Niger: Rejet d'une transition de 3 ans par les voisins ouest-africains opposés au coup d'Etat

Des partisans du Conseil national de sauvegarde de la patrie (CNSP) du Niger tiennent des drapeaux nigérien (à droite) et russe (à gauche) alors qu'ils se rassemblent sur la place de la Concertation à Niamey le 20 août 2023. (Photo, AFP)
Des partisans du Conseil national de sauvegarde de la patrie (CNSP) du Niger tiennent des drapeaux nigérien (à droite) et russe (à gauche) alors qu'ils se rassemblent sur la place de la Concertation à Niamey le 20 août 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 22 août 2023

Niger: Rejet d'une transition de 3 ans par les voisins ouest-africains opposés au coup d'Etat

  • «Une période de transition de trois ans est inacceptable», a affirmé le commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité de la Cedeao
  • Dimanche, des manifestations de soutien aux militaires ont eu lieu dans la capitale Niamey et dans la grande ville du nord, Agadez

NIAMEY: Les pays ouest-africains opposés au coup d'Etat au Niger ont rejeté l'idée d'une transition de trois ans maximum lancée ce week-end par les militaires qui ont pris le pouvoir, signe qu'une sortie de crise par la voie diplomatique semble encore lointaine.

"Une période de transition de trois ans est inacceptable", a affirmé Abdel-Fatau Musah, commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao).

"Nous voulons que l'ordre constitutionnel soit restauré le plus rapidement possible", a-t-il ajouté dans une interview à Al-Jazeera, réaffirmant la position inflexible de l'organisation régionale depuis le coup d'Etat du 26 juillet.

Samedi soir, au moment où une délégation de la Cedeao était à Niamey pour trouver une solution pacifique à la crise, le nouvel homme fort du Niger, le général Abdourahamane Tiani, avait annoncé envisager une transition de "trois ans" maximum, avant de rendre le pouvoir aux civils.

Une idée inenvisageable pour la Cedeao qui martèle depuis le coup d'Etat que le président renversé Mohamed Bazoum doit être libéré et réinstallé au pouvoir.

Positions crispées 

Et si l'organisation ouest-africaine explore la voie diplomatique pour atteindre cet objectif, elle agite toujours la menace de l'usage de la force.

Vendredi, après une réunion de ses chefs d'état-major à Accra, M. Musah avait indiqué que "le jour de l'intervention" était fixé tout comme "les objectifs stratégiques, l'équipement nécessaire et l'engagement des Etats membres".

"Si une agression devait être entreprise contre nous, elle ne sera pas la promenade de santé à laquelle certains croient", a répondu le général Tiani.

Les positions des deux camps semblent donc crispées, malgré la médiation du week-end qui a permis aux émissaires de la Cedeao de s'entretenir avec le général Tiani, puis le président déchu Mohamed Bazoum.

Dimanche, des manifestations de soutien aux militaires ont eu lieu dans la capitale Niamey et dans la grande ville du nord, Agadez.

Comme souvent lors de ces mouvements de soutien, des slogans hostiles à la Cedeao et aux puissances occidentales - en particulier la France - ont été scandés.

"Halte à l'intervention militaire", pouvait-on également lire sur des pancartes brandies par les milliers de manifestants rassemblés sur la place de la Concertation à Niamey.

A Agadez, plusieurs centaines de manifestants ont "demandé le départ de toutes les bases militaires étrangères", notamment la base américaine installée à l'aéroport de la ville.

Deux millions d'enfants dans le besoin

La France et les Etats-Unis déploient respectivement 1.500 et 1.100 soldats au Niger pour la lutte antijihadiste dans ce pays sahélien régulièrement endeuillé par des attaques de groupes armés liés à l'Etat islamique et Al-Qaïda.

Ces violences n'ont pas cessé avec le coup d'Etat: plusieurs attaques ont eu lieu depuis le 26 juillet, notamment dans l'ouest du Niger proche du Burkina Faso et du Mali, également confrontés aux mêmes groupes armés.

Mardi dernier, au moins 17 soldats ont été tués dans une attaque près du Burkina Faso, la plus meurtrière depuis le coup d'Etat.

Lundi, l'Unicef s'est alarmée de la situation humanitaire au Niger, estimant que plus deux millions d'enfants avaient "besoin d'aide", un chiffre aggravé par la crise en cours.

Selon l'organisation onusienne, ces chiffres peuvent augmenter "si les prix des denrées alimentaires continuent de grimper et si une récession économique frappe les familles, les ménages et les revenus".

