Les Houthis imposent une taxe sur les importations via les ports contrôlés par le gouvernement yéménite

Le grand minaret d'Aden se dresse de manière imposante au-dessus du port d'Aden, Aden, Yémen, le 9 septembre 2022. (Reuters)
Le grand minaret d'Aden se dresse de manière imposante au-dessus du port d'Aden, Aden, Yémen, le 9 septembre 2022. (Reuters)
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Publié le Mercredi 16 août 2023

Les Houthis imposent une taxe sur les importations via les ports contrôlés par le gouvernement yéménite

  • La récente décision des Houthis oblige les entreprises yéménites importatrices de marchandises à travers les ports d'Aden ou d'Al-Moukalla à payer des taxes en double
  • Le gouvernement yéménite a réitéré ses menaces de fermer l'aéroport de Sanaa et de limiter les mouvements des navires transportant du carburant et des marchandises à travers les ports d’Al-Hodeïda

AL-MOUKALLA : Les Houthis soutenus par l'Iran ont décidé d’imposer une taxe de 100 % sur les marchandises importées via les ports contrôlés par le gouvernement, la dernière en date d'une série de mesures visant à mettre à mal les finances du gouvernement yéménite. Le ministère des Finances des Houthis a annoncé que toute marchandise importée via le port d'Aden et d'autres ports ou passages terrestres contrôlés par le gouvernement serait soumise aux mêmes taxes et frais de douane que ceux imposés sur les marchandises importées par le port d’Al-Hodeïda lorsqu'elles passent par les points de contrôle des Houthis.

Les commerçants seront tenus de régler les taxes en espèces aux points de contrôle des Houthis à Sanaa, Taïz et Al-Bayda afin d’accéder aux marchés contrôlés par la milice.

Dans une tentative d'épuiser les finances du gouvernement yéménite, les Houthis ont lancé des frappes de drones contre les installations pétrolières des provinces méridionales de Shabwa et d'Hadramaout, ce qui a conduit à l’arrêt des exportations de pétrole. Parallèlement, la milice a interdit les importations de gaz en provenance de la ville de Marib, contrôlée par le gouvernement, et a contraint les commerçants locaux à rediriger leurs marchandises du port d'Aden vers le port de Hodeïda.

Cette dernière mesure des Houthis signifie que les entreprises yéménites importatrices de marchandises à travers les ports d'Aden ou d'Al-Moukalla, dans le sud du Yémen, devront s’acquitter des taxes en double, à la fois pour le gouvernement et pour les Houthis.

Le Ministre de l'Information du Yémen, Moammar al-Eryani, a qualifié cette taxe de «nouvelle escalade» de la part de la milice visant à fragiliser davantage les finances du gouvernement yéménite, l'obligeant ainsi à manquer de payer les fonctionnaires et à renoncer à d'autres responsabilités.

Al-Eryani a également averti que cette guerre économique menée par les Houthis ne fera qu’aggraver la crise humanitaire dans le pays et entraînera une catastrophe économique. «Nous réitérons notre avertissement contre la poursuite de l’escalade de la milice houthie, qui exacerbe les souffrances humaines et menace l’économie d’effondrement», dit-il.

Comme lors des précédentes mesures économiques prises par les Houthis, le gouvernement yéménite a réitéré ses menaces de fermer l'aéroport de Sanaa et de restreindre les mouvements des navires transportant du carburant et des marchandises via les ports d’Al- Hodeïda, les deux principales infrastructures accordées aux Houthis en vertu du cessez-le-feu parrainé par les Nations Unies. «Nous affirmons que le gouvernement ne restera pas les bras croisés face à cette escalade dangereuse et sera contraint de revoir les autorisations liées à la remise en service du port d’Al Hodeïda, et de prendre les mesures nécessaires pour préserver les intérêts et les capacités du peuple yéménite.»

Des économistes et responsables gouvernementaux yéménites font valoir que les Houthis ont instauré des taxes élevées pour entraver les importations de produits via Aden, profitant du fait que plus de 70 % de la population yéménite réside dans les régions contrôlées par les Houthis.

«Cela ne fait que compliquer la situation pour les entreprises qui importent via les ports gouvernementaux et vise à les contraindre à utiliser les lignes maritimes directes vers le port d’Al-Hodeïda», a déclaré Moustafa Nasr, directeur du Centre d'études et de médias économiques, à Arab News mardi.

