LONDRES: Jonathan Hall, expert britannique et contrôleur indépendant de la législation sur le terrorisme, affirme que les programmes de déradicalisation des terroristes condamnés ne fonctionnent pas, qualifiant ces derniers de «menteurs». Pour lui, les extrémistes condamnés sont comme des délinquants sexuels qui mentent sur leur évolution pour obtenir leur libération de prison.
Son analyse intervient alors que le Royaume-Uni tente d’accroître les pouvoirs des autorités qui surveillent les terroristes et les extrémistes après leur libération de prison.
«Le public ne doit se faire aucune illusion sur l’efficacité des projets de réhabilitation des dangereux djihadistes: il n’existe pas de preuve suggérant qu'ils ont beaucoup d'effet», explique Jonathan Hall au Times.
Pour M. Hall, les personnes libérées de prison devraient être placées sous surveillance constante. Il soutient les plans du gouvernement visant à garantir que les personnes libérées sont, entre autres, régulièrement soumises au détecteur de mensonge – ou polygraphe.
«Tout comme les délinquants sexuels, les terroristes sont des menteurs», poursuit-il pour The Times. «C’est bien documenté. Certains diront des choses simplement parce qu’ils savent que c’est ce que les gens veulent entendre. Et c'est une question vraiment délicate.»
«Il n'y a pas de solution idéale, il n’existe pas de pilule miracle à prendre qui déradicaliserait les gens, qu'ils reviennent de Syrie ou qu'ils sortent de prison», ajoute-t-il. «C’est un processus assez difficile, complexe et la situation est tendue. On ne peut pas faire croire aux gens que les personnes embrigadées dans une idéologie par un mentor théologique s’en sortent facilement. Les choses sont beaucoup plus compliquées.»
Mais Jonathan Hall rejette l'idée que tous les extrémistes condamnés sont sans espoir de rédemption.
«Je comprends que les gens essaient, car s’ils ne le faisaient pas, cela empêcherait tout espoir, et ces délinquants sont soumis à des restrictions assez importantes. Cela vaut donc la peine de leur donner la possibilité de changer», explique-t-il. «Il y en a qui changeront, mais nous ne devons pas nous faire d’illusions, ce n'est pas un processus automatique. Dans de nombreux cas, cela ne fonctionnera tout simplement pas. Cela ne veut pas dire que cela n’en vaut pas la peine.»
Ces dernières années, le Royaume-Uni a été confronté à cette question: que faire avec les djihadistes, des membres du groupe militant Daech, comme Shamima Begum, aux terroristes nationaux?
En 2019, Usman Khan a poignardé à mort deux personnes sur le pont de Londres, site d'une précédente attaque terroriste en 2017, avant d'être abattu par la police. Il avait été autorisé à sortir de prison sous conditions et avait participé au Programme britannique de renoncement et de désengagement (DDP), qui comprend un soutien théologique et un accès régulier à un psychologue.
Parallèlement au DDP, considéré comme le plus complet, le Royaume-Uni a deux autres programmes de déradicalisation: Prevent, pour prévenir la radicalisation, et Channel, pour lutter contre les premiers signes d’extrémisme.
En février, Sudesh Amman a poignardé deux personnes à Streatham, dans le sud de Londres, avant d'être abattu. Il avait également été libéré sous conditions à la suite d’une condamnation pour des infractions terroristes, mais était toujours jugé suffisamment dangereux pour justifier une surveillance policière constante.
Après l’attaque de Streatham, le gouvernement britannique a introduit la loi sur les délinquants terroristes le même mois, pour rendre plus difficile la libération des terroristes condamnés.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur ArabNews.com