PÉKIN: La secrétaire américaine au Commerce Gina Raimondo a estimé mardi, lors d'une rencontre à Pékin avec le Premier ministre chinois Li Qiang, que les Etats-Unis et la Chine doivent "faire plus, ensemble", face aux problèmes de la planète.
Citant des sujets suscitant "l'inquiétude mondiale, comme le changement climatique, l'intelligence artificielle, la crise du fentanyl", elle a déclaré: "Je pense que le monde s'attend à ce que nous en fassions plus, ensemble, pour résoudre ces problèmes".
"Je suis tout à fait d'accord avec vous pour dire que nos relations commerciales peuvent être le pilier de nos relations", a-t-elle aussi dit au Premier ministre.
"Le président Biden m'a demandé de venir ici pour faire passer le message que nous ne visons pas un découplage (entre les deux économies, ndlr). Nous cherchons à maintenir nos relations commerciales avec la Chine, qui représentent 700 milliards de dollars", a-t-elle ajouté.
M. Li Qiang a répondu à Mme Raimondo que la "politisation" des questions commerciales par les États-Unis aurait un "impact désastreux", a rapporté l'agence de presse officielle Xinhua.
"La politisation des questions économiques et commerciales et l'extension excessive du concept de sécurité affecteront non seulement sérieusement les relations bilatérales et la confiance mutuelle, mais porteront également atteinte aux intérêts des entreprises et des peuples des deux pays, et auront un impact désastreux sur l'économie mondiale", a déclaré M. Li à Mme Raimondo, selon Xinhua.
Ces déclarations, au troisième jour de la visite de Mme Raimondo en Chine, surviennent au moment où les deux premières puissances économiques mondiales, qui tentent d'atténuer leurs tensions bilatérales, multiplient ces derniers mois les rencontres de haut niveau.
Plus tôt dans la journée, Mme Raimondo avait rencontré le vice-Premier ministre He Lifeng, à qui elle a décrit la relation commerciale entre les deux pays comme "l'une des plus importantes" au monde: "Gérer cette relation de façon responsable est crucial pour nos deux nations et le monde entier".
Washington "ne fera jamais de compromis en matière de protection de notre sécurité nationale" mais ne cherche pas à "freiner l'économie chinoise", a encore assuré la ministre.
Quatrième visite
He Lifeng a lui affirmé la volonté de Pékin de montrer "maintenir le consensus économique et augmenter la coopération".
Gina Raimondo est la quatrième haute personnalité politique américaine à se rendre en Chine cette année, après celles en juillet de la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen et de John Kerry, l'émissaire américain pour le climat.
Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, s'est quant à lui rendu à Pékin en juin.
Aucune de ces visites n'a conduit à des avancées majeures.
Lundi, à l'issue d'une rencontre entre Mme Raimondo et son homologue chinois Wang Wentao, Pékin et Washington ont toutefois convenu de créer un groupe de travail pour tenter d'aplanir les différends commerciaux qui les opposent.
Ce groupe devait se réunir pour la première fois mardi, selon Washington.
Parmi les nombreux désaccords figurent les restrictions commerciales imposées par les Etats-Unis à l'exportation de certains produits américains, notamment de haute technologie, vers la Chine.
Washington les juge cruciales pour préserver sa sécurité nationale. Mais Pékin estime qu'elles visent principalement à freiner l'essor économique et le développement de la Chine.
Relation compliquée
Gina Raimondo a fait part lundi à son homologue chinois Wang Wentao de "l'importance d'assurer des lignes de communication ouvertes entre les Etats-Unis et la Chine", selon le compte-rendu américain de la rencontre.
La Chine a elle évoqué ses "vives préoccupations" à propos des restrictions commerciales américaines qui visent ses entreprises, a rapporté mardi l'agence Chine nouvelle.
"Les mesures unilatérales et protectionnistes vont à l'encontre des règles du marché et du principe de concurrence loyale", a souligné le ministre chinois du Commerce, cité par Chine nouvelle, qui évoque notamment les restrictions américaines visant les semi-conducteurs.
Cela "ne fera que nuire à la sécurité et à la stabilité des chaînes d'approvisionnement mondiales", a-t-il insisté.
Lors de son entretien avec Wang Wentao, Mme Raimondo a reconnu qu'entre Pékin et Washington, "il s'agit d'une relation compliquée, une relation difficile".
"Nous serons bien sûr en désaccord sur certaines questions, mais je pense que nous pouvons aller de l'avant si nous sommes directs, ouverts et pragmatiques", a estimé Mme Raimondo.
La secrétaire d'Etat, qui achève mercredi sa visite en Chine, se rend mardi soir à Shanghai, la capitale économique.