«C'est la meilleure occasion pour la paix au Yémen», déclare Tim Lenderking

Tim Lenderking, l'envoyé spécial des États-Unis pour le Yémen (Capture d’écran).
Tim Lenderking, l'envoyé spécial des États-Unis pour le Yémen (Capture d’écran).
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Publié le Dimanche 24 septembre 2023

«C'est la meilleure occasion pour la paix au Yémen», déclare Tim Lenderking

  • En marge de l'Assemblée générale des Nations unies, Tim Lenderking examine comment la trêve pourrait ouvrir la voie à la fin du conflit
  • Il a déclaré: «Le Yémen est mon objectif 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. C'est la mission de mon cœur. C'est la mission de mon équipe»

NEW YORK: Lors d’une première visite officielle en Arabie saoudite depuis le début de la guerre au Yémen en 2014, une délégation de rebelles houthis s'est rendue à Riyad la semaine dernière pour cinq jours de discussions sur un accord potentiel qui pourrait accélérer la fin des hostilités.

Des progrès ont été signalés sur un grand nombre des principaux points de blocage, notamment un calendrier pour le départ des troupes étrangères du Yémen et un mécanisme de paiement des salaires des fonctionnaires publiques. La réouverture complète des ports contrôlés par les Houthis et de l'aéroport de Sanaa, ainsi que les efforts de reconstruction, ont également fait partie des questions discutées.

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Des soldats houthis défilent lors d'une parade militaire officielle dans la capitale yéménite, Sanaa, le 21 septembre 2023 (Photo, Mohammed Huwais/AFP).

Antony Blinken, secrétaire d'État américain, a fait l'éloge de ces réunions qui constituent les négociations publiques de plus haut niveau avec les Houthis en Arabie saoudite au cours des neuf dernières années, en les qualifiant d’«occasion unique». Le gouvernement saoudien «s'est félicité des résultats positifs de ces discussions sérieuses.»

Toutefois, malgré la baisse générale de la violence au Yémen, les responsables de l'ONU ont averti que la situation sur le terrain reste «fragile et difficile» et que «les lignes de front ne sont pas silencieuses».

Selon Timothy Lenderking, envoyé spécial des États-Unis pour le Yémen depuis février 2021, Washington travaille sans relâche pour mettre fin au conflit qui a tué et mutilé des centaines de milliers de personnes et rendu 80% de la population du Yémen dépendante de l'aide humanitaire.

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Tim Lenderking, l'envoyé spécial des États-Unis pour le Yémen (Photo fournie).

«Le Yémen est mon objectif 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. C'est la mission de mon cœur. C'est la mission de mon équipe», a déclaré Lenderking lors d'un entretien accordé à Arab News à New York, en marge de la 78e session de l'Assemblée générale des Nations unies.

«L'administration Biden a pour mission de veiller à ce que cette terrible guerre, qui a déplacé et tué tant de personnes et perturbé la région, puisse prendre fin d'une manière juste et globale», a-t-il ajouté.

Bien que l'année passée ait été marquée à la fois par des problèmes humanitaires et par une désescalade au Yémen, Lenderking, diplomate de carrière dont le titre officiel est celui de secrétaire adjoint aux affaires du Golfe, a généralement fait part de son optimisme depuis que le gouvernement yéménite reconnu par la communauté internationale et les rebelles houthis soutenus par l'Iran ont conclu un accord de trêve en avril 2022.

En bref

• Tim Lenderking a déclaré que les réunions tenues par le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, sur le Yémen montrent la détermination de la communauté internationale à faire avancer le processus de paix.

• Le ministre saoudien de la Défense, le prince Khaled ben Salmane, a réaffirmé «l'engagement de Riyad à promouvoir le dialogue entre toutes les parties» lorsqu'il a rencontré les négociateurs houthis lors de leur récente visite de cinq jours à Riyad.

L'année dernière, en marge de la 77e Assemblée générale de l’ONU, quelques mois après l'entrée en vigueur de la trêve, Lenderking a déclaré à Arab News que les avantages dont bénéficiait le peuple yéménite avaient ouvert la voie à un cessez-le-feu durable qui devait être conclu dans les mois suivants.

«Mon optimisme de l'année dernière n'était pas déplacé car, après la trêve, nous sommes restés dans une période de désescalade qui dure depuis 18 mois, sans aucune attaque transfrontalière», a déclaré Lenderking.

