Interdiction de l’abaya à l’école: les réactions s’enchaînent en France

Des élèves lors de l'affichage des résultats du baccalauréat général français au lycée Pasteur de Strasbourg, dans l'est de la France, le 4 juillet 2023. La décision du gouvernement français d'interdire aux élèves de porter des abayas - des robes longues et fluides d'origine moyen-orientale - a ouvert un nouveau débat sur les lois laïques du pays et le traitement des minorités musulmanes. (Photo Frederick FLORIN / AFP)
Des élèves lors de l'affichage des résultats du baccalauréat général français au lycée Pasteur de Strasbourg, dans l'est de la France, le 4 juillet 2023. La décision du gouvernement français d'interdire aux élèves de porter des abayas - des robes longues et fluides d'origine moyen-orientale - a ouvert un nouveau débat sur les lois laïques du pays et le traitement des minorités musulmanes. (Photo Frederick FLORIN / AFP)
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Publié le Mardi 29 août 2023

Interdiction de l’abaya à l’école: les réactions s’enchaînent en France

  • «Vous rentrez dans une salle de classe, vous ne devez pas être capable d’identifier la religion des élèves en les regardant», a estimé Gabriel Attal
  • «La consigne n’était pas claire; désormais elle l’est et nous nous en félicitons», s’est réjoui le secrétaire général du Syndicat national des personnels de direction de l’Éducation nationale

PARIS: Il fallait s’y attendre. Les réactions – de félicitations ou d’indignation – n’ont pas tardé après l’annonce de l’interdiction de l’abaya dans les établissements scolaires français, ce dimanche 27 août. «J’ai décidé qu’on ne pourrait plus porter d’abaya à l’école», a en effet déclaré Gabriel Attal dimanche soir sur le plateau du JT de TF1. Pour le ministre de l’Éducation nationale, cette longue robe traditionnelle portée par certaines élèves musulmanes est l’expression d’«un geste religieux, visant à tester la résistance de la République sur le sanctuaire laïque que doit constituer l’école». «Vous rentrez dans une salle de classe, vous ne devez pas être capable d’identifier la religion des élèves en les regardant», a-t-il estimé.

Ses collègues au gouvernement n’ont pas manqué de le soutenir. Gabriel Attal «a mille fois raison», a déclaré le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, sur France Inter. «Non à l’abaya, non à tous les signes religieux ostensibles et non à l’islam politique dans notre pays!» Le locataire de Bercy a renchéri en ces termes: «Oui, c’était une urgence de dire stop et de dire non, de se mettre derrière le personnel enseignant qui réclamait des consignes claires.»

«La consigne n’était pas claire; désormais elle l’est et nous nous en félicitons», s’est réjoui de son côté Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du Syndicat national des personnels de direction de l’Éducation nationale. «Maintenant que le message est énoncé, il faut que cela se mette en œuvre dans les établissements. […] Il ne faut pas que les chefs d’établissement soient seuls face aux abayas», a-t-il demandé.

«On vient à l’école non pas pour faire du prosélytisme religieux, mais pour apprendre», a estimé sur BFM TV et sur RMC Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement. Ce dernier a dénoncé une forme de «prosélytisme» à travers le port de ce vêtement. Il a expliqué que cette décision avait été prise en prenant d’abord en compte les proviseurs qui avaient demandé un soutien plus fort de la part de leur ministère. «L’école, c’est un temple de la laïcité», a martelé Olivier Véran.

Une interdiction saluée à droite

Sans surprise, cette décision a été saluée à droite. Éric Ciotti (Les Républicains) a soutenu que «le communautarisme est une lèpre qui menace la République», avant de rappeler, dans un message publié sur X (anciennement Twitter): «Nous avions réclamé à plusieurs reprises l’interdiction des abayas dans nos écoles.»

Le communautarisme est une lèpre qui menace la République.

Nous avions réclamé à plusieurs reprises l’interdiction des abayas dans nos écoles.

Je salue la décision du Ministre de l’Éducation nationale qui nous donne raison. https://t.co/Eyr3G4K4vt

— Eric Ciotti (@ECiotti) August 27, 2023

Toujours sur X, Éric Zemmour a lui aussi salué une annonce qu’il réclame depuis plusieurs mois. «L’interdiction des abayas est un premier bon pas si elle est appliquée», assure le président du parti «Reconquête!», avant de demander à aller encore «plus loin» en proposant «la généralisation du port de l’uniforme pour éviter toute provocation islamique à l’école».

