tensions inutiles à un moment critique ».

M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

La décision de démettre M. Bar de ses fonctions, en qui M. Netanyahu dit ne plus avoir confiance, est fortement critiquée en Israël où les manifestations se multiplient contre le gouvernement et contre ce qui est perçu par ses opposants comme une dérive dictatoriale du Premier ministre.


Ukraine : Poutine « reste ouvert à tout contact » avec Trump, après ses critiques selon le Kremlin

Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
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  • « Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
  • Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

MOSCOU : Vladimir Poutine « reste ouvert à tout contact » avec son homologue américain Donald Trump, a affirmé lundi le Kremlin, après les critiques du locataire de la Maison Blanche à l'encontre du président russe malgré leur rapprochement entamé depuis plusieurs semaines.

« Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien, précisant qu'« aucun » nouvel appel entre les deux dirigeants n'était « prévu pour l'instant ».

Donald Trump a dit à la chaîne américaine NBC être « très énervé, furieux » envers son homologue russe, après que ce dernier eut évoqué l'idée d'une « administration transitoire » en Ukraine, sans son président actuel, Volodymyr Zelensky.

Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

Ces dernières semaines, Moscou et Washington ont convenu d'une remise à plat de leurs relations bilatérales, très fortement dégradées par des années de tensions, qui ont culminé depuis 2022 avec le déclenchement de l'assaut russe contre l'Ukraine, soutenue par les États-Unis.

Donald Trump, qui souhaite mettre fin au conflit le plus rapidement possible, a également menacé la Russie de nouvelles taxes sur le pétrole russe si aucun accord n'était trouvé.

Or, la manne financière issue de la vente de son or noir est vitale pour Moscou, qui doit financer son offensive en Ukraine, particulièrement coûteuse.

Le président russe Vladimir Poutine a rejeté plus tôt ce mois-ci la proposition de cessez-le-feu inconditionnel de Donald Trump en Ukraine, que Kiev avait pourtant acceptée sous pression américaine.

Lundi, Dmitri Peskov a martelé que la Russie continuait à travailler « tout d'abord sur l'établissement de relations bilatérales et nous travaillons également sur la mise en œuvre de certaines idées liées au règlement ukrainien ».

« Le travail est en cours. Il n'y a pas encore de détails précis. Il s'agit d'un processus qui prend du temps, probablement en raison de la complexité du sujet », a-t-il poursuivi.


Lutte contre l'immigration clandestine : plus de 40 pays réunis à Londres

Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
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  • Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale.
  • Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

LONDRES : Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale, un dossier prioritaire pour Londres.

Le dirigeant travailliste, qui a pris ses fonctions en juillet dernier, a promis, comme ses prédécesseurs conservateurs, d'endiguer le phénomène des « small boats » (petits bateaux) en luttant contre les réseaux de passeurs.

Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

Keir Starmer donnera le coup d'envoi de ce « premier grand sommet international organisé au Royaume-Uni pour faire face à l'urgence de l'immigration clandestine », qui se tiendra sous la houlette de la ministre de l'Intérieur Yvette Cooper.

Le ministre français Bruno Retailleau et son homologue allemande Nancy Faeser sont attendus, de même que des représentants du reste de l'Europe, d'Asie, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique du Nord, y compris des États-Unis.

Les discussions porteront sur la collaboration entre les États pour démanteler les réseaux de passeurs de migrants, notamment vers le Royaume-Uni et les pays de l'Union européenne.

« Je ne crois tout simplement pas qu'il soit impossible de s'attaquer à la criminalité organisée liée à l'immigration », a déclaré le dirigeant travailliste dans un communiqué diffusé dimanche par le ministère de l'Intérieur.

- « Consensus mondial » -

« Nous devons combiner nos ressources, partager nos renseignements et nos tactiques, et nous attaquer au problème en amont », doit-il ajouter.

Ce sommet s'inscrit dans le prolongement des discussions que Mme Cooper avait eues en décembre avec ses homologues belge, allemand, français et néerlandais.

Les cinq pays avaient alors signé un plan d'action commun destiné à renforcer la coopération pour lutter contre ces réseaux de passeurs de migrants.

Le sommet de cette semaine réunira des représentants de pays de départ de migrants, comme le Vietnam ou l'Irak, ainsi que de pays de transit, comme ceux des Balkans.

Il réunira également le directeur de la Border Force, l'agence responsable des opérations de contrôle de la frontière au Royaume-Uni, ainsi que des représentants d'Interpol, d'Europol et d'Afripol.

Selon le ministère britannique de l'Intérieur, les ministres discuteront de l'équipement, de l'infrastructure et des faux papiers que les bandes criminelles utilisent pour faire entrer des personnes illégalement.

Ils examineront également le fonctionnement des filières et chercheront à « établir un consensus mondial sur la lutte » contre le recrutement de migrants en ligne.

Les Britanniques souhaitent également voir avec la Chine comment elle peut cesser d'exporter des moteurs et d'autres pièces détachées de petits bateaux utilisés pour les traversées de la Manche.

Keir Starmer est sous pression, face à la montée du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, qui a obtenu environ quatre millions de voix lors des élections générales de juillet, un résultat sans précédent pour un parti d'extrême droite.

Le Premier ministre a comparé les passeurs d'immigrés clandestins à des « terroristes ». En réponse, son gouvernement a introduit un projet de loi conférant aux forces de l'ordre des pouvoirs comparables à ceux dont elles disposent en matière de lutte antiterroriste, afin de combattre ces réseaux.

En février, le gouvernement a durci les règles d'acquisition de la nationalité pour la rendre pratiquement impossible à une personne arrivée illégalement au Royaume-Uni.

Il a aussi annoncé des règles plus strictes en matière de droit du travail.

« Fermer les yeux sur le travail illégal fait le jeu des passeurs qui tentent de vendre des places sur des bateaux peu solides et surchargés en promettant un travail et une vie au Royaume-Uni », a déclaré dimanche Mme Cooper, citée dans un communiqué de son ministère.

Au total, plus de 157 770 migrants sont arrivés au Royaume-Uni en traversant la Manche à bord de petites embarcations depuis que le gouvernement a commencé à collecter des données en 2018.