Le rejet en mer de l'eau de Fukushima commencera jeudi, suscitant la colère de la Chine

Le 20 mars 2011, un véhicule aérien sans pilote (UAV) de l'Air Photo Service montre la centrale nucléaire endommagée de Fukushima Daiichi de Tokyo Electric Power Co (TEPCO) à Okuma, dans la préfecture de Fukushima, quelques jours après l'accident. (AFP)
Le 20 mars 2011, un véhicule aérien sans pilote (UAV) de l'Air Photo Service montre la centrale nucléaire endommagée de Fukushima Daiichi de Tokyo Electric Power Co (TEPCO) à Okuma, dans la préfecture de Fukushima, quelques jours après l'accident. (AFP)
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Publié le Mardi 22 août 2023

Le rejet en mer de l'eau de Fukushima commencera jeudi, suscitant la colère de la Chine

  • Ce processus a été validé début juillet par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et Tokyo assure qu'il sera sans danger pour l'environnement et la santé humaine
  • L'opération, qui doit durer des décennies, suscite de vives inquiétudes et critiques, notamment de la Chine

TOKYO: Le rejet dans l'océan Pacifique de l'eau de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima doit commencer jeudi, a déclaré mardi le Premier ministre japonais, déclenchant la colère de la Chine qui a convoqué l'ambassadeur du Japon.

Ce processus a été validé début juillet par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et Tokyo assure qu'il sera sans danger pour l'environnement et la santé humaine.

Mais l'opération, qui doit durer des décennies, suscite de vives inquiétudes et critiques, notamment de la Chine.

"Le vice-ministre des Affaires étrangères Sun Weidong a convoqué l'ambassadeur du Japon en Chine, Hideo Tarumi, pour lui adresser une déclaration solennelle après que Tokyo a annoncé qu'il commencera à rejeter de l'eau de la centrale touchée de Fukushima dans l'océan Pacifique cette semaine", selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

"L'océan est la propriété de toute l'humanité, ce n'est pas un lieu où le Japon peut arbitrairement rejeter de l'eau contaminée", a fustigé mardi devant la presse un porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin.

Pékin a interdit dès le mois dernier les importations de produits alimentaires de dix départements japonais, dont celui de Fukushima, et procède à des tests de radiations sur les denrées provenant du reste du pays.

Hong Kong a aussi décidé mardi d'interdire "immédiatement" les importations de produits de la mer provenant de dix départements japonais.

Tokyo prévoit de rejeter en mer plus de 1,3 million de m3 d'eau de la centrale de Fukushima Daiichi provenant d'eau de pluie, de nappes souterraines et des injections nécessaires pour refroidir les cœurs des réacteurs entrés en fusion après le tsunami de mars 2011 qui a dévasté la côte nord-est du pays.

Ces eaux ont été traitées au préalable pour les débarrasser de leurs substances radioactives, à l'exception toutefois du tritium, qui n'a pas pu être retiré avec les technologies existantes.

Seules des doses hautement concentrées de tritium sont nocives pour la santé, selon les experts.

Aussi Tepco, l'opérateur de la centrale de Fukushima, prévoit-il un rejet dans l'océan étalé jusqu'au début des années 2050, à raison de 500 000 litres par jour maximum, et avec une dilution pour réduire le niveau de radioactivité de l'eau tritiée bien en deçà des normes nationales pour cette catégorie.

Les pêcheurs japonais inquiets

Le Japon affirme par conséquent que cette opération ne présente aucune menace pour l'environnement marin et la santé humaine. L'AIEA, qui contrôle le projet, est du même avis et a donné son feu vert en juillet.

L'opération commencera jeudi "si les conditions météo le permettent", selon le Premier ministre japonais Fumio Kishida.

Du personnel de l'AIEA travaille sur place pour s'assurer que le projet "reste conforme aux normes de sécurité" et mettra à disposition de la communauté internationale des données de suivi "en temps réel et quasi-réel", a précisé mardi l'agence dans un communiqué.

Tepco et l'agence japonaise de la pêche mettront aussi des données de contrôle en ligne.

"Le gouvernement japonais a opté pour une fausse solution - des décennies de pollution radioactive délibérée dans l'environnement marin - à un moment où les océans du monde sont déjà sous haute tension", a dénoncé mardi Greenpeace dans un communiqué.

L'industrie japonaise de la pêche redoute quant à elle des conséquences néfastes pour l'image de ses produits, auprès des consommateurs nippons comme à l'étranger.