L’interdiction des abayas est un premier bon pas si elle est appliquée.
Avec les @ParentsVigil nous réclamons cette interdiction depuis plusieurs mois et allons même plus loin en proposant la généralisation du port de l’uniforme pour éviter toute provocation islamique à l’école. https://t.co/CsgWGtKzJp

— Eric Zemmour (@ZemmourEric) August 28, 2023

La gauche divisée

À gauche, cependant, la mesure divise. Fabien Roussel a salué cette interdiction «parce que les chefs d'établissement avaient besoin de consignes claires, même si cela concerne 150 établissements sur 60 000», a souligné le patron du PCF sur Sud Radio.

Oui, la décision sur l’abaya était nécessaire pour ne pas laisser seuls les chefs d’établissement.

Non, ce n’est pas la priorité de la rentrée.

La priorité, c’est une éducation de qualité et vraiment gratuite pour toutes et tous. pic.twitter.com/KdDsim1sex

— Fabien Roussel (@Fabien_Roussel) August 28, 2023

Du côté du Parti socialiste (PS), les réactions sont venues du député Jérôme Guedj, qui rappelle que «notre boussole, c’est l’interdiction des signes ostensibles à l’école. Dès l’instant où l’abaya ou le qamis [vêtement long masculin, NDLR] sont portés dans une dimension ostentatoire, alors il faut les interdire comme la loi de 2004 le permet, sans difficultés majeures». Le maire PS de Montpellier, Michaël Delafosse, a expliqué sur X que «le principe de #laïcité doit être affirmé avec clarté. La loi de 2004 interdit les symboles religieux dans le cadre scolaire. Le prosélytisme religieux n’y a pas sa place».

Le principe de #laïcité doit être affirmé avec clarté. La loi de 2004 interdit les symboles religieux dans le cadre scolaire. Le prosélytisme religieux n’y a pas sa place. La prise de position du ministre ferme sur les #abayas est un signal très important qui doit dire consensus.

— Michaël Delafosse (@MDelafosse) August 27, 2023

En revanche, l’interdiction ne passe pas chez La France insoumise (LFI), qui le fait savoir haut et fort. «Tristesse de voir la rentrée scolaire politiquement polarisée par une nouvelle absurde guerre de religion entièrement artificielle à propos d’un habit féminin», a réagi Jean-Luc Mélenchon sur X. À quand la paix civile et la vraie laïcité, qui unit au lieu d’exaspérer?», s’est demandé le leader du parti.

Tristesse de voir la rentrée scolaire politiquement polarisée par une nouvelle absurde guerre de religion entièrement artificielle à propos d'un habit féminin. À quand la paix civile et la vraie laïcité qui unit au lieu d'exaspérer ?

— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) August 28, 2023

«Jusqu'où ira la police du vêtement? La proposition de @Gabriel_attal est anticonstitutionnelle. Contraire aux principes fondateurs de la laïcité. Symptomatique du rejet obsessionnel des musulmans», s'est indignée sur X la députée LFI Clémentine Autain. Cette dernière a considéré que, «à peine rentrée, la macronie tente déjà de prendre le Rassemblement national [RN] par la droite».

Jusqu'où ira la police du vêtement ?
La proposition de @Gabriel_attal est anticonstitutionnelle.
Contraire aux principes fondateurs de la laïcité.
Symptomatique du rejet obsessionnel des musulmans.

À peine rentrée, la macronie tente déjà de prendre le RN par la droite. https://t.co/2j0tClzL59

— Clémentine Autain (@Clem_Autain) August 27, 2023

Pour la députée insoumise Danièle Obono, «l’interdiction de l'#abaya est antilaïque, sexiste et raciste. La macronie impose un sens religieux à ce vêtement alors que les autorités du culte concerné disent qu'il n'en a pas».

?#BFMTV L'interdiction de l'#abaya est anti-laïque, sexiste et raciste. La Macronie impose un sens religieux à ce vêtement alors que les autorités du culte concerné disent qu'il n'en a pas ; vise spécifiquement un habillement féminin ; et stigmatise la seule religion musulmane. pic.twitter.com/nMseqfRMhp

— Députée Obono (@Deputee_Obono) August 28, 2023

«On a des nouvelles du nouveau ministre de l’Éducation: Gabriel Ciotti. Son obsession? Les musulmans. Plus précisément, les musulmanes», a raillé de son côté la présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, Mathilde Panot.

