En Russie, le prudent retour d'exilés de la mobilisation militaire

Des résidents locaux passent devant un bâtiment détruit dans la ville de Kupiansk, dans la région de Kharkiv, le 17 août 2023, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine. (AFP)
Des résidents locaux passent devant un bâtiment détruit dans la ville de Kupiansk, dans la région de Kharkiv, le 17 août 2023, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine. (AFP)
Short Url
Publié le Dimanche 20 août 2023

En Russie, le prudent retour d'exilés de la mobilisation militaire

  • Des centaines de milliers de jeunes Russes refusant de participer à la campagne en Ukraine ont fui leur pays après l'annonce de la mobilisation
  • L'armée du Kremlin a également lancé au printemps une vaste campagne de recrutement basée sur le volontariat, apaisant la crainte d'être mobilisé de force

MOSCOU: Après l'annonce d'une mobilisation militaire pour combattre en Ukraine, le 21 septembre 2022, Ivan Nesterov a fui la Russie pour éviter d'être enrôlé de force. Mais, six mois plus tard, tombé dans une dépression, il est rentré.

"Je suis parti quelques jours après l'annonce de la mobilisation, avec un mélange d'émotions, notamment de panique", confie à l'AFP cet homme musclé au crâne rasé et tatoué, âgé de 35 ans et entraîneur dans une salle de sport à Moscou.

Il prend alors un avion pour l'Oural, puis un bus pour la Sibérie, et, enfin, une voiture jusqu'au Kazakhstan, en Asie centrale, en passant, "ironie du sort", par un village nommé "Oukraïnets" ("Ukrainien" en russe).

A Kostanaï, dans le nord du Kazakhstan, où il s'installe, il trouve rapidement un travail dans un club de boxe. "Ils ne m'ont même pas demandé mon diplôme", s'étonne-t-il. Une famille kazakhe l'héberge.

Selon lui, ce départ est alors un moyen de "protester" contre le pouvoir russe, alors qu'il n'avait jamais osé participer à une manifestation ou donner son avis sur les réseaux sociaux. "Je voulais enfin m'arracher du système", dit-il.

 

Liens familiaux 

Des centaines de milliers de jeunes Russes refusant de participer à la campagne en Ukraine ont fui leur pays après l'annonce de la mobilisation, notamment vers des ex-républiques soviétiques comme le Kazakhstan, où ils pouvaient se rendre sans visa.

Mais, près d'un an plus tard, le retour de certains de ces exilés, très difficilement chiffrable car la plupart d'entre eux cherchent à rester discrets, se fait sentir en Russie.

"Ceux qui sont revenus estiment que le risque (d'être mobilisés) a baissé", explique à l'AFP le politologue Konstantin Kalatchev.

Dès octobre 2022, le ministère russe de la Défense a assuré que cette première mobilisation "partielle", déclenchée alors que Moscou éprouvait des difficultés sur le front, était terminée après le recrutement de 300.000 hommes.

L'armée du Kremlin a également lancé au printemps une vaste campagne de recrutement basée sur le volontariat, apaisant la crainte d'être mobilisé de force.

Outre ce danger jugé moindre, "les difficultés financières et les liens familiaux poussent aussi (les exilés) à rentrer", note Konstantin Kalatchev.

Ivan Nesterov confirme. Au Kazakhstan, après l'euphorie des premières semaines, il avoue être tombé peu à peu en dépression.

"Ma patrie me manquait. Mes amis, les endroits qui m'étaient chers. C'était très dur psychologiquement. Je n'avais plus envie de travailler. Je réalisais que je gagnais quatre fois moins ici", dit-il.

Début avril, il choisit de rentrer. "Quand j'ai atterri à Moscou, j'ai éprouvé un énorme soulagement, malgré toutes les conséquences qui peuvent m'attendre".

 

Menace persistante 

Car le risque d'une nouvelle mobilisation, suivant l'évolution des combats sur le front, reste présent. Aucun décret n'a mis fin officiellement à celle ordonnée en septembre 2022.