«Rappelons le rythme et la fureur de ces attaques dans les premiers jours de la guerre, dont plus de 400 attaques en provenance du Yémen en 2020. L'aéroport de la capitale commerciale, Sanaa, a été ouvert aux vols commerciaux. Ceux-ci sont passés de trois à six par semaine», a-t-il précisé.

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De la fumée s'échappe d'une installation de stockage de pétrole d’Aramco après une attaque Houthie à Djeddah, le 26 mars 2022 (Photo, Reuters/Archives).

Lenderking a qualifié ce développement de «goutte d'eau dans l'océan», mais a ajouté qu'il représentait «des progrès notables et des avantages tangibles» pour la population yéménite.

«Après tout, il s'agit de deux parties qui s'affrontent intensément depuis plusieurs années. Le fait qu'elles se parlent, se rendent visite et passent des jours dans leurs capitales respectives est une évolution très importante», a-t-il estimé.

Lenderking a ajouté: «Personne ne dit qu'il y a une percée, mais il semble que ces contacts aient été suffisamment positifs pour qu'ils se poursuivent. Nous souhaitons vivement qu'ils aboutissent à des résultats positifs et qu'ils commencent à démêler la méfiance qui a prévalu. Ils vont devoir vivre ensemble un jour ou l’autre.»

Il a indiqué: «Les efforts considérables qui ont été déployés de manière très positive entre l'Arabie saoudite et les Houthis doivent être transférés au processus dirigé par les Nations unies. Nous voulons aller au-delà de la trêve actuelle, qui est très positive mais insuffisante, et passer à un cessez-le-feu durable et à des pourparlers politiques entre Yéménites et Yéménites.»

«C’est ainsi que l'avenir du Yémen sera décidé. Pas par les puissances extérieures. Ce n'est pas une partie du Yémen qui dicte à une autre. Il doit s'agir d'un processus yéménite inclusif. Et il y a un consensus international qui soutient ce processus», a-t-il expliqué.

Lenderking a signalé que la présence de Rachad al-Alimi, président du Conseil présidentiel yéménite, à plusieurs réunions incluant les États-Unis et le P3 (les trois membres permanents du Conseil de sécurité: les États-Unis, le Royaume-Uni et la France) soulignait les signaux forts du soutien international à son leadership.

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Des navires sont amarrés pour le déchargement dans le port yéménite d’Al-Hodeïda, le 5 mars 2023 (Photo, AFP).

Tous ces facteurs permettent de croire qu'avec le soutien de la communauté internationale, il est possible de progresser vers une initiative dirigée par les Nations unies et un dialogue entre les Yéménites dans un avenir proche, a-t-il jugé.

Lors du débat général de l'Assemblée générale des Nations unies, jeudi, Al-Alimi a exhorté la communauté internationale à redoubler d'efforts pour arrêter le flux d'armes et de ressources vers les Houthis, et a averti que «les institutions du Yémen ne disposeront pas des ressources nécessaires pour faire face à ces défis transfrontaliers», si les fonds ne sont pas dirigés vers des institutions financières gouvernementales reconnues.

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Rachad Mohammed al-Alimi, président du Conseil présidentiel du Yémen, s'adresse à la 78e Assemblée générale des Nations Unies au siège de l'ONU à New York, le 21 septembre 2023. (Photo, AFP)

Interrogé sur le fait de savoir si le rapprochement entre l'Iran et l'Arabie saoudite a joué un rôle dans l'évolution actuelle des parties belligérants yéménites, Lenderking a déclaré qu'une grande partie du travail préparatoire à l'instauration et au maintien de la trêve était déjà en cours avant même l'annonce, le 10 mars dernier, de l'accord conclu sous l'égide de la Chine entre les deux puissances du Moyen-Orient.

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Le ministre saoudien de la Défense, le prince Khaled ben Salmane (à droite), rencontre une délégation des Houthis du Yémen à Riyad la semaine dernière. (Photo, SPA)

«Ce que nous attendons de l'accord entre l'Iran et l'Arabie saoudite, c'est de voir si la position de Téhéran à l'égard du Yémen a changé. S'éloigne-t-il de la contrebande d'armes létales et de l'aide aux Houthis qui ont alimenté l'effort de guerre, violant ainsi les résolutions du Conseil de sécurité? L'Iran va-t-il soutenir une solution politique?» s’est interrogé Lenderking.

