Le «préférendum», une idée qui pose questions

Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux ambassadeurs français lors de la conférence des ambassadeurs au palais de l'Élysée à Paris, le 28 août 2023. (Photo, AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux ambassadeurs français lors de la conférence des ambassadeurs au palais de l'Élysée à Paris, le 28 août 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 29 août 2023

Le «préférendum», une idée qui pose questions

  • Préférendum, quésaco? « C'est un concept qui nous permettrait de tester plusieurs sujets à la fois au cours d'un même vote», a expliqué le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran
  • A cette aune, le « préférendum» ressemble à s'y méprendre au référendum à questions multiples que M. Macron avait envisagé durant son premier mandat, après la crise des gilets jaunes

PARIS: Jetée dans le débat juste avant le grand raout des chefs de parti autour d'Emmanuel Macron, la piste d'un "préférendum" laisse perplexe, tant au sein de la majorité que chez les constitutionnalistes, tous en peine de définir ce concept.

"Et pourquoi pas un préférendum?" L'air de rien, lundi matin, Olivier Véran a ouvert la boîte à questions. Préférendum, quésaco? "C'est un concept qui nous permettrait de tester plusieurs sujets à la fois au cours d'un même vote", a expliqué le porte-parole du gouvernement sur RMC et BFMTV.

Une "forme de démocratie directe", pas pour déplaire au ministre dont le portefeuille inclut aussi le "renouveau démocratique". D'autant plus "qu'en posant plusieurs questions", l'exécutif espère réduire le risque de "voter pour ou contre celui qui (les) pose". A la rigueur, "les gens vont peut-être se lâcher sur un item et pouvoir répondre sur le fond à l'ensemble des autres".

A cette aune, le "préférendum" ressemble à s'y méprendre au référendum à questions multiples que M. Macron avait envisagé durant son premier mandat, après la crise des gilets jaunes puis la convention citoyenne sur le climat, sans passer à l'acte.

Désormais privé de majorité au Parlement, le chef de l'Etat y songe donc à nouveau, à la veille de son "initiative politique d'ampleur" mercredi.

Réunis en bureau exécutif lundi soir, les cadres du parti Renaissance ont "validé" le principe d'un "référendum avec entre trois et cinq questions" mêlant "de l'international, du national et du pouvoir d'achat", a indiqué Renaud Muselier sur Sud Radio.

Le président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur n'a cependant pas caché qu'une interrogation demeure: "Est-ce que la Constitution ou la loi le permet?"

«Autant faire un sondage»

En tout cas, rien ne l'interdit. "Ça ne s'est jamais produit, mais ce n'est pas impossible", observe Dominique Chagnollaud, professeur de droit public à l'université Panthéon-Assas.

A quelques détails près: "Tout dépend comment les questions sont formulées" et si l'ensemble est "cohérent", faute de quoi "le Conseil constitutionnel peut juger que c'est inintelligible", précise cet expert.

Sans oublier l'article 11 de la loi fondamentale, qui limite le champ référendaire à "l'organisation des pouvoirs publics (et) à la politique économique, sociale ou environnementale de la nation".

Dans ce cadre, "on peut effectivement poser la question le même jour sur plusieurs textes de loi", confirme Bastien François, professeur de science politique à l'université Panthéon-Sorbonne.

Mais si l'objectif est de "prendre la forme du référendum pour demander aux gens ce qu'ils préfèrent", sans "aucune portée normative", alors "autant faire un sondage", suggère-t-il.

Certes, "rien n'interdit de dépenser les moyens de la République pour faire une consultation géante" comme ce fut le cas lors du "grand débat" début 2019, observe M. François. Reste que "la souveraineté nationale appartient au peuple" comme en dispose l'article 3 de la Constitution, et qu'"un souverain ne donne pas son opinion, il décide", souligne-t-il.

Le pouvoir donne plutôt l'impression d'hésiter. Quelques caciques parlent déjà de "pré-référendum", comme une primaire des idées afin d'identifier les thèmes porteurs. Sans méthode préétablie: M. Muselier a évoqué un éventail de réponses allant de "oui, non, peut-être", à "je m'abstiens, ça ne m'intéresse pas ou je n'ai pas d'avis".

Une sorte de questionnaire à choix multiples rappelant le "jugement majoritaire", mis au point par deux chercheurs du CNRS et promu par le collectif Mieux Voter. Méthode utilisée l'an dernier par la "primaire populaire" remportée par Christiane Taubira, qui avait ensuite échoué à recueillir assez de parrainages pour concourir à la présidentielle


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".