De son côté, le représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, Leonardo Santos Simão, a demandé au régime militaire de "prendre les mesures nécessaires pour faciliter l’acheminement et l’accès de l’assistance humanitaire fournie" par les Nations unies et "les autres agences humanitaires aux populations vulnérables au Niger".

Le Niger est depuis le 30 juillet sous le coup de lourdes sanctions économiques imposées par la Cedeao.


Canada: le suspect de l'attaque à la voiture-bélier qui a fait 11 morts inculpé

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
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  • L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police
  • "Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues

VANCOUVER: Le suspect d'une attaque à la voiture-bélier qui a tué 11 personnes et fait des dizaines de blessés lors d'un festival de la communauté philippine de Vancouver a été inculpé de meurtre, a annoncé dimanche la police.

"Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues.

L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police.

Aucun motif n'a été confirmé pour cette attaque survenue samedi soir dans la ville de Vancouver, dans l'ouest du pays, en pleine campagne électorale alors que les Canadiens sont appelés aux urnes lundi pour des élections législatives. La police a exclu cependant la piste terroriste.

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC.

"La nuit dernière, des familles ont perdu une sœur, un frère, une mère, un père, un fils ou une fille", a-t-il déclaré. "Ces familles vivent le cauchemar de toutes les familles.

Le suspect a "un lourd passé d'interactions, avec la police et des soignants, liées à la santé mentale", a déclaré Steve Rai, un haut responsable de la police de Vancouver, lors d'une conférence de presse dimanche.

"Même si je ne peux pas m'exprimer à ce stade sur un possible mobile, je peux désormais dire, confiant, que les éléments de ce dossier ne nous mènent pas à penser qu'il s'agit d'un acte terroriste", a-t-il ajouté.

"Il y a désormais 11 décès confirmés, et nous pensons que des dizaines d'autres sont blessés, dont certains gravement", a poursuivi Steve Rai, prévenant que le nombre de morts pourrait augmenter.

"Il s'agit du jour le plus sombre de l'histoire de Vancouver", a-t-il estimé.

Des corps "écrasés" 

Peu après 20H00 locales samedi (03h00 GMT dimanche) selon la police, "un homme au volant d'un SUV Audi noir" a foncé à travers la foule dans le quartier Sunset on Fraser de la ville de la côte pacifique où des membres de la communauté philippine s'étaient rassemblés pour célébrer la journée Lapu-Lapu, qui commémore une victoire du XVIe siècle contre les explorateurs européens.

Abigail Andiso a raconté au Vancouver Sun qu'elle a entendu de grands bruits, puis des hurlements: "Il y avait des corps. Ils ont été écrasés. Certains étaient déjà morts sur place".

Des images partagées sur les réseaux sociaux et vérifiées par l'AFP montrent un véhicule, un SUV noir dont l'avant est très endommagé, arrêté dans une rue jonchée de débris avec des camions de restauration rapide tout autour.

Sheila Nocasa était sur place peu avant l'incident. Elle a dit à l'AFP être "sous le choc", "anéantie".

Des personnes sont venues dimanche déposer des fleurs pour rendre hommage aux victimes sur le site de l'attaque.

"C'est très traumatisant", a indiqué à l'AFP Mohamad Sariman, qui travaillait dans un food truck au festival Lapu Lapu et qui dit avoir entendu une "grosse détonation".

De nombreuses communautés asiatiques, notamment chinoise, indienne et philippine, vivent dans l'ouest du Canada, pour beaucoup autour de Vancouver, troisième agglomération du pays.

Dimanche, le roi Charles III, chef d'Etat du Canada, s'est dit "profondément attristé" par cette "terrible tragédie". Le président français Emmanuel Macron a dit sa "solidarité aux Canadiens et à la communauté philippine".

De son côté, le président des Philippines Ferdinand Marcos a déclaré dans un communiqué qu'il était "complètement bouleversé d'apprendre ce terrible incident".

"J'ai peur" 

"J'étais choqué" en apprenant la nouvelle, a déclaré dimanche matin à l'AFP Julie Dunbar, une retraitée de la capitale Ottawa. Elle rappelle tristement qu'il "est arrivé la même chose à Toronto" en 2018, quand un homme avait tué 11 personnes avec un van. "J'ai peur de la société dans laquelle on vit".

Ce drame fait monter la tension à quelques heures du scrutin, lundi. La campagne électorale a été dominée par la question de la guerre économique avec les Etats-Unis de Donald Trump et ses menaces d'annexion.

Le nouveau Premier ministre Mark Carney, qui se présente comme un rempart face au président américain, est donné favori par les sondages. Il a modifié le programme de son dernier jour de campagne en raison de l'attaque à Vancouver.