D'après des témoignages sur les réseaux sociaux, les bureaux militaires russes continuent d'envoyer des convocations à des hommes mobilisables, pour "vérifier" leur situation et actualiser les registres militaires.

Les autorités ont également créé en avril la possibilité d'envoyer des actes de mobilisation par courrier électronique, alors qu'auparavant ils devaient être remis en main propre, ce qui permettait à de nombreux Russes de les ignorer.

Face à cette menace persistante, l'expert Konstantin Kalatchev estime qu'une grande partie des exilés rentrés en Russie "sont prêts à repartir à tout moment", si "leurs capacités financières le leur permettent".

Ivan, lui, n'exclut pas non plus un nouveau départ. Il est inquiet de la rumeur d'une nouvelle mobilisation à l'automne.

"Je vois aussi que de nouvelles lois sont adoptées, que le pays se referme. Comme me disait un ami : +la patrie, c'est important, mais il vaut mieux être un lâche vivant qu'un brave mort+", lâche-t-il.

Il se souvient qu'en arrivant au Kazakhstan, "sa première émotion" était celle d'un "sentiment de liberté" : "Je pouvais dire ouvertement tout ce que je pensais, sans risquer de me retrouver en prison".

Alors qu'il était en exil, sa sœur aînée, qu'il considère comme "beaucoup plus courageuse" que lui, a été interpellée par la police en Russie "parce qu'elle portait un chapeau jaune et une écharpe bleue", couleurs du drapeau ukrainien.

Accusée de "résistance à la police", elle a été contrainte de quitter le pays pour éviter la répression qui, en Russie, frappe des milliers d'anonymes ayant choisi de s'opposer publiquement au conflit.


Londres: manifestation propalestinienne à la veille de la trêve à Gaza

Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Short Url
  • des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».
  • Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

LONDRES : Il faut continuer à « mettre la pression » : des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».

« Nous voulons être optimistes » concernant ce cessez-le-feu, et « nous devons être dans la rue pour nous assurer qu'il tienne », affirme à l'AFP Sophie Mason, une Londonienne de 50 ans, habituée des manifestations propalestiniennes dans la capitale britannique.

La trêve, qui doit débuter dimanche matin, prévoit la libération d'otages israéliens aux mains du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire.

La marche prévue s'est transformée en un rassemblement statique sur Whitehall, la grande avenue du quartier des ministères, la police ayant rejeté le parcours proposé par le mouvement Palestine Solidarity Campaign, car il passait trop près d'une synagogue.

La police, présente en masse, a annoncé sur X avoir arrêté en fin d'après-midi « entre 20 et 30 manifestants » qui étaient sortis du périmètre autorisé, après avoir déjà procédé à sept autres arrestations un peu plus tôt.

Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

« Nous devons mettre la pression pour que ce cessez-le-feu soit respecté et que l'aide internationale arrive à Gaza », affirme Ben, syndicaliste de 36 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.

Anisah Qausher, étudiante venue avec sa mère, estime quant à elle que le cessez-le-feu « arrive tard et il est insuffisant ». Si elle espère qu'il « apportera un répit temporaire », elle estime qu'il va falloir « faire beaucoup plus », évoquant le défi de la reconstruction de Gaza.

Selon elle, l'entrée de davantage d'aide humanitaire est « une victoire », mais « cela ne devrait pas être quelque chose soumis à autorisation ». C'est un droit », ajoute-t-elle.

Une manifestation rassemblant une centaine de personnes brandissant des drapeaux israéliens se tenait non loin de là.

L'attaque du 7 octobre a fait 1 210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.

Au moins 46 899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Selon l'ONU, la guerre a provoqué un niveau de destructions « sans précédent dans l'histoire récente » dans le territoire palestinien assiégé.