Les mesures économiques prises par les Houthis à l'encontre des ports sous contrôle gouvernemental ont entraîné une baisse significative des recettes douanières et fiscales pour le gouvernement, car les commerçants ont cédé à la pression et ont importé des produits via le port d’Al-Hodeïda, expliquent les experts.

«La diminution du volume de produits passant par le port d'Aden et d'autres ports (gouvernementaux) a entraîné une baisse pouvant atteindre 70 % des revenus gouvernementaux provenant des taxes et des droits de douane», précise Nasr.

Des organisations internationales ont publié des rapports indiquant une diminution significative des importations via les ports contrôlés par le gouvernement et une augmentation du flux via les ports contrôlés par les Houthis.

Les importations de produits alimentaires via les ports d’Al-Hodeïda et de Salif, contrôlés par les Houthis, ont atteint 2 038 tonnes métriques, contre 693 tonnes importées à travers les ports d'Aden et d'Al-Moukalla, tous deux contrôlés par le gouvernement, au cours du premier semestre de cette année, selon un rapport publié le 10 août par le Programme alimentaire mondial.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Le chef d'état-major libyen est mort dans un "accident" d'avion en Turquie (officiel)

Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
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  • Le chef d’état-major libyen Mohamed al-Haddad et plusieurs hauts responsables militaires sont morts dans un accident d’avion après leur départ d’Ankara
  • Les autorités turques évoquent une urgence liée à un dysfonctionnement électrique ; la Libye observe trois jours de deuil national et a dépêché une délégation pour enquêter

TRIPOLI: Le chef d'état-major libyen et plusieurs autres responsables militaires sont morts dans un "accident" d'avion après avoir quitté la capitale turque Ankara, où ils étaient en visite, a annoncé mardi soir le Premier ministre libyen, Abdelhamid Dbeibah.

"C'est avec une profonde tristesse et une grande affliction que nous avons appris la nouvelle du décès du chef d'état-major général de l'armée libyenne, le général de corps d'armée Mohamed Al-Haddad (...), à la suite d'une tragédie et d'un accident douloureux lors de (son) retour d'une mission officielle dans la ville turque d'Ankara", a déclaré M. Dbeibah sur sa page officielle sur Facebook.

Les autorités turques ont annoncé que l'épave de l'avion qui le transportait avait été retrouvée. Elles avaient auparavant indiqué que le contact avait été perdu avec l'appareil moins de 40 minutes après son décollage d'Ankara.

Le général Mohamad al-Haddad, originaire de Misrata (ouest), avait été nommé à ce poste en août 2020 par l'ancien chef du gouvernement Fayez al-Sarraj.

Plusieurs autres responsables militaires se trouvaient à bord selon le Premier ministre libyen: le chef d'état-major de l'armée de terre, le général Al-Fitouri Ghraybel, le directeur de l'Autorité de l'industrie militaire, Mahmoud Al-Qatioui, et le conseiller du chef d'état-major, Mohamed Al-Assaoui Diab.

Un photographe, Mohamed Omar Ahmed Mahjoub, les accompagnait.

M. Dbeibah a déploré une "grande perte pour la patrie"". "Nous avons perdu des hommes qui ont servi leur pays avec loyauté et dévouement", a-t-il noté.

Le gouvernement d'union nationale (GNU) de M. Dbeibah, basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale, a décrété un deuil national de trois jours.

Il a aussi demandé au ministère de la Défense d'envoyer une délégation officielle à Ankara pour faire la lumière sur les circonstances de l'incident, selon un communiqué du gouvernement.

L'appareil "a signalé une urgence due à un dysfonctionnement électrique au contrôle aérien et a demandé un atterrissage d'urgence", a précisé la présidence turque.

Le maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'Est libyen, a de son côté présenté ses condoléances et dit sa "profonde tristesse".


Le ministre israélien de la Défense promet de ne "jamais quitter" Gaza

Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
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  • Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré qu’Israël « ne quitterait jamais Gaza » et évoqué la création d’avant-postes, avant que son ministère ne précise qu’il n’y a aucune intention de recolonisation
  • Ces propos interviennent alors qu’une trêve fragile est en vigueur et que les médiateurs appellent à la mise en œuvre du plan Trump, qui prévoit un retrait complet israélien de Gaza

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien Israël Katz a affirmé mardi qu'Israël "ne quitterait jamais Gaza", évoquant la possible création d'avant-postes dans le territoire palestinien ravagé par la guerre, avant que ses services ne modèrent ses propos.

