VENISE: Quentin Dupieux a trouvé son maître en matière de surréalisme: le réalisateur, spécialiste de l'absurde, a présenté à Venise son nouveau film où cinq acteurs différents incarnent le peintre espagnol Salvador Dali.
Gilles Lellouche, Édouard Baer, Jonathan Cohen, Pio Marmaï et Didier Flamand partagent le rôle de l'artiste surréaliste catalan, que cherche à interviewer une jeune journaliste, jouée par Anaïs Demoustier.
"J'avais peur qu'un seul comédien ne soit pas suffisant pour incarner tout (le) panel de folie" de Dali, a expliqué Quentin Dupieux à l'AFP sur le Lido, où le film est présenté hors compétition.
Dupieux, passée en une dizaine d'années de la French Touch (Mr Oizo) et des films absurdes confidentiels (comme "Wrong Cops" ou "Rubber", l'histoire d'un pneu) à une plus large audience ("Le Daim" avec Jean Dujardin, "Yannick" avec Raphaël Quenard), s'appuie cette fois sur une figure incontournable de l'histoire de l'art.
Un siècle après avoir inspiré Bunuel pour "Le Chien Andalou", Dali continue de hanter le septième art: Dupieux explique avoir été inspiré par "le Dali de (son) enfance" qu'il voyait "à la télévision dans les années 1980, qui n'en n'a plus rien à foutre de rien et qui est de plus en plus drôle. Plus il dégénère, plus il est drôle".
Le film s'ouvre sur la reproduction d'un tableau de Dali, un piano-fontaine, et le ton est donné: des rêves qui se répètent, des personnages qui apparaissent et disparaissent inexplicablement, des dialogues absurdes.
Les histoires de chaque Dali sont emboîtées les unes dans les autres, "comme des poupées russes", complète Edouard Baer, qui avoue même qu'il "ne savait pas qu'il y avait d'autres Dali", les acteurs ne se croisant pas pendant le tournage.
Le film ne dure que 1H17. Un format pas si court pour Dupieux: "Yannick" durait dix minutes de moins et est devenu le succès surprise de l'été en salles, dépassant les 360.000 spectateurs depuis sa sortie en août.
"Mon seul et unique but, c'est de vous divertir et de vous faire marrer intelligemment, dans des recoins un peu spéciaux et nouveaux", explique le réalisateur de 49 ans. "Moi, quand j'entends une salle rire, devant +Daaaaaali!+ ou devant +Yannick+, un vrai rire franc, je suis très satisfait".