PARIS: Libération a déclaré jeudi la convocation de trois de ses journalistes, entendus en audition libre par la police judiciaire de Lille après une série d'articles sur la mort d'un jeune Roubaisien tué par un policier, le qualificatif de "procédure inadmissible".
S'exprimant dans un communiqué, la Société des journalistes et du personnel (SJPL) et la direction de Libération y ont vu "une nouvelle tentative d'intimidation", dans "la foulée de la perquisition et de la garde à vue" de la journaliste du site d'enquête Disclose, Ariane Lavrilleux, qui indigne la profession depuis mardi.
Selon le journal, ses reporters Ismaël Halissat, Fabien Leboucq et Antoine Schirer étaient convoqués jeudi "pour être entendus en tant que suspects sous le régime de l'audition libre par la brigade criminelle de la police judiciaire de Lille".
En cause, la "publication d'une série d'articles sur la mort d'Amine Leknoun, tué par un policier de la BAC, à Neuville-en-Ferrain (Nord)", le parquet ayant retenu les motifs d'infraction de "violation du secret de l'instruction", "recel de violation du secret de l'instruction" et "diffamation publique en raison de la fonction ou de la qualité de dépositaire de l'autorité publique".
"Dans leur enquête, les journalistes de Libération soulignent les manquements de l'IGPN (Inspection générale de la police nationale, la 'police des polices', NDLR) et de la juge d'instruction dans la conduite des investigations concernant la mort d'Amine. Leknoun", maintiendra la SJPL et la direction.
Pointant un "gaspillage des ressources de la police et de la justice", elles dénoncent une procédure "indigne d'un pays démocratique où la liberté de presse ne doit en aucun cas être entravée".
Liberté de la presse
La question de l'atteinte au secret des sources et à la liberté de la presse agite le secteur depuis mardi et la garde à vue de près de 40 heures d'Ariane Lavrilleux, dans le cadre d'une information judiciaire sur plusieurs infractions relatives au secret de la défense nationale.
Relâchée mercredi soir, la journaliste a notamment signé en 2021 un article de Disclose affirmant que la mission de renseignement française "Sirli", entamée en février 2016 au profit de l'Egypte au nom de la lutte antiterroriste, avait été détournée par l'Etat égyptien, qui se servait des informations recueillir pour effectuer des frappes aériennes sur des véhicules de contrebandiers présumés, à la frontière égypto-libyenne.
Sollicitée par l'AFP, la police judiciaire de Lille n'avait pas réagi dans l'immédiat.