En Espagne, une trentaine de personnes ont été blessées, dont plusieurs sont dans un état grave, dans un accident de télésiège

Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Short Url
  • « Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.
  • Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

MADRID : Dans une station de ski des Pyrénées, près de la frontière française, dans le nord-est de l'Espagne, un accident de télésiège a fait samedi plus d'une trentaine de blessés, dont plusieurs gravement, ont indiqué les autorités locales.

« Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.

« Visiblement, il y a eu un problème au niveau de la poulie de l'un des télésièges, ce qui a entraîné une perte de tension du câble et la chute de certains télésièges », a-t-il expliqué.

Le président régional Jorge Azcón a précisé pour sa part que les trois personnes les plus gravement atteintes avaient été transférées à l'hôpital, l'une d'entre elles, une femme, en hélicoptère.

Les médias locaux ont évoqué un total de neuf blessés très graves, information que M. Azcón n'a pas confirmée.

Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

« Nous avons soudainement entendu un bruit et nous sommes tombés au sol, dans le télésiège. Nous avons rebondi cinq fois, en haut, en bas, et nous avons mal au dos et pris des coups, mais il y a des gens qui sont tombés des télésièges », a raconté María Moreno, l'une des victimes, sur la télévision publique.

« Nous avons eu très peur », a-t-elle ajouté.

Un jeune témoin des faits a déclaré sur TVE avoir vu un câble du mécanisme du télésiège sauter. « Les télésièges se sont mis à rebondir soudainement et les gens ont volé », a-t-il décrit.

Cinq hélicoptères et une quinzaine d'ambulances ont été mobilisés pour évacuer les blessés vers des hôpitaux proches de la station, où a été installé un hôpital de campagne, selon les services de secours.

Dans un message publié sur X, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a déclaré être « choqué par les informations sur l'accident survenu dans la station d'Astún » et a indiqué avoir « offert tout le soutien » du gouvernement central aux autorités locales.


Iran : deux juges de la Cour suprême assassinés dans leur bureau selon les médias

Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Short Url
  • les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.
  • e président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

TEHERAN : Deux juges de la Cour suprême iranienne ont été assassinés samedi dans leur bureau à Téhéran par un homme armé qui s'est ensuite suicidé, a annoncé l'agence officielle de l'Autorité judiciaire, Mizan Online.

Les chefs de la branche 39 et 53 de la Cour suprême, les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.

Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangir, a déclaré à la télévision que l'assaillant était « entré dans le bureau des deux juges armé d'un pistolet » et les avait tués.

Les motivations de l'auteur des faits n'ont pas été communiquées, mais Mizan Online a précisé qu'il « n'avait pas de dossier devant la Cour suprême ».

L'affaire, très rare en Iran, « fait désormais l'objet d'une enquête », a ajouté Mizan, qualifiant les faits d'acte « terroriste ».

Selon un communiqué publié sur le site de la présidence, le président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

« Il ne fait aucun doute que le brillant chemin de ces juges, qui ont consacré leur vie à lutter contre les crimes contre la sécurité nationale, se poursuivra avec force », a-t-il ajouté.

Les deux juges tués samedi étaient des hodjatoleslam, un rang intermédiaire dans le clergé chiite, et avaient présidé les audiences d'importants procès ces dernières années.

Mohammad Moghisseh, âgé de 68 ans, a eu une longue carrière au sein de la justice depuis l'instauration de la République islamique en 1979.

Il a été sanctionné en 2019 par les États-Unis pour avoir supervisé « un nombre incalculable de procès inéquitables ».

De son côté, Ali Razini, 71 ans, a occupé des postes importants au sein du système judiciaire comme politique de l'Iran.

En 1998, alors qu'il était à la tête du pouvoir judiciaire de la capitale Téhéran, il avait été la cible d'une autre tentative d'assassinat, selon Mizan.

En 2005, le juge du tribunal révolutionnaire de Téhéran, Massoud (Hassan) Moghadas, avait été assassiné en pleine rue dans la capitale.

En avril 2023, un ayatollah membre de l'Assemblée des experts, le collège chargé de nommer, superviser et éventuellement démettre le guide suprême, a été tué par balles dans le nord de l'Iran.