Accord post-Brexit: l'heure du choix

Le négociateur en chef britannique du Brexit, David Frost, arrive au siège de l'UE à Bruxelles le 8 décembre 2020. (Kenzo Tribouillard /AFP)
Le négociateur en chef britannique du Brexit, David Frost, arrive au siège de l'UE à Bruxelles le 8 décembre 2020. (Kenzo Tribouillard /AFP)
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Publié le Dimanche 13 décembre 2020

Accord post-Brexit: l'heure du choix

  • Aucun scénario ne peut être écarté, entre un "no deal" catastrophique économiquement, la prolongation des discussions et même l'annonce d'un compromis
  • Si les deux dirigeants décidaient de prolonger à nouveau les échanges, cela ne pourrait être que "de quelques jours au maximum", a averti le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes, Clément Beaune

BRUXELLES : Le Premier ministre britannique Boris Johnson et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen décideront dimanche d'abandonner ou non les difficiles négociations commerciales post-Brexit, après un échange téléphonique décisif à la mi-journée.

Le négociateur britannique David Frost a rencontré son homologue européen Michel Barnier dimanche matin au siège de la Commission européenne à Bruxelles, au lendemain d'ultimes négociations qui se sont achevées tard dans la nuit.

Il en est ressorti une heure et demie plus tard pour retourner à la mission diplomatique britannique, a constaté une journaliste de l'AFP.

Mme von der Leyen et M. Johnson doivent s'entretenir à la mi-journée, avant une annonce plus tard dans l'après-midi, selon Bruxelles et Londres.

Aucun scénario ne peut être écarté, entre un "no deal" catastrophique économiquement, la prolongation des discussions et même l'annonce d'un compromis - le plus improbable -, tant ces pourparlers tendus, émaillés de coups de bluff et de dates butoirs non tenues, ont été riches en rebondissements depuis leur lancement en mars.

Mais la tendance semblait négative samedi dans la soirée, une source gouvernementale britannique ayant fait savoir qu'"en l'état actuel, l'offre de l'UE (restait) inacceptable".

Londres et Bruxelles ont rivalisé de pessimisme ces derniers jours, M. Johnson estimant un échec "très, très probable", quand la chef de l'exécutif européen jugeait "faibles" les espoirs d'accord.

Si les deux dirigeants décidaient de prolonger à nouveau les échanges, cela ne pourrait être que "de quelques jours au maximum", a averti le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes, Clément Beaune.

"Nous sommes déjà dans le temps additionnel", a-t-il souligné dans le Journal Du Dimanche.

Le Premier ministre irlandais, Micheal Martin, dont le pays est en première ligne en cas de "no deal", a affirmé à la BBC qu'il espérait "vivement" un accord. "Le fait qu'ils aient négocié jusque dans la nuit est un signe important en soi", a-t-il fait valoir.

En dépit d'échanges toujours plus intensifs, les divergences semblent inconciliables entre des Britanniques qui veulent retrouver une liberté commerciale totale et des Européens soucieux de protéger leur immense marché unique.

Royal Navy

"Si l'UE peut trouver le moyen de nous traiter comme un pays indépendant normal, je pense qu'il y a toutes les raisons d'être confiant, mais nous n'en sommes pas encore là", a encore insisté dimanche le chef de la diplomatie britannique Dominic Raab sur SkyNews.

Signe d'un regain de tension, le ministère britannique de la Défense a annoncé, à la veille de cette nouvelle échéance, que des navires de la Royal Navy se tenaient prêts à protéger les zones de pêche nationales où pourraient survenir des accrochages en cas d'absence d'accord.

Le Royaume-Uni, qui a officiellement quitté l'UE le 31 janvier, abandonnera définitivement le marché unique et l'union douanière le 31 décembre.

Sans accord commercial, ses échanges avec l'UE se feront selon les seules règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), synonymes de droits de douane ou de quotas, au risque d'un nouveau choc pour des économies déjà fragilisées par le coronavirus.

Les discussions butent sur trois sujets: l'accès des pêcheurs européens aux eaux britanniques, la manière de régler les différends dans le futur accord et surtout les conditions que les Européens exigent des Britanniques pour éviter toute concurrence déloyale.

L'UE est prête à offrir à Londres un accès sans droits de douane ni quotas à son immense marché. Mais elle entend dans ce cas s'assurer que le Royaume-Uni ne se livrera pas à du dumping en s'écartant des normes environnementales, sociales, fiscales européennes ou de celles sur les aides d'Etat.

