BORDEAUX: La France traverse un épisode de chaleur tardif et inédit en France, selon Météo France qui place 47 départements en vigilance jaune canicule pour mercredi, après une journée de mardi marquée par de nouveaux records de température pour un mois de septembre.
Dans son bulletin de 16H00, l'organisme public de prévision a ajouté quatre départements - Côte-d'Or, Jura, Saône-et-Loire et Seine-Maritime - en vigilance jaune (premier seuil d'alerte), précisant qu'une aggravation - placement en vigilance orange - "ne peut être totalement exclue" dans certains territoires.
Mardi à 17H00, de nouveaux records mensuels ont encore été dépassés, indique par ailleurs Météo France. Ainsi, les températures ont atteint 31,3 °C à Saint-Brieuc (dont le précédent record date de 30,4 °C en septembre 2016), 34,6 °C à Chartres (dépassant les 34,3 °C en septembre 2020), 34,3 °C à Châlon-sur-Saône (contre 33,8 °C en 2020), 35,4 °C à Nevers (contre 35,3 °C en 2020), 33,0 °C à Langres (contre 32,5 °C en 2020) ou encore 31,5 °C à Annecy (dépassant 30,9 °C en 2020).
Alors que l'été météorologique s'est achevé fin août, ces températures inhabituelles affectent une large portion ouest du pays, où la chaleur devrait persister jusqu'à dimanche, avec des nuits remarquablement chaudes.
Lundi, journée signalée comme la plus chaude jamais enregistrée en septembre, les scientifiques ont relevé des températures de 37,0 °C à Poitiers, 36,6 °C à Niort, 36,8 °C à Cognac, 35,1 °C à Aix-en-Provence, 34,5 °C à La Rochelle, 33,9 °C à Lyon-Saint-Exupéry, 31,5 °C à Paris.
Le mercure est monté aussi dans la Vienne, où "les sols sont complètement asséchés. Il y a un pied de colza tous les trois ou quatre mètres carrés", témoigne auprès de l'AFP Dominique Gaborieau, producteur de céréales à Genouillé.
Les 120 hectares qu'il a semés début août n'ont jamais levé, faute d'eau. "On n'a jamais vu ça" à cette période de l'année, assure cet agriculteur, contraint de déposer une déclaration de sinistre auprès de son assurance.
Rentrée étouffante
Le syndicat des melons du Haut-Poitou (2e région productrice de France) se réjouit en revanche de cet épisode pour "la qualité de la production et la consommation de melons qui devrait repartir à la hausse", même si la chaleur complique la récolte.
"Nous sommes contraints de cesser le travail en milieu d'après-midi, ce qui réduit notre activité", relève Julien Godet, président du syndicat.
À Pau, le ramassage des ordures a été reprogrammé le matin.
Dans le Limousin, la rentrée a été particulièrement étouffante pour les élèves et leurs enseignants: "De nombreux collègues nous font remonter des températures à plus de 30 degrés dans leurs salles de classe", rapporte le syndicat Unsa Éducation, appelant les élus à adapter les bâtiments scolaires au changement climatique.
Le président Emmanuel Macron, en déplacement dans un collège des Pyrénées-Atlantiques, a annoncé mardi le déblocage en 2024 de 500 millions d'euros du fonds vert pour la rénovation énergétique des écoles. Il vise l'adaptation de plus de 40.000 établissements scolaires au réchauffement climatique d'ici 10 ans.
Mercredi, les maximales restent chaudes et atteindront "31 à 35 degrés du Sud-Ouest à l'intérieur de la Bretagne et au Centre, jusqu'à 35 à 37 degrés par endroits", ajoute Météo-France.
"En bord de Méditerranée et sur les côtes de Manche, on attend entre 23 et 30 degrés", précise-t-il.
Air chaud du Maghreb
Cette chaleur remarquable en ce début septembre est conforme aux observations des climatologues, selon lesquelles le changement climatique d'origine humaine augmente non seulement la sévérité des canicules mais aussi leur précocité ou leur survenue tardive.
Celle d'août a surtout concerné une grosse moitié sud du pays, avec une durée et une intensité comparables à la canicule historique de 2003 en Provence-Alpes-Côte d'Azur et Occitanie.
"Les records de 2003 ou 1947 sont globalement effacés sur certaines régions. Ces canicules récentes ont redessiné la climatologie de la France", soulignait lundi Matthieu Sorel, climatologue à Météo-France.
"On a de l'air chaud aspiré depuis le Maghreb qui est revenu progressivement sur le pays, avec des hautes pressions qui se sont installées et une situation de blocage qui va durer toute la semaine", prévoit Frédéric Nathan de Météo-France.