La Chine contredit Trump et dément tout appel récent avec Xi Jinping

Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains. (AFP)
Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains. (AFP)
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  • Dans un entretien publié vendredi par Time Magazine, le président américain a dit avoir parlé au téléphone avec Xi Jinping, sans toutefois préciser à quelle date, ni le contenu de la conversation
  • Donald Trump avait également affirmé au Time Magazine que des discussions étaient en cours avec la Chine pour tenter de parvenir à un accord, et laissé entendre que le processus pourrait aboutir dans les prochaines semaines

PEKIN: La Chine a assuré lundi qu'aucun appel téléphonique n'avait eu lieu dernièrement entre le président Xi Jinping et son homologue américain, contredisant les affirmations de Donald Trump qui dit avoir parlé avec le dirigeant chinois.

Les deux premières puissances économiques mondiales sont engagées dans une guerre commerciale, déclenchée par le locataire de la Maison Blanche.

Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains.

Dans un entretien publié vendredi par Time Magazine, le président américain a dit avoir parlé au téléphone avec Xi Jinping, sans toutefois préciser à quelle date, ni le contenu de la conversation.

"À ma connaissance, les deux chefs d'État n'ont pas eu de conversation téléphonique récemment", a indiqué lundi lors d'un point de presse régulier Guo Jiakun, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Donald Trump avait également affirmé au Time Magazine que des discussions étaient en cours avec la Chine pour tenter de parvenir à un accord, et laissé entendre que le processus pourrait aboutir dans les prochaines semaines.

"Je tiens à rappeler que la Chine et les États-Unis n'ont pas engagé de consultations ni de négociations concernant les droits de douane", lui a répondu lundi Guo Jiakun.

 


Trump demande la gratuité des canaux de Panama et de Suez pour les navires américains

Cette photo diffusée par l'autorité du canal de Panama le 30 août 2024, montre le porte-conteneurs MSC Marie, de 366 mètres de long et 51 mètres de large, transitant dans le canal de Panama à Panama. (AFP)
Cette photo diffusée par l'autorité du canal de Panama le 30 août 2024, montre le porte-conteneurs MSC Marie, de 366 mètres de long et 51 mètres de large, transitant dans le canal de Panama à Panama. (AFP)
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  • Après avoir répété, depuis des mois, sa volonté de prendre le contrôle du canal de Panama, le président américain vise désormais le canal de Suez, un autre axe de transport stratégique pour le commerce mondial.
  • « J'ai demandé au secrétaire d'État Marco Rubio de se saisir » de ce dossier, a-t-il ajouté. 

WASHINGTON : Donald Trump a demandé samedi que le passage des navires américains soit rendu gratuit sur les canaux de Panama et de Suez, et a chargé son chef de la diplomatie, Marco Rubio, de se saisir immédiatement de ce dossier.

Après avoir répété, depuis des mois, sa volonté de prendre le contrôle du canal de Panama, le président américain vise désormais le canal de Suez, un autre axe de transport stratégique pour le commerce mondial.

« Les navires américains, à la fois militaires et commerciaux, devraient être autorisés à transiter gratuitement via les canaux de Panama et de Suez. Ces canaux n'existeraient pas sans les États-Unis d'Amérique », a écrit Donald Trump sur son réseau Truth Social.

« J'ai demandé au secrétaire d'État Marco Rubio de se saisir » de ce dossier, a-t-il ajouté. 

Avant même de prendre ses fonctions le 20 janvier, Donald Trump avait fait monter la pression sur le Panama, menaçant de « reprendre » le canal construit par les États-Unis et inauguré en 1914, et resté sous souveraineté américaine jusqu'en 1999.

Le Panama avait récupéré le canal cette année-là, en vertu d'un accord conclu en 1977 avec le président Jimmy Carter. Les États-Unis et la Chine sont les deux principaux utilisateurs de ce lien stratégique, par lequel transite 5 % du commerce maritime mondial.

Début avril, Washington a obtenu l'autorisation du Panama de déployer des militaires américains autour de cette voie d'eau stratégique.

Le canal de Suez, contrôlé par l'Égypte depuis 1956, concentrait lui environ 10 % du commerce maritime mondial, jusqu'à ce que les rebelles houthis du Yémen commencent à lancer des attaques contre des navires, disant agir en « solidarité » avec les Palestiniens de la bande de Gaza.

Les États-Unis sont intervenus, avec d'autres pays, pour tenter de sécuriser cette route maritime.

Mais le trafic a chuté, réduisant drastiquement une source essentielle de devises étrangères pour Le Caire, plongé dans la pire crise économique de son histoire.