Le Pen et Salvini en choeur contre l'Europe et la «submersion migratoire»

Le vice-Premier ministre italien et ministre de l'Infrastructure, Matteo Salvini (à gauche), et la présidente du groupe parlementaire d'extrême droite Rassemblement national (RN) de l'Assemblée nationale française, Marine Le Pen, applaudissent lors du rassemblement annuel de la Ligue d'extrême droite italienne (Lega) à Pontida, nord de l'Italie, le 17 septembre 2023. (Photo de GABRIEL BOUYS / AFP)
Le vice-Premier ministre italien et ministre de l'Infrastructure, Matteo Salvini (à gauche), et la présidente du groupe parlementaire d'extrême droite Rassemblement national (RN) de l'Assemblée nationale française, Marine Le Pen, applaudissent lors du rassemblement annuel de la Ligue d'extrême droite italienne (Lega) à Pontida, nord de l'Italie, le 17 septembre 2023. (Photo de GABRIEL BOUYS / AFP)
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Publié le Dimanche 17 septembre 2023

Le Pen et Salvini en choeur contre l'Europe et la «submersion migratoire»

  • «Si nous devons choisir en Europe entre Macron et Marine Le Pen, je n'ai aucun doute, Marine Le Pen pour toujours», a lancé le vice-Premier ministre de Giorgia Meloni dans son gouvernement de droite et d'extrême droite
  • Reprenant son registre antimigrants, il a assuré que l'Italie fera «tout ce qui est démocratiquement permis» et utilisera «tout moyen nécessaire» pour «bloquer une invasion»

PONTIDA: Contre l'Europe et la "submersion migratoire", pour les "peuples" et "l'identité": Matteo Salvini et Marine Le Pen ont fait front commun au cours d'un grand meeting dimanche en Italie en vue des élections européennes de 2024.

"Cette année nous engage pour le même combat, nos libertés, nos peuples, nos patries", a lancé Mme Le Pen, présidente du groupe Rassemblement national (RN) à l'Assemblée nationale, depuis Pontida, dans le nord de l'Italie, lieu de la fête traditionnelle de la Ligue anti-migrants de Matteo Salvini.

"Nous ne voulons plus qu'on nous impose des politiques que nous n'avons pas choisies", a-t-elle poursuivi, citant notamment "la folle interdiction des moteurs thermiques", autre cheval de bataille de M. Salvini.

"Nous défendons nos traditions, nos gastronomies, nos identités, nos paysages (...) nous défendons nos peuples face à la submersion migratoire", a-t-elle ajouté, évoquant les milliers de migrants arrivés cette semaine sur l'île italienne de Lampedusa.

Mme Le Pen a également évoqué devant les milliers de sympathisants de la Ligue sa "Déclaration des droits des Nations et des peuples" afin de se protéger des "excès de pouvoir d'organismes supranationaux ou de structures commerciales" qu'elle avait présentée la veille en France.

L'alliance politique de Mme Le Pen et Matteo Salvini semble inoxydable depuis une dizaine d'années et témoigne également de la solidité de leur rapport personnel.

"Triple bonheur (...) le plaisir de retrouver Matteo (...) viva il Capitano", le surnom en italien de M. Salvini.

Ce dernier multiplie les sorties contre le président français Emmanuel Macron, perçu comme le porte-drapeau des "libéraux" face aux "souveranistes" européens.

"Si nous devons choisir en Europe entre Macron et Marine Le Pen, je n'ai aucun doute, Marine Le Pen pour toujours", a lancé le vice-Premier ministre de Giorgia Meloni dans son gouvernement de droite et d'extrême droite.

Reprenant son registre antimigrants, il a assuré que l'Italie fera "tout ce qui est démocratiquement permis" et utilisera "tout moyen nécessaire" pour "bloquer une invasion".