«Nous entendons dire qu'ils vont dans cette direction. Nous avons vu des déclarations publiques positives de la part de l'Iran. Une nouvelle position de l'Iran à l'égard du Yémen qui soutiendrait cette trajectoire positive serait bien accueillie par les États-Unis», a-t-il mentionné.

Le fait que les Houthis aient choisi de ne pas reprendre les hostilités malgré l'expiration de la trêve est très important, a affirmé Lenderking, ajoutant que cela pourrait indiquer un changement dans l'état d'esprit des Houthis alors que la phase prolongée de désescalade se poursuit.

Il estime que le groupe a fait preuve d'une nouvelle volonté de libérer les détenus et d'engager des discussions avec la partie adverse dans le cadre des comités militaires.

Ce niveau d'engagement «ne s'est pas produit à ce rythme pendant toute la durée de la guerre; c'est la meilleure occasion de paix que le Yémen ait eue depuis que la guerre a éclaté il y a près de dix ans. C'est pourquoi les efforts de Washington sont si énergiques et si vigoureux à ce stade», a-t-il souligné.

«Ici, à New York, le secrétaire d'État Blinken a eu au moins trois réunions consacrées au Yémen. N'oublions pas la longue liste de sujets à l'ordre du jour international à New York: climat, Russie-Ukraine, autres considérations humanitaires. Le Yémen se voit donc accorder un peu de temps parmi les dirigeants du monde entier, ce qui nous semble très positif.»

Bien que les canaux diplomatiques entre les États-Unis et la Russie soient pratiquement coupés depuis l'invasion de l'Ukraine en février 202https://www.arabnews.fr/node/426431/international2, il n'y a pas de désaccord entre les cinq membres permanents du conseil de sécurité des Nations unies (P5) sur la marche à suivre au Yémen.

Le P5 est uni sur la nécessité d'une solution politique, et cette unité est un «grand atout pour nous», a déclaré Lenderking.

«Le Conseil de sécurité a fait preuve d'une grande unité, d'un soutien fort aux efforts de l'envoyé spécial du secrétaire général pour le Yémen, Hans Grunberg, et d'un soutien à la crise humanitaire. C'est une chance. Nous devons vraiment profiter du fait qu'il y a cette position unie entre les acteurs clés», a-t-il insisté.

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Des Yéménites déplacés reçoivent des sacs d'aide alimentaire dans un camp du district de Hays, dans la province occidentale d’Al-Hodeïda ravagée par la guerre, le 20 avril 2023 (Photo, AFP).

«Nous ne considérons rien comme acquis lorsqu'il s'agit de soutenir la paix au Yémen. Nous devons travailler afin de trouver des solutions. Nous devons être très, très vigoureux pour maintenir les progrès réalisés», a-t-il souligné.

L'une des réussites les plus remarquables du système multilatéral cette année concerne également le Yémen. La menace d'une marée noire massive en mer Rouge a été écartée, après que plus d'un million de barils de pétrole ont été transférés sur un navire de sauvetage à partir du Safer, un navire de stockage en détérioration qui était amarré au large des côtes yéménites depuis des années et qui était décrit comme une «bombe à retardement».

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Des techniciens travaillent sur le pont du navire de remplacement alors que le transfert du pétrole du pétrolier FSO Safer en état de détérioration a commencé au large du Yémen, le 25 juillet 2023 (Photo, Reuters/Archives).

«Je crois qu'il s'agit d'une histoire incroyable due à une coalition improbable du secteur privé, notamment des compagnies pétrolières, des gouvernements nationaux et d'un effort de financement collectif qui a fait appel à des individus du monde entier. Des écoliers de Bethesda, dans le Maryland, ont vendu de la limonade parce qu'ils se sont sentis concernés par les conséquences environnementales de cette marée noire si elle s'était produite», a indiqué Lenderking.

Il a poursuivi: «C'est en quelque sorte un modèle de coopération, car nous avons travaillé ensemble pour éviter un problème avant qu'il ne devienne une crise. Cela n'arrive pas souvent sur la scène internationale. Ici, à New York, presque toutes les conversations portent sur quelque chose qui s'est déjà produit et qui doit être maîtrisé. Il s'agit donc d'un effort formidable.»