Si tel est le cas, elle veut pouvoir prendre des contre-mesures rapides, comme des droits de douane, sans attendre que le différend soit tranché dans le cadre d'une procédure d'arbitrage classique, afin de protéger ses entreprises. Londres s'y oppose fermement.

Pragmatique, la Commission a publié jeudi des mesures d'urgence pour maintenir, en cas de "no deal", le trafic aérien et le transport routier entre le Royaume-Uni et l'UE pendant six mois, ainsi que l'accès réciproque aux eaux de pêche pour un an.


Inde: le bilan de l'accident ferroviaire s'alourdit à 9 morts

Le conducteur du train de marchandises n'a pas tenu compte d'un signal, ce qui a provoqué l'accident du Kanchanjunga Express, qui s'était arrêté près d'une gare du district de Darjeeling, selon le plus haut responsable des chemins de fer indiens (Photo, AFP).
Le conducteur du train de marchandises n'a pas tenu compte d'un signal, ce qui a provoqué l'accident du Kanchanjunga Express, qui s'était arrêté près d'une gare du district de Darjeeling, selon le plus haut responsable des chemins de fer indiens (Photo, AFP).
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  • Les accidents de train sont fréquents en Inde, pays le plus peuplé au monde et au réseau ferroviaire tentaculaire
  • La partie intacte du train a pu gagner Calcutta avec ses voyageurs dans la nuit

CALCUTTA: Une neuvième personne est morte à la suite de la collision lundi d'un train de marchandises avec un train de passagers dans l'est de l'Inde, a indiqué mardi la compagnie ferroviaire Eastern Railway.

"Le bilan est monté à neuf morts après le décès d'un passager blessé", a indiqué à l'AFP un porte-parole, Kausik Mitra. "Une quarantaine de personnes sont toujours hospitalisées mais leur état est stable", a ajouté cette source.

Des rescapés interrogés par l'AFP ont confié être encore sous le choc, au lendemain de la catastrophe survenue dans l'Etat du Bengale occidental.

"J'ai cru que je n'y survivrais pas", a indiqué une passagère, Arti Roy, qui a perdu ses bagages dans le drame.

L'accident s'est produit à Phansidewa, entre le Bangladesh et le Népal, où un convoi de marchandises a percuté par l'arrière un train de passagers, soulevant un wagon une quinzaine de mètres au-dessus du sol et en faisant dérailler plusieurs autres.

"Cela a été une expérience horrible", a confié à l'AFP Antara Das, 35 ans, qui avait pris place à bord de ce train à destination de la capitale régionale, Calcutta. "Dieu nous a sauvés."

Selon la présidente du Conseil des chemins de fer indiens, Jaya Varma Sinha, les conducteurs du train de marchandises avaient "ignoré" un signal lumineux et sont morts dans l'accident.

Le train de passagers transportait plus de 500 personnes et le bilan de l'accident aurait pu être beaucoup plus lourd, a souligné la responsable, qui a relevé que les trois wagons de queue, qui ont encaissé l'essentiel du choc, ne transportaient pas de passagers.

Fréquent  

La partie intacte du train a pu gagner Calcutta avec ses voyageurs dans la nuit.

Les accidents de train sont fréquents en Inde, pays le plus peuplé au monde et au réseau ferroviaire tentaculaire.

En juin de l'année dernière, près de 300 personnes ont péri dans une collision entre trois trains dans l'Etat d'Odisha (est), à la suite d'une erreur d'aiguillage.

En octobre, au moins 14 personnes sont mortes dans l'Andhra Pradesh (est) après qu'un conducteur de train a ignoré un signal lumineux. Selon les ministère des Chemins de fer, il regardait un match de cricket sur son téléphone.

Les autorités ont multiplié les investissements pour améliorer la sécurité du réseau, via notamment des systèmes de signalisation électronique.

Mais ces efforts ne suffisent pas à rassurer Jahangir Alam, 35 ans, un riverain qui s'est précipité lundi sur le site de l'accident pour prêter main forte.

"A chaque fois qu'on songe à prendre le train, on est rongé par la peur", a-t-il dit à l'AFP.


La Maison Blanche dénonce la diffusion de vidéos tronquées de Biden

Président Joe Biden (Photo, AP).
Président Joe Biden (Photo, AP).
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  • Sur l'une de ces vidéos, le démocrate de 81 ans apparaît complètement désorienté
  • Karine Jean-Pierre a indiqué que Joe Biden s'était sciemment écarté du groupe pour féliciter l'un des parachutistes

WASHINGTON: Des "faux au rabais": la Maison Blanche a dénoncé lundi la diffusion par le camp conservateur de vidéos censées prouver un déclin mental et physique de Joe Biden, faisant valoir que les images avaient été tronquées et manipulées.

