LILLE: Les autorités des Hauts-de-France se sont inquiétées lundi du sort des PME qui exportent vers le Royaume-Uni et qui n'ont pas pu, face aux difficultés du Covid-19 et faute de moyens, se préparer aux nouvelles formalités douanières liées au Brexit.
Pour faire connaître les nouvelles procédures, les services douaniers soulignent avoir organisé des séminaires puis des webinaires, travaillé avec les autres Etats membres, via les ambassades, les attachés douaniers, la Commission européenne, distribué des flyers en huit langues aux chauffeurs de poids lourds, et exploité les «fichiers clients» des opérateurs transmanche.
«Les grandes entreprises sont prêtes parce qu'elles ont eu les moyens, les services pour suivre les formations (sur le dédouanement). Les TPE et PME n'ont pas pu. Elles avaient d'autres choses à faire (à cause du Covid), malgré l’imminence du danger, que de nous écouter», a reconnu en conférence de presse Philippe Hourdain, président de la chambre de commerce et d'industrie (CCI) des Hauts-de-France.
«Nous sommes inquiets (...) certaines entreprises n'ont pas donné signe de vie. On a 500 appels par jour pour le covid, beaucoup moins pour le Brexit» même si, dit-il, ces derniers jours, des entreprises commencent à se manifester.
Tout en excluant de leur verser des subventions, M. Hourdain a mis en garde contre les «quelques mois qui vont suivre (la rupture définitive du Royaume-Uni avec l'Union européenne au 1er janvier): il va falloir être très, très vigilants».
Si ce n'est pas une obligation, la plupart des entreprises, vu la complexité des formalités, vont payer un représentant en douane enregistré (RDE) pour réaliser leurs démarches douanières.
«Les entreprises les plus vulnérables (face au Brexit) sont les petites entreprises et celles qui ne sont pas habituées à faire du grand export, c'est-à-dire avec un pays tiers», a affirmé Jean-Michel Thillier, directeur interrégional des douanes.
Outre les petites et moyennes entreprises, les secteurs les plus touchés sont les entreprises avec des chaînes de fabrication des deux côtés de la Manche, «sous-traitants automobiles, aéronautiques, chimie, pharmacie».
Avec ou sans accord, le Royaume-Uni quittera le 1er janvier l'union douanière et le marché unique européen. Exportateurs et importateurs se trouveront confrontés à de nouvelles formalités, qui en France, se feront en amont du passage à la frontière et de façon dématérialisée dans le cadre du dispositif baptisé «frontière intelligente».
Ces formalités administratives seront alourdies en cas de «no deal», qui impliquerait d'appliquer les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et leurs droits de douane.