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Des Yéménites déplacés par le conflit reçoivent de l'aide alimentaire et des fournitures pour répondre à leurs besoins de base dans un camp du district de Hays dans la province occidentale d’Al- Hodeïda ravagée par la guerre, le 31 août 2022. (Photo, AFP)

En revanche, le Yémen reste l'une des plus grandes crises humanitaires au monde. En 2023, 21,6 millions de Yéménites avaient besoin d'une aide humanitaire sous une forme ou une autre, car 80% de la population a du mal à se nourrir et à accéder aux services de base. Les Nations unies ont lancé un appel au financement, mais seulement 30% de l'objectif a été atteint jusqu'à présent.

«L'économie du Yémen est en ruine. La capacité économique du pays doit être redynamisée», a déclaré Lenderking. «Je pense qu'il y a une volonté de le faire. Nous sommes en contact régulier avec les institutions financières internationales comme le FMI et la Banque mondiale. Et puis il y a la méfiance qui doit être corrigée par le type d'engagement personnel que nous observons entre les parties qui, jusqu'à présent, se tiraient dessus. Maintenant, ils se parlent.»

«Actuellement, le résultat et l'objectif communs doivent être la paix: un accord de paix, reliant ces différents éléments positifs et les poussant avec un soutien international sous l'égide des Nations Unies. Il incombe en fin de compte à l'ONU d'établir une feuille de route, de capitaliser sur tous ces mouvements positifs et de les orienter vers des négociations entre les Yéménites», a soutenu Lenderking.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Un groupe irakien visé par des frappes israéliennes près de Damas

Des soldats de l'armée israélienne se tiennent debout sur la tourelle d'un char de combat principal positionné dans le sud d'Israël près de la frontière avec la bande de Gaza, le 9 mai 2024. (Photo par Ahmad Gharabli AFP)
Des soldats de l'armée israélienne se tiennent debout sur la tourelle d'un char de combat principal positionné dans le sud d'Israël près de la frontière avec la bande de Gaza, le 9 mai 2024. (Photo par Ahmad Gharabli AFP)
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  • L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie, rapporte qu'Israël a frappé un centre culturel et un camp d'entraînement d'Al-Noujaba, membre d'une nébuleuse de groupes armés pro-iraniens
  • Une source au sein d'Al-Noujaba a confirmé qu'un centre culturel du groupe avait été détruit par une frappe israélienne près de Sayyeda Zeinab, mais n'a pas fait état de victimes

BEYROUTH, Liban : Des frappes nocturnes israéliennes ont ciblé le mouvement irakien Al-Noujaba, dans la région de Damas, ont indiqué jeudi le groupe armé pro-iranien et une ONG.

Israël commente rarement les frappes individuelles mais répète régulièrement qu'il ne permettra pas à son ennemi juré, l'Iran, d'accroître sa présence en Syrie.

L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie, rapporte qu'Israël a frappé un centre culturel et un camp d'entraînement d'Al-Noujaba, membre d'une nébuleuse de groupes armés pro-iraniens se faisant appeler «Résistance islamique en Irak».

Des ambulances se sont dirigées vers les zones ciblées, a indiqué l'ONG qui fait état de trois membres d'Al-Noujaba blessés.

Le centre et le camp sont situés dans le quartier de Sayyeda Zeinab, au sud de Damas, où de violentes explosions ont retenti à l'aube selon l'ONG, basée au Royaume-Uni.

Sayyeda Zeinab abrite un important sanctuaire chiite et est défendu par des miliciens pro-iraniens, notamment du Hezbollah, aux côtés de l'armée de Damas, selon l'OSDH.

Une source au sein d'Al-Noujaba a confirmé à l'AFP qu'un centre culturel du groupe avait été détruit par une frappe israélienne près de Sayyeda Zeinab, mais n'a pas fait état de victimes.

Al-Noujaba «n'a pas de base militaire déclarée en Syrie», a ajouté la source.

«Vers 3H20 du matin (00:20 GMT), l'ennemi israélien a mené une agression aérienne depuis le Golan syrien occupé, ciblant un bâtiment dans la région de Damas», a indiqué jeudi matin le ministère syrien de la Défense, cité par l'agence officielle Sana.

«Notre défense antiaérienne a abattu certains missiles», a ajouté le ministère, précisant que l'attaque «a causé quelques dégâts matérielles».

L'armée israélienne a conduit des centaines de frappes en Syrie depuis le déclenchement en 2011 de la guerre civile qui y fait rage, ciblant principalement des positions militaires et des combattants pro-iraniens.

Le nombre de frappes s'est accru depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas le 7 octobre, lorsque le mouvement islamiste palestinien a mené une attaque meurtrière sans précédent contre Israël.