On a des nouvelles du nouveau ministre de l’Éducation : Gabriel Ciotti. Son obsession ? Les musulmans.
Plus précisément, les musulmanes. Pour ne pas changer. https://t.co/4WUGfxfl0y

— Mathilde Panot (@MathildePanot) August 27, 2023

Pour la députée Sandrine Rousseau, cette décision prévoit un nouveau «contrôle social sur le corps des femmes et des jeunes filles» après «l’interdiction du crop top, qui était annoncée le 12 septembre 2022».

L’année dernière c’était l’interdiction du crop top qui était annoncée le 12 sept 2022. Cette année, c’est l’abaya.

Le contrôle social sur le corps des femmes et des jeunes filles, toujours. pic.twitter.com/ZDzcPVe6aC

— Sandrine Rousseau (@sandrousseau) August 27, 2023

David Guiraud, député LFI du Nord, a rejoint sa collègue en constatant que «le premier acte du nouveau ministre de l’Éducation nationale n’aura donc pas été d’ouvrir des écoles, ni de revaloriser les salaires des personnels, ni d’ouvrir des postes pour accompagner les élèves en situation de handicap, mais d’interdire un vêtement. Tirez-en vos conclusions».

Le premier acte du nouveau Ministre de l’Éducation Nationale n’aura donc pas été d’ouvrir des écoles, ni de revaloriser les salaires des personnels, ni d’ouvrir des postes pour accompagner les élèves en situation de handicap, mais d’interdire un vêtement. Tirez-en vos conclusions https://t.co/yJPFUa8oby

— David Guiraud (@GuiraudInd) August 27, 2023

Un constat partagé par Sophie Vénétitay, secrétaire générale du syndicat Snes-FSU, qui a estimé sur France Inter que «le sujet principal de cette rentrée n’est pas le port de l’abaya. Il ne faudrait pas que cela vienne masquer l’ensemble des problèmes de l’école lors de cette rentrée». Selon elle, seulement «quelques milliers d’adolescentes portent ce vêtement» et, «dans 95% des cas, ces situations se dénouent par le dialogue».

Le vice-président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Abdallah Zekri, a également regretté cette décision: «Je pense que le ministre aurait pu échanger, demander l’avis des responsables religieux. Pour moi, l’abaya n’est pas une tenue religieuse, c’est une forme de mode», a-t-il déclaré sur BFM TV.


Sexagénaire tué par balle à Paris dans un McDo: le suspect incarcéré

Le suspect aurait tiré à quatre reprises, les hommes se connaitraient et cette affaire serait liée "à un règlement de compte suite à une tentative de racket", selon la mairie du 18e arrondissement. Photo d'illustration. (AFP)
Le suspect aurait tiré à quatre reprises, les hommes se connaitraient et cette affaire serait liée "à un règlement de compte suite à une tentative de racket", selon la mairie du 18e arrondissement. Photo d'illustration. (AFP)
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  • Les faits se sont déroulés en fin de matinée vendredi dans cet établissement de restauration rapide du 18e arrondissement
  • Le suspect avait pénétré dans ce fast-food et fait feu sur un homme de 60 ans, avait indiqué une source proche du dossier

PARIS: L'homme âgé de 77 ans soupçonné d'avoir tué un autre homme de 60 ans dans un restaurant McDonald's à Paris vendredi a été mis examen pour assassinat et placé en détention provisoire dimanche, selon le parquet de Paris, sollicité par l'AFP.

Les faits se sont déroulés en fin de matinée vendredi dans cet établissement de restauration rapide du 18e arrondissement.

Le suspect avait pénétré dans ce fast-food et fait feu sur un homme de 60 ans, avait indiqué une source proche du dossier.

L'auteur des tirs ne s'était pas enfui et avait été interpellé sur les lieux par la police, avait précisé une source policière.

Selon le parquet de Paris, la victime, née en avril 1964, "a été découverte présentant un impact de balle au visage".

"Un revolver et deux munitions dont une percutée ont été trouvés sur place", selon la même source, et "le suspect, né en juin 1947 à Lyon, est resté sur site et a été interpellé".

Le suspect reprocherait à sa victime de l'avoir menacé à cause d'une dette, selon une source proche de l'enquête.

Aucun n'avait d'antécédents judiciaires particuliers, selon cette source.

Le suspect aurait tiré à quatre reprises, les hommes se connaitraient et cette affaire serait liée "à un règlement de compte suite à une tentative de racket", selon la mairie du 18e arrondissement.


