AL-MUKALLA: Le Premier ministre yéménite, Maeen Abdelmalik Saeed, a salué lundi l’aide financière de 1,2 milliard de dollars (1 dollar = 0,93 euro) de l'Arabie saoudite au Yémen, la qualifiant de «bouée de sauvetage» pour le pays.
Selon lui, le nouveau financement du Royaume permettra à son gouvernement de payer les fonctionnaires, de réduire le déficit budgétaire et de contrôler la dépréciation du riyal yéménite.
Le Premier ministre a déclaré à la presse dans la ville portuaire d'Aden, capitale provisoire du Yémen, que le déficit budgétaire de cette année avoisinait les 40%, contre 20% l'année dernière. Il a également annoncé que son gouvernement avait adopté plusieurs réformes, telles que la lutte contre la contrebande, afin de s'assurer que l'aide financière était correctement administrée.
«L'aide fournie par nos frères d'Arabie saoudite est une bouée de sauvetage pour le gouvernement, lui permettant de continuer à garantir le paiement des salaires et à financer le déficit budgétaire», a ajouté M. Saeed.
Il a accusé des personnes «influentes», sans les nommer, de faire obstacle à son gouvernement et a noté que les taxes et les frais de douane sur les importations de pétrole avaient ajouté 239 milliards de riyals yéménites (63,7 milliards de dollars) au budget chaque année, contre zéro en 2018.
«Nous traversons une situation difficile. Nous devons réussir à obtenir une aide budgétaire. Nous devons réussir le processus de réforme. La situation de la population est difficile dans les domaines de l'éducation et de la santé», a-t-il déclaré.
Afin de briser le monopole des Houthis sur les services de téléphonie mobile et d'Internet, M. Saeed a indiqué que le gouvernement yéménite avait signé un accord avec une société de télécommunications émiratie pour construire des infrastructures de communication modernes dans les zones contrôlées par le gouvernement, ce qui devrait permettre à ce secteur vital de passer sous le contrôle du gouvernement.
«L'ampleur des tours et de l'infrastructure, ainsi que l'importance de l'investissement de la société émiratie, sont toutes deux considérables. Nous nous attendons à ce qu'elle apporte un progrès qualitatif (dans l'industrie de la communication)», a ajouté le Premier ministre.
Recrudescence de la rougeole
Par ailleurs, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé que 413 Yéménites étaient morts de la rougeole et que plus de 34 000 cas suspects de la maladie avaient été enregistrés au Yémen depuis le début de l'année.
Le nombre de cas recensés cette année a presque doublé par rapport à 2022, année au cours de laquelle 220 personnes étaient décédées et 27 000 cas avaient été enregistrés.
L'agence onusienne attribue l'augmentation rapide des cas de rougeole à l'effondrement de l'économie, à la pauvreté, aux déplacements continus, aux camps de déplacés surpeuplés et à un secteur des soins de santé mis à rude épreuve, ajoutant que les conditions ont empêché 27% des enfants yéménites de moins d'un an de recevoir les vaccins contre la rougeole et la rubéole.
Le représentant de l'OMS au Yémen, Arturo Pesigan, a déclaré que la situation s'était aggravée en raison d'un financement insuffisant qui avait conduit à limiter les efforts de vaccination aux enfants de moins de cinq ans, plutôt qu'à l'ensemble des enfants de moins de 10 ans.
«Idéalement, la campagne de vaccination en réponse à l'épidémie devrait cibler au moins tous les enfants de moins de 10 ans pour en assurer l'efficacité; cependant, le manque de financement actuel a érodé le soutien et limité la campagne aux enfants de moins de cinq ans, tranche d'âge où les taux de mortalité sont les plus élevés», a ajouté M. Pesigan.
Depuis le début de l'année, les organisations sanitaires locales et internationales ont tiré la sonnette d'alarme face à l'augmentation du nombre de cas de rougeole dans le pays, en particulier dans les provinces du nord et de l'ouest contrôlées par les Houthis.
En juillet, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies a fait état de 25 935 cas suspects de rougeole et de 259 décès depuis janvier, reprochant aux Houthis d'avoir empêché la vaccination de masse des jeunes Yéménites sous leur autorité, ce qui a aggravé l'épidémie de rougeole.
Les responsables sanitaires houthis se sont publiquement opposés à la vaccination des enfants yéménites contre la rougeole et d'autres maladies évitables par la vaccination, et ont appelé les parents à ne pas faire vacciner leurs enfants.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com