BEYROUTH : De petites alarmes portables nommées en mémoire d'une jeune employée de l'ambassade britannique violée et assassinée au Liban en 2017 ont été distribuées sur la Corniche de Beyrouth dans le cadre d'une campagne visant à protéger les femmes et les filles contre la violence.
Connu sous le nom de «Becky’s Button», ce dispositif a été distribué par l’association Becky’s Button samedi, avec des bénévoles expliquant comment les alarmes peuvent offrir une protection contre le harcèlement sexuel ou les agressions.
Lorsqu'elle est activée, l'alarme émet un signal perçant qui peut effrayer les agresseurs et alerter toute personne à proximité, offrant aux usagers quelques secondes pour s'échapper.
Nous savons tous ce qui est arrivé à Becky. La nouvelle était choquante à l’époque et les femmes au Liban vivent toujours avec les conséquences
– Shalima Masri, professeure d’université
L'alarme porte le nom de Rebecca Dykes, l'employée de l'ambassade britannique âgée de 30 ans, violée et étranglée à mort en 2017 par un chauffeur de taxi.
L'assassin de Dykes, Tariq Samir Huweisheh, a été condamné à mort par un tribunal pénal du Mont-Liban.
Le samedi, des bénévoles portant des t-shirts avec la mention «Appuie, cours et signale» ont expliqué les avantages de l'appareil et comment il pourrait protéger les femmes exposées à tout type de danger.
Un représentant de l'ambassade britannique s'est joint aux bénévoles pendant que les alarmes étaient distribuées aux femmes passantes. Des agents féminins ainsi que des membres des Forces de sécurité intérieure libanaises étaient également présents.
Becky’s Button peut être placé sous les vêtements ou accroché à un sac.
La mère de Becky, Jane, qui a fait don de l'alarme aux femmes vulnérables, croit que la vie de sa fille aurait peut-être été sauvée si elle avait sur elle un tel appareil.
L’alarme a été offerte aux femmes suite à un entretien à l’ONG Ahla Fawda, une organisation communautaire.
Un militant de l’association à déclaré : «Les stocks sont actuellement limités, mais l’appareil peut être demandé via les réseaux sociaux.»
Des femmes qui marchaient ou couraient sur la corniche tôt le matin se sont arrêtées devant la tente des bénévoles qui avait été installée devant une grande photo de Dykes.
«Nous savons tous ce qui est arrivé à Becky. La nouvelle était choquante à l’époque et les femmes au Liban vivent toujours avec les conséquences» a déclaré Shalima Masri, professeure d’université, à Arab News.
«Le harcèlement des femmes dans la rue augmente à la lumière du chaos actuel», a-t-elle déclaré.
Debout devant la tente, Fadl, 11 ans, a écouté l’explication des bénévoles sur l'importance de l'alarme.
Il a demandé à être enregistré auprès de sa mère parce qu'il voulait qu'elle ait l'appareil.
Fadl a déclaré à Arab News qu'il voulait également avoir le bouton parce qu'il avait déjà été harcelé dans la cour de l'école par deux lycéens.
«Je me suis enfui et j'ai crié. Le professeur est arrivé et les deux garçons ont été expulsés», a-t-il déclaré.
«Il y a quelques semaines, quelqu'un dans la rue a essayé de me poursuivre, et il regardait à droite et à gauche pendant qu'il me poursuivait.»
«J'avais peur et je suis entrée dans un magasin. Là-bas, j'ai demandé au commerçant d'appeler mon frère, qui est venu me chercher. Je suis sûr que ce bouton me permettra de me sentir en sécurité.»
«Les femmes hésitent à porter plainte»
Une source de sécurité a déclaré à Arab News que des policiers patrouillaient sur des vélos le long de la Corniche de Beyrouth pour aider à protéger les filles et les femmes contre le harcèlement.
Un agent anonyme a déclaré : «Les femmes viennent vers nous en se plaignant que de jeunes hommes les poursuivent constamment, leur adressant des mots honteux, voire essayant même de les toucher. Nous faisons notre travail en les protégeant après avoir dissuadé les harceleurs.»
Il a ajouté : «Mais le problème est que les femmes hésitent à porter plainte contre leurs harceleurs, invoquant qu'elles ‘n'ont pas le temps pour les démarches au commissariat’ - comme elles le disent - ou que ‘l'incident est passé et l'affaire est close’».
Il a déclaré que le Liban a adopté une loi contre le harcèlement sexuel qui considère toute forme de contact non désiré comme du harcèlement et un crime.
«Porter plainte contre les harceleurs est un moyen de dissuasion pour que d'autres n'insistent pas et comprennent qu'il y a désormais une sanction», a-t-il déclaré.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com