Commerce extérieur: Et si la France finalement ne s'en sortait pas si mal?

Un employé d'une usine travaille sur une chaîne d'assemblage de voitures à l'usine PSA de Kénitra, au Maroc, le 21 juin 2019 (Photo, AFP).
Un employé d'une usine travaille sur une chaîne d'assemblage de voitures à l'usine PSA de Kénitra, au Maroc, le 21 juin 2019 (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 26 septembre 2023

Commerce extérieur: Et si la France finalement ne s'en sortait pas si mal?

  • La France a connu en 2022 un déficit commercial abyssal de 164 milliards d'euros, principalement en raison du coût d'importation des énergies fossiles
  • Les échanges de services de la France ont triplé en 20 ans et le pays a augmenté «ses parts de marché à l'exportation de services»

PARIS: Sortir de la "myopie" sur le commerce extérieur: c'est l'objectif d'une vaste étude sur les échanges de la France avec l'étranger, qui relève le dynamisme des exportations de services et la multitude de filiales d'entreprises françaises implantées hors de l'Hexagone.

Publiée au début de l'été, l'étude du centre de réflexion La Fabrique de l'Exportation et de l'Ecole supérieure du commerce extérieur (ESCE) bénéficie mardi d'un nouveau coup de projecteur, à l'occasion d'un débat organisé par le Cepii (Centre d'études prospectives et d'information internationales, placé auprès de la Première ministre).

"On peut être surpris de la forme de myopie qui caractérise l'analyse des échanges internationaux de la France en réduisant ceux-ci aux seuls échanges de biens", s'étonne son auteur Daniel Mirza, chercheur associé au Cepii et professeur à l'université de Tours.

Si l'on s'en tient uniquement aux échanges de biens, la France a connu en 2022 un déficit commercial abyssal de 164 milliards d'euros, principalement en raison du coût d'importation des énergies fossiles (gaz, pétrole).

Mais "depuis les années 1970 se sont développées de nouvelles formes d'échanges économiques internationaux", comme "les échanges commerciaux de services et les implantations d'entreprises à l'étranger", rappelle Daniel Mirza, qui a exploité pour son étude des données de la Banque de France, de l'OCDE ou de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC).

En élargissant la focale, il établit ainsi que les échanges de services de la France ont triplé en 20 ans et que le pays a augmenté "ses parts de marché à l'exportation de services", là où celles de l'Espagne, de l'Italie ou du Royaume-Uni ont baissé.

Attention toutefois, les échanges de services sont "très mal mesurés", avertit l'économiste Isabelle Méjean auprès de l'AFP. "Historiquement les biens passent par la frontière, donc par un bureau de douane", ce qui en facilite la mesure, "alors que les services ce sont des déclarations en ligne", moins faciles à tracer, ajoute la professeure à Sciences Po, spécialiste du commerce international.

Outre le dynamisme des services, l'étude estime que le nombre de filiales françaises à l'étranger a grossi de 50% entre 2010 et 2019, pour atteindre près de 50.000 filiales.

Made by France

Petit cocorico au passage, "les filiales françaises à l'étranger sont bien plus diversifiées que les filiales allemandes", concentrées dans les domaines du commerce/réparation et de la finance, selon l'étude.

Plutôt que de se limiter au "Made in France" (la production de biens et services sur le territoire), Daniel Mirza suggère donc de s'intéresser au "Made by France" (le même indicateur, élargi à la production des filiales françaises à l'étranger).

Sans surprise, "au sein du groupe des 5 pays comparés (Allemagne, Espagne, Italie, Royaume-Uni, France), la part de marché du Made by France (24,5%) apparaît supérieure à celle du Made in France (18,6%)".

Si les services et les filiales étrangères se portent bien, Daniel Mirza n'occulte pas pour autant les difficultés de l'industrie française et il recommande notamment "d'encourager les formations pour les métiers de l'industrie lourde".

"Regagner en attractivité, c'est très multiforme", commente Isabelle Méjean. "On a fait beaucoup sur les coûts depuis vingt ans (CICE, baisse d'impôts de production)", mais il n'y a pas eu pour autant de "miracle" industriel français, d'où la nécessité de gagner en compétitivité "hors coûts".