Si au plan politique national, Marine Le Pen est dans l'opposition alors que Matteo Salvini appartient à la coalition gouvernementale de droite et d'extrême droite dirigée par Giorgia Meloni, cheffe de Fratelli d'Italia (FDI), Mme Le Pen et le RN caracolent dans les enquêtes d'opinion quand la Ligue et M. Salvini plafonnent à 8-9%, loin derrière FDI.

Autrement dit l'un semble avoir plus besoin de l'autre, d'autant que le RN a réalisé des scores très élevés aux deux dernières européennes.

Augmenter les retours et faciliter les transferts de migrants: le plan de Bruxelles pour aider l'Italie

Aider les transferts de migrants y compris vers d'autres pays européens, augmenter les retours: Ursula von der Leyen a présenté dimanche sur la petite île italienne de Lampedusa un plan en 10 points pour aider Rome face aux arrivées massives de migrants.

Voici ce plan tel qu'il est détaillé dans un communiqué diffusé par la Commission européenne.

 

1. Renforcer le soutien apporté à l'Italie par l'Agence de l'Union européenne pour l'asile (AUEA) et l'Agence européenne des garde-frontières et garde-côtes (Frontex) pour gérer le nombre élevé de migrants et assurer l'enregistrement des arrivées, la prise des empreintes digitales, les entretiens et l'orientation vers les autorités compétentes.

2. Soutenir le transfert de personnes hors de Lampedusa, y compris vers d'autres États membres, en utilisant le mécanisme de solidarité volontaire et en accordant une attention particulière aux mineurs non accompagnés et aux femmes.

3. Augmenter le nombre de retours en menant une action de sensibilisation renouvelée et concertée auprès des principaux pays d'origine des nouveaux arrivants, à savoir la Guinée, la Côte d'Ivoire, le Sénégal et le Burkina Faso, afin d'améliorer la coopération et de faciliter la réadmission; et accroître le soutien de Frontex, notamment en ce qui concerne la formation et le renforcement des capacités, afin d'assurer la mise en œuvre rapide des retours.

4. Soutenir la prévention des départs en établissant des partenariats opérationnels en matière de lutte contre les filières [de l'immigration illégale] avec les pays d'origine et de transit. Cela inclut la possibilité d'un accord de travail entre la Tunisie et Frontex, et une task force de coordination au sein d'Europol pour se concentrer sur la lutte contre les filières le long de la route vers la Tunisie et en direction de Lampedusa.

5. Renforcer la surveillance des frontières en mer et la surveillance aérienne, notamment par l'intermédiaire de Frontex, et étudier les possibilités d'étendre les missions navales en Méditerranée. En outre, nous accélérerons la fourniture d'équipements et renforcerons la formation des garde-côtes tunisiens et des autres autorités.

6.  Prendre des mesures pour limiter l'utilisation de navires qui ne sont pas en état de naviguer et agir contre les chaînes d'approvisionnement et la logistique des passeurs; et veiller à la mise hors service des bateaux et canots pneumatiques récupérés.

7. Accroître le soutien apporté par l'AUEA à l'application de procédures rapides aux frontières et de procédures accélérées, y compris l'utilisation du concept de pays d'origine sûr, le rejet des demandes manifestement infondées, la délivrance d'interdictions d'entrée et leur enregistrement dans le système d'information Schengen (SIS).

8. Intensifier les campagnes de sensibilisation et de communication pour décourager les traversées de la Méditerranée, tout en continuant à proposer des alternatives telles que l'admission humanitaire et les voies légales [d'entrée dans l'espace européen].

9. Intensifier la coopération avec le HCR et l'OIM afin d'adopter une approche globale fondée sur les itinéraires pour assurer la protection le long de l'itinéraire et accroître les retours volontaires assistés depuis les pays de transit.