Budgets: Barnier en consultations, Marine Le Pen première reçue à Matignon

 Marine Le Pen lundi matin à Matignon, alors que le Rassemblement national menace de plus en plus ouvertement de censurer le gouvernement. (AFP)
Marine Le Pen lundi matin à Matignon, alors que le Rassemblement national menace de plus en plus ouvertement de censurer le gouvernement. (AFP)
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  •  Michel Barnier va-t-il chuter sur les budgets ? Hôte cette semaine des chefs de groupes parlementaires, le Premier ministre entame ses consultations avec Marine Le Pen lundi matin
  • C'est au plan budgétaire que les nuages s'amoncellent au-dessus de Matignon, la perspective d'un déclenchement de l'article 49.3 approchant à grand pas

PARIS: Michel Barnier va-t-il chuter sur les budgets ? Hôte cette semaine des chefs de groupes parlementaires, le Premier ministre entame ses consultations avec Marine Le Pen lundi matin à Matignon, alors que le Rassemblement national menace de plus en plus ouvertement de censurer le gouvernement.

Semaine chargée pour le gouvernement. Mardi, l'Assemblée débattra et votera sur le traité de libre-échange Mercosur, sur fond de colère des agriculteurs. Les ministres Annie Genevard et Sophie Primas porteront la parole du gouvernement. Et jeudi, un débat tendu est annoncé dans l'hémicycle dans le cadre d'une "niche" de La France insoumise sur l'abrogation de la réforme des retraites du gouvernement d'Elisabeth Borne, adoptée en 2023.

Mais c'est au plan budgétaire que les nuages s'amoncellent au-dessus de Matignon, la perspective d'un déclenchement de l'article 49.3 approchant à grand pas.

Faute de majorité à l'Assemblée où, contrairement à Mme Borne, il a préféré laisser les débats se dérouler, Michel Barnier emploiera "probablement" dans les prochaines semaines cette arme constitutionnelle, qui permet l'adoption d'un texte sans vote, sauf si une motion de censure venait renverser le gouvernement. Ce qui supposerait que le RN joigne ses voix à une motion déposée par la gauche.

Cette "coalition des contraires", "je sais que ce n'est pas ce que souhaitent les Français, qui souhaitent aujourd'hui la stabilité, la sérénité", a dit jeudi le Premier ministre. Comme Emmanuel Macron qui depuis l'Argentine a également dit souhaiter "la stabilité".

Mais selon un sondage Ipsos pour La Tribune Dimanche, 53% des Français souhaitent voir le gouvernement tomber. Et la cote de Michel Barnier chute dans un autre sondage Ifop pour le JDD, à 36% contre 45% lors de sa nomination début septembre.

Qu'advient-il en cas de budget et de gouvernement renversés ? Dans Le Parisien, la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon met en garde contre "un scénario à la grecque" en pointant le risque de crise financière.

"Il n'y a personne de responsable dans le pays qui puisse souhaiter que tombe un gouvernement qui a été nommé il y a deux mois", abonde François Bayrou sur BFMTV.

"S'il y avait censure, il y aurait crise de régime", estime la LR Agnès Evren sur France 3.

 

-"Ne pas faire peur aux Français"-

 

"Il ne faut pas faire peur aux Français pour rien", a répliqué le vice-président du RN Sébastien Chenu, évoquant l'adoption d'une "loi spéciale" budgétaire en cas de censure.

"Le président de la République a plusieurs possibilités: renommer le même Premier ministre, renommer un nouveau Premier ministre, démissionner s'il n'a plus d'autre solution, déclencher un référendum", a énuméré le député du Nord.

En attendant l'entretien de lundi matin, "Michel Barnier crée les conditions d'une censure", a jugé M. Chenu. Et le RN de lister ses griefs: revalorisation des retraites, taxe sur l'électricité, "hausse de la contribution de la France à l'Union européenne", ou encore l'absence d'économies sur "le millefeuille de l'Etat" et "sur l'immigration"...

Trois textes budgétaires sont susceptibles d'être soumis au 49.3. D'abord, le budget de la Sécurité sociale. Après un vote sur l'ensemble du texte mardi au Sénat, une Commission mixte paritaire députés-sénateurs (CMP) devrait être réunie mercredi. Le "socle commun" gouvernemental y est majoritaire. Mais les macronistes menacent de la faire capoter, vent debout contre la réduction des allègements de cotisations patronales sur les salaires.

Une CMP conclusive déboucherait sur un vote définitif dans les deux chambres, avec 49.3 probable à l'Assemblée.

Le budget de l'Etat, ensuite, qui arrive en séance lundi au Sénat, avec un vote solennel prévu le 12 décembre, prélude à la réunion d'une CMP, puis d'un vote final.

Le projet de loi de Finances de fin de gestion pour 2024, également: déjà rejeté en première lecture à l'Assemblée, il est examiné lundi matin au Palais du Luxembourg.