L'étude de M. Mirza juge encore que "des mesures d'accompagnement ciblées peuvent aider les PME à l'exportation", alors qu'un plan gouvernemental justement ciblé sur ces firmes de moins de 250 salariés a été présenté fin août.

"Toutefois, l'essentiel des flux d'exportations étant réalisés par les grandes entreprises françaises, il est surtout important d'encourager le maintien en France de leurs usines et de leurs sièges sociaux", poursuit-elle.

En mai, le Haut Commissariat au Plan suggérait déjà de cibler les efforts de redressement de la balance commerciale en les dirigeant vers les filières les plus déficitaires.

"Le commerce international est basé principalement sur l'avantage comparatif" d'un pays par rapport à un autre, rappelle Isabelle Méjean. "Ce n'est pas évident qu'il faille faire de la subvention, mais il ne faut pas craindre d'être trop spécialisé", conclut-elle.


TotalEnergies vend des actifs solaires en Amérique du Nord et recevra 950 millions de dollars

TotalEnergies vise une rentabilité des capitaux employés moyens de 12% dans l'électricité, un niveau s'approchant de celui de ses activités d'hydrocarbures. (AFP)
TotalEnergies vise une rentabilité des capitaux employés moyens de 12% dans l'électricité, un niveau s'approchant de celui de ses activités d'hydrocarbures. (AFP)
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  • "La transaction porte sur 6 centrales solaires représentant une capacité totale de 1,3 gigawatt, ainsi que 41 installations de production (...) totalisant 140 mégawatts, principalement aux États-Unis"
  • A l'issue de l'opération et "grâce au refinancement bancaire en cours de finalisation", TotalEnergies recevra 950 millions de dollars.

PARIS: Le géant pétro-gazier français TotalEnergies a annoncé lundi céder la moitié d'un portefeuille principalement composé de centrales solaires en Amérique du Nord à un fonds d'investissement américain, opération qui lui permettra d'engranger 950 millions de dollars.

"La transaction porte sur 6 centrales solaires représentant une capacité totale de 1,3 gigawatt, ainsi que 41 installations de production (...) totalisant 140 mégawatts, principalement aux États-Unis. L'électricité produite par ces projets a déjà été vendue à des tiers ou sera commercialisée par TotalEnergies", détaille le groupe français dans un communiqué.

A l'issue de l'opération et "grâce au refinancement bancaire en cours de finalisation", TotalEnergies recevra 950 millions de dollars. Le groupe continuera à opérer les actifs qu'il conservera.

"Cette transaction s'inscrit pleinement dans notre stratégie, car elle valorise des actifs récemment mis en service et renforce la rentabilité de notre activité Integrated Power", a déclaré Stéphane Michel, directeur de la branche "Gas, Renewables et Power", cité dans le communiqué.

TotalEnergies vise une rentabilité des capitaux employés moyens de 12% dans l'électricité, un niveau s'approchant de celui de ses activités d'hydrocarbures.

Le groupe explique vendre "jusqu'à 50% de ses actifs renouvelables une fois qu'ils atteignent leur date de mise en service commerciale (COD) et qu'ils sont dérisqués" afin de "maximiser la valeur de son portefeuille et de gérer les risques".

A la suite d'une décision du conseil d'administration de TotalEnergies mercredi, les actions TotalEnergies pourront s'échanger sur deux places différentes, Euronext à Paris et le New York Stock Exchange aux Etats-Unis. Aucun calendrier n'a été précisé.


La France renforce sa coopération verte avec les Émirats au WETEX 2025

(Photo: fournie)
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  • La France aligne ses innovations en matière d’eau, d’énergie renouvelable et de résilience climatique avec les objectifs ambitieux des Émirats pour 2036 et 2050
  • 13 entreprises au WETEX 2025 illustrent la capacité française à répondre aux défis environnementaux régionaux

DUBAI: La France confirme son rôle de partenaire stratégique en matière d’innovation durable lors du WETEX 2025, le salon de référence au Moyen-Orient pour les technologies liées à l’eau, à l’énergie et à l’environnement. Du 30 septembre au 2 octobre, treize entreprises françaises – dont neuf exposeront pour la première fois – seront réunies sous le Pavillon France, coordonné par Business France, pour présenter leurs solutions innovantes en matière de gestion hydrique, d’énergies renouvelables et de résilience climatique.

