L'aile gauche de la macronie, serpent de mer aux multiples mues

L'aile gauche de la macronie a marqué les esprits lundi en publiant de manière inédite une tribune commune avec des parlementaires de la Nupes sur l'immigration. (Photo: Ludovic MARIN / AFP)
L'aile gauche de la macronie a marqué les esprits lundi en publiant de manière inédite une tribune commune avec des parlementaires de la Nupes sur l'immigration. (Photo: Ludovic MARIN / AFP)
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Publié le Mardi 12 septembre 2023

L'aile gauche de la macronie, serpent de mer aux multiples mues

  • Majoritairement issue à l'origine de la gauche, la macronie s'est vue renforcer au fil du temps de nombreux poids lourds de droite, Edouard Philippe, Bruno Le Maire ou encore Gérald Darmanin
  • Chef de file revendiqué de l'aile gauche de la macronie, M. Houlié affirme avoir refusé d'entrer au gouvernement car on lui proposait de devenir ministre délégué de Gérald Darmanin qui incarne selon lui sa «droite»

PARIS: L'aile gauche de la macronie a marqué les esprits lundi en publiant de manière inédite une tribune commune avec des parlementaires de la Nupes sur l'immigration.

Mais cet espace politique peu structuré et fragmenté reste difficile à cerner, en l'absence de leader face aux nombreux ténors issus de la droite.

Une galaxie éclatée

L'aile gauche de la macronie, quelle adresse ? Les députés et ministres s'en revendiquant appartiennent à différentes chapelles peu identifiées du grand public.

Territoires de progrès (TDP), parti créé en 2020 par Jean-Yves Le Drian et Olivier Dussopt, s'est associé à Renaissance lors de son congrès de septembre 2022. Mais aussi "En commun", courant cofondé en mai 2020 par 46 députés, et qui n'en compte aujourd'hui plus que quatre, apparentés Renaissance.

Parmi eux, l'ex-ministre Barbara Pompili que l'on retrouve aussi dans le "collectif progressiste" lancé en juin 2023 et qui regrouperait une vingtaine de députés - pour la plupart des socialistes dissidents membres du groupe centriste Liot et des élus Renaissance.

Le collectif s'est fait remarquer en publiant le 5 septembre un texte appelant à la régularisation des travailleurs sans-papiers dans les métiers en tension... quelques jours avant une initiative plus large sur le même thème regroupant 12 députés de la majorité (Renaissance, MoDem) et des parlementaires socialistes, écologistes et communistes.

A l'initiative côté majorité, Sacha Houlié, le président de la commission des Lois. Ce dernier affirme réunir "depuis trois mois" une "cinquantaine" de députés pour élaborer des "propositions". Un réseau aux contours flous qui n'a pas encore de nom.

Une incarnation à la peine

Chef de file revendiqué de l'aile gauche de la macronie, M. Houlié affirme avoir refusé d'entrer au gouvernement car on lui proposait de devenir ministre délégué de Gérald Darmanin qui incarne selon lui sa "droite". Mais il le reconnaît: "Il y a un gros problème d'incarnation sur la gauche et le centre gauche dans la vie politique française".

Majoritairement issue à l'origine de la gauche, la macronie s'est vue renforcer au fil du temps de nombreux poids lourds de droite, Edouard Philippe, Bruno Le Maire ou encore Gérald Darmanin.

"Le barycentre du macronisme s'est nettement déplacé vers la droite. On parle encore d'une aile gauche de la majorité", mais il y a tout au plus "quelques figures sympathiques (...) très peu armées pour résister au mouvement général qui pousse vers des politiques de droite", analyse un macroniste de la première heure.

Parmi les ministres identifiés comme appartenant à l'aile gauche - Olivier Dussopt, Olivier Véran, Clément Beaune... -, aucun ne semble avoir l'étoffe pour devenir candidat à la présidentielle. Quant à Elisabeth Borne, elle cherche à accroître son poids au sein de la majorité.

"Sur l’aile droite on identifie assez facilement des gens qui pourraient être candidat à la présidentielle, c’est moins évident sur l’aile gauche", dit un cadre de la majorité. Un pêché mortel en Ve République.

Une influence à démontrer

En l'état, que pèse cette fameuse aile gauche ? Le projet de loi immigration aura valeur de test. Un député anticipe déjà sa défaite: "si d’emblée on fait une entourloupe sur la régularisation des immigrés travaillant dans les métiers en tension, ça criera très fort mais ça se couchera".

L'aile gauche de la macronie ne semble pas en mesure d'imposer un véritable rapport de force. "Sacha Houlié ne va pas aller dans l’opposition, et (la députée) Stella Dupont non plus", affirme un député Renaissance.

Reste, pour tenter de peser davantage, la possibilité de créer un groupe "clairement assumé de l'aile gauche de la majorité", dit un responsable de Territoire de Progrès.

"Ça ne sert à rien à court terme, à part diviser. Peut-être que dans deux ans ça aura du sens", observe un ministre. "Ce n’est pas le bon moment pour créer une chapelle".


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".