BEYROUTH: Le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, a déclaré vendredi à Beyrouth que l'élection présidentielle au Liban était une affaire interne et que Téhéran rejetait toute ingérence étrangère dans les affaires intérieures du pays.
Il a ajouté que les dirigeants libanais possèdent la sagesse et la compétence nécessaires pour élire un président.
Amir-Abdollahian s'exprimait lors d'une conférence de presse avec son homologue libanais Abdallah Bou Habib, appelant à un soutien extérieur pour le dialogue entre les factions libanaises afin d'élire un président.
«Nous continuons à soutenir le Liban, son armée, son peuple et sa résistance», a-t-il signalé.
«Nous appelons les forces politiques à accélérer l'accord sur l'élection d'un président et la formation d'un nouveau gouvernement», a-t-il poursuivi.
MISE EN CONTEXTE
Les commentaires du ministre iranien des Affaires étrangères à Beyrouth sont intervenus vendredi, alors que le Liban est sur le point d'achever une année complète sans président, à la fin du mois prochain.
Ses commentaires sont intervenus alors que le Liban est sur le point d'achever une année complète sans président, à la fin du mois prochain.
Longtemps divisé par des lignes sectaires, le Liban a été frappé à la fois par un vide politique et par une crise économique majeure.
Le Parlement est divisé entre les alliés du Hezbollah et les forces d'opposition à propos du future président.
Lors de la commémoration du 45ème anniversaire de la mort du chef religieux Moussa al-Sadr, le président du Parlement, Nabih Berri, a appelé les forces politiques au dialogue.
Le président du Parlement, dont le mouvement Amal est étroitement aligné sur le Hezbollah, a fixé un délai de sept jours suivis de séances publiques pour élire un nouveau président.
Lors de son discours, Berri n'a pas mentionné le candidat soutenu par le Hezbollah, Sleiman Frangié, et n'a pas insisté pour le soutenir comme il l'avait fait précédemment.
Les forces d'opposition, des blocs parlementaires majoritairement chrétiens, rejettent la candidature de Frangié.
Malgré 12 sessions électorales, aucune faction n'a réussi à obtenir les votes nécessaires à la victoire de son candidat.
Un observateur politique a qualifié l'appel au dialogue lancé par Berri pour parvenir à un accord d’«absurdité politique», car cela est en contradiction avec la constitution qui prévoit l'élection d'un président plutôt que sa nomination.
Le grand mufti du Liban, le cheikh Abdel Latif Derian, a déclaré vendredi: «Les gens commencent à être déçus par la majorité des dirigeants politiques qui insistent sur la poursuite de leurs intérêts personnels aux dépens de la nation et des citoyens qui luttent afin d’assurer leurs moyens de subsistance au sein du chaos politique, économique, et social et des conditions de vie déplorables.»
Il a ajouté: «Les musulmans sunnites du Liban n'ont pas de projet spécifique; ils croient en l'État.»
«Nous n'acceptons qu'un État fort et compétent qui s'occupe de tout le monde. Personne ne peut le remplacer dans la protection de la nation et de ses citoyens», a-t-il précisé.
Derian a poursuivi: «L'État ne pourra se relever qu'en s'attaquant aux crises auxquelles nous sommes confrontés dans le cadre de l'élection rapide d'un président.»
Il a indiqué qu'il pensait que le mouvement des émissaires venant au Liban pour aider à l'élection d'un président ne porterait pas ses fruits si les responsables libanais ne s'engageaient pas réellement dans cette voie.
Alors que certains députés du Mouvement patriotique libre ont exprimé leur soutien à l'appel au dialogue lancé par Berri, les députés du Parti des forces libanaises et du Parti des Kataeb libanais ont refusé l'invitation.
La députée Strida Geagea a déclaré que la position de Berri constituait une violation constitutionnelle importante, car la constitution ne mentionne pas le consensus mais les élections.
Geagea a demandé au président du Parlement de «convoquer une session ouverte à plusieurs tours, conformément à la constitution, afin d'élire le président du pays».
S'adressant à Berri, le chef du Parti des Kataeb libanais, le député Sami Gemayel a déclaré: «Toutes les justifications que vous invoquez ne sont pas valables. L'application de la constitution ne doit pas être utilisée comme un outil de chantage politique.»
Gemayel a ajouté: «Le Parlement ne vous appartient pas, il appartient au peuple libanais.»
Ce vendredi, 110 juges ont décidé de se mettre en grève après la fin des vacances judiciaires.
Dans une déclaration, les juges ont souligné les raisons de la grève, à savoir «l’incapacité de l'État à couvrir leurs soins de santé et leurs frais d'éducation, ainsi que celles de leurs familles».
Ils ont critiqué l'absence de conditions de travail adéquates qui respectent «la dignité humaine au sein des palais de justice».
Les juges libanais recevaient un salaire décent de plus de 5 000 dollars américains (1 dollar américain = 0,93 euro) par mois, avant que la crise économique n'engloutisse le pays. Ils bénéficiaient aussi de soins de santé et de prestations éducatives.
Avec l'effondrement de la monnaie nationale, leur salaire atteint à peine 400 dollars par mois, tandis que les avantages en matière de soins de santé et d'éducation ont considérablement diminué.
L'aide que les juges recevaient du Fonds mutuel a également cessé.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com