La participation française s’inscrit dans les objectifs de durabilité définis par les Émirats Arabes Unis, notamment leur engagement vers la neutralité carbone à l’horizon 2050 et leur Stratégie nationale de sécurité de l’eau pour 2036. Le pays prévoit d’investir plus de 200 milliards d’AED d’ici 2030 pour développer les infrastructures énergétiques durables, tout en réduisant de 21 % la demande en eau, en réutilisant 95 % des eaux traitées, et en abaissant de trois points l’indice national de rareté de l’eau.

« WETEX offre un accès direct aux décideurs de la région et à ceux qui façonnent les projets majeurs de demain. La présence française ici témoigne non seulement de notre capacité d’innovation, mais aussi d’un engagement durable aux côtés des Émirats et des pays du Golfe », souligne Axel Baroux, Directeur Général de Business France pour le Proche et Moyen-Orient.

Le Pavillon France rassemblera un large éventail de technologies conçues pour répondre aux enjeux du climat et des ressources. En matière de solutions hydriques, les sociétés Kumulus SAS et STEM SAS ont récemment été primées lors du Prix Mondial de l’Eau Mohammed bin Rashid Al Maktoum 2025.

Kumulus a été distinguée pour son générateur d’eau atmosphérique fonctionnant à l’énergie solaire, capable de produire jusqu’à 30 litres d’eau potable par jour. STEM a quant à elle été récompensée pour AQUAHIVE, un système de distillation membranaire à haut rendement énergétique, destiné à la purification de l’eau de mer et des eaux usées.

Des entreprises comme Veolia jouent un rôle central dans la stratégie hydrique des Émirats, grâce à des technologies avancées de filtration à barrières multiples et des systèmes de surveillance assistés par intelligence artificielle. Leur présence locale renforcée et leur expérience des partenariats public-privé font d’elles des partenaires de long terme pour le pays.

Le Pavillon France réunit des solutions innovantes : production d’eau à partir de l’air (Air Water Activity, Helio Water), optimisation hydrique (Aquaspot, Cifec), protections anti-inondation (Flowstop), capteurs environnementaux (Hemera, YellowScan), énergies renouvelables (Stolect, Sunstream, Vaisala), automatisation industrielle (Bernard Controls), valorisation des déchets (Leroux et Lotz), et infrastructures hydrauliques (Trouvay & Cauvin).

Partenaire du Pavillon France, TotalEnergies réaffirme son engagement à soutenir la transition énergétique et la gestion durable de l’eau dans la région. L’entreprise accompagne également les PME françaises à l’international à travers des missions de prospection collective, le programme V.I.E (Volontariat International en Entreprise), ainsi que des aides financières et opérationnelles ciblées.

L’initiative portée par Business France bénéficie également du soutien d’acteurs comme Terracotta, Ubigi et Air France, qui accompagnent la délégation française dans cette démarche de rayonnement international.


Fin des mises à jour sur Windows 10 : quelles conséquences ?

Le président-directeur général de Microsoft, Satya Nadella, s'exprime lors de la conférence Microsoft Build 2025, à Seattle, dans l'État de Washington, le 19 mai 2025. (Photo de Jason Redmond / AFP)
Le président-directeur général de Microsoft, Satya Nadella, s'exprime lors de la conférence Microsoft Build 2025, à Seattle, dans l'État de Washington, le 19 mai 2025. (Photo de Jason Redmond / AFP)
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  • Dans une note en ligne, Microsoft a conseillé aux utilisateurs de passer à Windows 11, disponible depuis 2021
  • Mais certains ordinateurs ne sont pas compatibles avec cette transition : pour ces cas, l'entreprise propose une formule de mises à jour étendues, au tarif de 30 dollars et pour une durée d'un an

PARIS: La fin mi-octobre des mises à jour de Windows 10, le logiciel d'exploitation de Microsoft, suscite les critiques d'associations et les inquiétudes de nombreux utilisateurs qui craignent de devoir changer leurs ordinateurs.