"Nous sommes au cœur de Gaza et nous ne quitterons jamais Gaza", a déclaré M. Katz en déplacement dans la colonie de Beit-El en Cisjordanie occupée, lors d'un discours filmé par des médias israéliens.

"Nous sommes là-bas pour empêcher ce qui s'est passé" de se reproduire, a-t-il ajouté, en référence à l'attaque meurtrière du Hamas palestinien en Israël le 7 octobre 2023.

M. Katz a évoqué l'installation d'avant-postes dans le nord de Gaza, pour remplacer des colonies évacuées par Israël lors de son retrait unilatéral de 2005, citant le modèle de "Nahal", associant présence militaire et implantation agricole.

"Au moment opportun (...) nous établirons dans le nord de Gaza, des avant-postes Nahal à la place des communautés (des anciennes colonies) qui ont été déracinées", a-t-il dit.

Ses services ont rapidement tempéré ses propos, assurant qu'ils "s'inscrivaient exclusivement dans un contexte sécuritaire."

"Le gouvernement n'a aucune intention d'établir des colonies dans la bande de Gaza", selon un communiqué.

Les déclarations du ministre interviennent dans le contexte d'une fragile trêve entrée en vigueur le 10 octobre entre Israël et le Hamas, sous l'égide de Washington et de médiateurs régionaux.

Les pays médiateurs --Qatar et Égypte-- appellent à la mise en œuvre de la deuxième phase du plan de paix du président américain Donald Trump. Cette étape prévoit notamment un retrait complet des forces israéliennes de la bande de Gaza, et le plan stipule qu'"Israël ne va ni occuper ni annexer Gaza."

Les propos de M. Katz ont suscité de vives critiques dans l'opposition.

"Le gouvernement vote d'une main en faveur du plan Trump, et de l'autre il vend des fables sur des centres de peuplement isolés à Gaza", a assené sur X Gadi Eizenkot, ancien ministre et ancien chef d'état-major.

Jeudi dernier, quelques dizaines d'Israéliens ont pénétré illégalement dans la bande de Gaza, en violation des consignes de l'armée, et y ont planté symboliquement un drapeau israélien, pour appeler à la réoccupation et à la recolonisation du territoire palestinien, réclamée notamment par les ministres d'extrême droite du gouvernement Netanyahu.


Liban: l'Italie souhaite maintenir sa présence militaire après le départ de la force de l'ONU

L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
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  • L’Italie confirme qu’elle maintiendra une présence militaire au Liban même après le retrait progressif de la Finul à partir du 31 décembre 2026
  • Rome met en avant le rôle clé des forces armées libanaises pour la stabilité du Liban et de la région, et appelle à des résultats concrets pour éviter toute exploitation de l’instabilité

ROME: L'Italie souhaite maintenir sa présence militaire au Liban, après le départ des Casques bleus de l'ONU qui commence le 31 décembre 2026, a indiqué lundi le ministère italien de la Défense.

"Même après" le départ de la force de maintien de la paix dans le sud du Liban (Finul) de l'ONU, l'Italie continuera à jouer son rôle soutenant avec conviction la présence internationale" dans ce pays, selon les propos du ministre de la Défense Guido Crosetto sur X.

Interrogé par l'AFP pour savoir si cela signifiait une "présence militaire" italienne, un porte-parole du ministère a confirmé que oui.

M. Crosetto a également souligné "le rôle fondamental" des forces armées libanaises "pour garantir la stabilité non seulement au Liban mais dans toute la région".

Le ministre a en outre assuré que Rome œuvrait à ce que les discussions en cours dans la région se traduisent par "des résultats concrets et que personne ne puisse tirer des avantages d'une situation d'instabilité dans le sud du Liban".

L'Italie est, avec 1.099 militaires, le deuxième contributeur de la Finul, derrière l'Indonésie (1.232) et cinq généraux italiens ont été parmi les chefs des Casques bleus au cours des 20 dernières années.