Le 13 avril, l'Iran a mené une attaque inédite contre Israël, avec 350 drones et missiles, dont la plupart ont été interceptés avec l'aide des Etats-Unis et d'autres pays. Téhéran a dit avoir agi en «légitime défense» après l'attaque meurtrière, attribuée à Israël, qui a détruit son consulat à Damas le 1er avril.


Les forces armées saoudiennes participent à un exercice militaire en Turquie

L’exercice offre aux forces des pays participants l’occasion d’échanger des connaissances et de s’entraîner ensemble à la planification et à la coordination d’opérations conjointes
L’exercice offre aux forces des pays participants l’occasion d’échanger des connaissances et de s’entraîner ensemble à la planification et à la coordination d’opérations conjointes
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  • Dès leur arrivée en Turquie, avant la phase d’exercices sur le terrain de l’EFES 2024, les unités saoudiennes ont été accueillies par l’attaché militaire à l’ambassade d’Arabie saoudite à Ankara, le commodore Adel al-Kalthami
  • L’exercice offre aux forces des pays participants l’occasion d’échanger des connaissances, de s’entraîner ensemble à la planification et à la coordination d’opérations conjointes dans divers environnements et d’accroître leur efficacité au combat

RIYAD: Les forces armées saoudiennes participent à un exercice militaire multinational dans la ville turque d’Izmir, a annoncé, mercredi, le ministère de la Défense du Royaume.

Dès leur arrivée en Turquie, avant la phase d’exercices sur le terrain de l’EFES 2024, les unités saoudiennes ont été accueillies par l’attaché militaire à l’ambassade d’Arabie saoudite à Ankara, le commodore Adel al-Kalthami, directeur des exercices du Royaume, le général Nasser al-Suhaimi et des officiers des divisions des forces armées.

L’exercice comprend deux phases principales. La première est un exercice de centre de commandement au Centre multinational de guerre d’Istanbul et au Centre de formation de commandement conjoint d’Izmir, qui a commencé le 25 avril et a pris fin mercredi. La deuxième phase, qui comprend des exercices de tir réel dans la zone de Doganbey à Izmir, commence vendredi et se poursuit jusqu’au 30 mai.

Le chef de l’Autorité saoudienne d’éducation et de formation des forces armées, le général de division Adel al-Balawi, a déclaré que la participation des forces nationales à l’exercice reflète l’attention et le soutien accordés par les dirigeants saoudiens au développement de leurs capacités et au renforcement de leur organisation, de la formation et des compétences en armement.

L’exercice offre aux forces des pays participants l’occasion d’échanger des connaissances, de s’entraîner ensemble à la planification et à la coordination d’opérations conjointes dans divers environnements, d’accroître leur efficacité au combat et de renforcer la coopération militaire, a-t-il ajouté.

Au cours de l’exercice, les unités saoudiennes et leurs homologues d’autres pays effectueront de nombreuses manœuvres par voies terrestre et maritime, notamment des opérations d’atterrissage en mer, des missions de recherche et de sauvetage et des réponses aux menaces posées par les drones, en utilisant des armes légères chargées de balles réelles et d’autres armes, conclut M. Al-Balawi.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Au Maghreb, le soutien aux Palestiniens se crie dans les stades

Des manifestants pro-palestiniens tiennent un grand drapeau palestinien lors d'une manifestation à Rabat le 10 décembre 2017 contre la déclaration du président américain Donald Trump de Jérusalem comme capitale d'Israël. (Photo Fadel Senna AFP)
Des manifestants pro-palestiniens tiennent un grand drapeau palestinien lors d'une manifestation à Rabat le 10 décembre 2017 contre la déclaration du président américain Donald Trump de Jérusalem comme capitale d'Israël. (Photo Fadel Senna AFP)
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  • Chômage, inégalités, corruption: les ultras scandent des slogans qui ont largement disparu de la rue depuis qu'une vague de répression a balayé les mouvements de contestation, dans la foulée du Printemps arabe
  • Entre les banderoles réclamant plus de liberté, il y a les drapeaux palestiniens, omniprésents depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza

CASABLANCA, Maroc : «Ô Palestine ma bien aimée, Résiste!» Au Maghreb, la solidarité avec les Palestiniens s'affiche surtout, depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, dans les stades de football, rares théâtres d'expression où les ultras crient les colères et les frustrations de la jeunesse.