Qu'en est-il de cet arrêt, et quelles seront ses conséquences ?

Que va-t-il se passer le 14 octobre ?

A partir du 14 octobre, les ordinateurs fonctionnant avec Windows 10, une version apparue en 2015, cesseront de recevoir des mises à jour de la part de son développeur, Microsoft.

Ces correctifs étaient destinés à "mettre régulièrement à jour le système d'exploitation, car il était devenu la cible de nombreuses cyberattaques", explique à l'AFP Martin Kraemer, spécialiste de la sensibilisation à la sécurité au sein de l'entreprise américaine KnowBe4.

Quelles conséquences pour les consommateurs ?

Dans une note en ligne, Microsoft a conseillé aux utilisateurs de passer à Windows 11, disponible depuis 2021.

Mais certains ordinateurs ne sont pas compatibles avec cette transition : pour ces cas, l'entreprise propose une formule de mises à jour étendues, au tarif de 30 dollars et pour une durée d'un an.

Une situation dénoncée par des associations de consommateurs.

Aux États-Unis, l'association Consumer Reports a déploré le fait que "des ordinateurs incapables de faire fonctionner Windows 11 étaient encore disponibles à la vente en 2022 et 2023", et risquent ainsi de devenir obsolètes trois ans après leur achat.

En France, une coalition de 22 associations, dont l'UFC-Que Choisir et Halte à l'obsolescence programmée (HOP), ont lancé une pétition pour demander des mises à jour gratuites jusqu'en 2030.

Sollicité par l'AFP, Microsoft a refusé d'indiquer combien d'utilisateurs seraient concernés.

Mais selon Consumer Reports, près de 650 millions de personnes à l'échelle mondiale utilisaient Windows 10 au mois d'août. D'après une autre association américaine, le Public Interest Research Group (PIRG), jusqu'à 400 millions d'ordinateurs seraient incompatibles avec Windows 11.

Quels sont les risques ?

Pour les utilisateurs qui ne peuvent pas passer à Windows 11 et qui continueraient à utiliser Windows 10 sans souscrire à l'extension de mises à jour Microsoft, les vulnérabilités face aux cyberattaques vont s'accroître.

"En ne recevant plus les mises à jour, vous n'êtes plus protégés contre les menaces cyber les plus récentes", explique Martin Kraemer.

Si le danger est "très difficile" à quantifier, selon le spécialiste, il est certain que les utilisateurs de Windows 10 deviendront des cibles privilégiées pour les cyberattaquants en quête de failles de sécurité.

Les applications sont aussi concernées, soulève Paddy Harrington, analyste au sein du cabinet américain Forrester.

"Les fournisseurs d'applications comptent sur le fournisseur du système d'exploitation pour assurer certaines fonctionnalités et si celles-ci ne sont pas mises à jour, le fournisseur d'application ne peut pas s'assurer que son application continuera à fonctionner correctement", assure-t-il.

Quelles options alternatives ?

Interrogés au sujet de l'efficacité de logiciels antivirus, les experts soulignet leur insuffisance face à un système d'exploitation non mis à jour.

"Il y a une limite à la protection qu'ils peuvent offrir (...). C'est bien mieux que de ne rien faire, mais cela devrait être une solution temporaire, le temps de trouver une solution permanente", déclare Paddy Harrington à l'AFP.

Reste la possibilité de changer pour un autre système d'exploitation, en gardant son ordinateur. Des logiciels libres, tels que Linux, peuvent ainsi être utilisés, mais nécessitent d'être installés par l'utilisateur.

"Tant que vos applications supportent ce système d'exploitation et que vos outils de gestion et de sécurité le prennent en charge, c'est un bon choix", assure Paddy Harrington.