10. Mettre en œuvre le protocole d'accords UE-Tunisie (destiné à faire baisser les arrivées de migrants de ce pays d'où s'embarquent l'immense majorité des personnes arrivées à Lampedusa, et qui prévoit une aide de plusieurs centaines de millions d'euros pour ce pays nord-africain confronté à de graves difficultés économiques, NDLR). Et donner la priorité aux actions ayant un impact immédiat pour remédier à la situation actuelle et accélérer la passation de contrats pour de nouveaux projets dans ce cadre.

«Alliance durable»

"Il veut montrer que la Ligue n'est pas un parti isolé en Europe et étant donné la popularité de Marine Le Pen il espère que ça va rejaillir sur lui", analyse pour l'AFP l'historien Marc Lazar, professeur à Sciences-Po.

L'alliance entre les deux partis est "une des plus durables", note la philosophe et journaliste Anna Bonalume, spécialiste de Matteo Salvini. "Les équilibres ont changé au cours des années mais leur relation n'a jamais changé".

L'objectif de Marine Le Pen et Matteo Salvini est de parvenir à un succès aux élections européennes du 9 juin pour lesquelles Matteo Salvini a tenté de répliquer l'alliance nationale au niveau européen. Une offre sèchement rejetée par ses alliés de gouvernement (FDI et Forza Italia, FI).

Antonio Tajani, chef de la diplomatie et de FI (parti membre Parti populaire européen, PPE), a fermement exclu un rapprochement avec l'extrême droite française et l'AFD allemand. "Nos valeurs sont alternatives" et Mme Le Pen "ne sera jamais notre alliée", a-t-il déclaré.

"Mme Le Pen a la liberté d'aller où elle veut et Matteo Salvini a la liberté d'inviter qui il veut" à Pontida, a ironisé Guido Crosetto, ministre de la Défense et proche de Mme Meloni avec laquelle il a cofondé FDI.


Agriculteurs: la Coordination rurale bloque toujours le port de Bordeaux

 La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
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  • La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place
  • Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine

BORDEAUX: La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais.

La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place.

Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine et auquel les agriculteurs comme la classe politique française s'opposent.

Il s'agit de la première visite de la ministre sur le terrain depuis le retour des paysans dans la rue, une mobilisation surtout marquée en fin de semaine par les actions des bonnets jaunes de la Coordination rurale.

A Bordeaux, ils bloquent ainsi les accès au port et au dépôt pétrolier DPA: des pneus, des câbles et un tracteur entravent l'entrée du site.

Sous une pluie battante, les agriculteurs s'abritent autour d'un feu et de deux barnums tanguant avec le vent. Une file de camions bloqués dont des camions citernes s'allonge aux abords.

Les manifestants ont tenté dans la matinée de joindre Annie Genevard, sans succès.

"On bloque tant que Mme Genevard et M. Barnier [Michel Barnier, Premier ministre] ne mettent pas en place des solutions pour la profession. Des choses structurelles, (...), on ne veut pas un peu d'argent aujourd'hui pour rentrer dans nos fermes, on veut des réformes pour vivre, avoir un salaire décent", a déclaré à l'AFP Aurélie Armand, directrice de la CR du Lot-et-Garonne.

"Le temps est avec nous parce que quand il pleut on ne peut pas travailler dans les fermes, donc c'est très bien", a-t-elle lancé, alors qu'une pluie battante balaye la Gironde avec le passage de la tempête Caetano.

Plus au sud, dans les Landes, des agriculteurs de la CR40 occupent toujours une centrale d'achat Leclerc à Mont-de-Marsan mais les autorités leur ont donné jusqu'à vendredi inclus pour libérer les lieux, a-t-on appris auprès de la préfecture.

Tassement du mouvement, avant une reprise 

La préfète du département a par ailleurs condamné "les dégradations commises par des membres de la Coordination rurale" mercredi soir sur des sites de la Mutualité sociale agricole (MSA), visée par des dépôts sauvages, et de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), ciblée par un incendie "volontairement déclenché" dans son enceinte.