Lundi, après Mme Le Pen, Michel Barnier reçoit également Stéphane Lenormand (Liot), Eric Ciotti (UDR) puis Mathilde Panot (LFI), qui entend lui répéter "qu'il n'a pas de légitimité démocratique".

Le Premier ministre recevra aussi les socialistes Boris Vallaud et Patrick Kanner et les écologistes Cyrielle Chatelain et Guillaume Gontard mercredi, puis les communistes André Chassaigne et Cécile Cukierman jeudi.

Les responsables du "socle commun" (LR, Renaissance/EPR, MoDem, Horizons) seront reçus ensemble mardi matin, comme chaque semaine.

bpa/jmt/vk/lpa

© Agence France-Presse


Le Sénat achève l'examen du budget de la Sécurité sociale à l'approche d'une semaine décisive

Cette vue générale prise à Paris le 2 avril 2024, montre le Sénat français en séance. Le retour de la taxe lapin : pour responsabiliser les patients qui annulent leurs rendez-vous médicaux, le Sénat français a voté le 22 novembre 2024 l'instauration d'une taxe à la charge de ces patients qui se lèvent, contre l'avis du gouvernement français. (Photo AFP)
Cette vue générale prise à Paris le 2 avril 2024, montre le Sénat français en séance. Le retour de la taxe lapin : pour responsabiliser les patients qui annulent leurs rendez-vous médicaux, le Sénat français a voté le 22 novembre 2024 l'instauration d'une taxe à la charge de ces patients qui se lèvent, contre l'avis du gouvernement français. (Photo AFP)
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  • : Samedi, le Sénat a achevé l'examen du projet de budget de la Sécurité sociale pour 2025, avant un vote solennel mardi sur ce texte hautement risqué pour le gouvernement de Michel Barnier, qui pourrait être censure.
  • Un vote solennel sur l'ensemble du texte est prévu mardi au Sénat, avec une adoption quasi certaine.

PARIS : Samedi, le Sénat a achevé l'examen du projet de budget de la Sécurité sociale pour 2025, avant un vote solennel mardi sur ce texte hautement risqué pour le gouvernement de Michel Barnier, qui pourrait être censure.

Après une semaine de débats autour de plusieurs mesures épineuses telles que les retraites, les allègements de cotisations patronales ou encore le temps de travail, la chambre haute a terminé ses travaux en approuvant les prévisions budgétaires du gouvernement.

Elle a notamment validé l'objectif de dépenses de l'assurance maladie (ONDAM) pour 2025, fixé par le gouvernement à 264,2 milliards d'euros. Il a été revu à la hausse de 300 millions d'euros, à la suite de l'attribution d'une enveloppe exceptionnelle de 100 millions d'euros aux maisons de retraite en difficulté, mais aussi pour prendre en compte le dérapage des dépenses de médicaments récemment identifié.

Le gouvernement entend contenir ce dérapage en demandant des efforts complémentaires aux industriels du médicament et au secteur du transport sanitaire.

La Haute Assemblée, dominée par une alliance droite-centristes qui soutient le gouvernement, a globalement approuvé les propositions de l'exécutif, à l'inverse de l'Assemblée nationale qui avait totalement remodelé ce budget de la Sécurité sociale à l'initiative des oppositions, sans pouvoir passer au vote dans les délais constitutionnels.

« Nous avons pris des mesures impopulaires, mais face au déficit qui se creuse, il faut faire face à la réalité et réduire ce train de vie, même si c'est difficile », a réagi auprès de l'AFP la rapporteure générale centriste du Sénat, Élisabeth Doineau.

Un vote solennel sur l'ensemble du texte est prévu mardi au Sénat, avec une adoption quasi certaine.

Le sort de ce projet de budget de la Sécurité sociale sera ensuite entre les mains de quatorze parlementaires — sept sénateurs et sept députés — chargés de trouver un texte de compromis lors d'une commission mixte paritaire (CMP) mercredi au Sénat.

Le camp gouvernemental y sera majoritaire, mais rien n'assure que le « socle commun » s'entende, car une mesure clé sur la baisse des exonérations de cotisations patronales irrite les troupes macronistes.

Si un compromis est trouvé, le texte final sera soumis à un ultime vote dans les deux chambres, avec l'utilisation plus que probable de l'article 49.3 par le gouvernement devant les députés.

Une motion de censure a déjà été annoncée par la gauche, ce qui pourrait provoquer la chute du gouvernement Barnier avant l'hiver si le Rassemblement national décide de la voter.