Chômage, inégalités, corruption: les ultras scandent des slogans qui ont largement disparu de la rue depuis qu'une vague de répression a balayé les mouvements de contestation, dans la foulée du Printemps arabe, dénoncent des organisations de défense des droits humains.

Entre les banderoles réclamant plus de liberté, il y a les drapeaux palestiniens, omniprésents depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza.

Dès le 8 octobre, au lendemain de l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien qui a déclenché une offensive militaire israélienne meurtrière, retentissait dans le stade Mohammed-V de Casablanca une chanson des ultras de l'un des clubs phares de la capitale économique marocaine.

«Ô Palestine ma bien aimée, où sont les Arabes? Ils sont endormis, Ô toi le plus beau pays, Résiste!», dit l'air écrit par les ultras du Raja et repris depuis des années à travers le monde arabe.

A Alger en novembre, c'est un tifo représentant un Palestinien masqué, avec pour sous-titre «Je me sacrifie pour toi, terre des révolutionnaires», qui était déployé.

«La question palestinienne fédère tout le monde», note Abderrahim Bourkia, sociologue marocain, qui a écrit «Des ultras dans la ville».

«Les ultras se placent de manière générale du côté des opprimés. Pour eux, ça va de soi de chanter la Palestine», détaille-t-il.

- «Devoir» -

En Algérie et en Tunisie, des banderoles clament qu'«A Gaza, la faim et la soif c'est tous les jours», promettent que «Nous vengerons les enfants (palestiniens)», quand le Wydad Casablanca salue les «résistants au coeur des tunnels», en référence aux combattants du Hamas terrés sous Gaza, bombardé par Israël.

Pour Seif*, ultra du groupe «Zapatista» de l'Espérance de Tunis, la cause palestinienne fait partie des sujets que les ultras «partagent», comme «la corruption dans le sport» et la quête de liberté.

«Transmettre un message est le moins que l'on puisse faire», lance Ali*, un autre ultra espérantiste.

«Ne pas défendre les gens les plus proches de toi, tes frères, est-ce que ça paraît correct?», interroge-t-il: «La cause palestinienne n'est pas une tendance, c'est un devoir».

Les ultras interrogés par l'AFP indiquent qu'ils se sentent plus à l'aise dans les tribunes qu'ailleurs pour exprimer des opinions politiques.

«Le stade demeure le seul lieu» où épancher les émotions «est toléré», relève M. Bourkia.

Au Maroc, les manifestations pro-palestiniennes dénonçant les «massacres» à Gaza et la normalisation entre le royaume et Israël sont fréquentes, mais largement encadrées par les forces de l'ordre, comme ailleurs dans la région.

Hamza*, ultra du Wydad, estime que si son groupe organisait une marche pro-palestinienne, «les autorités stopperaient ça dès le premier instant».

«C'est beaucoup plus simple de le dire dans un stade», où l'«effet de foule» permet de «se défouler», ajoute l'étudiant en communication de 21 ans.

- «La vérité sort toujours des stades» -

Selon M. Bourkia, la jeunesse, qui se sent marginalisée, «semble avoir trouvé dans les ultras un porte-voix, un canal de liberté d'expression et l'opportunité de se former et de s'adonner à un travail collectif engagé».

«Nous ne faisons pas de politique mais la vérité sort toujours des stades (...). C'est la voix des quartiers populaires», affirme à l'AFP Abdelhamid*, un ultra du Mouloudia d'Alger.

Les ultras «veulent montrer qu'ils agissent, qu'ils ne sont pas simplement un groupe de supporters casse-cou et qu'ils ont, eux aussi, un avis», analyse le sociologue tunisien Mohamed Jouili.

Comme les autres ultras rencontrés par l'AFP, Hamza* à Casablanca se défend de tout hooliganisme et regrette que les autorités prononcent des peines contre certains -- allant jusqu'à l'emprisonnement -- pour «calmer» l'ensemble du groupe, dit-il.

Ces dernières années, des émeutes ont éclaté entre ultras lors de matches, donnant lieu à des sanctions contre des clubs.

«Mettre autant de pression sur cette population qui veut juste s'exprimer, ce n'est pas la bonne solution. Ca me motive encore plus», assure-t-il: «On n'arrêtera pas de scander ce qu'on veut scander et on n'arrêtera pas de chanter (pour la Palestine)».

 

*les prénoms ont été modifiés