Sur Europe1/Cnews, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a redit que les agriculteurs avaient "parfaitement le droit de manifester", mais qu'il y avait "des lignes rouges" à ne pas dépasser: "pas d'enkystement", "pas de blocage".

A l'autre bout de la France, à Strasbourg, des membres de la CR se sont installés dans le centre avec une dizaine de tracteurs pour y distribuer 600 kilos de pommes aux passants.

"Nous, on propose un pacte avec le consommateur, c'est-à-dire lui fournir une alimentation de qualité en quantité suffisante et en contrepartie, le consommateur nous paye un prix correct", a souligné le président de la CR départementale, Paul Fritsch.

Les autorités constatent une "légère baisse" de la mobilisation à l'échelle du pays par rapport au début de la semaine, quand les syndicats majoritaires FNSEA et JA étaient aussi sur le terrain.

Ce nouvel épisode de manifestations agricoles intervient à quelques semaines d'élections professionnelles. La CR, qui préside aujourd'hui trois chambres d'agriculture, espère à cette occasion briser l'hégémonie de l'alliance FNSEA-JA et ravir "15 à 20 chambres" supplémentaires.

Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a annoncé mercredi que les prochaines manifestations emmenées par ses membres auraient lieu la semaine prochaine, "mardi, mercredi et jeudi", "pour dénoncer les entraves à l'agriculture".

FNSEA et JA avaient prévenu qu'ils se mobiliseraient jusqu'à la mi-décembre contre l'accord le Mercosur, contre les normes selon eux excessives et pour un meilleur revenu.

Troisième syndicat représentatif, la Confédération paysanne organise aussi des actions ponctuelles, contre les traités de libre-échange ou les installations énergétiques sur les terres agricoles.


Les députés approuvent en commission l'abrogation de la réforme des retraites

L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
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  • La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.
  • La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation.

PARIS : La gauche a remporté mercredi une première victoire dans son offensive pour abroger la très décriée réforme des retraites : sa proposition de ramener l'âge de départ de 64 à 62 ans a été adoptée en commission des Affaires sociales, avant son arrivée dans l'hémicycle le 28 novembre.

Le texte, présenté par le groupe LFI dans le cadre de sa niche parlementaire, a été approuvé par 35 voix (celles de la gauche et du Rassemblement national), contre 16 (venues des rangs du centre et de la droite).

La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.

Le Rassemblement national, qui avait présenté une proposition similaire fin octobre, mais que la gauche n'avait pas soutenue, a voté pour le texte de La France insoumise. « C'est le même que le nôtre et nous, nous ne sommes pas sectaires », a argumenté le député Thomas Ménagé.

La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation : celle-ci est ramenée de 43 à 42 annuités, ce qui revient à abroger également la réforme portée en 2013 par la ministre socialiste Marisol Touraine pendant le quinquennat de François Hollande.

Un amendement, présenté par les centristes du groupe Liot pour préserver la réforme Touraine, a été rejeté. Les socialistes, qui auraient préféré conserver cette réforme de 2013, ont décidé d'approuver le texte global malgré tout.

La gauche affirme qu'elle est en mesure de porter sa proposition d'abrogation jusqu'au bout : après l'examen du texte dans l'hémicycle la semaine prochaine, elle a déjà prévu de l'inscrire à l'ordre du jour du Sénat le 23 janvier, à l'occasion d'une niche communiste, puis en deuxième lecture à l'Assemblée nationale le 6 février, cette fois dans un créneau dédié aux écologistes.

Les représentants de la coalition gouvernementale ont mis en garde contre un texte « pas sérieux » ou « irresponsable ».

« Il faut être honnête vis-à-vis des Français : si cette réforme des retraites est abrogée, certes ils pourront partir à 60 ans, mais avec une retraite beaucoup plus basse », a ainsi argumenté la députée macroniste Stéphanie Rist.


