BAGDAD: Trois personnes condamnées à mort en Irak ont été pendues pour leur implication dans un attentat ayant fait 323 morts à Bagdad en juillet 2016 et revendiqué par le groupe Etat islamique (EI), ont annoncé lundi les services du Premier ministre.
Le chef du gouvernement, Mohamed Chia al-Soudani, a lui-même rendu public "l'exécution des peines de mort" visant "trois des principaux criminels condamnés pour leur participation" à l'attentat, selon un communiqué de ses services.
Il s'est exprimé alors qu'il recevait lundi les familles des victimes de la "tragédie de Karrada", du nom du quartier visé par l'attaque suicide au minibus piégé.
L'attaque du 3 juillet 2016, une des plus sanglantes qu'ait connu l'Irak depuis l'invasion américaine de 2003, avait été perpétrée dans un quartier commerçant bondé, au moment où les Irakiens faisaient leurs courses avant l'Aïd el-Fitr, la fête marquant la fin du mois de jeûne du ramadan.
Quelque 323 personnes avaient péri et 200 autres avaient été blessées dans l'attentat revendiqué par les djihadistes de l'EI, qui contrôlaient à l'époque de larges pans du territoire irakien.
Le minibus que le kamikaze a fait exploser était chargé d'explosifs plastiques et de nitrate d'ammonium, avait annoncé à l'époque la police à Bagdad.
L'explosion elle-même a tué un nombre limité de personnes, mais les flammes se sont propagées et ont piégé les Irakiens qui se trouvaient dans les échoppes et centres commerciaux du quartier, d'après la même source.
Les pendaisons annoncées par le Premier ministre ont eu lieu dimanche soir et lundi matin, selon son communiqué, qui ne dévoile pas l'identité des trois personnes exécutées ni la date de leur condamnation.
Selon une source gouvernementale interrogée par l'AFP, parmi les trois hommes figure Ghazwan al-Zawbaï. Les autorités irakiennes avaient annoncé en octobre 2021 son arrestation "hors du pays", le présentant comme le "terroriste" responsable de cet attentat du 3 juillet 2016.
«Insurrection de faible intensité»
Après sa montée en puissance fulgurante en 2014 et la conquête de vastes territoires en Irak et en Syrie voisine, l'EI a vu son "califat" autoproclamé s'écrouler sous le coup d'offensives successives dans ces deux pays.
Si les autorités irakiennes ont proclamé leur "victoire" contre l'EI fin 2017, des cellules djihadistes continuent d'attaquer sporadiquement les effectifs de l'armée et de la police, particulièrement dans les zones rurales et reculées, hors des grandes villes.
Depuis plusieurs années, les tribunaux irakiens ont prononcé des centaines de peines capitales et de condamnations à perpétuité car le Code pénal prévoit une sentence jusqu'à la mort pour quiconque a rejoint "un groupe terroriste", que l'accusé ait combattu ou non dans ses rangs.
En 2022, l'Irak a été le sixième pays qui exécute le plus au monde, selon un rapport publié par Amnesty International, avec plus de 11 exécutions. La même année, plus de 41 peines de mort ont été prononcées, selon la même source.
En 2020, plus de 45 personnes avaient été exécutées, d'après l'ONG.
Selon un rapport de l'ONU publié en juillet, "la structure principale" de l'EI continue de compter "de 5.000 à 7.000 membres en Irak et en République arabe syrienne, dont la plupart sont des combattants".
D'après cette même source, "l'action antiterroriste des forces irakiennes a continué d'entraîner une réduction des activités de Daech (acronyme en arabe de l'EI, ndlr), lequel a cependant maintenu une insurrection de faible intensité".
En mars, un haut responsable militaire irakien assurait toutefois que l'EI comptait entre 400 et 500 combattants actifs en Irak.
Pour la justice irakienne, le "terrorisme", mais aussi les homicides volontaires, voire les trafics de drogue, peuvent valoir la peine de mort par pendaison à leurs auteurs.