PARIS: Emmanuel Macron a reçu mardi le chef de l'opposition britannique Keir Starmer, qui tente de tisser des liens sur la scène internationale dans la perspective des prochaines élections législatives auxquelles son Parti travailliste est donné favori.
Cet entretien bilatéral d'environ 45 minutes à l'écart des caméras avec le président français, qui a pourtant noué une bonne relation avec le Premier ministre conservateur Rishi Sunak, est décrit par la presse britannique comme un bon "coup" pour Keir Starmer.
A la veille de la visite d'Etat de Charles III en France, M. Macron et M. Starmer ont "évoqué l'importance de renforcer la coopération entre la France et le Royaume-Uni pour que ce partenariat continue d'assurer la prospérité et la sécurité des Français et des Britanniques", a rapporté l'Elysée.
"Ils ont discuté de la nécessité de garantir la sécurité économique et énergétique en Europe et ont réaffirmé vouloir apporter un soutien continu à l'Ukraine et à son peuple", a ajouté la présidence française.
L'entourage d'Emmanuel Macron avait expliqué que la rencontre s'inscrivait "dans le cadre du dialogue" régulier "avec les acteurs politiques européens".
Keir Starmer a offert à son hôte un maillot de l'équipe de football d'Arsenal et a reçu des boutons de manchette de la présidence de la République.
M. Starmer, accompagné de la députée travailliste Rachel Reeves, spécialiste des questions économiques, a ensuite rencontré en début d'après-midi le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure.
"Les deux chefs de parti ont échangé leurs analyses des paysages politiques français, britannique et européen et ont abordé la transformation de leur parti respectif", a précisé le parti socialiste.
L'opposant travailliste de 61 ans, que les sondages placent largement en tête face aux conservateurs au pouvoir depuis 13 ans, s'est rendu aux Pays-Bas et au Canada ces derniers jours dans le cadre d'une tournée visant à consolider sa stature internationale avant les législatives prévues d'ici début 2025.
Il en a profité pour poser les jalons de ce que serait sa politique européenne en cas de victoire. Il a notamment promis, dans un entretien publié dimanche par le Financial Times, de négocier un "bien meilleur accord" de libre-échange entre le Royaume-Uni et l'Union européenne.
L'accord de commerce et de coopération régissant les relations, notamment économiques, post-Brexit entre Bruxelles et Londres est entré en vigueur en 2021, avec une clause de revoyure en 2025. Son application ne s'est pas faite sans heurts, et la sortie de l'UE pèse et va continuer de peser sur l'économie britannique, selon des évaluations d'économistes.
Sans ouvrir la porte à un retour dans l'UE, Keir Starmer estime possible "une relation commerciale plus étroite" avec le bloc européen dont le Royaume-Uni est sorti à la suite du référendum de 2016.
Aux Pays-Bas, il a aussi mis l'accent sur son programme contre l'immigration illégale, thème de prédilection de Rishi Sunak, et sur lequel le Labour est souvent considéré comme plus faible.
Depuis qu'il a pris la tête du parti en 2020, le patron du Labour n'a eu de cesse de le recentrer et de tourner la page de l'ère Jeremy Corbyn, son très à gauche prédécesseur, accusé d'avoir laisser se développer l'antisémitisme à l'intérieur du parti.