Censure du gouvernement : Le Pen fait monter la pression avant sa rencontre avec Barnier

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
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  • "Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure"
  • Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget

PARIS: Marine Le Pen fait monter la pression sur Michel Barnier, avant leur rencontre lundi à Matignon : elle assure que son parti n'hésitera pas à censurer le gouvernement à la veille de Noël si "le pouvoir d'achat des Français est amputé" dans le projet de budget 2025.

"Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure", a affirmé mercredi la cheffe de file des députés du Rassemblement national sur RTL.

Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget de l'Etat.

Si le RN et la gauche votaient conjointement cette motion alors la coalition Barnier, fragile attelage entre LR et la macronie, serait renversée et le projet de budget rejeté.

Si elle n'a pas détaillé la liste précise de ses revendications, Marine Le Pen a en particulier jugé "inadmissible" la hausse envisagée par le gouvernement pour dégager trois milliards d'euros des taxes sur l'électricité, une mesure toutefois supprimée par l'Assemblée nationale en première lecture.

"Taper sur les retraités, c'est inadmissible", a-t-elle aussi affirmé, insatisfaite du compromis annoncé par le LR Laurent Wauquiez. Celui-ci prévoit d'augmenter les retraites de la moitié de l'inflation au 1er janvier, puis d'une deuxième moitié au 1er juillet pour les seules pensions sous le Smic.

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. Si elles étaient suivies, celles-ci pourraient empêcher Mme Le Pen de participer à une quatrième élection présidentielle.

Face à cette menace de censure, Michel Barnier va recevoir en début de semaine prochaine, un par un, l'ensemble des présidents de groupes parlementaires, à commencer par Marine Le Pen dès lundi matin.

Ce premier tête à tête, depuis son entrée à Matignon, suffira-t-il ?

"Et-ce que M. Barnier va respecter l’engagement qu’il a pris, que les groupes d’opposition puissent reconnaître dans son budget des éléments qui leur paraissent essentiels ?", s'est interrogée la cheffe de file des députés RN.

Les demandes de notre parti étaient "de ne pas alourdir la fiscalité sur les particuliers, de ne pas alourdir sur les entrepreneurs, de ne pas faire payer les retraités, de faire des économies structurelles sur les dépenses de fonctionnement de l'Etat", a-t-elle récapitulé. "Or nous n'avons pas été entendus, nous n'avons même pas été écoutés".

Poker menteur 

Alors qu'il a déjà lâché du lest sur les économies demandées aux collectivités locales, aux retraités et aux entreprises face aux critiques de sa propre majorité, le Premier ministre, confronté à la colère sociale des agriculteurs, des fonctionnaires ou des cheminots, a très peu de marge de manoeuvres.

"L'objectif est d'arriver à un équilibre entre les ambitions des groupes parlementaires et les impératifs de rigueur" budgétaire, répète Matignon, alors que le déficit public est attendu à 6,1% du PIB fin 2024 contre 4,4% prévu initialement.

L'exécutif agite, à destination du RN mais aussi des socialistes, la menace du chaos.

"Celui ou celle qui renversera le gouvernement privera le pays d'un budget et le précipitera dans le désordre et la chienlit", a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sur CNews.

"Le pire pour le pouvoir d'achat des Français, ce serait une crise financière", a alerté de son côté sur LCI sa collègue Astrid Panosyan-Bouvet (Travail).

Une question demeure: le RN bluffe-t-il ?

"Si le gouvernement tombe, il faudra attendre juin pour qu'il y ait des élections législatives parce qu'il ne peut pas y avoir de dissolution pour le moment!", a semblé nuancer le porte-parole du RN Julien Audoul.

Dans tous les cas, ce jeu de poker menteur risque de durer jusque la veille de Noël, lorsque l'Assemblée nationale aura à se prononcer définitivement sur le projet de budget 2025 de l'Etat.

Le RN n'entend, en effet, pas déposer ou voter de motion de censure sur les deux autres textes (fin de gestion de 2024 et projet de budget de la Sécurité sociale) qui pourraient être adoptés par 49.3 avant.