"Cela vous montre à quel point les républicains sont désespérés", a dit la porte-parole de l'exécutif américain, Karine Jean-Pierre, lors de son point presse quotidien, parlant de "fausses vidéos au rabais" ("cheapfake videos").

Elle réagissait à la diffusion ces derniers jours sur les réseaux sociaux, par des médias conservateurs, notamment le New York Post, ou par un compte officiel du parti républicain, de courtes vidéos à première vue accablantes pour le président américain.

Sur l'une de ces vidéos, le démocrate de 81 ans apparaît complètement désorienté alors qu'il assiste à un spectacle de parachutisme avec d'autres dirigeants du G7, pendant un sommet la semaine dernière en Italie.

Désorienté

Karine Jean-Pierre a indiqué que Joe Biden s'était sciemment écarté du groupe pour féliciter l'un des parachutistes, ce dont on se rend compte "en laissant la vidéo se poursuivre un peu plus longtemps".

Autre séquence très commentée: un plan serré sur Joe Biden complètement figé pendant un concert donné récemment à la Maison Blanche, et décrit par les adversaires de l'octogénaire comme un épisode de confusion mentale.

"Le président était là à écouter la musique et il ne dansait pas. Vous m'excuserez. Je ne savais pas que ne pas danser était révélateur d'un problème de santé", a ironisé Karine Jean-Pierre.

Enfin la Maison Blanche s'était indignée ce week-end après la diffusion dans la sphère conservatrice et trumpiste d'une vidéo extraite d'une réunion politique à Los Angeles (Californie).

On y voit Joe Biden paraissant égaré sur la scène, avant que son prédécesseur Barack Obama ne lui prenne le poignet et ne le guide vers la sortie.

"Le New York Post, encore une fois, manque de respect à ses lecteurs", a critiqué sur le réseau social X un autre porte-parole de la Maison Blanche, Andrew Bates, à propos de ce journal contrôlé par le magnat conservateur Rupert Murdoch.

Le porte-parole a assuré que le président américain s'était seulement attardé sur la scène pour savourer les applaudissements de ses partisans.

L'âge du président américain est une préoccupation majeure des électeurs, à en croire les sondages, et un angle d'attaque récurrent de son grand rival Donald Trump.

L'ancien président et candidat républicain, qui à 78 ans n'est pourtant pas beaucoup plus jeune que Joe Biden, ne suscite pas les mêmes interrogations sur sa forme physique et mentale, en dépit de ses déclarations parfois franchement décousues.


Poutine assure la Corée du Nord de son «  soutien indéfectible  », incidents à la frontière

Le président russe Vladimir Poutine a assuré mardi la Corée du Nord du "soutien indéfectible" de son pays face à "l'ennemi rusé, dangereux et agressif", à quelques heures de son arrivée à Pyongyang pour une visite exceptionnelle, précédée d'incidents à la frontière intercoréenne. (AFP).
Le président russe Vladimir Poutine a assuré mardi la Corée du Nord du "soutien indéfectible" de son pays face à "l'ennemi rusé, dangereux et agressif", à quelques heures de son arrivée à Pyongyang pour une visite exceptionnelle, précédée d'incidents à la frontière intercoréenne. (AFP).
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  • M. Poutine doit effectuer mardi et mercredi une visite d'Etat en Corée du Nord, à l'issue de laquelle un accord de partenariat stratégique pourrait être signé entre ces deux pays
  • Américains et Européens s'inquiètent depuis des mois du rapprochement accéléré de Moscou et Pyongyang, accusant les Nord-Coréens de livrer des munitions à la Russie

SEOUL: Le président russe Vladimir Poutine a assuré mardi la Corée du Nord du "soutien indéfectible" de son pays face à "l'ennemi rusé, dangereux et agressif", à quelques heures de son arrivée à Pyongyang pour une visite exceptionnelle, précédée d'incidents à la frontière intercoréenne.

M. Poutine doit effectuer mardi et mercredi une visite d'Etat en Corée du Nord, à l'issue de laquelle un accord de partenariat stratégique pourrait être signé entre ces deux pays dont l'Occident perçoit l'alliance comme une menace.