"Nous sommes toujours opposés au rejet de l'eau" car "la sécurité scientifique n'équivaut pas nécessairement à un sentiment de sécurité dans la société", a déclaré lundi son représentant, Masanobu Sakamoto, à l'issue d'une rencontre avec M. Kishida.

Situation «exploitée» par Pékin

Le Japon va demander la fin des restrictions commerciales chinoises en mettant en avant des "preuves scientifiques", a assuré mardi M. Kishida.

Il a promis des mesures pour soutenir la filière japonaise de la pêche en encourageant sa production et la consommation intérieure de ses produits, ainsi qu'en ouvrant de nouveaux marchés à l'export. Un fonds de 30 milliards de yens (190 millions d'euros) est également prévu pour faire face au risque d'une perte d'image.

Les craintes de la Chine sont peut-être sincères, mais son ton véhément s'explique probablement aussi par les tensions géopolitiques et économiques entre Pékin et Tokyo, selon James Brady, analyste du cabinet d'études Teneo.

Pékin peut ainsi "exploiter" la problématique de l'eau de Fukushima en essayant d'"exacerber" les divisions internes au Japon sur le sujet, exercer une "certaine pression" sur le commerce extérieur nippon et tenter de perturber le récent réchauffement des liens entre Tokyo et Séoul, estime M. Brady, interrogé par l'AFP.

Par la voix du porte-parole de son ministre des Affaires étrangères, Taïwan, un autre grand client asiatique des produits de la mer japonais, a adopté un langage mesuré mardi, disant "respecter" les évaluations des experts scientifiques internationaux sur le sujet.


Israël : Netanyahu revient sur son choix pour la direction du Shin Bet

Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
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  • La nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 
  • M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

JERUSALEM : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mardi être revenu sur son choix pour le nouveau directeur de l'Agence de la sécurité intérieure (Shin Bet) après que son candidat a été critiqué à Washington par un influent sénateur.

« Lundi, M. Netanyahu a de nouveau rencontré le vice-amiral [Eli] Sharvit à propos de sa nomination à la tête du Shin Bet », indique un communiqué du Bureau du Premier ministre.

Il l'a « remercié [...] d'avoir répondu à l'appel du devoir, mais l'a informé qu'après plus ample considération, il avait l'intention d'examiner d'autres candidatures », a indiqué un communiqué du bureau de M. Netanyahu.

Ce revirement soudain survient après que la nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 

« S'il est vrai que l'Amérique n'a pas de meilleur ami qu'Israël, la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet est plus que problématique », a écrit M. Graham sur X.

« Mon conseil à mes amis israéliens est de changer de cap et d'examiner plus minutieusement le passé de leur candidat », a-t-il ajouté, notant que des « déclarations » de l'amiral Sharvit « sur le président Trump et sa politique créeraient des tensions inutiles à un moment critique ».

M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

La décision de démettre M. Bar de ses fonctions, en qui M. Netanyahu dit ne plus avoir confiance, est fortement critiquée en Israël où les manifestations se multiplient contre le gouvernement et contre ce qui est perçu par ses opposants comme une dérive dictatoriale du Premier ministre.


Ukraine : Poutine « reste ouvert à tout contact » avec Trump, après ses critiques selon le Kremlin

Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
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  • « Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
  • Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

MOSCOU : Vladimir Poutine « reste ouvert à tout contact » avec son homologue américain Donald Trump, a affirmé lundi le Kremlin, après les critiques du locataire de la Maison Blanche à l'encontre du président russe malgré leur rapprochement entamé depuis plusieurs semaines.

« Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien, précisant qu'« aucun » nouvel appel entre les deux dirigeants n'était « prévu pour l'instant ».

Donald Trump a dit à la chaîne américaine NBC être « très énervé, furieux » envers son homologue russe, après que ce dernier eut évoqué l'idée d'une « administration transitoire » en Ukraine, sans son président actuel, Volodymyr Zelensky.

Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

Ces dernières semaines, Moscou et Washington ont convenu d'une remise à plat de leurs relations bilatérales, très fortement dégradées par des années de tensions, qui ont culminé depuis 2022 avec le déclenchement de l'assaut russe contre l'Ukraine, soutenue par les États-Unis.

Donald Trump, qui souhaite mettre fin au conflit le plus rapidement possible, a également menacé la Russie de nouvelles taxes sur le pétrole russe si aucun accord n'était trouvé.

Or, la manne financière issue de la vente de son or noir est vitale pour Moscou, qui doit financer son offensive en Ukraine, particulièrement coûteuse.

