AMIZMIZ: Des survivants du séisme ayant frappé le centre du Maroc patientent dans une immense file d'attente pour recevoir de l'aide après avoir perdu leur logement. Mais la modeste tente jaune qu'ils obtiennent témoigne de la précarité de leur sort.
Cette aide représente néanmoins un progrès pour des habitants comme Fatima Oumalloul, dont le visage porte toujours des traces de sang, trois jours après le tremblement de terre qui a vu sa maison s'écrouler.
Au moins, elle ne passera pas une autre nuit à dormir dehors.
"Je veux juste un chez-moi, un endroit digne pour un être humain", déclare la femme de 59 ans alors que des soldats distribuent les tentes à Amizmiz, une localité à environ une heure au sud-ouest de Marrakech, qui est devenue un centre d'aide pour les habitants des villages du Haut-Atlas.
Les camps de tentes qui commencent à apparaître près des maisons détruites ou fortement endommagées montrent que l'aide arrive, mais laissent les survivants dans l'incertitude quant à leur sort.
Le tremblement de terre qui a secoué la région du Haut-Atlas le 8 septembre a fait plus de 2.900 morts, selon le dernier bilan en date.
Peur des pluies
Il a particulièrement touché des zones rurales, où un grand nombre de maisons sont devenues inhabitables et dont les habitants n'ont pas suffisant d'argent pour les reconstruire rapidement, sans aide.
Mais pour certains, le plus dur est passé. Comme pour Oumalloul qui s'est retrouvée coincée sous les décombres de sa maison jusqu'à ce qu'un voisin vienne marcher sur l'endroit sous lequel elle était ensevelie.
Dans un sanglot, elle raconte: "Je suis en-dessous. Ne m'écrase pas!", lui a-t-elle alors lancé.
Fatima Benhamoud, dont les murs de sa maison présentent de larges fissures à Amizmiz, a obtenu une tente pour six personnes.
"Notre maison présente un risque", explique cette femme de 39 ans qui habitait dans sa maison avec ses enfants et d'autres proches.
"On ne peut pas dormir à l'intérieur. On doit dormir à l'extérieur, donc on a besoin d'une tente", ajoute-t-elle, disant cependant craindre la saison des pluies.
Juste en face de sa maison, le nombre de gens qui attendant des tentes n'a pas faibli pendant des heures.
Les convois d'aide privée, gérés par des particuliers ou des associations, sont arrivés nombreux au point de congestionner les routes étroites de la région. Mais d'autres villages sont trop difficiles d'accès pour que les convois y parviennent.
«Coeur brisé»
A 15 km au sud d'Amizmiz, dans la montagne, se trouve le village dévasté d'Ineghede.
Si la salle de prière de la mosquée a été relativement épargnée avec un mur écroulé, de vastes zones du village ne sont qu'un amas de bois et de pierres utilisées dans les habitats traditionnels.
Des tentes ont été acheminées mardi à Ineghede où des habitants les ont dressées et y ont emmené quelques biens.
Mohammed Amaddah, 33 ans, a installé la sienne sur un terrain poussiéreux à côté de sa maison endommagée.
Sa femme Latifah le regarde faire sans grand enthousiasme.
"Je ne veux pas dormir sous une tente. Je me sens comme dans la rue", dit cette mère de 24 ans.
Mais ce n'est pas tant la tente, dont la toile claque au vent, qui la chagrine le plus. "Je sens comme si mon coeur était brisé. J'ai peur de l'avenir, c'est tellement incertain", ajoute-t-elle.
Une fois la tente montée, elle prend la main de son jeune fils et fixe d'un regard vide ce qui est désormais sa maison. "Je ne voulais pas ça", lance-t-elle.