TORONTO: Portraits de Narendra Modi piétinés, drapeaux indiens brûlés: des centaines de sikhs ont manifesté lundi devant les missions diplomatiques de l'Inde au Canada, une semaine après la déclaration choc de Justin Trudeau envers New Delhi.
"Nous ne sommes pas en sécurité ici au Canada", déplore Joe Hotha, membre de la communauté religieuse sikh de Toronto, en référence au meurtre en juin du citoyen canadien Hardeep Singh Nijjar dans l'Ouest du pays.
Lundi dernier, le Premier ministre canadien a suggéré devant le Parlement que New Delhi était impliqué dans l'assassinat de ce leader sikh, déclenchant une crise diplomatique d'envergure entre les deux nations.
"Notre Premier ministre (Justin Trudeau, ndlr) a tout dit devant le Parlement, il n'y a plus d'excuses", lance Harpar Gosal, canadien sikh de Toronto, aux côtés d'autres manifestants.
Drapeau jaune du Khalistan à la main, cet Etat indépendant que les sikhs espèrent créer dans la région du Pendjab, au nord de l'Inde, il est venu manifester devant le consulat indien contre les "terroristes indiens".
Comme lui, plusieurs centaines de Canadiens sikhs se sont rassemblés à Toronto mais aussi à Ottawa et à Vancouver, pour dénoncer les agissements du gouvernement du Premier ministre Narendra Modi.
Le Canada abrite la communauté sikhe la plus importante du monde en dehors de l'Inde avec 770 000 Canadiens qui se revendiquaient du sikhisme en 2021, soit 2% de la population du pays.
De son côté, le gouvernement indien a qualifié les accusations canadiennes d'"absurdes" et démenti "tout acte de violence au Canada".
Il a également déconseillé à ses ressortissants de se rendre dans certaines régions canadiennes "compte tenu de la multiplication des activités anti-indiennes" et a cessé "temporairement" de traiter les demandes de visas au Canada.
Depuis, les relations diplomatiques entre les deux pays sont au plus bas, marquées par des expulsions réciproques de diplomates tandis que Justin Trudeau a appelé à plusieurs reprises les autorités indiennes à coopérer dans l'enquête.
Hardeep Singh Nijjar a été abattu en juin par deux hommes masqués sur le parking du temple sikh qu'il dirigeait à Surrey, près de Vancouver, en Colombie-Britannique (ouest). Il a succombé à ses blessures sur place.