PARIS: L'opposition communiste au conseil régional d'Île-de-France a appelé mardi à "une réaction ferme de l'Etat" contre la mesure "anti-ghetto" voulue par la présidente de Région Valérie Pécresse, adoptée mi-juillet dans le plan d'aménagement régional et devant entrer en application en 2024.
Soixante élus d'Île-de-France ont signé avec la présidente du groupe Gauche communiste, écologiste et citoyenne Céline Malaisé deux lettres, adressées au ministre du Logement Patrice Vergriete et au préfet de Région Marc Guillaume "pour faire annuler cette mesure scélérate", a indiqué Mme Malaisé dans un communiqué.
Ce plafond anti-ghetto vise à freiner la production de logements sociaux dans des communes qui en comptent déjà au moins 30% avec comme but affiché de "recréer de la mixité dans nos quartiers", selon les termes de Valérie Pécresse.
La mesure fait partie du plan d'aménagement d'Île-de-France, le schéma directeur de la région Île-de-France (Sdrif), qui doit encadrer jusqu'en 2040 son développement et s'impose aux élus locaux dans leurs plans d'urbanisme.
Crise du logement
Son application constituerait "une atteinte grave au droit au logement et à la libre administration des collectivités", dénoncent dans les deux courriers les signataires, parmi lesquels figurent les sénateurs communistes Pierre Laurent et Eliane Assassi, l'adjoint à la mairie de Paris Ian Brossat ou encore les maires de Grigny, Montreuil, Malakoff, Ivry-sur-Seine ou Villejuif.
Les communes visées (comptant plus de 30% de logements sociaux) renferment plus de 20% de la production sociale francilienne", ont souligné les courriers, rappelant que la mesure "anti-ghetto" est, dans sa version votée mi-juillet, "identique au document préparatoire" qui avait été préalablement soumis aux servies de l'Etat.
Fin juin, l'avant projet du Sdrif avait été retoqué par l'Etat car ne garantissant pas à celui-ci de pouvoir mener à bien notamment sa politique du logement.
L'application de la clause dite "anti-ghetto", qui "freine la production de logements sociaux" dans les zones déjà largement dotées, "conduirait à réduire de 21% la production sociale moyenne" par rapport à ces dernières années, avait déploré la préfecture.
Selon les signataires la mise en place de cette politique de la Région aurait "des conséquences désastreuses pour les 750.000 demandeurs d'un logement social" et à terme "viendrait aggraver la crise du logement déjà inédite et dramatique".