MESEBERG, ALLEMAGNE: Le chancelier Olaf Scholz a annoncé mardi un vaste plan de relance de l'activité économique allemande, plus épais que prévu notamment au plan fiscal, mais qui peine à convaincre les milieux économiques.
La crainte d'un déclin économique domine la rentrée dans la première économie européenne et a mis le gouvernement d'Olaf Scholz sous pression.
L'ancienne locomotive de l'UE devrait être le seul grand pays industriel à connaître une récession en 2023, selon le FMI.
"Il est donc très important que, dans cette situation, nous lancions une offensive du gouvernement fédéral pour stimuler la croissance de notre pays", a souligné le chancelier lors d'un point-presse au château de Meseberg, près de Berlin, où le gouvernement de coalition est réuni pour un séminaire de deux jours.
Il faut "garantir que les entreprises prennent leurs décisions (...) en ce qui concerne les investissements et les opportunités de croissance pour notre pays", a-t-il ajouté.
Son gouvernement de coalition, qui rassemble un attelage hétéroclite entre sociaux-démocrates, verts et libéraux, s'est mis d'accord sur un programme de relance en 10 points, devant être formellement adopté mercredi en conseil des ministres.
Les principales nouveautés se trouvent dans un paquet d'aides fiscales lourd de plus de 7 milliards d'euros par an jusqu'en 2028, contre environ 5,7 milliards prévus à un stade antérieur.
Le bouquet d'allégements fiscaux concerne en particulier les petites et moyennes entreprises, sous la forme d'amortissements accélérés et de primes à l'investissement.
Il comprend aussi un dispositif d'amortissement dégressif pour le logement résidentiel, de 6% par an, censé aidé la construction qui souffre de l'environnement des taux d'intérêt élevés.
Un effondrement total du secteur de la construction mettrait en danger les capacités dont le pays a un besoin urgent et exacerberait les problèmes sociaux sur le marché du logement, selon un document détaillant le plan du gouvernement.
Une autre mesure phare va permettre aux entreprises de mieux compenser les pertes passées par des bénéfices ultérieurs. Elles devraient désormais pouvoir compenser "80% des pertes sur quatre ans", contre 60% habituellement, a expliqué le ministre des Finances libéral Christian Lindner au même point-presse.
En outre, les incitations fiscales à la recherche et au développement doivent être améliorées.
Prix d'énergie subventionnés
L'accès des jeunes entreprises aux marchés de capitaux va par ailleurs être facilité via des mesures coûtant un milliard d'euros.
Il s'agit encore de soutenir la modernisation de l'économie en ciblant la protection du climat dans les secteurs du bâtiment et des transports, via un fonds de 211 milliards d'euros déjà annoncé auparavant.
Le plan du gouvernement vise aussi à alléger le fardeau bureaucratique entourant des autorisations de construire, en recourant à l'intelligence artificielle.
Berlin compte par ailleurs sur une adoption rapide d'un projet de loi sur l'immigration qualifiée, censé régler les pénuries de main d'oeuvre, et qui doit encore être voté au Parlement.
L'industrie a été frappée au cœur suite à l'envolée des prix d'énergie dans le sillage de la guerre russe en Ukraine.
La coalition veut enfin garantir aux entreprises une fourniture d'énergie à un prix abordable, avec des prix subventionnés mais qui n'ont pas vocation à s'installer dans la durée.
Accueil froid
Les milieux économiques n'ont pas été enthousiasmés par ce catalogue de mesures.
Si une loi pour "booster" la croissance est importante pour "améliorer les conditions-cadres pour les investissements", les mesures "ne sont toujours pas en mesure de remédier à la faible croissance de l'Allemagne", a déclaré Veronika Grimm, membre du comité des sages économiques, au quotidien économique Handelsblatt.
Pour rendre l'énergie moins chère, nerf de la guerre économique, "il faut augmenter l’offre et non subventionner les prix" de sources d'énergie instables, a estimé Uwe Fröhlich, co-président du directoire de la banque coopérative DZ Bank, auprès de l'AFP.