"La Russie a soutenu (la Corée du Nord) et son peuple héroïque dans leur lutte pour défendre leur droit à choisir la voie de l'indépendance, de l'originalité et du développement par eux-mêmes dans la confrontation avec l'ennemi rusé, dangereux et agressif, hier et demain également, et elle les soutiendra indéfectiblement à l'avenir", a écrit M. Poutine dans une tribune publiée par le quotidien officiel nord-coréen Rodong Sinmun et l'agence KCNA.

Il a également affirmé que Pyongyang "soutient fermement" l'offensive militaire russe en Ukraine et l'en a remercié.

Américains et Européens s'inquiètent depuis des mois du rapprochement accéléré de Moscou et Pyongyang, accusant les Nord-Coréens de livrer des munitions à la Russie pour son assaut contre l'Ukraine en échange d'une assistance technologique, diplomatique et alimentaire.

Cette visite "montre à quel point le président Poutine et Moscou sont désormais dépendants des pays autoritaires du monde entier. Leurs amis les plus proches et leurs plus grands soutiens de l'effort de guerre russe - la guerre d'agression - sont la Corée du Nord, l'Iran et la Chine", a commenté lundi le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg depuis Washington, soulignant que la Russie, membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, désormais "viole les sanctions" imposées à la Corée du Nord.

Partenariat stratégique 

"Ce qui nous préoccupe, c'est l'approfondissement de la relation entre ces deux pays, pas seulement à cause de l'impact que cela aura sur le peuple ukrainien, car nous savons que des missiles balistiques nord-coréens sont toujours utilisés pour frapper des cibles ukrainiennes, mais aussi parce qu'il pourrait y avoir une certaine réciprocité qui pourrait affecter la sécurité de la péninsule coréenne", a déclaré quant à lui le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby.

Le conseiller diplomatique de Vladimir Poutine, Iouri Ouchakov, a dit aux médias russes que "des documents importants, très significatifs" seront signés, évoquant "la conclusion possible d'un accord de partenariat stratégique global".

"Ce traité, s'il est signé, sera bien sûr conditionné par l'évolution profonde de la situation géopolitique dans le monde et dans la région et par les changements qualitatifs qui ont récemment eu lieu dans nos relations bilatérales", a-t-il relevé.

Le maître du Kremlin est accompagné de son chef de la diplomatie, Sergueï Lavrov, et de son ministre de la Défense, Andreï Belooussov.

« Frères d'armes »

Ce voyage en Corée du Nord a lieu neuf mois après que M. Poutine a accueilli Kim Jong Un dans l'Extrême-Orient russe, une visite au cours de laquelle les deux hommes s'étaient couverts d'éloges mais sans conclure, officiellement du moins, d'accords.

Selon les Occidentaux, Pyongyang a puisé dans ses vastes stocks de munitions pour ravitailler massivement la Russie, et le Pentagone a accusé la semaine dernière Moscou d'utiliser des missiles balistiques nord-coréens en Ukraine.

En échange, selon Washington et Séoul, la Russie a fourni à la Corée du Nord son expertise pour son programme de satellites et a envoyé de l'aide pour faire face aux pénuries alimentaires du pays.

En mars, la Russie avait utilisé son veto au Conseil de sécurité de l'ONU pour mettre fin à la surveillance des violations des sanctions internationales visant la Corée du Nord, un cadeau majeur à Pyongyang.

Quelques heures avant l'arrivée prévue de M. Poutine à Pyongyang, des incidents ont éclaté à la frontière intercoréenne. Selon l'état-major sud-coréen, "plusieurs dizaines de soldats nord-coréens ont franchi la ligne de démarcation militaire", avant de battre en retraite sous les tirs de sommation du Sud.

Il s'agit de la deuxième incursion de ce type en moins de deux semaines.

Par ailleurs, toujours selon l'état-major sud-coréen, plusieurs soldats du Nord ont été blessés par l'explosion de mines qu'ils étaient en train de poser le long de la frontière.

Surveiller de près

La Corée du Sud a dit jeudi "surveiller de près les préparatifs" de la visite de Vladimir Poutine.

Séoul a fourni une importante aide militaire à l'Ukraine, où le président sud-coréen Yoon Suk Yeol s'est rendu le mois dernier, et prend part aux sanctions occidentales contre Moscou.

Vladimir Poutine présente son assaut contre l'Ukraine et ses efforts diplomatiques comme une bataille pour lutter contre l'hégémonie américaine sur la scène internationale.

Il s'agit seulement de la deuxième visite en Corée du Nord du dirigeant russe, qui s'y est rendu pour la dernière fois il y a près d'un quart de siècle, peu après son accession au pouvoir, pour rencontrer le père de Kim Jong Un, Kim Jong-il.