Le président russe Vladimir Poutine a rejeté plus tôt ce mois-ci la proposition de cessez-le-feu inconditionnel de Donald Trump en Ukraine, que Kiev avait pourtant acceptée sous pression américaine.

Lundi, Dmitri Peskov a martelé que la Russie continuait à travailler « tout d'abord sur l'établissement de relations bilatérales et nous travaillons également sur la mise en œuvre de certaines idées liées au règlement ukrainien ».

« Le travail est en cours. Il n'y a pas encore de détails précis. Il s'agit d'un processus qui prend du temps, probablement en raison de la complexité du sujet », a-t-il poursuivi.


Lutte contre l'immigration clandestine : plus de 40 pays réunis à Londres

Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
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  • Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale.
  • Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

LONDRES : Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale, un dossier prioritaire pour Londres.

Le dirigeant travailliste, qui a pris ses fonctions en juillet dernier, a promis, comme ses prédécesseurs conservateurs, d'endiguer le phénomène des « small boats » (petits bateaux) en luttant contre les réseaux de passeurs.

Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

Keir Starmer donnera le coup d'envoi de ce « premier grand sommet international organisé au Royaume-Uni pour faire face à l'urgence de l'immigration clandestine », qui se tiendra sous la houlette de la ministre de l'Intérieur Yvette Cooper.

Le ministre français Bruno Retailleau et son homologue allemande Nancy Faeser sont attendus, de même que des représentants du reste de l'Europe, d'Asie, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique du Nord, y compris des États-Unis.

Les discussions porteront sur la collaboration entre les États pour démanteler les réseaux de passeurs de migrants, notamment vers le Royaume-Uni et les pays de l'Union européenne.

« Je ne crois tout simplement pas qu'il soit impossible de s'attaquer à la criminalité organisée liée à l'immigration », a déclaré le dirigeant travailliste dans un communiqué diffusé dimanche par le ministère de l'Intérieur.

- « Consensus mondial » -

« Nous devons combiner nos ressources, partager nos renseignements et nos tactiques, et nous attaquer au problème en amont », doit-il ajouter.

Ce sommet s'inscrit dans le prolongement des discussions que Mme Cooper avait eues en décembre avec ses homologues belge, allemand, français et néerlandais.

Les cinq pays avaient alors signé un plan d'action commun destiné à renforcer la coopération pour lutter contre ces réseaux de passeurs de migrants.

Le sommet de cette semaine réunira des représentants de pays de départ de migrants, comme le Vietnam ou l'Irak, ainsi que de pays de transit, comme ceux des Balkans.

Il réunira également le directeur de la Border Force, l'agence responsable des opérations de contrôle de la frontière au Royaume-Uni, ainsi que des représentants d'Interpol, d'Europol et d'Afripol.

Selon le ministère britannique de l'Intérieur, les ministres discuteront de l'équipement, de l'infrastructure et des faux papiers que les bandes criminelles utilisent pour faire entrer des personnes illégalement.

Ils examineront également le fonctionnement des filières et chercheront à « établir un consensus mondial sur la lutte » contre le recrutement de migrants en ligne.

Les Britanniques souhaitent également voir avec la Chine comment elle peut cesser d'exporter des moteurs et d'autres pièces détachées de petits bateaux utilisés pour les traversées de la Manche.

Keir Starmer est sous pression, face à la montée du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, qui a obtenu environ quatre millions de voix lors des élections générales de juillet, un résultat sans précédent pour un parti d'extrême droite.

Le Premier ministre a comparé les passeurs d'immigrés clandestins à des « terroristes ». En réponse, son gouvernement a introduit un projet de loi conférant aux forces de l'ordre des pouvoirs comparables à ceux dont elles disposent en matière de lutte antiterroriste, afin de combattre ces réseaux.

En février, le gouvernement a durci les règles d'acquisition de la nationalité pour la rendre pratiquement impossible à une personne arrivée illégalement au Royaume-Uni.

Il a aussi annoncé des règles plus strictes en matière de droit du travail.

« Fermer les yeux sur le travail illégal fait le jeu des passeurs qui tentent de vendre des places sur des bateaux peu solides et surchargés en promettant un travail et une vie au Royaume-Uni », a déclaré dimanche Mme Cooper, citée dans un communiqué de son ministère.

Au total, plus de 157 770 migrants sont arrivés au Royaume-Uni en traversant la Manche à bord de petites embarcations depuis que le gouvernement a commencé à collecter des données en 2018.